LA PLACE DE LA VULNERABILITE DANS LA LITTERATURE

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Emergence de la vulnérabilité : un débat scientifique

Pour la suite de l’étude, nous nous appuierons sur la seconde définition. Le risque s’expliquant par l’alliance d’un aléa et d’une vulnérabilité. Quand l’aléa a fait l’objet de recherches par des spécialistes depuis de nombreuses années, la vulnérabilité n’est que très peu étudiée, et encore moins analysée conjointement avec l’aléa. (Theys, Fabiani, 1987). Ce constat perdure, Claude Gilbert affirme « Il est peut-être temps de prendre au sérieux la vulnérabilité et d’engager à son sujet des recherches tout aussi longues et complexes que celles concernant les aléas » (Gilbert, 2006). Le nombre de catastrophes constatées grandissant et leurs impacts humains, économiques… de plus en plus importants, de nombreux chercheurs attirent l’attention sur l’étude de la vulnérabilité.
Les différents travaux font évoluer le concept, et D’Ercole énonce en particulier que « La vulnérabilité apparaît comme la propension d’une société donnée à subir des dommages en cas de manifestation d’un phénomène naturel ou anthropique. Cette propension varie selon le poids de certains facteurs qu’il est nécessaire d’identifier et d’analyser car ils induisent un certain type de réponse de la société ». Ainsi, la vulnérabilité n’est plus seulement considérée comme l’ensemble des dommages causés par un aléa, mais prend aussi en compte les facteurs sociétaux qui agissent sur la « fragilité » d’une société face à un aléa. Il apparaît dès lors une différenciation entre les vulnérabilités :
– « structurelle » ou « physique » , correspondant à l’endommagement physique d’un aléa sur des enjeux (bâtiments, réseaux, infrastructures, populations..), facilement quantifiable.
– « sociale », relatant la capacité d’une société à faire face à une crise. Autrement dit, « elle renvoie à une série de caractéristiques liées aux personnes, aux communautés et à leur environnement qui incluent le bien-être initial (statut nutritionnel, santé physique et mentale), les moyens d’existence (ressources et capitaux, revenus et qualifications) et le niveau de développement (taux d’urbanisation, taux de croissance et de vitalité économique…), l’autoprotection (capacités et volonté de construire une habitation sûre et d’utiliser un site sûr), la protection sociale (mesure de préparation et d’atténuation), les réseaux sociaux et politiques, ou encore les institutions (capital social, environnement institutionnel et les proches). » (Quenault) Une classification des facteurs de la vulnérabilité sociale a été proposée (D’Ercole et Thouret, 1996), mais étant régulièrement dépendants les uns des autres, leurs interactions rendent ces  facteurs    difficilement quantifiables.
– « synthétique », tentant de lier les vulnérabilités structurelles et sociales au sein d’un même système multidimensionnel.
Les recherches sur la vulnérabilité urbaine ont abouti à « une complexification et un élargissement progressif du concept » (Birkman, 2005). Il y a d’après l’auteur un passage d’une vulnérabilité intrinsèque à une vulnérabilité multidimensionnelle.

Différentes approches de la vulnérabilité

Comme vu précédemment, la définition de la vulnérabilité n’est pas unanime et universelle. Des articles consacrés au sujet ont comptabilisé une trentaine de définitions de la vulnérabilité. (Adger, 2006). Les différentes études publiées depuis les années 1990 sous l’impulsion des organismes internationaux se décomposent toutefois selon deux principales approches de la vulnérabilité : analytique et synthétique.
Notamment adoptée par le guide français des Plans de Prévention des Risques Naturels, l’approche analytique de la vulnérabilité la définit comme « l’expression du niveau de conséquences prévisibles d’un phénomène naturel sur les enjeux ». On entend généralement par enjeux, les divers sujets potentiellement touchés par l’aléa : la population, les biens et le milieu. Les enjeux varient toutefois selon la forme de l’aléa. Lorsqu’ils sont déterminés pour un aléa, une évaluation des dommages prévisibles est alors réalisée selon des niveaux de celui-ci. « Analytique : qui résulte d’une décomposition d’un tout en ses parties » Larousse Première approche de la vulnérabilité à être intégrée au secteur de l’urbanisme, la vulnérabilité analytique aboutit à la création de cartes thématiques qui reposent sur des indicateurs relatifs à la population, aux réseaux ou encore au bâti. Ces indicateurs sont l’objet de recherches générales, mais sont également amenés à être adaptés en fonction du terrain d’étude.
Ce traitement de la vulnérabilité décompose donc les différents enjeux reconnus en « sous enjeux », pouvant également être décomposés, etc… Les enjeux économiques peuvent par exemple, être calculés à partir des dommages estimés dans les secteurs primaires, secondaires et tertiaires, ou plus précisément au sein de chaque mode de culture, d’élevage, etc… De plus la traduction des dommages estimés, et donc l’expression de la vulnérabilité en elle-même, peut varier ; de manière absolue avec le nombre de victimes par exemple, ou de manière relative (ou pourcentage) en l’exprimant en fonction du nombre de personnes présentes dans la zone touchée par l’aléa. Pour le risque inondation, selon la deuxième version d’interprétation, les villes où une grande part de la population est située en zone inondable, auront une forte vulnérabilité. Il existe donc une multitude de vulnérabilités, puisqu’indéfiniment décomposable, avec autant d’unités de mesure, et il est compliqué d’exprimer une vulnérabilité totale. En effet, en traitant les indicateurs de manière absolue, il est difficile de relier des tonnes de céréales perdues et un nombre de vies perdues. De manière relative, les indicateurs peuvent être ajoutés, en appliquant une pondération selon leur nombre (Chardon, 1994), on obtient alors une vulnérabilité totale moyenne. Ce résultat a l’inconvénient de pouvoir rendre deux situations opposées comparables. De manière simplifiée, une même vulnérabilité moyenne basée sur deux indicateurs économique et humain, peut être causée par une forte vulnérabilité humaine et une faible vulnérabilité économique, et inversement. La première situation pouvant traduire celle d’une ville d’un pays en développement, et l’inverse celle d’une ville d’un pays développé.
Une des solutions serait d’exprimer ces divers indicateurs en une même unité de mesure. Un des exemples, est la vulnérabilité comptable utilisée par les organismes d’assurance notamment. La vulnérabilité comptable exprime l’ensemble des données selon des termes monétaires afin d’estimer la valeur marchande des dommages prévisibles en cas de catastrophe. Cette démarche repose sur :
– La caractérisation de l’occupation du sol et de sa vulnérabilité.
– La quantification des impacts selon l’aléa.
– La monétarisation des impacts engendrés.
– L’évaluation du cout des dommages.

Le traitement de la vulnérabilité de la population

L’analyse sectorielle se décompose donc selon les 3 principaux sujets de la vulnérabilité : la population, le bâti et les réseaux. Dans le paragraphe suivant nous aborderons la vulnérabilité de la population, en nous concentrant sur celle se trouvant dans des bâtiments. Les flux de populations sur les réseaux routiers ou plus généralement sur l’espace public, doivent faire l’objet d’une étude complémentaire.
Partant du postulat qu’une population en danger de mort immédiat est vulnérable, nous avons défini la vulnérabilité de la population au sein du bâti en fonction de la distance du bâtiment à l’aléa et à la hauteur de ce bâtiment. Si le premier facteur semble évident puisqu’il impacte directement sur la hauteur d’eau qui sera présente dans chaque zone, le second fait écho à la mise en place d’une évacuation verticale, c’est-à-dire que les personnes se trouvant dans les étages touchés par l’inondation peuvent se réfugier dans les étages supérieurs. Nous avons toutefois conscience que cette définition est simplifiée et que la prise en compte de facteurs supplémentaires pourrait aboutir à des résultats plus fins.
La démarche visant à définir un coefficient de vulnérabilité pour chaque bâtiment, et par conséquent pour la population s’y trouvant, nécessite de découper la zone en classes de distances à l’aléa et de classer les bâtiments selon leur hauteur. La définition de ces classes est résultat d’hypothèses de travail, ici basée sur le nombre de personnes en danger de mort immédiat. L’élargissement de la démarche à la population qui risque d’être isolée par exemple, demanderait une redéfinition de ces classes et des valeurs associées.
Nos hypothèses de travail, classes et valeurs associées, s’appuie sur des recherches bibliographiques et des choix personnels, et restent discutables et adaptables par des travaux de terrains ou de recherches plus approfondis sur un territoire particulier. Notre volonté première était de présenter la méthode.

Le traitement de la vulnérabilité du bâti

Toujours dans le cadre d’une démarche analytique du traitement de la vulnérabilité urbaine, nous nous sommes intéressés à celle du bâti. L’objectif étant de pouvoir définir la vulnérabilité du bâti suivant des indicateurs à disposition préalablement définis. Pour ceci nous avons choisi d’utiliser la grille d’évaluation des vulnérabilités (Leforte.E 2004) et de l’adapter en fonction de l’étude que nous réalisons.
Cette méthode vise à définir des indices de vulnérabilité à partir d’indicateurs selon la vulnérabilité à définir. Pour notre étude, nous tenterons ainsi d’estimer la vulnérabilité dit « de construction » et celle « de préparation ». La première est relative aux caractéristiques intrinsèques de la construction du bâtiment, alors que la seconde fait référence l’adaptation ou non du bâtiment au risque.
Ces grilles d’évaluation peuvent être utilisées pour prioriser les actions sur un territoire en fonction des résultats obtenus, étant donné que la vulnérabilité globale est liée aux vulnérabilités dites “intermédiaires”. Le lien avec les valeurs intermédiaires de vulnérabilité est fait selon un « modèle ». Celui-ci peut être additif, multiplicatif ou prendre une toute autre forme. Le calcul d’indices de vulnérabilité s’appuie sur des indicateurs devant être préalablement catégorisés selon plusieurs rangs. La classification repose sur un travail minutieux et consciencieux. Les informations doivent être collectées à partir d’enquêtes dans les lieux de décisions, auprès des acteurs majeurs du secteur traité. Des compléments à ces données sont de plus indispensables basés sur des retours d’expériences sur ce même territoire ou sur des territoires comparables. Il faut réussir à comprendre le territoire, sa politique, son contexte, les spécificités sociales et culturelles qui le caractérise. En suivant cette démarche il serait possible d’évaluer les critères en fonction de la situation locale et d’organiser une classification prenant des valeurs allant de 0 à 3.
Ici, la valeur 0 correspond à l’état le plus résistant et 3 au plus vulnérable. Cette hiérarchie et les éléments techniques associés, sont spécifique à un territoire. Une transposition sur un autre territoire implique une redéfinition des catégories.
Lors de l’estimation du coefficient global, une modification du modèle de calcul et/ou une pondération entre les indices pourront être mises en place sur la base du ressenti des acteurs audités, des retours d’expériences, et des enquêtes menées.

Principe général : modèle MADS

La Méthodologie d’Analyse de Dysfonctionnement des Systèmes est un outil construit selon les principes de la modélisation systémique, permettant de construire une analyse du risque. La méthode demande de définir deux systèmes en interaction, au sein d’un environnement actif : un système « source de danger » et un système « cible ». Les interactions entre ces deux systèmes peuvent être des échanges de flux de matières, d’énergie, d’informations, etc.., et elles peuvent se réaliser dans le temps, dans l’espace.
La modélisation varie selon le cas d’étude. La définition des systèmes et de leurs interactions se fait selon le problème posé, leur structure, leur fonctionnement individuel et en lien avec l’environnement, ainsi que leur évolution.

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Table des matières

A PROPOS
REMERCIEMENTS
INTRODUCTION
LEXIQUE
LA PLACE DE LA VULNERABILITE DANS LA LITTERATURE
1. Historique de la perception du risque
2. Emergence de la vulnérabilité : un débat scientifique
3. Différentes approches de la vulnérabilité
LE TRAITEMENT ANALYTIQUE DE LA VULNERABILITE
1. Le traitement de la vulnérabilité de la population
2. Le traitement de la vulnérabilité du bâti
LE TRAITEMENT SYSTEMIQUE DE LA VULNERABILITE
1. Principe général : modèle MADS
2. Traitement selon un diagramme Stocks-flux
3. Traitement statistique et spatial
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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