La perception de contrôlabilité

La perception de contrôlabilité

Nous vivons dans une ère où les technologies sont présentes dans toutes les sphères de notre vie. Dans les dix dernières années, il y a eu plusieurs innovations où la technologie a rejoint le consommateur dans toutes ses activités quotidiennes. Cela a d’ailleurs amené les entreprises à revoir leurs stratégies de marketing (Eschwège, 2005). En outre, plusieurs produits sont proposés très tôt aux enfants que ce soit pour développer la motricité des bébés jusqu’aux jeux électroniques les plus sophistiqués. Ainsi, lorsque 1 ‘enfant arrive à l’école, il a déjà une expérience diversifiée par rapport aux outils technologiques. Par contre, le milieu scolaire n’a pas suivi la même tendance que la société (Fourgous, 2010). Toutefois, pour permettre aux écoles québécoises de prendre le virage technologique et, du même coup, poursuivre la lutte contre le décrochage scolaire, le gouvernement libéral avait annoncé la mesure 50680 École 2. 0: La classe branchée, en février 2011. D’après cette mesure, au plus tard en juin 2016, chaque classe du primaire et du secondaire disposerait d’un tableau numérique interactif (TNI). Toutefois, le Parti québécois, lors de son élection en 2012, a suspendu le projet jusqu’à ce que des recherches soient effectuées pour démontrer les bénéfices de cet outil (Chouinard, 20 12). Dans cet environnement confus, nous avons amené des éléments de réponse quant à l’impact du TNI sur la motivation des élèves. Plus précisément, nous avons effectué une étude de cas dans une classe de 4e année du primaire lors d’un enseignement sur le périmètre et l’aire.

L’avènement de la société numérique 

Depuis la fin du dernier siècle, les technologies numériques ne cessent de se développer. La popularité de ces dernières est incontestable. À cet effet, soulignons qu’ Internet est devenu un outil indispensable pour la maj orité des Québécois. En 2000, 40 % des adultes québécois étaient des utilisateurs réguliers d’Internet alors qu’ils étaient 75% en 2010. Cela représentait plus de 4,6 millions d’internautes réguliers 1 . Nous ne pouvons nier que, depuis une dizaine d’ années, la société est en plein essor numérique. Mis à part l’ arrivée d’Internet, soulignons l’apparition des ordinateurs portables et plus récemment des tablettes tactiles telles que le iPad, pour ne nommer que celles-ci.

Vivant dans un monde où la technologie est omniprésente, les enfants sont mis en contact avec la technologie très tôt. À cet effet, la Fondation Marie-Vincent (2011) a effectué un sondage sur l’utilisation d’Internet par les enfants de 3 à 12 ans. Le sondage indique que, dès l’âge de trois ans, les enfants ont accès à plusieurs dispositifs numériques tels que les ordinateurs et les consoles de jeux vidéo. De plus, 75 % des enfants (âgés de 3 à 12 ans) utilisent Internet. Bien que le temps passé ne soit pas indiqué, on peut tout de même affirmer que l ‘usage de ces dispositifs croît avec 1’ âge.

Prensky (2007) appelle d’ailleurs les enfants d’aujourd’hui les «digital native» que l’on pourrait traduire par «natifs du numérique». Selon lui, les enseignants constatent que leurs élèves ont une baisse d’intérêt pour les travaux scolaires alors qu’ils ont un intérêt grandissant et une attention soutenue pour les jeux vidéo et les autres médias. Alors que la société est de plus en plus« branchée», qu’en est-il de l’école?

Les TIC à l’école 

L ‘arrivée des ordinateurs individuels dans les écoles est survenue au début des années 1980 (Pochon, 2003). Entre 1996 et 2001, un budget de 300 millions de dollars avait été octroyé pour permettre aux écoles d’avoir des ordinateurs branchés à Internet. Durant cette période, le ratio du nombre d’ ordinateurs connectés par élèves est passé de 1 pour 101 élèves à 1 pour 8 élèves (Cauchy, 2005). Selon un rapport du Ministère de l’éducation, du loisir et des sports (MELS, 2011), ce ratio, en 2009, était de 1 pour 4 élèves au primaire et de 1 pour 8 élèves au secondaire. On remarque donc que les écoles sont branchées. Par contre, quelle utilisation est faite de ces ressources? Selon Plante et Beattie (2004), le traitement de textes est la principale utilisation des TIC, et ce, tant au primaire (77,3%) qu’au secondaire(82, 1% ). Pour leur part, Peters et al. (2009) soulignent que les écoles primaires du Québec n’intègrent pas beaucoup les TIC dans l’enseignement et que, bien souvent, les ordinateurs sont des outils pour récompenser les élèves plutôt que des outils pour apprendre. Ces propos rejoignent ceux d’autres chercheurs qui avancent que les enseignants utilisent peu les TIC dans leurs pratiques pédagogiques (Larose, Grenon et Palm, 2004; Raby, 2004). Comme le souligne Karsenti (2003) et Bibeau (1997), les écoles sont branchées, mais la pédagogie reste débranchée.

Par ailleurs, Collin et Karsenti (2012) signalent que «les TIC semblent avoir envahi le champ de l’éducation avant même qu’on puisse en apprécier l’efficacité exacte» (p. 70). Pellerin (2005) relate plusieurs études évoquant que les TIC sont susceptibles d’augmenter la motivation des élèves. D’autres chercheurs nous incitent à la prudence concernant ces résultats. Ils rapportent en effet qu’il n’y a pas de différence significative au niveau de la motivation et des apprentissages entre les classes qui intègrent les TIC et les autres (Collin et Karsenti, 2012; Karsenti, 2003). Pour eux, c’est la façon de les intégrer qui a un impact sur les élèves.

L’obligation et devoir ministériels en lien avec les TIC

Alors que les écoles sont munies d’outils technologiques, le gouvernement québécois a suggéré des actions concrètes pour favoriser leur utilisation en classe. En effet, dans le programme de formation de l’école québécoise (2006), le MELS accorde une place particulière aux TIC, notamment parce que ces dernières se retrouvent dans toutes les sphères de la vie et que les emplois d’aujourd’hui exigent une maîtrise de ces outils. Les TIC sont donc intégrées dans les compétences transversales : «Exploiter les technologies de l’ information et de la communication» (p. 28). Ainsi, par cette compétence, les élèves doivent être en mesure d’évaluer l’ efficacité de l’utilisation de la technologie, de s’approprier les TIC et de les utiliser pour effectuer des tâches. Étant transversale, les élèves peuvent développer cette compétence dans toutes les disciplines scolaires.

La motivation: un élément important dans la réussite scolaire

Le MELS (2007) définit le décrochage scolaire comme la situation «d’une personne à un âge donné qui ne fréquente pas l’école au 30 septembre d’une année donnée et qui n ‘a obtenu aucun diplôme du secondaire, que ce soit un DES, un diplôme d’ études professionnelles (DEP) ou autre» (p. 5). Le décrochage scolaire est une préoccupation en éducation, et ce, depuis plusieurs années. Bien que des progrès aient été faits en ce sens depuis 2007, il reste que c’est une problématique à laquelle le Québec doit encore faire face et l’ Abitibi-Témiscamingue (A-T) n ‘y échappe pas. Avant d’aller plus loin, nous allons dresser un bref portrait de l’éducation en A-T en commençant par sa situation géographique jusqu’au décrochage scolaire.

La démotivation au primaire

Notre recherche se déroule dans une classe au primaire. À ce niveau scolaire, on ne parle pas de décrochage. Or, puisque la motivation est liée à la réussite scolaire et que ces deux aspects ont une influence sur le décrochage, le terme «démotivation» est plus approprié pour le niveau que nous ciblons (Bouffard et al. , 2005). Il ne faut toutefois pas prendre cette démotivation à la légère, car lorsqu’un élève présente une démotivation tôt dans son parcours scolaire, cela peut laisser présager qu’il va décrocher (Montmarquette et Meunier, 2001; Shareck, 2003). Janosz et al. (2013) soulignent que dès l’âge de 7 ans, on peut déceler des signes précurseurs du décrochage scolaire notamment les difficultés en lecture.

Ces mêmes auteurs mentionnent qu’environ 15% des élèves de 12 ans sont à risque de décrochage scolaire. Brousseau (20 13) relève que cette baisse de motivation peut être attribuée au fait que les élèves gravitent dans un monde technologique et que l’absence des TIC à l’école ne fait aucun sens pour eux. L’auteure mentionne aussi que les TIC ne sont pas la solution à tous les problèmes, mais qu’elles offrent des opportunités pédagogiques intéressantes. C’est dans cette lancée que nous nous sommes intéressée aux retombées que pouvaient avoir les TNI sur la motivation des élèves.

L’arrivée des tableaux numériques interactifs en classe 

Pour permettre aux écoles d’emboîter le pas vers le numérique, le gouvernement québécois a annoncé, lors de son discours inaugural du 23 février 2011, la mesure 50680 École 2.0: La classe branchée. Cette mesure visait à équiper toutes les classes de l’enseignement primaire et secondaire d’un TNI et d’un projecteur multimédia, et ce, d’ici juin 2016. De plus, tout le personnel enseignant devait avoir un ordinateur portable (MELS, juin 2011 ). Cet investissement représentait 240 millions de dollars sur 5 ans. Par cette mesure, le gouvernement voulait que les écoles se rapprochent de la réalité des élèves d’aujourd’hui. Il avançait aussi que cette initiative aiderait à contrer le décrochage scolaire comme le souligne cet extrait (Gouvernement du Québec, 2011): Nous allons poursuivre et intensifier notre combat pour la réussite scolaire de nos enfants. [ … ] Nous allons rapprocher l’école de nos jeunes, spécialement des garçons. Nos jeunes sont attirés par les nouvelles technologies. C’est leur univers. L’école doit s’inscrire dans cette réalité. Le tableau noir, celui que nous avons tous connu, sera modernisé. J’annonce que chaque classe de chaque école du Québec sera dotée d’un tableau blanc intelligent et que chaque professeur sera muni d’un ordinateur portable.

Les controverses liées aux TNI 

Peu de temps après l’annonce de cette mesure, nous appremons dans les médias qu’un ancien membre du cabinet du gouvernement québécois, avait eu comme mandat de faire du lobbying pour SMART Technologies auprès du ministère de l’Éducation (Noël et Marissal, 2012). On y découvrait également que l’appel d’offres lancé par le gouvernement, à la suite de son discours inaugural, n’était pas transparent et avantageait la compagnie SMART Technologies. Soulignons qu’au Québec les principaux distributeurs, en milieu scolaire, sont SMART avec leur SMARTboard et Promethean avec leur Activboard.

De plus, la mesure avait suscité diverses réactions auprès des enseignants. Plusieurs décriaient l’arrivée des TNI dans leurs classes en soulevant le fait qu’ils ne recevaient pas la formation nécessaire pour utiliser adéquatement l’outil (Gervais, 2013). Malgré les controverses, le gouvernement gardait le cap en justifiant que l’outil avait un potentiel, entre autres, pour favoriser la réussite scolaire.

La pertinence de la recherche 

Un grand nombre de questions sont soulevées pmsque l’implantation des TNI dans les salles de classe de la région, et également au niveau provincial, est récente. Parmi ces questions, c’est l’aspect de la motivation que nous avons retenu puisque, tel que souligné précédemment, elle influence la réussite scolaire. De plus, étant donné que le taux de décrochage scolaire est encore préoccupant et que la motivation est un des facteurs liés à cette problématique, il est intéressant de se pencher sur l’apport que le TNI peut avoir sur la motivation.

L’attribution causale de Weiner

Selon Weiner (1984), le comportement de 1 ‘élève est influencé par les éléments qu’il perçoit pour expliquer ses succès et ses échecs. Lorsque les événements n’ont pas d’influence importante sur l’image qu’un élève a de lui-même, ses perceptions attributionnelles ont peu d’effets sur sa motivation. À l’inverse, des événements importants, tels que des échecs scolaires, prennent une grande importance et influencent la motivation. Weiner (1984) regroupe en trois catégories les causes évoquées par les élèves. On peut ainsi analyser ces dernières sous l’angle du lieu de contrôle, du niveau de stabilité et du degré de contrôle. Le lieu de contrôle peut être interne, c’est-à-dire que les causes sont attribuées à 1 ‘élève, ou externe, à savoir que les causes sont attribuées à 1′ environnement. De ce fait, un élève fait une attribution interne lorsqu’il attribue son succès à son degré d’effort alors qu’il fait une attribution externe lorsqu’il associe son succès à l’aide de ses camarades. Quant au niveau de stabilité, une cause peut être classée stable si elle est permanente, telle talent. Elle peut également être modifiable si elle tend à fluctuer, telle la santé. Ainsi, un élève qui attribue son échec à la matière étudiée fait référence à une cause stable alors que celui qui l’explique par le degré de sévérité dans la correction évoque une cause modifiable. Enfin, on peut analyser les causes sous l’angle du degré de contrôle. Une cause est dite contrôlable lorsqu’un élève sent qu’il peut la maîtriser et elle est incontrôlable lorsqu’il croit qu’il ne peut pas agir sur elle. En ce sens, les efforts sont une cause contrôlable alors que la chance est une cause incontrôlable. Selon Weiner (1984), c’ est la stabilité qui a le plus d’ impact sur la motivation scolaire.

CONCLUSION 

Cette recherche nous a permis d’étudier l’impact du TNI sur la motivation des élèves d’une classe de 4e année du primaire lors d’un enseignement sur le périmètre et l’aire en plus de relever les éléments motivationnels de 1 ‘outil en regard des 23 élèves ayant participé à la recherche. Nous avons choisi ce sujet de recherche étant donné que le gouvernement libéral avait annoncé que le TNI permettrait aux écoles québécoises de prendre le virage technologique et que l’outil constituerait une solution pour continuer la lutte contre le décrochage scolaire. Nous avons décidé de nous concentrer sur la motivation puisque c’est un élément important de la réussite scolaire et que cet élément peut avoir une incidence sur le décrochage scolaire.

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Table des matières

INTRODUCTION 
CHAPITRE 1 PROBLÉMATIQUE 
1.1 L’avènement de la société numérique
1.2 Les TIC à l’école
1.2.1 L’ obligation et devoir ministériels en lien avec les TIC .
1.3 La motivation : un élément important dans la réussite scolaire
1.4 La structure éducative en A-T
1.4.1 Les statistiques sur la performance scolaire en A-T
1.5 La démotivation au primaire
1.6 L’arrivée des tableaux numériques interactifs en classe
1.6.1 Les controverses liées aux TNI
1.7 La pertinence de la recherche
1.8 La question et les objectifs de recherche
CHAPITRE 2 CADRE CONCEPTUEL
2.1 Le descriptif et 1′ origine du tableau numérique interactif
2.1.1 Les TNI et la CSRN
2.2 La recension des écrits
2.2.1 Les avantages du TNI
2.2.2 Les inconvénients du TNI
2.3 La motivation
2.3.1 L’approche sociocognitive
2.3.2 L’attribution causale de Weiner
2.3.3 La théorie des buts de Dweck
2.3.4 La théorie de l’ auto-efficacité de Bandura
2.3.5 Le modèle de Viau
2.3.6 La perception de la valeur de l’activité
2.3.7 La perception de sa compétence
2.3.8 La perception de contrôlabilité
2.3.9 Les manifestations
2.3.10 La justification concernant le modèle de Viau
2.4 La théorie de l’apprentissage privilégiée
2.4.1 La pédagogie et les TNI
2.4.2 La mathématique et les TNI
CHAPITRE 3 MÉTHODOLOGIE 
3.1 Le type de recherche effectué
3.2 Le choix de l’étude de cas comme méthode de recherche qualitative
3.2.1 L’étude de cas unique
3.2.2 La démarche de réalisation de l’étude de cas
3.3 La sélection du cas
3.4 La collecte des données
3 .4.1 Les résultats scolaires
3.4.2 L’observation directe
3.4.3 La justification de l’observation directe comme collecte de
données
3.4.4 La grille d ‘observation
3.4.5 Le journal de bord
3.4.6 L’entrevue semi-dirigée
3.5 Le traitement des données
3.5.1 Les étapes de l’analyse de contenu
3.6 Les limites de la recherche
3.7 Les considérations éthiques
CHAPITRE 4 PRÉSENTATION DES RÉSULTATS
4.1 Les résultats académiques en mathématiques
4.2 La grille d’ observation et le journal de bord
4.3 Les entrevues semi-dirigées
CHAPITRE 5 ANALYSE DES RÉSULTATS 
5.1 L’impact du TNI sur la motivation
5.1.1 La perception de la valeur de l’activité : l’intérêt des
mathématiques
5.1.2 La perception de la valeur de l’activité :l’ intérêt du TNI
5 .1.3 La perception de la valeur de 1′ activité : 1 ‘utilité du TNI
5 .1.4 La perception de la compétence des élèves
5 .1. 5 La perception de contrôlabilité
5 .1.6 La synthèse de la dynamique motivationnelle des élèves
5.2 Les éléments motivationnels du TNI
5 .2.1 Un outil aux diverses possibilités
5.2.2 Un outil qui facilite les apprentissages
5.2.3 Un outil intéressant et amusant
5.2.4 Un outil qui présente des informations claires et visibles
5.2.5 Un outil fac ile d’entretien
5.2.6 La synthèse des éléments motivationnels du TNI
CONCLUSION

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