La pédagogie Freinet et la coopération

La pédagogie Freinet et la coopération

Les Défis coopération installés dans ma classe ne proviennent pas par hasard et de nulle part. Ils sont directement issus et inspirés de la technique Freinet. Une approche théorique de ses principes  semble nécessaire avant d’aborder l’expérience. Celle-ci rejoint certes d’autres préceptes et inspirations pédagogiques, en revanche, l’organisation pensée autour de l’activité des Défis coopération prend directement ses racines dans la pédagogie de Freinet.

La part du maître 

Célestin Freinet, né en 1896, a mis en place le mouvement de l’école moderne en 1958. Il ne se pose pas dans le rôle du contemplateur de ses élèves, mais plutôt se glisse dans une blouse d’inventeur, sans cesse en train de réfléchir et chercher comment mobiliser les élèves et les rendre actifs de leur apprentissages. Sa jeunesse se déroule dans un milieu pauvre et rural. Après une expérience pastorale, il entre à l’école normale d’instituteurs de Nice et doit se rendre au front. En 1917, suite à une grave blessure par balle, il est atteint d’une pleurésie. Il est considéré, deux ans plus tard, comme invalide. Il déclarera plus tard que sa blessure est, en partie, responsable de ses innovations pédagogiques.

Quand je suis revenu de la guerre 1914-1918, j’avais été sérieusement blessé et, notamment, je ne pouvais pas parler longtemps, surtout pas dans une salle de classe… Lorsque j’avais parlé pendant dix minutes, un quart d’heure, comme cela, je n’en pouvais plus. Et alors, j’ai cherché des solutions : ou bien je quittais l’enseignement à ce moment-là, ou bien je trouvais d’autres techniques de travail qui m’auraient permis de faire ma classe de façon intelligente, efficiente aussi, de m’intéresser à ma classe mais que je puisse tenir le coup, alors j’ai cherché .

La pédagogie Freinet s’appuie sur quatre piliers : l’expression libre, la coopération les techniques éducatives et le tâtonnement expérimental. Chaque technique éducative s’appuyait sur ce qui existait déjà et répondait à un besoin d’organisation. Freinet s’est inspiré du quotidien des enfants et a intégré l’expérience comme un ancrage pour les apprentissages.

Que fait le maître ? Ingénieur, architecte des groupes sociaux, maître intégré dans une collaboration avec l’élève acteur dans la classe. « entre maitres et élèves […] débarrassée au maximum de la notion paralysante de supérieurs et inférieurs ».

La tâche du maître ne réside pas en un face à face avec l’élève mais dans l’organisation du dispositif de la classe, il observe, supervise, accompagne les élèves, à côté d’eux plutôt qu’assis sur la position magistrale du maître. L’enseignant s’éloigne de sa posture omnipotente et se met en retrait, afin d’avoir le recul pour faire vivre une structure de classe visant à favoriser le travail de chacun, s’installant dans une communauté d’échanges. C’est cette forme d’effacement (lorsque nous comparons à la position magistrale du maître) qui va engager les élèves vers l’autonomie, vers leur propre parcours pédagogique et vers leur expression.

La coopération s’installe alors comme un pivot pédagogique. L’élève développe une aptitude à coopérer avec l’autre et à se construire une place au sein d’un groupe tout en se sensibilisant à la richesse de l’échange au sein du collectif.

Le maître permet à chaque élève de trouver sa place et d’apporter sa part spécifique au groupe en devenant auteur de ses travaux, de ses recherches, de ses processus d’apprentissages. Il met en œuvre un environnement éducatif riche qui permet les tâtonnements individuels et des processus de groupe.

L’école coopérative c’est une école transformée politiquement, où les enfants qui n’étaient rien sont devenus quelque chose, c’est l’école passée de la monarchie absolue à la république et où les enfants, livrés en certains domaines à leur initiative, apprennent le jeu de nos institutions et s’exercent à la pratique de la liberté.

L’école coopérative, c’est enfin l’école où l’instruction n’est pas le but exclusif, mais celle où l’on vise surtout à former par une pratique particulière facilitée, l’être pensant, qui sait écouter la voix de la raison, l’être moral et conscient et responsable, l’être social plus attaché à l’accomplissement de ses devoirs qu’à la revendication de ses droits .

L’expérience et la conquête du réel 

Pour Freinet, les enfants aspirent aux mêmes choses que les adultes : travailler, construire une maison, cuisiner, jardiner, écrire un journal…Il part du principe qu’au sein de cette activité de labeur, l’enfant trouve le bonheur du jeu et de l’apprentissage. Par l’expérience, l’enfant est en position de réaliser, d’expérimenter et de réussir. Par là, il se met dans un processus où déjà il agit sur son environnement, avant d’être dans l’analyse, il s’essaie, s’entraine et il part d’un intérêt, d’une volonté concrète pour réaliser une expérience. Aux côtés de John Dewey et de Maria Montessori, Célestin Freinet défend la posture d’enquêteur dans laquelle doit être l’enfant. Il est l’observateur actif, soit toujours dans l’objet d’une recherche. Les savoirs qu’il approche lui sont les instruments utiles pour surmonter les obstacles. Les apprentissages, notamment à travers la coopération, prennent ainsi une valeur d’instruments, une palette d’outils qu’il s’approprie pour ses propres expériences.

Freinet insiste sur le fait que nous n’avons jamais la certitude du succès de l’atelier. Mettre 3, 4 élèves à un atelier d’écriture ne signifie pas obtenir un beau texte rédigé par ces mêmes élèves. La pensée de Freinet, se dirige vers la réalisation plus que vers le résultat efficace. L’installation d’une classe sereine et motivante grâce à un matériel spécifique ( atelier peinture, machines à écrire ou bibliothèque) ne signifie pas une garantie de résultat, de réussite. Au contraire, le terrain est à l’erreur. Ici nous sommes en classe et non pas dans un bureau de rédaction. Bien que le dispositif peut s’y apparenter, la recherche est à l’action, au faire, à l’expérimentation. Ainsi favoriser les échanges, les partages, l’interactivité et le travail collaboratif développe la confiance et la créativité. Freinet dénonce les pédagogies passives. Pour lui, apprendre à faire du vélo, ce n’est pas dessiner la bicyclette au tableau, c’est l’enfourcher, tomber et réessayer. L’apprentissage par l’action donne sens aux choses. Faire, agir, coopérer permet de lier les différents savoirs (transdisciplinaires et individuels) et de développer l’esprit d’entreprendre (pédagogie du projet).

L’instituteur change d’angle, il mets à disposition des élèves le matériel, l’espace, l’occasion pour expérimenter, raisonner et par là apprendre.

L’enfant avance grâce à ses rapports avec les autres, ses essais, ses expériences, ses erreurs : c’est le tâtonnement expérimental

La coopération, d’après Freinet

Il existe peu de traces textuelles au sujet de la coopération, à part trois articles de Freinet. Pourtant, c’est ce qui peut apparaître aux yeux des instituteurs et autres pédagogues comme la notion la plus inhérente aux propositions d’Elise et de Célestin Freinet.

Qu’est ce que la coopération ?

Coopérer, co-opérer signifie faire-avec, conjointement. Le verbe tire ses racines du verbe operari qui a aussi donné « ouvrier » et « oeuvre », la coopération est basée sur une sorte de contrat tacite du bénéfice commun et mutuel. Elle sous entend que ce que nous souhaitons atteindre par la coopération est impossible à avoir sans la coopération. Nous sommes en présence d’une situation de coopération lorsque deux personnes ou plus unissent leurs efforts pour réaliser un objectif commun.

Quatre facteurs psychosociaux déterminent un exercice de nature coopérative :
• La coopération : ce facteur comprend la communication, la cohésion, la confiance et l’établissement de relations interpersonnelles positives ; le mot clé est l’entraide.
• L’acceptation : les participants doivent s’accepter tels qu’ils sont. Personne n’est éliminé ni rejeté par le groupe.
• L’engagement : chaque personne contribue à la réussite de la tâche commune selon ses capacités. « Tous pour un et un pour tous »
• Le plaisir : les participants jouent pour s’amuser avant tout. Le jeu coopératif est essentiellement une activité de participation où la compétition est limitée, voire éliminée. Il offre de nombreux avantages. Il permet aux participants de s’amuser sans expérimenter de frustration liée à l’échec.

Dans la pédagogie de Freinet, la coopération devient un modèle d’organisation du groupe-classe et permet de rendre compte et de prendre en considération la dimension affective et sociale de l’élève dans son rapport au savoir et à autrui. Son rôle est déterminant sur les attitudes envers les apprentissages.

La coopération est, au sein du mouvement Freinet, un pilier qui fédère la classe comme l’association. Il est nécessaire de la définir : Partons de l’impulsion — qui est l’idée soit l’hypothèse, le projet, de l’individu. C’est grâce au groupe qu’elle peut être verbalisée, ensuite raisonnée. Nous parlons alors d’expression coopérative. Il y a coopération quand l’enfant a besoin des autres pour se réaliser. Le départ pourra être l’émission d’une hypothèse qui va se transformer grâce à la confrontation, c’est à dire la mise en place d’un dispositif expérimental pour tester l’hypothèse, ou le renvoi critique du groupe. C’est alors que va s’élaborer le raisonnement. Dans une classe ou un groupe coopératif s’établit un équilibre entre le groupe et l’individu. L’individu qui propose un projet, produit un objet, émet une hypothèse, reçoit un renvoi du groupe. Le groupe se trouve enrichi par l’apport de la personne. La critique du groupe va enrichir l’individu. Pour un même sujet, cette inter-relation avec enrichissement réciproque pourra s’effectuer plusieurs fois.

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Table des matières

Introduction
I- La pédagogie Freinet et la coopération
a- La part du maître
b- L’expérience et la conquête du réel
c- La coopération chez Freinet
II- Les défis-coopération : mise en place, ritualisation & conséquences
a- A partir du climat de classe : pourquoi la coopération ?
b- Comment l’introduire : récit d’expérience
c- Evolutions et observations
III- De l’expression, le langage
a- L’individu et sa parole au sein du groupe
b- Le bilan oral : la place du langage
c- Le conflit et sa résolution
Conclusion
Bibliographie
Annexes

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