La nubie-soudan au troisieme millenaire avant jesus christ

Cette étude cherche à dresser la carte humaine, culturelle et politique de la Nubie-Soudan au troisième millénaire avant notre ère. Elle se base sur les inscriptions qui y ont été découvertes en Egypte notamment et celles trouvées ailleurs et qui l’évoquent. Elle cherche à montrer l’intérêt que cette contrée représentait pour l’Egypt, mais aussi et surtout les différentes cultures mises au jour par les spécialistes et dénommées cultures du Groupe A, du Groupe C et du Kerma.

L’histoire de la Nubie (au sens général, il s’agit des régions nilotiques au Sud de l’Egypte) a induit plusieurs campagnes de fouilles dont celles effectuées sur le site de Kerma par Charles Bonnet depuis 1986 et celles du site de Faras. Elles ont permis d’identifier une population nubienne vivant dans cette région avant l’unification de l’Egypte vers 3000 avant Jésus Christ . M. Honegger signale aussi les travaux effectués par G. Reisner et C. M. Firth, en Basse Nubie, dès 1907 et 1911.

Il ressort de ces résultats de fouilles, qui ont incité plusieurs chercheurs à s’intéresser à son histoire, que la Nubie fut un véritable foyer culturel au cours du troisième millénaire. En partant de ces deux sources majeures que sont les textes égyptiens et les découvertes archéologiques, nous espérons arriver à une reconstitution des réalités qui prévalaient, à l’époque, dans cette région. Cette période du troisième millénaire est marquée, dans la vallée du Nil, par l’émergence de grands centres de civilisation, à l’image de l’Egypte, qui a prédominé dans cette région jusqu’à l’invasion perse, en 525 avant Jésus Christ. Ce fut au cours de cette période que les textes égyptiens commencent à mentionner des toponymes localisés en Nubie. Nous pouvons citer la biographie d’Ouni découverte en 1863 et qui a fourni des informations fort intéressantes sur la Nubie-Soudan de l’époque . Les Egyptiens entretenaient, alors, un commerce très prospère avec les Etats nubio soudanais et auxquels ils faisaient allusion souvent dans leurs récits.

LES SOURCES

LES SOURCES TEXTUELLES

Ces sources sont constituées par les récits de voyage des fonctionnaires égyptiens comme Ouni, Herkhouf, Pepinakhet, Sabni, etc. Ces textes biographiques ont été découverts, pour la première fois, en 1885, par les fouilles de Mustafa, agent consulaire britannique à Assouan . Ce sont des récits qui rapportent différentes missions menées par des Egyptiens envoyés vers les terres et pays de Nubie .

Dans la recension anglaise de James Henry Breasted, l’auteur a essayé d’offrir une traduction des textes dont il disposait. Tous les récits et Annales qui se rapportent à la période se trouvent traduits dans cet ouvrage. Il a été d’ailleurs d’une très grande utilité pour comprendre et analyser les dynamiques qui avaient cours en Nubie pendant cette période. Il a fait remarquer que la traduction de certains passages a présenté, pour lui, certaines difficultés. La recension de A. Roccati, qui regroupe un grand nombre de textes de l’Ancien empire égyptien, a été aussi d’une très grande utilité. Elle nous a permis de découvrir, en plus, des traductions de textes d’envoutement égyptiens datés de la VIe dynastie . On peut relever, à la lecture de ces textes, que les Nubiens représentaient, à ce moment, une véritable menace pour le pouvoir égyptien. On y trouve également des biographies de fonctionnaires de l’Ancien Empire et qui constituent le genre littéraire le plus ancien et le mieux documenté . Elles ont permis de connaître les différentes composantes territoriales et étatiques mais aussi les dynamiques politiques et économiques qui y avaient cours. Mais, malgré leur grande utilité, ces sources textuelles comportent quelques insuffisances. En effet, leur pertinence reste aujourd’hui l’une des difficultés majeures pour la reconstitution de l’histoire. Shehata Adam avec le concours de Jean Vercoutter, note que ces sources sont parfois déformées . Cette idée renvoie à la recherche de la beauté littéraire du texte (traduction), mais aussi au souci de magnifier la bravoure des propriétaires (contenu) qui constituent des facteurs de déformation des faits et événements racontés. Il se trouve par ailleurs que la plupart de ces textes nous sont parvenus sous forme de fragments avec parfois des mots manquants . Nous avons pu relever dans les récits consultés, que chaque fonctionnaire égyptien a essayé de montrer que les exploits qu’il a faits pour son seigneur n’ont jamais été réalisés par personne d’autre.

En outre, l’état fragmentaire de certaines sources, comme la pierre de Palerme « dont sept fragments ont été retrouvés jusqu’à présent, le dernier en 1963 chez un antiquaire du Caire par J.L. de Cenival » , demeure aussi une difficulté majeure. Les auteurs sont parfois obligés, dans le cas où ils ont perdu certains passages du texte, de traduire selon le sens qui convient le mieux. Cette pratique peut rendre parfois douteuse l’originalité du texte ou l’authenticité des propos.

Concernant les textes, l’histoire de la Nubie-Soudan au troisième millénaire avant notre ère ne peut être étudiée qu’à travers les sources égyptiennes. Nous constatons que tous les textes remontant à la période qui nous concerne, c’est-à-dire le troisième millénaire avant Jésus Christ, sont le fait d’Egyptiens. Leurs auteurs ne peuvent raconter que ce qu’il ont vu ou entendu. Or, l’étude de l’histoire de la région nubio-soudanaise retrouverait plus d’authenticité si la population qui y vivait pendant cette période savait écrire dans sa langue propre. Ainsi, cette histoire trouverait beaucoup plus de pertinence si un jour nous rencontrions des écrits qui étaient le fait de Nubio-soudanais de cette période. A. Shehata fait remarquer qu’au moment où l’écriture apparait en Egypte (vers -3000), « Dans le sud… les populations noires de la Nubie, avec leur culture orale, gardent une organisation sociale et politique fragmentée en petits groupes qui n’éprouvent pas le besoins d’adopter l’écriture dont elles [sic] ne peuvent cependant pas ignorer l’existence, puisqu’elles [sic] restent en contact direct, parfois violent, avec le monde « pharaonique » » .

Parmi les témoignages textuels il y a aussi les sources grecques comme Hérodote. Mais la lecture de son livre II intitulé Euterpe, n’a pas été très utile, l’auteur ne traite la période qui nous intéresse. Il se contente d’une description de l’histoire de ce pays pendant le règne de Cambyse en Egypte. D’une manière générale, les sources grecques ont vécu à une époque très tardive par rapport à la période à laquelle nous nous intéressons aujourd’hui. De ce fait, leur apport sur notre étude n’a pas été déterminant.

Les sources archéologiques, par contre, ont été d’une très grande utilité dans cette étude.

LES SOURCES ARCHEOLOGIQUES 

Nous signalons tout d’abord, qu’en dépit de leur abondance, les sources archéologiques sont beaucoup plus difficiles à exploiter. Nous avons pu lire différents auteurs comme A.J. Arkell, C. Bonnet, M. Honegger, entre autres. Leurs études nous ont permis d’identifier qui étaient les habitants de cette région et quelles étaient leurs cultures. Mais là aussi nous avons pu y relever certaines difficultés. Disons, à la suite de Theophile Obenga, que « cette source d’information historique [l’archéologie] pose des problèmes de stratigraphie, de genèse d’un foyer culturel, de datation, de contacts culturels dans le temps et dans l’espace entre diverses aires culturelles, etc.» . Le problème de la datation, mentionné par T. Obenga, constitue également un véritable obstacle en ce sens qu’il est difficile de déterminer avec certitude, selon les méthodes actuelles, l’âge des vestiges trouvés. Adam Shehata note que les sources archéologiques sont parfois incomplètes sauf pour la Basse-Nubie , région qui a été le foyer de nombreuses campagnes de fouilles fructueuses qui ont permis de mieux connaitre son passé. Certains chantiers ont démarré à l’occasion de l’édification du tout premier barrage d’Assouan. Cependant « il faut toutefois noter qu’aucune prospection ne fut effectuée avant l’édification du tout premier barrage d’Assouan, en 1896, de sorte que tous les vestiges anciens situés près du fleuve, dans les limites de la première retenue d’eau, furent détruits sans qu’on ait une idée de leur nombre, de leur nature ou de leur importance » .

Nous constatons aussi que les actions menées sur certains sites ont causé beaucoup de préjudices à l’archéologie. A la perte définitive de certains, il faut ajouter la perturbation des couches, même si on a pu constater rapidement que le site en question pourrait recouvrir des vestiges archéologiques.

D’autres travaux ont été effectués en Basse Nubie à l’occasion des élévations et surélévation du Haut barrage d’Assouan . Selon T. Sӓve- Sӧderbergh, « la majeure partie de la Nubie a subi le contrecoup des événements dramatiques des vingt années qui suivirent 1960, quand la construction du Haut-Barrage, à la première cataracte, submergea quelque 500 kilomètres de la vallée du Nil au sud d’Assouan sous les eaux du nouveau lac » . Cela vient encore une fois, confirmer le tort que les actions humaines causent aux potentiels sites archéologiques. Ces actions viennent, en plus, rendre difficile notre tâche puisqu’elles font disparaitre beaucoup de vestiges qui pouvaient nous être utiles.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : REVUE CRITIQUE DE LA DOCUMENTATION ET ETAT DE LA QUESTION
CHAPITRE I : REVUE CRITIQUE DE LA DOCUMENTATION
A/ LES SOURCES
B/ LA LITTERATURE EXISTANTE
CHAPITRE II : ETAT DE LA QUESTION
A/ DEFINITION DES TERMES
B/ CADRE GEOGRAPHIQUE DE LA NUBIE-SOUDAN
DEUXIEME PARTIE : POPULATIONS, CULTURES ET DYNAMIQUES POLITIQUES EN NUBIE-SOUDAN AU IIIe MILLENAIRE AVANT JESUS CHRIST
CHAPITRE 1 : POPULATION ET CULTURES DE LA NUBIE-SOUDAN AU 3e MILLENAIRE AVANT JESUS CHRIST
A/ LE GROUPE A
B/ LA CULTURE KERMA
C/ LA CULTURE DU GROUPE C
CHAPITRE II : DYNAMIQUES ET MUTATIONS POLITIQUES
A/ LES NUBIENS FACE A LA PRESSION EGYPTIENNE
B/ L’IMPORTANCE DES RESSOURCES ECONOMIQUES DE LA NUBIESOUDAN
CHAPITRE III : LES CONSEQUENCES DES DYNAMIQUES ET MUTATIONS POLITIQUES
A/ LES DYNAMIQUES POLITIQUES
B/ LA PHASE VIOLENTE
C/ LA RECONSTITUTION EN NUBIE-SOUDAN (FIN 3e MILLENAIRE-DEBUT 2e MILLENAIRE) VERS KOUSH
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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