La notion du polycentrisme

 LA NOTION DU POLYCENTRISME

Le polycentrisme est aujourd’hui un des thèmes centraux de la réflexion communautaire. Encouragé par le Schéma de Développement de l’Espace Communautaire (SDEC), il est devenu un concept clé des politiques d’aménagement du territoire en réponse aux déséquilibres territoriaux en Europe et en France: il suggère la recherche d’un nouvel équilibre spatial. Il ne s’agit pas d’un concept nouveau puisqu’il a déjà été employé plusieurs fois auparavant. Cependant, c’est la publication du SDEC en 1999 qui l’a officialisé en lui donnant une dimension européenne.

Le « polycentrisme » : un terme peu défini

Peu de dictionnaires de langue française définissent le concept de polycentrisme. Ainsi, il n’existe pas de définition du mot polycentrisme dans les dictionnaires tels que le Larousse ou l’Encyclopédie Universalis. Le dictionnaire « le Robert » donne une définition politique du polycentrisme et le caractérise comme un système d’organisation permettant la multiplication des centres de décision ou de direction. L’adjectif « polycentrique » est également défini en référence au domaine de l’architecture pour déterminer un bâtiment qui a plusieurs centres.

Le dictionnaire critique <(les mots de la géographie» définit le terme de polycentrisme sous une dimension territoriale; l’adjectif « polycentrique » y est présenté comme se rapportant à quelque chose « ayant plusieurs centres, tels les réseaux urbains de certains pays (Allemagne, Italie, etc.) ». A cette définition, l’auteur ajoute un élément critique en écrivant: « on aimerait voir se développer une Europe unie et polycentrique ».

En 2000, la Délégation à l’Aménagement du Territoire et à l’Action Régionale (DATAR), définit le terme de polycentrisme à travers le dictionnaire «repenser le territoire: un dictionnaire critique » de la manière suivante: « Le polycentrisme des doctrines actuelles est dit « de réseau », et se veut antihiérarchique. Il met l’accent sur les rapports de synergie et de complémentarité entre des centres dotés d’un avantage compétitif ou d’une vocation spécifique, généralement à l’échelle des aires métropolitaines ou des régions. »

L’idée du polycentrisme repose sur un développement régional équilibré, basé sur les avantages et les capacités des territoires au niveau local. Par ce concept, on souhaite articuler la cohésion territoriale, la compétitivité tout en développant la gouvernance. Ainsi, Rémy Allain définit la notion de polycentrisme comme une notion qui «suggère l’équilibre spatial, le partage des pouvoirs de décision, l’harmonie territoriale, la concurrence des idées, l’émulation et la coopération. ».

Le polycentrisme repose sur la conception de compétitivité équilibrée et d’égalité. Il implique un certain nombre de conditions à plusieurs niveaux:
➤ socio-économique: Le territoire doit être attractif et compétitif.
➤ spatial: Il doit y avoir une intégration territoriale c’est-à-dire l’existence de réseaux d’échanges qui fonctionnent.
➤ politique: Une nouvelle gouvernance doit être développée, c’est-à-dire une envie de travailler ensemble.

L’origine du polycentrisme est en relation étroite avec un concept théorique des années 30, le développement de la théorie des places centrales. En effet, le terme de polycentrisme est né peu de temps après la notion de centralité, qui apparaît «justement lorsque ce qui semblait être l’essence naturelle des centres villes et des capitales est devenu moins naturel. Le mot d’ordre du polycentrisme dans les politiques d’aménagement a d’abord occupé une place en marge dans les cas où la réaffirmation d’une centralité unique n’était pas possible, pour devenir aujourd’hui quasi hégémonique. » (DATAR). Le polycentrisme cherche alors à éviter la dominance d’un centre sur l’ensemble du territoire et à répartir de manière équilibrée les pouvoirs de décision, les pouvoirs économiques, etc.; en ce sens il s’oppose à la monocentralité. Il vise en fait le développement de plusieurs centralités pour éviter la suprématie d’une seule place centrale. Le polycentrisme ne s’oppose cependant pas à la notion de centralité dans le sens où il admet les avantages liés à cette centralité « si le centre est souvent synonyme de créativité, d’innovation, d’interaction, de bouillonnement des idées, le mot peut aussi évoquer le monolithisme, le monocentrisme, la centralisation, l’arbitraire du pouvoir absolu et éloigné, la dissymétrie des flux, l’injustice à l’égard des territoires non centraux, périphériques et donc dépendants. Le mot polycentrisme, qui n’en est pas le négatif et ne nie pas les avantages de la centralité, suggère au contraire l’équilibre spatial, le partage des pouvoirs de décision, l’harmonie territoriale, la concurrence des idées, l’émulation et la coopération. » (R.ALLAIN).

Le polycentrisme est une notion en cours de construction, il est donc plus aisé de l’appréhender en terme d’objectifs. Son objectif principal est de valoriser, à l’échelle du continent européen, les agglomérations disposant d’un poids démographique et d’un potentiel économique leur permettant d’interagir avec les centres de décisions européens et mondiaux. Il s’agit par là de promouvoir un développement spatial et économique équilibré qui prend appui sur le maillage urbain existant en favorisant le développement de plusieurs pôles compétitifs dans les périphéries européennes. Le but des politiques d’aménagement polycentrique est d’éviter les sur-concentrations, en développant un maillage du territoire à plusieurs niveaux: continental, national, régional et local.

C’est donc un concept abordé sous une dimension multiscalaire (locale, régionale, nationale, européenne). Ainsi pour chaque échelle, il existe des stratégies, des mises en place du polycentrisme. Par exemple, au niveau interrégional, il peut s’agir de développer la coopération et la complémentarité entre les territoires pour être en mesure d’offrir des services de haut niveau, spécialisés et spécifiques, aux entreprises et habitants plutôt que de se faire concurrence. Au niveau européen, la mise en place du polycentrisme a pour objectif d’éviter une forte concentration économique et humaine dans le coeur de l’Union en faisant notamment émerger plusieurs grandes zones d’envergure.

Le polycentrisme défini par ESPON

Le programme ESPON (European Spatial Planning Observatory Network) a beaucoup travaillé sur le concept de polycentrisme. Les objectifs du programme sont de contribuer au développement d’une prospective opérationnelle. Pour cela, plusieurs études ont été menées. Une d’entre elles, ESPON 111, présente un nombre de réflexions et de recommandations, dans la perspective de mettre en oeuvre les grandes orientations du SDEC et en particulier de construire une Europe polycentrique.

Ainsi, une partie de l’étude est consacrée à la définition du polycentrisme. Ce concept repose sur deux aspects complémentaires. Bien que complémentaires, le rapport précise que l’existence d’un des aspects ne garantit pas forcément la présence de l’autre. Le premier correspond à la morphologie du territoire c’est-à-dire la distribution des aires urbaines sur un territoire donné (nombre de villes, hiérarchisation des villes, nombre d’habitants, etc.). Le second aspect concerne les relations entre ces différentes aires urbaines c’est-à-dire les réseaux de coopération et les échanges de flux (information, population, etc.). Les relations entre les villes sont cruciales pour le polycentrisme, des noeuds sans ces dernières ne forment pas un système polycentrique.

Selon ESPON programme, deux situations font qu’il existe une forme de polycentrisme. La première situation correspond au niveau national et européen. Il doit y avoir plusieurs villes avec des hiérarchies différentes (rayonnement européen, national, régional, etc.) ; cependant il faut éviter qu’une ville domine tout le territoire. La deuxième situation correspond au niveau régional et local. Pour avoir un territoire polycentrique, il faut développer la complémentarité entre les villes pour que celles-ci augmentent leur attractivité. Ces deux situations sont liées entre elles, une politique polycentrique au niveau local contribue à contrebalancer la dominance des centres nationaux puisque les villes deviennent plus attractives.

Pour ESPON, le polycentrisme s’oppose au monocentrisme dans lequel tout est concentré dans une ville ou dans une partie du territoire, ce qui correspond à la tendance actuelle à l’échelle européenne avec la concentration des richesses, des flux, etc. en Europe Rhénane. Mais, il s’oppose également à l’étalement urbain où les centres secondaires sont dilués, absorbés dans un continuum spatial non structuré. Au contraire, le polycentrisme va dans le sens d’un système urbain équilibré et multiscalaire ce qui semble être bénéfique d’un point de vue social et économique pour le coeur de l’Europe et les périphéries.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION
Première partie : la définition du polycentrisme
1. LA NOTION DU POLYCENTRISME
1.1. Le «polycentrisme »: un terme peu défini
1.2. Le polycentrisme défini par ESPON
2. LA PRISE EN COMPTE DU POLYCENTRISME EN FRANCE ET EN EUROPE
2.1. Le polycentrisme à l’échelle de la France : vers le scénario d’un polycentrisme maillé
2.2. Le SDEC : vers un développement polycentrique de l’Europe
2.3. Un concept toutefois critiqué
3. LA COOPERATION INTERREGIONALE COMME OUTIL POUR LA MISE EN OEUVRE DU POLYCENTRISME
3.1. Définition de la Coopération Interrégionale
3.2. La Coopération Interrégionale : outil d’expérimentation pour la mise en oeuvre des principes communautaires à travers le programme INTERREG lIlB
Deuxième partie : Etude de cas: La coopération interrégionale au sein de l’Espace Atlantique
4. PRESENTATION DU TERRAIN D’ETUDE : L’ESPACE ATLANTIQUE
4.1. Présentation Générale
4.2. La constitution de l’Espace Atlantique: une prise de conscience des problématiques de la façade atlantique par des acteurs dynamiques
5. L’ESPACE ATLANTIQUE : UN ESPACE VASTE ET HETEROGENE
5.1. Des potentiels à valoriser
5.2. … mais un espace souffrant de sa périphéricité
6. LA MISE EN PLACE DE LA COOPERATION INTERREGIONALE AU SEIN DE L’ESPACE ATLANTIQUE
6.1. Les financements au titre de l’article 10 du Fonds Européen de Développement Régional (FEDER)
6.2. L’action pilote ATLANTIS
6.3. INTERREG Il C, un bilan mitigé
6.4. Présentation du programme INTERREG lllB Espace Atlantique
7. LE SDEC : UNE NOUVELLE VISION DE L’ESPACE ATLANTIQUE
7.1. Des études qui soulignent les faiblesses de l’Espace Atlantique
7.2. L’apport du Schéma de Développement de l’Espace Communautaire
Troisième partie Analyse des projets INTERREG TuB ‘Espace Atlantique’ au regard du polycentrisme
8. PRESENTATION DES PROJETS SELECTIONNES
8.1. Développement des Technologies de lïnformation et de la Communication
8.2. Innovation, recherche et développement
8.3. Aménagement du territoire
8.4. Développement local
8.5. Transport
8.6. Reconversion industrielle
9. ANALYSE GLOBALE DES PROJETS LA COOPERATION INTERREGIONALE CONTRIBUE A LA MISE EN PLACE DU POLYCENTRISME PRECONISE PAR LE SDEC
9.1. La coopération interrégionale: un outil de mise en oeuvre du polycentrisme
9.2. Le degré de participation des différents pays au programme INTERREG IIIB: Une prédominance de la participation des pays du «sud »
9.3. Le degré de participation des différentes régions françaises
CONCLUSION

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *