La norme du consentement mutuel

La norme du consentement mutuel

DÉFINITION DU CONSENTEMENT

Une norme est définie comme une règle de conduite, un modèle de comportement suivi par les membres d’une société. Les normes nous influencent, nous traversent sans que nous nous en rendions compte. Par exemple, le choix des prénoms donnés aux enfants suit des mouvements collectifs. Les prénoms varient en popularité selon les époques. Les normes permettent de s’inscrire dans une société donnée. Le consentement mutuel correspond à cette définition ; notre société le juge comme un comportement idéal à adopter (Pitarelli, 2014). La définition du consentement oscille entre une passivité (ne pas empêcher) et une action volontaire (approuver). C’est une expression de l’autonomie. Deux personnes au moins sont impliquées dans l’action. Si une des personnes pose un acte et que l’autre personne ne s’y oppose pas par son langage verbal ou non verbal, elle est dite « consentante » à condition qu’elle n’agisse pas sous l’emprise d’une menace ou d’une incapacité de discernement.

En effet, sans liberté, la personne n’a plus la possibilité de s’affirmer comme une personne. Sans dignité, la personne devient une chose. Elle n’a plus l’espace pour s’autodéterminer et dire ses désirs. C’est par exemple ce que le viol révèle. Marzano et Rozier ont repris les mots de Montesquieu, philosophe et penseur politique français, à propos des esclaves à Rome ; « Comme ils n’étaient pas citoyens, on ne les traitait pas comme des hommes. » (Marzano & Rozier, 2005, p. 15). Ce lien permet d’affirmer que le respect de l’autre en tant qu’être humain et le droit de choisir sont indissociables d’une sexualité épanouie. Il permet l’écoute de soi et de l’autre. Le consentement mutuel vise à protéger la personne des actes d’autrui et à rendre visible les désirs de chacun-e. Cette norme légalise les actes et les rend socialement acceptables (Marzano, 2006).

Un des principes donnant sens au consentement mutuel est l’acceptation que par son libre arbitre, chaque individu fait des choix que d’autres peuvent considérer comme bons ou mauvais. Cette norme permet, dans l’idéal, une cohabitation de pratiques sexuelles variées en réduisant les stigmatisations et en permettant à chacun-e de vivre sa sexualité selon son désir (IPPF, 2017). Le consentement mutuel assure que la pratique est voulue et choisie en connaissance de cause mais ne dit rien de comment elle est choisie (Hargot, 2016). En effet, le consentement suggère la gravité de la relation sexuelle mais laisse les individus libres de prendre en compte cette importance dans leurs relations intimes. Thérèse Hargot et Michela Marzano, normalienne, docteure en philosophie et chargée de recherche au Centre National de la Recherche Scientifique, relèvent l’aspect néfaste de cette vision. Elle amène à considérer les actes sexuels comme une activité banale si les personnes impliquées n’y investissent pas de sens.

La norme du consentement suspend la sanction, relativise les buts, contextes, valeurs, relations des personnes impliquées dans un but de libéralisation sexuelle (Hargot, 2016; Marzano, 2006). En bref, le consentement mutuel affirme la capacité des hommes et des femmes à dire : « je veux, je désire, je suis d’accord » ainsi qu’à se gouverner sans se soumettre à une pression externe. Ces affirmations demandent la maturité d’une personne qui se connait et sait se maîtriser. Elles ne sont pas des connaissances et des habilités qui sont innées ; elles découlent d’un processus d’apprentissage. Elles font donc l’objet d’une éducation. En revanche, le consentement mutuel ne tient pas compte de ce qui détermine tel ou tel choix. Il ne prend pas en considération les déterminants sociaux ou psychologiques qui poussent à faire ce choix plutôt qu’un autre. (Hargot, 2016).

LA SEXUALITÉ : UN PRODUIT CULTUREL

La sexualité laisse transparaître les noirceurs et les beautés de la condition humaine. « La sexualité a autant d’aspects constructifs, sereins et créateurs que destructeurs, sombres et insondables. La sexualité peut inspirer la crainte, faire souffrir ou être utilisée abusivement pour dominer, humilier et exploiter d’autres personnes. » (Marti &Wermuth, 2011, p.9) Elle crée des liens. Elle se colore d’influences diverses telles que les appartenances culturelles et religieuses (Marti & Wermuth, 2011). Elle est donc imprégnée de normes. C’est pourquoi le sens de l’acte sexuel est grandement influencée par la culture dans laquelle il est vécu (Boissieu, 2017; Savater, 2005). La culture permet de symboliser cet acte et de le codifier. De cette considération, les différences de pratiques face à la sexualité démontre qu’elle fait l’objet d’un apprentissage et n’est pas un processus purement physique (Marti & Wermuth, 2011). La sexualité humaine n’est donc pas entièrement instinctive et ne peut être réduite à la copulation et la procréation. Elle est aussi une énergie vitale qui permet de ressentir la passion, la chaleur humaine, le plaisir, l’affection, la reconnaissance, la tendresse, le sentiment de sécurité, l’appartenance sociale, le don de soi.

C’est pourquoi, le partage de l’intimité peut avoir des conséquences lourdes sur la personnalité, au-delà des nombreux modèles de valeurs dans lequel le vécu sexuel s’inscrit (Beaulieu, 2014). Même si la sexualité met en action le corps, elle a également facettes. Elle confronte les individus à l’insécurité affective et à l’angoisse d’être séparé-e. Elle est marquée par l’attachement sécure ou insécure qui est vécu dans l’enfance. La pratique sexuelle crée un lien à un-e autre que moi. Elle réactive la peur et l’attrait qu’exercent la dépendance et la séparation. Elle demande de construire un moi adulte et qui soit capable de se laisser aller et de signifier ses limites en même temps (Huerre & Lauru, 2001 ; Lamy & Marcelli, 2013). Parce qu’elle peut être un lieu de violation de la dignité humaine, la société réglemente et délimite la sexualité par la norme du consentement tout en cherchant à en respecter ses visions variées : elle lie l’individu et le collectif. (Marzano, 2006)

HISTORIQUE DE LA NORME DU CONSENTEMENT EN MATIÈRE DE SEXUALITÉ

Mai 68 marque un tournant dans les discours dominants sur la sexualité. Auparavant, les institutions définissaient la sexualité comme moralement acceptable quand elle était vécue dans le cadre du mariage et qu’elle était destinée à la procréation. (Bourdieu, 1980) Sexualité et fécondité étaient alors liées. Dans les années 1960, l’éthique sexuelle se déplace de la morale matrimoniale à celle du consentement (Hargot, 2016). Ces années sont marquées par l’accès facilité aux moyens contraceptifs notamment la pilule (Cuq, 2018). L’opinion public s’ouvre à la reconnaissance de l’homosexualité, à la prévention des maladies sexuelles comme le sida ainsi qu’à la sexualité hors mariage et non reproductive. (Hargot, 2016) Il est toutefois intéressant de constater que d’autres périodes/mouvements similaires, comme la Beat Generation, ont existé auparavant (Ronna C. Johnson & M. Grace, 2002). En Suisse, des cours d’éducation sexuelle et de prévention aux abus sexuels sont dispensés par des professionnel-le-s formé-e-s et payé-e-s par l’état depuis les années 70. Le premier centre SIPE est créé à Monthey en 1976 afin d’informer la population sur les différentes méthodes de contraception (SIPE, 2017)

Dans les années 80, la cohabitation de couples en union libre augmente. La masturbation et l’adultère sont davantage discutés dans les médias (Cuq, 2018). Des campagnes de préventions sont organisées pour informer la population des risques encourus comme le SIDA, qui se propage rapidement à cette époque. Ces transformations favorisent l’émergence d’un nouveau concept de « santé sexuelle ». (Hargot, 2016; Marzano & Rozier, Alice au Pays du Porno, 2005). L’étendue des possibles s’élargie par l’accès simplifié aux moyens de contraceptions, les changements légaux comme la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG), qui est toutefois régulièrement remise en question, et la reconnaissance sociale des unions libres (Hargot, 2016). En ce qui concerne le viol, il est juridiquement puni en France depuis 1980. En Suisse, le viol est considéré comme un crime à partir de 1942, date à laquelle le code pénal est entré en vigueur. (Code pénal Suisse du 21 décembre 1937, 2017; Code Pénal français, 2018) Avant cela, ce qui était puni dans la société européenne était d’avoir des relations sexuelles avec une femme non mariée ou la femme d’un autre. La notion du droit à consentir pour la femme était absente, ce qui rendait les violences conjugales acceptables.

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Table des matières

I. Introduction
1. Problématique du consentement : comment dire « je veux » sans connaître ?
2. Objectifs
3. Hypothèses
II. Apports théoriques
4. La norme du consentement mutuel
4.1 Définition du consentement
4.2 La sexualité : un produit culturel
4.3 La place du consentement dans les structures sociales
• Consentement du point de vue légal
• Historique de la norme du consentement en matière de sexualité
• Actualité concernant le consentement
5. Adolescence et sexualité
5.1 L’adolescence : un processus biologique, psychologique et social
5.2 Crise de l’identité
5.3 Systèmes de valeurs donnant sens à la sexualité
• Consommation sexuelle
• Partage d’intimité
5.4 Rapport au corps à l’adolescence
5.5 Développement de l’autonomie
• Définition de l’autonomie
• Importance des figures d’attachement
• Développement de l’autonomie
6. Synthèse
III. Méthodologie
7. Méthode
8. Terrain, population, échantillon
9. Démarche
9.1 Prise de contact
9.2 Déroulement
9.3 Bilan des entretiens
IV. Analyse des résultats
10. Normes intégrées
10.1 Attendre, forcer ou partir
10.2 Inversion des rôles
10.3 Se sentir prêt-e
• La première fois
• Jugements des pairs sur sa vie sexuelle
10.4 Consentir, un apprentissage
10.5 Proposer sans imposer
• Comment consentir ?
• Sens du consentement
10.6 Impact de la pornographie
10.7 Influence des études
11. Appartenance au groupe de pairs
11.1 Partager son vécu
11.2 Jugement de la situation par les pairs
• Que diras-tu à Léa ?
• Que diras-tu à Adam ?
12. Cadre social
12.1 Rôles parentaux
12.2 Se mettre en couple pour légitimer une relation intime
13. Synthèse de l’analyse
13.1 Vérification des hypothèses
14. Réponse à la question de départ
V. Pistes éducatives ; travail sur l’autonomie
15. Développer l’estime de soi
16. Communiquer ses émotions
17. Poser un cadre cohérant
18. Favoriser le dialogue
VI. Conclusion
19. Limites de la recherche
19.1 Groupe restreint
19.2 Influence de la relation
20. Perspectives professionnelles
21. Bilan d’apprentissages personnels
Bibliographie
Annexes
Matériel d’entretien
L’histoire
Informations sur l’interviewé-e
Questions d’interview

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