La musique électroacoustique : la rencontre de l’art et du numérique 

Les instruments électroacoustiques

Dès l’origine, les instruments de musique revêtent un caractère utilitaire ou sacré et sont présents dans de nombreux aspects de la vie sociale traditionnelle. Les instru-ments se caractérisent par leur forme, leurs sons, la gestualité impliquée. L’instrument de musique est un objet entre le musicien et la musique. L’action gestuelle du musicien sur l’instrument produit de la musique. Dans la musique traditionnelle, la musique dé-pend de ce geste. Le rapport entre le musicien et l’instrument est un rapport d’interdé-pendance. Le geste est un mouvement du corps humain et découle de l’intention de celui qui le fait par rapport au résultat sonore.
Si la musique EA dématérialise l’écoute, elle utilise dans certains cas des instruments qui ont la même fonction que les instruments traditionnels et engagent une présence sur scène qui nécessite le geste du musicien pour produire les sons voulus.
Les instruments EA sont le produit d’expériences, de recherches toujours pour davan-tage de liberté créative en s’appuyant sur les innovations technologiques. En effet, une bonne partie de ces instruments ont été inventés au cours du XX ème siècle et reposent sur l’utilisation de l’électricité. Un des plus célèbres est les ondes Martenot, instrument inventé par Maurice Martenot en 1928. C’est un instrument monodique avec un clavier semblable à celui d’un piano. Il fonctionne avec deux ondes de fréquences différentes qui, lorsqu’elles sont mélangées, produisent une oscillation amplifiée dont le son est émis par un haut-parleur.
Dès les années 1950, l’électronique a été perçue comme le prolongement ou le com-plément de la pratique instrumentale. Grâce à ses possibilités, notamment en ce qui concerne le contrôle du son, la modulation appliquée à la matière sonore, l’électro-acoustique a ouvert aux musiciens un champ sonore démultiplié.
Dès les années 1990, le développement technologique du medium numérique est ma-nifeste. Les instruments de musique continuent d’évoluer et l’hyper connectivité ainsi que les nouvelles technologies permettent aujourd’hui d’ouvrir le champ des possibles, offrant aux adeptes de la musique des instruments aux allures futuristes dont les pos-sibilités sont surprenantes et remarquables. En voici quelques exemples qui dépas-sent la classification traditionnelle : instruments à cordes, à vent, de percussion et qui font plus ou moins intervenir directement le geste du musicien.
La harpe laser, mise au point en 1980 par Bernard Szajner est tout d’abord utilisée avec un synthétiseur avant de fonctionner aujourd’hui en lien avec un ordinateur. Un faisceau de lasers, qui fait penser aux cordes de la harpe, permet au musicien sur scène de déclencher la production d’une note en interrompant le faisceau laser de sa main. Le geste doit être précis et en lien avec l’effet voulu. Les cordes ne sont plus concrètes mais visuelles par le jeu de lumière.
Le dualo du-touch a l’apparence d’un accordéon par son double clavier. Et les mo-dulations du son sont obtenues en fonction du contact : caresses ou tapes. Il prend également en compte les mouvements que le musicien fait lorsque ce dernier le ma-nipule.
Les audio cubes quant à eux sont inventés en 2004 par Bert Schiettecatte. Il s’agit de cubes qui comportent des capteurs qui sont programmés grâce à un logiciel et qui permettent de produire de la musique par des interactions entre les cubes ou grâce aux mouvements que le musicien fait autour du cube. Cet instrument offre aussi des jeux de scène car ils produisent aussi de la lumière selon les mouvements. Le musicien peut choisir de ne pas déplacer les cubes et peut ne pas avoir de contact avec l’ins-trument. Ce sont les mouvements de son corps entier qui sont captés et transformés en sons et lumière. Le corps semble fonctionner comme un objet qui interagit avec les cubes présents sur scène.

Le karlax : un instrument en particulier

Le paragraphe suivant est consacré à cet instrument car c’est celui avec lequel inter-vient le musicien et celui que les élèves vont apprendre à utiliser dans le cadre du projet.
Le karlax12, comme les instruments évoqués précédemment, nécessite un ordinateur et un haut-parleur pour produire de la musique. C’est un instrument numérique sans fil conçu par Da Fact et présenté au salon Musikmesse de Francfort en mars 2010, composé de 41 capteurs. Le karlax appartient à la famille des interfaces MIDI (Musical Instrument Digital Interface). Il ressemble à un instrument à vent. Il se compose de différentes parties qui peuvent subir des rotations ainsi que de pistons. Il n’est pas nécessaire d’être instrumentiste ou d’avoir une formation musicale pour jouer du kar-lax. Les doigts sont au contact d’actionneurs qui produisent les sons selon les créa-tions souhaitées. Pour produire des sons avec le karlax, il est nécessaire d’appuyer sur des touches précises, de faire tourner l’instrument, de le diriger vers le haut ou vers le bas. Dans la famille des interfaces MIDI, le karlax se positionne comme le plus complet. Il peut piloter différents logiciels. Le musicien peut programmer des sons ou les improviser. Le karlax aussi capte tous les gestes. Le corps du musicien est sollicité lors de son utilisation ce qui peut s’apparenter à la danse. Ainsi, les déplacements du corps sont captés, mesurés et transmis à l’ordinateur qui exécute les intentions artistiques de l’interprète et du compositeur. Le karlax semble parfois être le prolonge-ment du corps du musicien dont les gestes sont transformés en sons.
En somme, ces nouveaux instruments révèlent que l’ordinateur opère des transforma-tions du son en direct en intégrant les mouvements du musicien aux sons produits et parfois en produisant de la lumière de façon spectaculaire. L’ordinateur devient instru-ment et dialogue alors avec le musicien.
Mais l’informatique va beaucoup plus loin : le corps humain devient lui-même instru-ment. Les dispositifs, nombreux et variés, font intervenir le corps humain tout entier en osmose avec la musique. Notons toutefois que cette interaction entre le corps humain et l’instrument et les sons demeure relativement aléatoire car dépendante de la préci-sion des gestes et de leur captation. Ainsi, le numérique, caractéristique de la musique EA, modifie les relations entre le musicien et l’instrument car la musique peut être produite rapidement sans qu’il soit nécessaire d’avoir fait des années d’étude de l’ins-trument ou du solfège pour produire. La relation entre le musicien et le public change : elle n’est plus triangulaire (musicien, instrument, musique) mais fait intervenir un nou-vel acteur, l’ordinateur, ou signale l’absence de l’interprète sur scène remplacé par l’ordinateur. Enfin, cela a des répercussions sur les relations entre le public et l’instru-ment qui peut sembler complexe ou au contraire à la portée de tous.
Face à ces instruments qui relèvent d’expériences et de recherches s’appuyant sur le numérique, instruments si différents des instruments acoustiques traditionnels, face au changement de rapport entre le corps du musicien et l’instrument, l’absence même du geste parfois, on peut s’interroger sur la perception de la musique EA.

Les représentations de la musique électroacoustique

La musique électroacoustique est actuellement connue d’un public d’initiés qui évo-luent de près ou de loin de la sphère musicale. En effet, la dénomination de « musique électroacoustique » attire mais a aussi un impact sur les imaginaires. Elle « suscite la méfiance des organisateurs de concerts, des critiques, du public, en leur faisant ima-giner un art robotique, concocté dans de sinistres laboratoires de l’ouïe. » (CHION 1989). En effet, même si la MEA13 existe depuis plus de 50 ans, le jeune public la connait peu. Leur réaction à l’écoute d’un morceau EA est le plus souvent un mélange de rejet, de fascination et de curiosité. La MEA les intrigue.

La musique et le numérique dans l’Education Artistique et Culturelle

L’enseignement de la musique est présent de l’école au lycée et repose sur des pro-grammes publiés par le Ministère de l’Education Nationale. Cela est renforcé par l’Education Artistique et Culturelle 16 qui est inscrite pour la première fois dans la loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’École de la République en 2013 comme une composante de la formation générale dispensée à tous les élèves.
L’EAC « désigne l’ambition de contribuer au processus de démocratisation culturelle par la mise en place de projets liés à l’art et à la culture avec des enfants et des ado-les cents, au sein des établissements scolaires. » (MONTOYA 2017, p. 37). Néan-moins comme le souligne l’auteur, les moyens financiers dédiés à la démocratisation culturelle restent limités.
En outre, l’EAC s’appuie sur l’acquisition de connaissances, la pratique artistique et la rencontre directe avec les oeuvres et les artistes. Ainsi une place centrale est accordée à l’artiste comme partenaire qui se déplace à l’école et qui serait « […] doté d’une force et de pouvoirs exceptionnels […] » (MONTOYA 2017, p. 38).
Par ailleurs, les démarches pédagogiques innovantes sont privilégiées et constituent un outil pour « poursuivre des objectifs en matière de lutte contre le décrochage sco-laire, de réussite éducative en général, et au-delà, de formation du futur citoyen ».
A cet enseignement de la musique dans le cadre de l’EAC vient s’ajouter le numérique comme pratique innovante. En effet, le numérique change profondément la société (STIEGLER 2015). Les réseaux sociaux sont en effet devenus un des vecteurs essen-tiels dans la socialisation des adolescents. Le monde de l’enseignement n’échappe pas à ces changements mais semble les subir plutôt que d’en tirer avantage.
Si cette révolution numérique est portée par les jeunes, ils la maîtrisent partiellement. L’intégration du numérique dans l’éducation n’est pas évidente ainsi que le déclarent Boissière, Fau et Pedro (2013). Selon eux, comme les jeunes ne maîtrisent pas la révolution numérique, il est indispensable de leur donner les méthodes et connaissances nécessaires pour que le numérique soit un instrument de leur éducation, de leur développement et de leur autonomie.
En effet, les deux Ministères en charge de l’Education Nationale et de la Culture ont inscrit parmi leurs quatre objectifs celui de développer le numérique dans l’EAC, comme espace de création et d’innovation mais aussi comme ressource et médiation pour faire entrer l’école dans l’ère du numérique. Le numérique est ainsi étroitement associé à la pratique artistique car les technologies numériques sont « le premier vecteur d’accès des jeunes à la culture ». La créativité des jeunes serait stimulée par le numérique.
Ainsi, l’outil numérique peut d’une part favoriser l’accès des élèves aux arts et à la musique en particulier et d’autre part permet de nouvelles pratiques de médiation cul-turelle lors de la rencontre directe avec les oeuvres et les artistes.
Ce souci d’éduquer au numérique se retrouve dans le nouveau programme de la classe de Seconde générale et technologique qui sera appliqué dès la rentrée 2019, un nouvel enseignement est introduit dans le tronc commun pour tous les élèves : « Sciences Numériques et Technologique » noté désormais SNT. Les deux objectifs de cet enseignement sont de « […] permettre d’appréhender les principaux concepts des sciences numériques, mais également de permettre aux élèves, à partir d’un objet technologique, de comprendre le poids croissant du numérique et les enjeux qui en découlent. ». Le contenu du programme révèle la volonté de voir tous les élèves mieux armés pour vivre dans la société d’aujourd’hui en adoptant « un usage réfléchi et raisonné des technologies numériques dans la vie quotidienne […] », en ayant la meilleure approche possible du numérique. Par ailleurs, cet enseignement n’est pas réservé aux enseignants de sciences ou d’informatique mais est pluridisciplinaire. En effet, s’ils ont le goût et l’envie d’enseigner les SNT, les professeurs de lettres, d’his-toire ou de musique par exemple peuvent être formés à le faire.
Cela pourrait donc donner lieu à des applications artistiques de formes variées en lien avec les thèmes au programme « la photo numérique » ou encore « informatique em-barquée et objets connectés » et qui pourraient utiliser la MAO.
A la fin des années 1990 et au début du 21ème siècle avec l’avènement d’Internet, on parle de « nouvelles technologies de l’information et de la communication » (NTIC).
Dans le courant des années 2000, c’est l’adjectif « nouvelle » qui est peu à peu aban-donné et le sigle TIC se répand, changé ensuite en TICE (TIC pour l’Education) pour signifier que l’acte d’apprendre est une spécificité à prendre en compte en lien avec ces technologies.
Enfin le terme « numérique » est aujourd’hui largement utilisé à l’école comme dans la société. Il qualifie un phénomène protéiforme et trop souvent réduit à sa dimension technique alors qu’il comprend aussi une composante humaine, la dimension des usages. Le numérique bouleverse l’accès aux connaissances comme le souligne le philosophe Bernard Stiegler (2015). En effet, les mécanismes de transmission habi-tuels sont modifiés par l’utilisation de vecteurs artificiels (les machines, les ordinateurs) qui sont des médiateurs techniques.
Ainsi, la Loi d’Orientation et de Programmation pour la Refondation de l’École de la République du 08 juillet 2013 favorise la mise en oeuvre d’une Éducation aux Médias et à l’Information (EMI), concernant tous les enseignants de toute discipline. En effet, un référentiel des compétences professionnelles et des métiers du professorat et de l’éducation, datant de juillet 2013 en lien avec la Loi d’Orientation précédemment citée, déclare que les enseignants doivent être capables d’intégrer les éléments de la culture numérique nécessaires dans leur enseignement. Cela qui suppose à la fois d’accom-pagner les élèves dans leurs usages numériques de manière certes critique mais aussi créative. L’utilisation du numérique engage des enjeux éducatifs que conforte le Plan Numérique pour l’Éducation en 2015 dont le souci est de « faire entrer l’École dans l’ère du numérique ». Les établissements sont ainsi équipés d’outils numériques variés pour les enseignants et les élèves. Les élèves sont aujourd’hui familiers de l’outil nu-mérique : ordinateurs, tablettes, téléphones notamment.
Les directives nationales sur le numérique à l’école facilitent l’introduction de la mu-sique EA à l’école. Ainsi en 2001, un rapport d’enquête du Ministère de la Culture présente les outils répertoriés pour renouveler la pédagogie de la musique. L’introduc-tion précise que « L’utilisation des ressources numériques est bien liée à des change-ments importants dans la manière d’aborder la pratique de la musique et son ensei-gnement. » (VEILT, 2001). Ce rapport accorde une large place à la pédagogie de la musique EA.
Ainsi, la question de l’apport du numérique aux apprentissages est d’autant plus im-portante aujourd’hui que leurs usages se sont grandement développés dans notre so-ciété. Selon Boissière, Fau et Pedro (2013), il faut repenser l’organisation de l’éduca-tion pour que le numérique soit au service de l’enseignement. Notons que la pratique de la musique EA requiert des compétences numériques qui sont de l’ordre de la pro-grammation et de l’utilisation de logiciels en fonction des besoins créatifs. Elle pourrait peut-être venir illustrer, rendre concret les objets d’étude des SNT sous forme de par-cours ou de projet par exemple. L’apport de la musique EA et du numérique serait réciproque.
Mais si les stéréotypes sur la musique EA perdurent, son accès pourrait être facilité par le numérique. Les élèves, encadrés dans un premier temps par les professeurs, pourraient à la fois écouter des créations artistiques, en créer et finalement s’emparer de cet art.
En effet, la médiation de la musique EA grâce au numérique pourrait « Désenclaver la culture par la conjonction des intelligences. Il s’agit de faciliter l’agrégation des savoirs et des expertises en encourageant tout citoyen à devenir acteur de la construction d’une connaissance qui a vocation à devenir le patrimoine de tous. » (SAEZ, 2018).
Cela répondrait donc aux impératifs de la démocratisation de la culture.

Les bénéfices de la musique électroacoustique et du nu-mérique

A la suite des enquêtes menées auprès des élèves et intervenants qui les côtoient, il est notable que les élèves ont un intérêt certain pour le numérique qui est un élément
de leur quotidien. Les écrans exercent sur eux une grande attraction voire une fasci-nation. Ainsi, ils provoquent peu de surprise chez eux lorsqu’on leur présente une in-terface de création musicale par exemple.
Néanmoins, l’instrument numérique qu’est le karlax et qui a été présenté précédem-ment, est très différent de l’interface et attire vivement l’attention des élèves. Le plus souvent, l’ordinateur est utilisé dans le cadre du loisir et peu pour la création artistique. Les élèves ne sont pas conscients des possibilités qu’offre l’ordinateur à ce propos. Pour les élèves, le numérique présente des avantages : il est facile d’accès et acces-sible à tous, le résultat attendu est immédiat. C’est pourquoi, le numérique apparaît comme un élément facilitateur d’apprentissage.
La musique EA qui allie l’art musical et le numérique permettrait une approche maîtri-sée du numérique par les jeunes.
En effet, la musique EA « est d’une naïveté enfantine » (DELALANDE20 1981). L’auteur a un parcours collaboratif et multidisciplinaire avec le GRM depuis 1970. Delalande a mené des recherches sur la musique renouvelée par l’EA, sur les conduites musicales en général et, notamment, les jeux sonores de l’enfant. Selon lui, la musique EA est accessible à tous, il n’est pas nécessaire d’avoir étudié le solfège pour produire de la musique EA. Chercher des sonorités et les composer sont alors très accessibles.
Ainsi, la pratique de la musique peut se faire sans des années d’étude du solfège par exemple. Il s’agit d’une approche de la musique par la création. Cela est applicable dans le cadre scolaire. « La musique électroacoustique est en passe d’opérer une véritable révolution pédagogique et sociale » (DELALANDE 1981).
Dans le domaine de l’éducation, la musique EA apporte un renouveau. Les élèves, comme les compositeurs, sont des explorateurs du sonore. Cette expérience de création musicale relève de l’invention et du jeu notamment dans le contexte de projets s’inscrivant dans l’EAC.

La musique électroacoustique : expériences et effets sur les apprentissages

Depuis une trentaine d’années, la valeur pédagogique du numérique est l’objet de beaucoup d’espoirs, de spéculations. En effet, le numérique au service de l’apprentissage est source de plus-values pédagogiques.
Ainsi, Franck Amadieu et André Tricot (2014) considèrent le numérique comme une immense famille d’outils et ont pour but de redonner de la crédibilité aux technologies pour l’apprentissage. Ils passent en revue onze mythes à propos du numérique pour l’apprentissage, cela afin de déconstruire les idées reçues21 sur le numérique. Le numérique présenterait des valeurs pédagogiques. Il serait ainsi bénéfique pour la motivation, pour un meilleur apprentissage actif, pour la prise en compte des besoins particuliers de certains apprenants.
L’expérience de la création musicale EA dans le cadre scolaire est intéressante pour mesurer les effets de la musique EA sur les apprentissages. En voici quelques-unes.
Les enseignants, Laetitia Pauget et Alain Gerber (2008) ont mené cette expérience sur plusieurs années à l’école primaire. Ils affirment en effet que cette expérience est importante car source de réflexion sur les thèmes suivants : la création musicale à l’école, la collaboration entre enseignants et musiciens, l’ouverture des capacités d’écoute des enfants et le développement de leur sens critique, la transmission d’outils pour analyser une musique, la place du concert et/ou du chemin dans un projet musical et enfin le plaisir de transmettre aux enfants à travers une pratique artistique. Finalement, les enseignants constatent qu’ils sont passés de la transmission à la collaboration, idéale dans l’enseignement. La relation entre l’enseignant et l’élève est en jeu afin que l’élève soit acteur de son apprentissage.
L’intervenant musicien dans le cadre de ce projet signale que c’est une situation assez rare dans le cadre de l’éducation musicale et que dans un tel projet musical tous les enfants sont pris en compte puisqu’ils sont en petits groupes pour réaliser leurs créations et que chaque adulte accompagne chaque création.
Un autre projet mené en 2007 porte sur la composition MAO en primaire. Les objectifs étaient d’utiliser l’ordinateur comme outil de création et de favoriser l’écoute et l’analyse musicale. Ce projet se situe dans la pédagogie de l’interactivité. Les auteurs répertorient les outils qui ont été développés ou détournés pour atteindre les objectifs fixés. Cela complète les instruments de musique EA évoqués précédemment mais ici les auteurs justifient leur choix par leur pertinence pédagogique. Les résultats sont d’après les auteurs « surprenants sinon encourageants » (KURTAG, DESAINTE-CATHERINE, GUILLEM, 2007). Les résultats portent sur la qualité musicale, la situation d’apprentissage, les échanges entre l’intervenant et les enfants, l’apprentissage par l’observation et les échanges entre enfants. Le deuxième projet que les auteurs ont mené avait pour but d’initier les élèves de l’école élémentaire à la composition et à la musique EA. Leur but était en outre d’attirer l’attention sur une importante lacune comme le déplorent les auteurs : « […] dans les faits l’ordinateur ne sert jamais pour la musique et nous ne connaissons pas d’exemple d’enseignant présentant la musique électroacoustique dans sa classe, la majorité d’entre eux ignorant son existence ou se sentant démunis face à elle. » (KURTAG, DESAINTE-CATHERINE, GUILLEM, 2007). Le bilan est positif pour ce qui est de la découverte et de l’expérimentation d’une musique inconnue des enfants, de l’ouverture culturelle à une musique hors des phénomènes de mode, de l’efficacité des activités ludiques, de la qualité d’écoute lors des concerts.
Enfin, Philippe Galleron et Alain Bonardi (2013) montrent leur intérêt pour le développement de la pratique de la MAO en milieu scolaire : « […] du point de vue pédagogique il est intéressant de profiter de l’attrait que représentent pour les enfants les sons synthétiques et leur manipulation. ». Les auteurs poursuivent deux objectifs : le premier est culturel et se rapproche d’un des objectifs de Kurtag, Desainte-Catherine, Guillem. Ici le projet permet à l’élève d’avoir des repères parmi les musiques proposées par les médias, il développe ses goûts et son sens critique. Le deuxième objectif est musical et s’appuie sur la pratique et permet aux élèves de se rendre compte de l’importance du rôle de l’ordinateur dans la création musicale.
Les bénéfices de projets prenant appui sur la musique EA sont variés et indéniables pour l’apprenant et pour valoriser le numérique à l’école et découvrir la musique EA.

Cadre méthodologique de la recherche

Descriptif du terrain de la recherche

Contexte

Je travaille en tant que professeur de lettres à La Réole au lycée Jean Renou, situé en zone rurale avec 100 % des élèves issus des campagnes environnantes, de familles ayant un accès limité à la culture.
Chaque année, je mène des projets variés avec mes élèves notamment des projets pluridisciplinaires alliant musique et écriture qui complètent les parcours académiques d’EAC.
Cette année, c’est la curiosité qui m’a amenée à me tourner vers un parcours académique nommé « A la rencontre de la création contemporaine », « Créa’son : musique et numérique ». Je voulais aussi que les élèves travaillent sur l’image numérique. Ainsi, ce parcours académique se fondait dans un « projet » puisque l’idée était de créer de petits courts métrages afin d’allier sons et images pour produire des narrations (sonores et visuelles) numériques et artistiques. Ce projet22 a démarré en novembre 2018 et il s’est achevé fin mars 2019.
Ce projet, qui avait pour but la création de productions numériques musicales et audiovisuelles, s’appuyait sur l’intervention d’un musicien EA sur une durée totale de 12 heures et aboutissait à une restitution avec un concert des élèves à la fin du projet.
Le musicien avec qui j’ai choisi de travailler intervient depuis deux ans en milieu scolaire et il travaille avec un instrument, le karlax. J’ai choisi ce musicien et son instrument car ils ouvraient l’espace scolaire à celui de la musique EA qui allie art et technologies numériques.

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Table des matières

Remerciements 
Sigles et abréviations 
Résumé et mots clés
Résumé en français
Mots clés 
Abstract in english 
Keywords
Introduction 
I) La médiation à l’intersection de trois domaines : le numérique, l’art musical et l’enseignement 
1. La médiation 
I.1.1 Définitions : médiation et communication
I.1.2 La médiation culturelle et artistique
I.1.3 Médiation technique et médiation sociale
I.1.4 Les dispositifs de médiation permettant une intégration sociale et scolaire
2. La médiation de la musique
3. La musique électroacoustique : la rencontre de l’art et du numérique 
I.3.1 Petite histoire de la musique électroacoustique
I.3.2 Les instruments électroacoustiques
I.3.3 Le karlax : un instrument en particulier
I.3.4 Les représentations de la musique électroacoustique
4. La musique électroacoustique dans le cadre scolaire 
I.4.1 La musique et le numérique dans l’Education Artistique et Culturelle
I.4.2 La place de la musique assistée par ordinateur à l’école
I.4.3 Les bénéfices de la musique électroacoustique et du numérique
I.4.4 La musique électroacoustique : expériences et effets sur les apprentissages
II) Cadre méthodologique de la recherche
1. Descriptif du terrain de la recherche
II.1.1 Contexte
II.1.2 Les participants
II.1.3 Le cadre de travail
2. Outils méthodologiques mis en place 
II.2.1 La recherche quantitative : l’enquête par questionnaires
II.2.2 La recherche qualitative : l’enquête par entretiens
II.2.3 L’observation
II.2.4 Le déroulement du projet et les enjeux de la recherche
III) Bilan de l’expérience : résultats et réponses aux hypothèses 
1. Représentations et approche de la musique électroacoustique
III.1.1 Le rejet de la musique électroacoustique inconnue des élèves
III.1.2 Le karlax : un instrument de musique ?
III.1.3 La curiosité et l’envie de découvrir
2. Le rôle de l’intervenant et les enjeux de la médiation humaine
III.2.1 Les objectifs des intervenants musiciens
III.2.2 La posture du musicien intervenant
III.2.3 Une typologie des schémas de médiation : du lycée à la salle de concert
3. Les formes de la médiation de la musique électroacoustique
III.3.1 Faire jouer
III.3.2 Faire manipuler le son et le karlax
III.3.3 Faire essayer
III.3.4 S’effacer
III.3.5 Expliquer
III.3.1 Donner corps à la musique
4. Le développement des compétences des élèves
III.4.1 L’évolution des représentations de la musique électroacoustique et du karlax
III.4.2 La musique facilitée par le numérique et la nécessité du travail
III.4.3 La curiosité, la motivation et la satisfaction suscitées par le karlax
Conclusion 
Les réponses aux hypothèses initiales
Les limites et perspectives de l’enquête
Bibliographie 
Annexes 
Table des figures 

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