La mixité scolaire pour l’égalité fille-garçon 

Le genre : une construction sociale

D’après ce que nous dit Stoller le genre résulterait d’une construction sociale. On tendrait à être du genre féminin ou masculin en fonction de votre vécu. Cet avis est également partagé par d’autres personnes ayant travaillé sur ce sujet. Le philosophe Butler émet l’idée que l’on ne naît pas homme ou femme car les individus sont continuellement en train de le devenir.
Chaque personne se met en scène afin de correspondre aux normes fixées implicitement par la société, pour correspondre au pôle masculin ou féminin. Ainsi, si on correspond aux normes définies comme étant du pôle masculin, alors nous sommes un homme. Le genre ne serait donc pas quelque chose d’innée, c’est à dire établit dès la naissance et auquel on ne pourrait déroger. On s’identifierait à un genre tout au long de notre vie grâce à nos expériences, nos interactions avec le monde extérieur, nos apprentissages, nos erreurs etc. Cela soulève donc plusieurs questions : Est-il possible de s’identifier strictement comme du pôle masculin ou du pôle féminin, ou peut-on prendre un peu des deux pôles ? Si un individu ne correspond ni à l’un ni à l’autre, de quel genre est-il ? Il y a donc un véritable problème face à cette catégorisation binaire dans notre société actuelle, car tout le monde n’arrive pas à rentrer dans l’une de ces deux catégories. C’est pourquoi certains chercheurs ont employé le terme de « genre indéterminé » pour parler de ceux dont le genre n’est pas reconnu par la société, autrement dit ceux ne rentrant pas dans les « cases ». Mais, cela signifie-t-il que ces personnes n’ont pas de genre ? Pour les chercheurs la réponse est non. Cela veut seulement dire que la société ne leur attribue pas un genre définit (comprenons ici, définit par la société).
Muriel Darmon définit la socialisation comme un « ensemble de processus par lesquels l’individu est construit par la société globale et locale dans laquelle il vit, processus au cours duquel l’individu acquiert des façons de faire, de penser, et d’être qui sont situés socialement » (Détrez, 2015). La socialisation du genre comprend donc tout ce qui contribue à faire que l’on apprend à se comporter, à sentir, et à penser, mais aussi à voir le monde, selon les formes associées à son genre. Ceci expliquerait la différence entre hommes et femmes qui ne doivent pas penser la même chose, avoir le même comportement sans quoi la distinction de genre ne pourrait plus se faire. Nous devons donc répondre à cette conformité implicite de la société afin de garder cette catégorisation. Quand la socialisation est « réussie », les contraintessociales passent pour des évidences naturelles, des normes, que tout le monde respecte sans savoir pourquoi. Au-delà des attitudes, ce sont aussi les corps qui sont façonnés. L’apparence physique est tout aussi importante que le comportement pour correspondre à un genre. Ainsi, beauté, maintien, façon de marcher etc. sont autant d’indicateurs d’appartenance à tel ou tel genre. Cela se fait de façon inconsciente par l’entraînement et la pratique directe à travers des activités récurrentes et par imitation et observation des modèles qui nous sont donnés. Nous sommes conditionnés en quelque sorte, puisque pour nous construire nous recherchons des exemples auxquels nous pouvons nous identifier. Nous allons donc regarder les personnes autour de nous qui nous ressemblent et toutes les images qu’on nous donne (publicité notamment). Cependant ces modèles sont eux-mêmes socialisés et catégorisés. Par conséquent il est difficile de s’en détacher puisqu’ils sont omniprésents.
Marcel Mauss, ethnologie français du XXème siècle s’interroge sur notre rapport au corps et entreprend de démontrer que le corps est aussi social. Il conclut que le corps pourrait passer pour l’expression même de l’individualité et être expliqué uniquement en termes biologiques mais qu’en réalité il est « un fait social total ». Même notre corps n’est pas naturel. Il est le résultat d’une construction sociale.

Distinction entre sexe et genre

En France, le mot « genre » se définit comme la catégorisation en un pôle masculin ou féminin. On parle d’une catégorisation biologique puisque le sexe d’un individu est directement lié à son genre. Or, nous allons voir que ce sont deux choses différentes. En effet, nous pouvons citer des exemples de réflexions populaires comme « cette fille est un véritable garçon manqué » car on considère qu’elles a des attitudes réservées aux garçons. Par conséquent c’est une fille (sexe biologique) qui a un genre de garçon. On comprend bien par cet exemple, que le sexe et le genre sont donc deux entités différentes mais qui sont néanmoins liées, d’où la difficulté à dissocier les deux.
La distinction entre sexe et genre est formalisée par Stoller et Money à la fin des années 60.
Chacun de leur côté, ils réfléchissent à la séparation des aspects biologiques et sociaux du sexe. Stoller introduit alors la notion d’identité de genre (gender identity) en 1964. Money définit ce qu’il nomme les « rôles de genre », c’est à dire les comportements publics qui dépendent de la culture, et l’ « identité de genre » c’est à dire la catégorisation de soi-même en fonction de ce que ressent le sujet et de ce qu’il perçoit de son comportement. Le genre est lié à la société.
Le sexe, lui, peut être pris en compte dans des statistiques puisqu’il est un marqueur appartenance à un groupe social de même que peuvent l’être l’âge, la profession etc. Le genre ne se contente pas de désigner une appartenance à un groupe de sexe. Il agit partout et rend compte d’expériences imperceptibles. Il témoigne d’identification individuelle (masculine ou féminine) qui ne coïncide pas toujours avec la frontière établit entre les groupes sociaux par la société. Ex : être perçue comme une femme mais être jugée masculine ou non conforme aux attendus de la femme à une époque donnée. On parle alors de « norme du genre ». C’est à dire que nous sommes obligés de devenir homme ou femme, dans le sens où l’on doit agir comme il nous est demandé d’agir. « Avoir l’air d’être comme nous sommes supposé être ». Cette citation d’Isabelle Clair montre bien que finalement tout est dans le paraître. Notre apparence physique et comportementale doit être conforme à ce qui est attendue par la société en fonction de notre sexe.
Simone de Beauvoir avait bien compris l’enjeu de cette distinction sexe et genre dès les années 40. « On ne naît pas femme, on le devient » disait-elle dans son ouvrage Deuxième sexe, 1949. Cette citation, inspirée de celle d’Erasme, philosophe du XVème siècle « On ne naît pas homme, on le devient », montre que le sexe biologique ne définit pas ce qu’une personne sera dans le futur puisque celui-ci n’existe pas. Elle se construira une identité au fur et à mesure de sa vie, et c’est cette identité qui fera d’elle une personne du pôle masculin ou féminin. Seules nos actions nous permettront de nous identifier comme tel. Selon Mme de Beauvoir, le genre est donc indubitablement égal à une construction sociale c’est à dire le résultat d’un apprentissage constant, tout au long de notre vie. Le genre est donc quelque chose de modifiable, qui s’acquiert. Il se construit dans l’expérience de chacun. Simone de Beauvoir a modifié les paroles d’Érasme afin de donner également un statut à la femme qui, à l’époque, doit se cantonner à son rôle d’épouse et de mère. Ainsi, devenir une femme est missur le même pied d’égalité que le fait de devenir un homme.
Dans cette même idée, Julia Kristeva a dit « On naît femme et on devient un « je » féminin » (Delacroix, 2013). Elle reprend l’idée de Mme de Beauvoir tout en la modifiant puisqu’elle ne nie pas le rôle du sexe biologique. Elle pense que l’on naît déjà avec un sexe identifié (homme ou femme) et que l’expérience nous amènera à devenir une personne à part entière du genre féminin ou masculin. C’est nous-mêmes qui nous identifieront à tel ou tel genre en nous construisant. On s’appropriera le fait d’être du pôle féminin ou masculin. Ce n’est pas le genre qui va nous permettre de nous identifier, de nous créer une identité, c’est nous-même qui créons le genre en fonction de ce que nous sommes. Christine Détrez, sociologue française se demande, a contrario, « comment pourrait-on « devenir » garçon ou fille alors que l’évidence, a priori, s’impose avant même le premier cri de l’enfant ? » (Détrez, 2015). En effet, il est évident que dès la naissance d’un être humain, on l’identifie comme étant un garçon ou une fille. Les parents et l’entourage ont déjà des attentes vis-à-vis de l’enfant en fonction de son sexe biologique. On le remarque très nettement en fonction des jouets offerts, des réflexions faites etc. Le nouveau-né ressent cela, et en grandissant l’enfant comprendra qu’elles sont les normes auxquelles il devra se référer. Par conséquent, nous ne pourrions pas établir notre genre uniquement en fonction de notre vécu puisque nous sommes dès notre naissance attribués à tel ou tel genre en fonction de notre sexe biologique. Il y a donc ici un véritable paradoxe entre le fait que le genre s’acquiert par l’expérience de l’individu dans la société et le fait que le genre soit finalement attribué par la société dès le début de l’existence de cet individu.
Joan Scott, une historienne américaine a écrit : « le genre est un élément constitutif de rapports sociaux fondés sur des différences perçues entre les sexes, et le genre est une façon première de signifier les « rapports de pouvoir » (Méjias, 2014). Elle rejette le déterminisme biologique et voit le genre comme un moyen de ne pas se focaliser sur les femmes mais d’envisager la construction des rôles des uns et des autres dans une perspective relationnelle entre masculin et féminin. La socialisation entre hommes et femmes est donc un point crucial, puisque le genre serait aussi une façon de créer une hiérarchisation des rapports hommes / femmes. Scott utilise le mot « perçues » pour parler des différences entre les sexes, et c’est là la clé de la question du genre. En effet, ce sont des différences qui sont perçues par la société.
Mais dans ce cas, il serait légitime de nous demander si elles existent véritablement.
Le sexe se définit donc comme ce qui fait référence aux différences biologique entre mâles et femelles. Le genre concerne la classification sociale du masculin et féminin. Il renvoie à la sociologie, l’histoire, les sciences humaines et sociales. Ces définitions sont d’ailleurs le parti pris d’Ann Oakley (Détrez, 2015). Le sexe biologique n’induit aucune détermination dans les rôles sociaux. Il renvoie à la biologie, la médecine et toutes les sciences de la vie (sciences dures). Néanmoins, les critères de déterminations du sexe sont multiples : anatomie, hormones etc. Mais quels sont les critères a véritablement prendre en compte ? Il y a eu beaucoup de débats autour de cela notamment à propos de sportifs russes soupçonnés d’être des hommes déguisés en femmes lors de compétitions. A l’époque, on leur a fait passer un test dit « de féminité ». Mais cela ne fut pas satisfaisant car la médecine elle-même ne peut donner une définition concluante de ce qu’est le sexe car plusieurs facteurs sont à prendre en compte.
Aujourd’hui encore, des tests sont réalisés pour les athlètes de « genre suspect » c’est à dire ne correspondant pas aux normes de la féminité. Mais nous ne savons toujours pas quels critères sont à retenir pour dire quel est le sexe d’un individu.
Par ailleurs, Anne Fausto Sterling américaine, a démontré qu’il n’existerait pas biologiquement deux sexes mais un continuum dont la réduction à une binarité est uniquement une opération sociale (Détrez, 2015). Ses recherches montrent que les déterminants biologiques sont plus nombreux et plus complexes que le classement en deux parties souvent réalisé à partir des organes génitaux (pénis et vulve). De plus si nous catégorisons comme cela, que dire des personnes intersexuées (nés avec une configuration atypique des organes sexuels) ? Si nous ne réfléchissons qu’en binarité, ils ne peuvent être classés sexuellement. Pourtant, cela concerne environ 1 million de personnes en France. On peut donc se demander s’il est possible de séparer d’un côté la nature et de l’autre la culture.
Finalement le naturel ne serait-il pas lui aussi construit ? La distinction homme / femme est vue comme une contrainte sociale intériorisée. Comme c’est intériorisé, cela passe inaperçu.
Ainsi cette distinction semble aller de soi et fondée sur la nature. Mais en réalité elle est organisée par la société.

Traitement des questionnaires

Questionnaires maternelle

Nombre de participants : 23 dont 12 garçons et 11 filles

Première partie du questionnaire : Dessiner un garçon et une fille

Pour comparer les dessins réalisés, nous avons tout d’abord regardé les dessins représentant les garçons. Nous avons relevé les points communs et les différences entre les dessins afin d’établir une liste d’éléments qui, d’après les enfants, font que le personnage est un garçon.
Puis nous avons fait la même observation sur les dessins représentants les filles. La première observation qui a été faite est que 34% des élèves n’ont dessiné que la tête de leur bonhomme.
Ceci peut s’expliquer par le fait que le schéma corporel est encore une notion abstraite pour eux où alors par le fait que seule la tête d’un personnage peut montrer s’il s’agit d’un garçon ou d’une fille.
Ce qui ressort majoritairement des dessins des élèves est déjà que le garçon et la fille sont différents. En effet, ils sont 3 à avoir dessiné des personnages aux caractéristiques quasiment identiques (ANNEXE 5). Nous remarquons cependant que les couleurs choisies pour dessiner le garçon et la fille sont différentes. En effet, sur l’ensemble des travaux d’élèves, seuls 6 ont gardé les mêmes crayons de couleur pour les deux dessins. Ce choix de couleur peut représenter à lui seul la différence qui est faite par les élèves entre les filles et les garçons.
Sinon pourquoi est-ce que les élèves changeraient de crayons ?
Si on regroupe tous les éléments observés dans leurs dessins, on peut opérer un classement en trois catégories : les couleurs choisies, les éléments du physique et les accessoires. A chaque fois qu’un élément revenait au minimum deux fois parmi l’ensemble des dessins, il était pris en compte. Chaque élément conservé a donc fait l’objet d’un comptage (ANNEXE 6).
L’élément qui montre la plus grande différence entre filles et garçon a trait à des caractéristiques physiques notamment au niveau de la forme du corps : les filles ont un corps en un seul « bloc » et les garçons en deux. Ceci s’explique peut-être par les habits qu’aurait voulu représenter l’élève : une robe pour la fille et un haut avec un bas pour le garçon. Pour certains élèves, la fille est assez ronde et le garçon a une silhouette élancée (ANNEXE 7).
Cela peut renvoyer à l’image de la femme-mère. La fille a plus de formes que le garçon et peut tomber enceinte. D’ailleurs un élève a représenté une fille avec plusieurs pois dans le ventre (ANNEXE 8). Le ventre est, par conséquent, très arrondi et occupe presque tout l’espace. Parallèlement à cela, cet élève a dessiné le garçon très fin et grand. On remarque par ailleurs qu’il a colorié trois pois en dessous du tronc de l’homme et a parlé d’un « serpent volant » à sa maîtresse. Cet élève semble faire référence à l’appareil génital. C’est le seul à avoir opéré la distinction fille / garçon par rapport à leur anatomie.
Pour environ 70 % des élèves, les garçons ont les cheveux courts et les filles ont les cheveux longs. Par ailleurs ils sont près de la moitié à en avoir parlé, à l’oral, à leur maîtresse pour justifier leurs dessins. Un élève a commenté son dessin en disant « cheveux courts pour le reconnaître [le garçon] » « cheveux longs » [pour la fille]. Pour certains dessins, c’est d’ailleurs la seule distinction qui est perceptible (ANNEXE 9). Un seul élève a dit que « un garçon peut avoir les cheveux longs » (ANNEXE 10). En revanche il n’a pas dit que les filles pouvaient avoir les cheveux courts. L’élément des cheveux semble être un point de distinction très important dans leur esprit.
Si on regarde maintenant aux niveaux des habits, 5 élèves ont habillé les filles en robe. Une petite fille a d’ailleurs ajouté des talons et du maquillage à son dessin de fille (ANNEXE 11).
Pour cette même élève si on regarde le dessin du garçon, celui si porte un T-shirt et un pantalon. Elle a essayé de représenter son père. Deux autres élèves ont également dessiné ces éléments. Un élève ne les a pas dessinés mais en a parlé à l’oral « un garçon a des lunettes et un T-shirt de pompier ». Les autres personnages dessinés sont soit nus, soit, comme s’agit d’un portrait, nous ne voyons pas les vêtements.

Deuxième partie du questionnaire : Relier les activités au genre féminin et/ou masculin

En regardant d’abord les réponses sur l’effectif total de la classe sans distinction du sexe des élèves, on remarque que 2 d’entre eux ont attribué toutes les activités aux deux genres.
Cependant, aucun élève n’a rattaché l’ensemble des activités au genre exclusivement masculin ou féminin. Les élèves ont donc véritablement réfléchi pour attribuer à un genre les activités. Le travail ne semble pas avoir été fait au hasard.
Dans un premier temps, nous avons comptabilisé le nombre de réponses données pour chaque activité pour l’ensemble des élèves. Puis nous avons différencié les réponses des filles etcelles des garçons afin de vérifier leurs représentations du genre en fonction de leur sexe.

Questionnaires des CM1

Nombre de participants : 69 dont 34 filles et 35 garçons

Question 1 : D’après toi, y a-t-il des différences entre les filles et les garçons ? Si oui, lesquelles ?

Sur l’ensemble des élèves (filles et garçons) des trois écoles interrogées, 67 % d’entre eux ont répondu : oui, il y a des différences entre les filles et les garçons. 27% ont répondu non et 6% n’ont pas répondu.
Si on regarde ces réponses par école, c’est aussi la réponse « OUI » qui est majoritaire sauf pour l’école 1 où la majorité est pour le « NON » (8 élèves sur 18). Cependant ces réponses infirmatives se trouvent être en contradictions avec les réponses données dans les autres questions dans 100% des cas. Les élèves répondent qu’il n’y a pas de différence mais finalement argumentent sur le fait que nous ne sommes pas pareils entre garçons et filles. Ce qui revient finalement à dire que nous sommes différents. Il y a donc là un paradoxe qui s’est installé dans leur esprit.
Regardons maintenant les réponses en fonction du sexe des élèves. Les élèves n’ayant pas répondu à cette question n’ont pas été pris en compte dans les pourcentages suivants.

Question 3 : Décris le comportement d’un garçon en général

Beaucoup d’élèves ne se sont pas cantonnés au comportement des garçons et ont parlé aussi des activités qu’ils pouvaient faire. C’est pourquoi l’expression qui a été la plus utilisée aussi bien par les garçons que par les filles est « faire du foot » (42 % des élèves l’ont évoqué).
Certains n’ont pas précisé ce sport en particulier (10 % des élèves). Par conséquent plus de la moitié des élèves ont parlé du sport pour décrire le comportement des garçons.
On remarque aussi beaucoup d’adjectifs comme « fort », « court vite », « musclé » et d’un côté moins positif « violent », « font des bêtises », etc. Le portrait qui est établi est d’une manière globale positif (utilisation de vocabulaire mélioratif). Néanmoins, les filles mettent davantage l’accent sur le comportement négatif des garçons : ils sont « sévères », « méchants », « violents » (cité par 30% des filles), « têtus » etc. Le portrait qui est dressé parles garçons eux-mêmes sur leur comportement est davantage mélioratif : « courageux »,« forts », « gentils », « beaux » etc. Quand on réunit tout cela, on a donc un garçon dynamique mais dont le fait d’être actif peut conduire à l’impulsivité. On remarque que les portraits dépeints pas les garçons et les filles sont différents et que les filles ont un regard très critique sur les garçons. Les garçons eux, n’ont pas de problème dans leur estime d’euxmêmes. Leur portrait est véritablement positif.
 Question 4 : A ton avis, est-ce mieux d’être une fille ou un garçon ? Explique pourquoi.
Pour cette question, nous avons choisi de traiter les réponses des filles séparément de celles des garçons. Nous avons comptabilisé le nombre de réponses données, puis nous avons calculé en pourcentage la proportion de celles-ci par rapport au sexe de l’élève. Nous avonsobtenu deux diagrammes :

Questionnaires des CM2

Nombre de participants : 66 élèves dont 32 filles et 34 garçons

Question 1 : D’après toi, y a-t-il des différences entre les filles et les garçons ? Si oui, lesquelles ?

Sur l’ensemble des élèves (filles et garçons) des trois écoles interrogées, 68 % d’entre eux ont répondu : « oui », 26 % « non » et 6% n’ont pas répondu. On peut d’ores et déjà constater que les proportions sont quasiment identiques à celles des CM1. Si on regarde ces réponses par école, c’est aussi la réponse « oui » qui est majoritaire.
Un seul élève a cependant répondu les deux « oui parce que […] on n’a pas le même sexe mais non parce que les garçons et les filles sont des êtres humains » (A-CM2-10)
Comme pour les questionnaires de CM1, nous allons maintenant regarder les réponses en fonction du sexe des élèves. Les élèves n’ayant pas répondu à cette question n’ont pas été pris en compte dans les pourcentages suivants.

Analyse des données

Lors du traitement des données, nous avons essentiellement comparé les réponses des élèves en fonction de leur sexe. Maintenant nous allons opérer cette comparaison par rapport à l’âge des élèves. Nous ne parlerons pas des différences anatomiques entre filles et garçons puisqu’elles existent de fait et font effectivement partie de la distinction qui peut être faite entre filles et garçons. Cependant, ce qui nous intéresse pour notre objet d’étude c’est véritablement le genre et comment les élèves se le représentent. Par conséquent, nous ne reviendrons pas sur la distinction entre les sexes biologiques.

Le genre féminin et masculin d’après les élèves : une différenciation évidente

Pour l’ensemble des élèves interrogés, il y a bien une distinction à faire entre le genre féminin et masculin. En dehors des différences anatomiques dont nous avons parlé, il apparaît évident pour les élèves que nous ne pensons, n’agissons, n’aimons etc. pas les mêmes choses. C’est en effet ce qui ressort aussi bien des réponses aux questionnaires adressés aux élèves de maternelle que ceux des CM1 et CM2. Bien que ces derniers aient davantage parlé des attributs anatomiques des deux sexes que les moyennes sections, ils ont au moins tout autant qu’eux parlé d’autres attraits physiques comme la longueur des cheveux. Ce fait a été relaté par 70% des élèves de moyennes sections, 42% des CM1 et 30% des CM2. Nous pouvons observer que cet élément est de moins en moins utilisé par les élèves plus ces-derniers grandissent. En effet, en grandissant, ils peuvent se rendre compte que finalement des garçons peuvent avoir des cheveux longs tout autant qu’ils peuvent avoir les cheveux courts ; et que ceci est également valable pour les filles. Malgré tout, cet élément est quand même considéré comme un moyen de distinguer le genre masculin et féminin, pour tous les élèves l’ayant cité.
En effet, nous avons relevé que pour certains, c’est d’ailleurs le seul fait qui est utilisé. Cette représentation de la fille aux cheveux longs et du garçon aux cheveux courts est encore bien ancrée dans les esprits des élèves. Cette image fait écho à celle que les enfants côtoient depuis leur naissance à travers les albums de jeunesse et la télévision notamment avec les publicités et les dessins-animés destinés aux enfants. Elle est renforcée lorsqu’ils sont face à des personnages anthropomorphiques, c’est-à-dire des animaux ayant les caractéristiques des hommes (ils parlent, s’habillent etc.) Pour différencier le genre de ces personnages, leurs créateurs font appel à des détails qui, mis bout à bout, ne laissent pas de doute sur le genre dupersonnage. Mais encore une fois cela fait référence aux normes de la société qui permettent de définir le genre masculin et féminin. Celle-ci continue également d’être véhiculée par les manuels scolaires. Les enfants sont entourés par ces images qui sont omniprésentes dans leur quotidien. Le problème est que, étant encore petits, ils accaparent ses idées comme telles et généralisent leur vision des genres en le transposant à ce qu’ils connaissent. Nous retrouvons donc l’idée qu’un individu du genre féminin doit avoir un physique féminin, ce qui se traduit notamment par avoir les cheveux longs. En plus de cela, il a été cité par les élèves de CM1 et de CM2, que la fille, donc le genre féminin, peut se maquiller et porter des bijoux ; ce qui ne serait pas le cas des garçons, d’après eux. Cette idée a été principalement utilisée par les filles elles-mêmes. C’est donc un critère qu’elles ont identifié et auquel elles vont certainement se conformer dans les prochaines années, si ce n’est pas déjà le cas. Pourtant, à travers l’enseignement de l’histoire, ils ont tous été confrontés à des portraits de rois portant des perruques longues, du maquillage, des bijoux et des vêtements qui s’apparentent à des robes.
On peut supposer que cela a été retenu par certains et que c’est la raison pour laquelle il y a moins d’élèves de CM2 qui ont cité ce critère des cheveux.
Concernant maintenant les attitudes que chacun des genres « peut avoir » car c’est bien cette idée qui transparait des réponses des élèves. Les filles sont plus « calmes » et « douces » alors que les garçons sont « forts » (78 % des élèves de CM1 et CM2 l’ont cité dans leur questionnaire), « courageux », « sportifs ». Pour les élèves c’est un fait avéré les filles et les garçons sont comme ça. Cette globalisation faite au genre tout entier pose problème pour que les élèves puissent pleinement se réaliser. En effet, un élève de CM1 a pointé du doigt le fait que c’était mieux d’être « «une fille parce que on se fait plus respecter quand on pleure [alors que] quand on est un garçon il y a plus de chances qu’on se moque ». Cela renvoie à cette idée que le garçon doit rester fort et que, par conséquent, il ne peut pas pleurer car cela montrerait une sorte de faiblesse, une vulnérabilité. En revanche, c’est tout à fait logique qu’une fille pleure vu qu’elle est plus faible qu’un garçon. Cette représentation empêche les élèves d’être véritablement eux-mêmes. Par peur d’être jugé par les autres, d’avoir l’impression d’être rejeté (car ne rentrant pas dans les normes), les élèves agissent comme la société veut qu’ils le fassent. Cela a été confirmé par les réponses fournies à la question 5 posée aux CM1 et CM2 et à la deuxième partie du questionnaire des élèves de moyennessections. Dans l’ensemble, ce sont des activités calmes, ne nécessitant pas une force physique qui ont été attribuées au genre féminin. A l’inverse, les activités relevant d’un effort musculaire (et parfois intellectuel) plus intenses sont considérées comme du genre masculin (notamment les métiers à caractère sportif). Nous notons néanmoins un étrange paradoxe. En effet, quand il était possible de répondre à une question par « filles et garçons », c’est à chaque fois cette catégorie qui a eu le plus de voix, que soit pour les moyennes sections, pour les CM1 et pour les CM2. Cela est donc un signe d’une certaine similitude entre le genre féminin et masculin puisqu’ils seraient capables de faire les mêmes activités/métiers.
Cependant, lorsque l’on regarde les questions plus ouvertes, on constate que de nouveau il s’opère une différenciation entre les genres. Les filles peuvent faire des métiers qui, à l’image qui est dépeinte du genre féminin, sont calmes. Les activités nécessitant de la force sont « réservées » au genre masculin. On a alors l’impression que les élèves s’interdisent des métiers car ils considèrent ces derniers comme appartenant au genre auquel eux-mêmes ne se sont pas identifiés. En effet, nous avons observé que davantage de filles de CM2 aimaient lessciences (question 8) mais que finalement elles étaient peu à envisager ce choix de carrière (question 9). Ceci fait d’ailleurs échos aux réponses des CM1 de la question 5. Les domaines d’activités attribués majoritairement pour les filles concernaient l’artistique, l’esthétique et le médical. Pour ce dernier domaine (attribué aux filles pour 19% de la totalité des élèves) nous avons remarqué que les métiers dépendant de ce domaine étaient différents de ceux pensés pour les garçons. Ceux pour les garçons étaient plus spécialisés (ex : kinésithérapeute, chirurgien etc.) et nécessitent plus d’années d’études que ceux envisagées pour les filles (ex : sage-femme, infirmière etc.). Ces métiers renvoient à toute une symbolique dans la perception du genre. En réunissant tout cela, on voit bien que ce qui était décrit par les chercheurs s’avère être la réalité. Des amalgames entre sexe et genre s’opèrent dans l’esprit des élèves, et avec des stéréotypes. Ceci peut avoir un impact direct sur leur scolarité puisqu’il semble que cela les conduits dans des choix d’orientation différents. Cela avait été remarqué principalement au lycée il y a plusieurs années. Des mesures ont alors été prises par le ministère de l’Education Nationale (loi d’orientation de 2013). Néanmoins, on remarque que cette différence d’orientation est le résultat d’un processus déjà en marche en école primaire.
Les programmes officiels ont été modifiés l’an passé afin de répondre aux besoins des élèves actuels. La problématique du genre est en effet traitée en enseignement moral et civique.
Cependant, celle-ci peut et doit également faire l’objet d’une attention particulière dans les matières scientifiques et littéraire afin de ne pas continuer d’induire ces choix d’orientation genrés.

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Table des matières
Introduction 
1. La place du genre dans les textes institutionnels
1.1 Historique de la scolarisation des filles
1.2 La mixité scolaire pour l’égalité fille-garçon
1.3 Les conventions interministérielles
1.4 Le sexe et le genre à l’école
2. La place du genre dans les recherches scientifiques
2.1. Définition du terme « genre »
2.1.1 L’origine du « genre »
2.1.2 Théorie et études de genre
2.2 Le genre : une construction sociale
2.3 Distinction entre sexe et genre
2.4 Une problématique toujours d’actualité
2.4.1 Une question vive
2.4.2 Les inégalités toujours présentes entre hommes et femmes
2.5 Les stéréotypes de genre
2.5.1 Définition des chercheurs
2.5.2 Les stéréotypes à l’école
2.6 Le rôle de l’école
2.6.1 L’évolution de l’enfant
2.6.2 Changer les représentations des élèves
2.6.3 Le rôle des Professeurs des écoles
3. Formulation de l’objet de recherche
3.1. Problématiques
3.2 Hypothèses
4. Méthode
4.1 Recueil de données
4.2 Diffusion de l’outil
4.3 Traitement des questionnaires
4.3.1 Questionnaires maternelle
4.3.2 Questionnaires des CM1
4.3.3 Questionnaires des CM2
4.4 Analyse des données
4.4.1 Le genre féminin et masculin d’après les élèves : une différenciation évidente
4.4.2 Une hiérarchisation des genres qui s’installe
4.5 Discussion des résultats
Conclusion 
Bibliographie et sitographie
Sommaire des annexes 
Résumé

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