La mixité dans les cours de récréation

Ces dernières années, un certain nombre d’évènements et de mesures prises par le gouvernement ont placé la question du genre au centre du débat public. Ce fut par exemple le cas en 2012 et 2013 avec les débats et les manifestations soulevés par le vote de la loi d’ouverture du mariage aux couples de même sexe dite du « mariage pour tous », qui ont secoué le pays pendant plusieurs mois.

Le rôle et la place de l’école vis-à-vis de la question du genre avait déjà fait débats en 2011, lorsqu’est apparu dans les programmes de Sciences de la Vie et de la Terre de Première L et ES un intitulé : « devenir homme, devenir femme » qui a conduit certains éditeurs de manuels scolaires à utiliser le terme genre. Le ministre de l’Éducation nationale s’était alors heurté à la violente opposition des députés et des sénateurs, majoritairement affiliés à l’UMP.

Bien que la mixité scolaire n’ait pas été instaurée dans le but de construire l’égalité des sexes, elle semble aujourd’hui un outil précieux, car elle permet aux garçons et aux filles de vivre ensemble dès le plus jeune âge, et de recevoir la même éducation ainsi que les mêmes enseignements. Des mesures ont été prises par l’Éducation Nationale dans la formation des maîtres pour sensibiliser les futurs enseignants à la question du genre à l’école. Ainsi, la loi du 8 juillet 2013 pour la refondation de l’École rappelle que la transmission de la valeur d’égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes, doit se faire dès l’école primaire. Les enseignants sont invités à favoriser la mixité et l’égalité des sexes dans leurs pratiques, et à veiller à ce que cette valeur d’égalité soit respectée par les élèves.

Des actions de l’Education Nationale se mettent en place timidement. Elles renforcent le constat de Nicole Mosconi en 2004 d’une forte médiatisation de la question de la mixité scolaire, « en France, après vingt années de silence quasi-total» . Il est important de rappeler que l’entreprise de recherches et d’études sur la question du genre et de la mixité se sont également manifestées très tardivement en France : (« … je ferai remarquer que les sciences sociales, dans leur travail sur la démocratisation de l’enseignement et sur les inégalités d’éducation, contrairement aux pays anglo-saxons, ont mis très longtemps avant de prendre en considération la variable sexe au même titre que la variable classe sociale. Il faut attendre les années 1980 pour qu’apparaissent dans ce domaine des recherches françaises qui ne se contentent pas de constater la réussite scolaire des filles mais mettent en évidence, en étudiant la réalité quotidienne de l’école mixte, tous les aspects des inégalités entre les sexes à l’école . »). De ce fait, les études réalisées sur le sujet peuvent paraître encore peu nombreuses (bien que très riches), et ne traitent pas pour la plupart des moyens mis en œuvre par le gouvernement ces dernières années puisque qu’elles ont, pour la plupart, été publiées bien avant 2011.

Il par ailleurs encore trop tôt pour connaître les effets des mesures de formations à la gestion de la mixité mis en place dans le cadre des Ecoles du Professorat et de l’Education, ou parfois, de la formation continue. C’est en observant ma classe de Grande Section qu’il m’est apparu intéressant de confronter ces études à mon expérience cette année en stage et à la formation qui m’a été donnée sur le sujet à l’École Supérieur du Professorat et de l’Éducation.

J’ai choisi de traiter la question de la mixité de sexe à l’école en m’intéressant à la cour de récréation. Alors que dans la salle de classe « le travail d’apprentissage commande une gestion des corps », la cour de récréation, à l’inverse, est un lieu de « détente et de liberté » où les enfants peuvent s’adonner à des activités physiques et intellectuelles qu’ils ont choisies. J’ai souhaité, à travers ce mémoire, étudier la façon dont les enfants investissent la cour de récréation, et la responsabilité des enseignant.e.s dans la promotion de l’égalité des sexes dans ce lieu spécifique.

Il n’est pas rare d’entendre lors de débats sur la question du genre que les comportements des enfants, garçons et filles, sont « naturels ». Le sexe représenterait donc le principal paramètre qui définirait les attitudes distinctes (voire opposées dans certains cas) des filles et des garçons. De nombreux chercheurs luttent contre cette idée reçue, considérant qu’il ne s’agirait pas en réalité d’une question biologique, mais d’un héritage transmis par l’entourage des enfants au quotidien. Comme le dénonçait Leila Acherar en 2003 : « La production différentielle et inégalitaire des identités sexuelles n’est pas une donnée naturelle mais une construction sociale et culturelle ». Il ne s’agirait donc pas d’une question de sexe, mais bien de genre : « Depuis la fin des années 60, on désigne par le terme de genre tout ce qui est socialement déterminé dans les différences entre hommes et femmes, en l’opposant implicitement au sexe biologique ». Le terme de « genre » introduit également une notion de hiérarchie et de rapports sociaux : « Le genre n’est pas le sexe, mais le produit d’une construction sociale, d’un rapport social qui organise les divisions du travail, du pouvoir, et de la pensée sur la base de la différence de sexe. Cette catégorisation sert à fonder une hiérarchie sociale entre les hommes et les femmes » . C’est ce que nous allons analyser dans la première partie de cette étude.

Les stéréotypes de sexe sont profondément ancrés dans les esprits et ont bien du mal à s’effacer dans notre société. En effet, les différentes caractéristiques attribuées aux filles et aux garçons s’affichent partout autour de nous. Dans les magasins de jouets par exemple, on trouve des rayons bien distincts destinés soit aux filles, où le fameux rose domine le plus souvent, soit aux garçons, où apparaîtra très souvent le bleu ou des caractéristiques considérées comme plus neutres. Les jouets, eux mêmes, semblent tracer une ligne de conduite propre à une fille ou à un garçon : les filles sont supposées jouer calmement à la poupée, alors que les garçons sont supposés utiliser beaucoup d’espace ou faire du bruit en jouant avec une voiture télécommandée. La télévision et la littérature de jeunesse participent également à la construction de stéréotypes. Ils mettent le plus souvent en scène un héros, et non une héroïne, comme le signale Marie DuruBellat : « Notons que les médias confrontent également les enfants à des contenus culturels très marqués par les stéréotypes de sexe. De nombreuses recherches en attestent, qu’il s’agissent des livres ou revues pour enfants (Colombier et al., 1983 ; Falconnet et Lefaucheur, 1975 ; Chombart de Lauwe, 1977 ; Wajsbrot, 1987, Peterson et Lach, 1990), de la presse pour adolescents (Evans, 1991), ou des émissions de télévisions destinées à la jeunesse (Birns, 1986 ; Durkin, 1985) ou plus largement aux adultes (Thovenon, 1987) : non seulement presque la moitié des émissions les plus en vogue chez les enfants (américains) ne mettent en scène pas un seul personnage féminin, mais les hommes, qui y occupent la plupart des rôles, y sont présentés comme plus « instrumentaux », plus actifs, plus constructifs, moins expressifs que les femmes » . Des recherches françaises sur les productions de littérature de jeunesse en France ou les livres préconisés par le Ministère de l’Education Nationale font également le même constat.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

Introduction
1. La mixité à l’école : les différentes attitudes des garçons et des filles, héritage transmis par l’adulte ?
1.1 La socialisation par la famille
1.2 La socialisation à l’école : l’enseignant-e
1.3 Effets d’une socialisation différentiée selon le sexe : des comportements bien distincts et inégaux entre les filles et les garçons, reflets des stéréotypes.
2. Le poids de la socialisation par la famille et par l’école : trop lourd pour s’en défaire même lors des moments de liberté tels que la récréation ?
2.1 Occupation de l’espace de la cour : bien distincte entre les filles et les garçons.
2.2 Le jeu : source à la fois de séparation et de rassemblement entre les filles et les garçons ?
2.3 La cour de récréation : lieu d’affirmation de son identité sexuée
3. Méthodologie
3.1 Présentation du terrain d’enquête
3.2 Présentation des techniques et modalités d’enquête.
4. Résultats et analyse des résultats
4.1 Différences et similitudes avec les études précédentes
4.2 Limites et apports de l’étude.
Conclusion

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *