La mise en oeuvre de dispositifs pédagogiques

La mise en oeuvre de dispositifs pédagogiques

Les oeuvres d’art vues par les historiens de l’art:

L’histoire de l’art connaît une nette antériorité en ce qui concerne l’analyse des oeuvres d’art6. A la Renaissance, la reconnaissance du rôle de l’artiste dans la composition permet de donner naissance aux prémices de l’histoire de l’art. C’est notamment à cette époque qu’apparaissent les traités techniques tels que De Pictura de Leone Battista Alberti en 1435 ou les biographies d’artistes comme Les vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes en 1550. Ce dernier ouvrage qui sélectionne et se fait se succéder la vie d’artistes est étroitement dépendant d’un projet d’histoire, celui de fonder dans une perspective téléologique et idéologique la prééminence des artistes florentins des XV° et XVI° siècles sur les périodes antécédentes et sur le reste de la péninsule. La participation de l’allemand Joachim Winckelmann, archéologue et antiquaire, n’est pas à négliger dans le développement de l’histoire de l’art. De plus, de manière plus générale, la multiplication des collections de tableaux et la naissance de galeries au siècle des Lumières ont également été des facteurs décisifs pour l’émergence de la discipline. A partir du XVII° siècle, les historiens de l’art proposent plusieurs approches des oeuvres. Certains tentent la méthode descriptive tandis que d’autres s’essayent à la classification ou encore à un jugement de goût. Ces tendances qui tendent à se recouper permettent l’élaboration d’une ébauche de la méthode d’analyse d’histoire de l’art telle qu’on la connaît aujourd’hui.

Au XX° siècle l’histoire de l’art se trouve naturellement prise entre diverses influences comme l’esthétisme kantien ou encore l’iconologie allemande ou autrichienne. Il faut attendre les années 60 à 70 pour que les historiens de l’art établissent une analyse plus précise des oeuvres picturales avec la mise en place de ponts avec d’autres disciplines comme l’histoire, la sémiologie, la philosophie ou encore la sociologie. Reste qu’aujourd’hui, il est encore difficile parfois de cerner l’histoire de l’art et ses méthodes parce qu’elle est pratiquée dans trois mondes aux ambitions et intérêts scientifiques assez différents7. Ces trois lieux sont l’université où l’histoire de l’art est une discipline scolaire, les musées qui s’attachent eux à l’identification, la classification, l’exposition, la médiation entre oeuvres d’art et public, et le marché de l’art où la pratique du « connoisseurship » dénoncée comme peu scientifique reste nécessaire pour les historiens de l’art.

L’historien de l’art traite instinctivement du style du document. Il s’intéresse ainsi à la technique et au matériel utilisé, mais aussi à la signature de l’oeuvre, à l’artiste et à ses oeuvres. Plus généralement, il va réfléchir à l’histoire des formes et penser à la nouveauté éventuelle qui se dégage de l’oeuvre. La composition et les lignes directrices sont également des éléments d’analyse privilégiés pour l’historien de l’art : c’est le relief, les diagonales, le format, le contexte de ce qui a été peint, la sûreté de la main et du trait, et le sujet représenté. Il s’agit pour eux de prendre en compte l’aspect construit du dessin et ses relations aux mouvements artistiques et autres oeuvres dans le temps. Pour l’historien de l’art, l’objet artistique, l’oeuvre d’art peut être partiellement regardée comme un document ou comme une trace à valeur artistique d’une culture ou d’une société mais il n’est pas réductible à ce statut de document8. L’oeuvre picturale est une oeuvre d’art et l’oeuvre d’art est première. Si le terme d’histoire de l’art semble ancrer la discipline dans la mouvance de l’histoire, sa pratique est en fait très diverse et s’est parfois prioritairement inspirée d’outils clefs de la critique littéraire comme la sémiologie.

L’interprétation des sémiologues

Il faut dépasser l’analyse descriptive et technique faite par les historiens de l’art. C’est la théorie sémiotique, c’est-à-dire que l’image est cette fois approchée et étudiée sous l’angle de la signification. Les sémiologues considèrent les modes de production de sens, autrement dit la façon dont l’image provoque des significations ou interprétations9. On peut définir la sémiologie comme l’étude de langages particuliers10. Ses précurseurs sont le linguiste suisse Ferdinand de Saussure11 et l’américain Charles Sanders Peirce. Le premier part du constat que la langue n’est pas le seul système de signes exprimant des idées. Le second tente quant à lui de penser une théorie générale des signes et de créer une typologie adaptée. La particularité du signe c’est d’être là, présent, pour désigner ou signifier autre chose d’absent, concret ou abstrait. Quoique les signes puissent être multiples et variés, selon Peirce, ils auraient tous une structure commune impliquant une dynamique tripolaire. Celle-ci lie le signifiant au référent et au signifié. Le scientifique américain distingue trois signes : l’icone, l’indice et symbole.

Il considère l’image comme une sous-catégorie de l’icone, en d’autres termes le signifiant a une relation analogique avec ce qu’il représente. L’image rassemble plusieurs catégories de signes : des images, des signes plastiques, des signes linguistiques. Héritier de Saussure, Roland Barthes participera à l’élaboration d’une lecture de l’image avec la sémiologie dite douce. Il privilégie une lecture littéraire de l’image. Il s’agit moins de description des signes que de mise en relation de ces signes. La rédaction d’un texte serait la manière idéale de commenter une image selon Barthes. Pour le sémiologue, ce qui importe le plus demeure le sens de l’image, ce que l’artiste a voulu exprimer et les symboles utilisés par l’artiste. Il s’occupe de la composition de l’oeuvre mais non pas de la même manière que l’historien de l’art. Il l’analyse en termes de « place signifiante ». Les sémiologues passent du signifiant, le sens de base, au signifié, le sens projeté12. En ce sens, l’analyse d’une oeuvre picturale en termes de sémiologie s’intéresse aux symboles, à leurs significations et au lien entre ces symboles dans le cadre de la représentation.

L’approche des historiens

L’analyse d’oeuvre d’art a longtemps été influencée par l’histoire de l’art et la sémiologie mais celle-ci n’en relève pas moins d’une démarche commune à celle des historiens puisqu’il ne peut y avoir tentative de compréhension de l’oeuvre picturale indépendamment de la connaissance de son contexte. Les historiens ont longtemps considérés les images comme de simples illustrations, comme agrément venant corroborer les écrits et leur déniant toute qualité de source à part entière13. Encore aujourd’hui, l’étude de l’image en histoire reste un débat en suspens malgré quelques initiatives dispersées. C’est le développement de l’histoire culturelle et de l’histoire des mentalités qui a permis d’ouvrir plus de perspectives. En effet, l’étude des représentations sociales, de l’imaginaire ou de la symbolique a incité certains historiens à ne pas se restreindre à leur évolution dans le discours et à s’intéresser à l’iconographie. L’abondance de documents iconographiques à l’époque contemporaine a obligé les historiens à prendre de plus en plus en compte les images14. Cela a notamment permis de mettre en avant l’importance du choix du corpus. Les historiens ont donc pu souligner le caractère incontournable du contexte du document, de l’oeuvre.

Pour les historiens, parler d’une image c’est ainsi connaître sa date de création, son auteur, son interprétation contemporaine, sa fonction première, son rapport aux civilisations annexes15. Il leur faut d’abord situer l’oeuvre. Ils pourront se demander si l’image est représentative de tendance à une période donnée ou si elle concerne un fait, un événement ou un acteur isolé. Pour l’analyse d’oeuvres d’art, les historiens qu’on appelle quantificateurs travailleront sur un corpus d’oeuvres de la même époque. D’autres se pencheront sur le contexte et la reconstitution des conditions de création. Enfin, certains aimeront à se rendre sur les lieux mêmes de la production ou de l’exposition de l’oeuvre et avoir un contact direct avec le sujet d’étude. Enfin, une des caractéristiques de l’historien c’est son usage des sources. Il vise le passé à travers les traces qu’il a laissées. Il cherchera à expliquer l’œuvre d’après d’autres documents et ne traite pas l’oeuvre pour elle-même, isolée de toute autre donnée mais au carrefour de plusieurs sources.

L’influence des sciences de l’image dans l’étude des oeuvres picturales

Les trois grands domaines que sont l’histoire de l’art, la sémiologie et l’histoire ont développés diverses approches de l’oeuvre d’art selon des ambitions, des intérêts et des objets d’étude propres. Mais, il faut voir que la méthode que chacun a pu mettre en place s’inspire et participe plus ou moins directement des sciences de l’image. L’analyse d’oeuvres picturales ne se fait pas sans quelconque rapport avec l’iconographie, l’iconologie ou le formalisme. L’iconographie développée au XIX° siècle et décrite comme « science des images » par Augustin-Joseph Crosnier est une discipline qui a rapidement tournée ses recherches vers l’élaboration de modèles d’analyse visant à rendre intelligible l’ensemble des relations propres aux systèmes symboliques. Elle se fonde sur la mise en relation des formes visuelles et des réseaux de références textuelles. Cette méthode pose le postulat selon lequel toute oeuvre est solidaire des modes de pensée scientifiques, philosophiques ou théologiques d’une époque16. L’iconographie permet d’embrasser une collection de représentations sur un même sujet et décrit les symboles présents dans les oeuvres picturales. L’approche de l’oeuvre est donc globalisante.

Concernant l’iconologie, l’ambition est encore plus globalisante puisqu’elle analyse le contenu de l’oeuvre comme n’étant plus seulement explicite, mais également implicite17. Elle se propose non seulement de décrire comme l’iconographie mais d’interpréter les images et les symboles. C’est la substance latente lors de l’élaboration de l’oeuvre auquel l’achèvement visible ne donne qu’en partie accès. On doit la définition de cette discipline à Erwin Panofsky. L’iconologie tente de décrypter les multiples déterminations sous-jacentes à la création et à la perception artistique. Si l’iconologie a perdu en engouement chez les historiens de l’art en général, elle demeure néanmoins capitale dans la compréhension des oeuvres picturales plus anciennes.

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Table des matières

Introduction
I.Une approche des différentes méthodes d’analyse des images
A) Les oeuvres d’art vues par les historiens de l’art
B) L’interprétation des sémiologues
C) L’approche des historiens
D) L’influence des sciences de l’image dans l’étude des oeuvres picturales
II.L’analyse des oeuvres picturales dans les manuels et les pratiques des enseignants en classe
A) Les activités d’analyse d’oeuvres d’art des manuels scolaires
La présentation des oeuvres picturales dans les manuels
L’étude d’exemples concrets d’activités dans les manuels
B) Les pratiques des professeurs en cours d’histoire
C) Une proposition de méthode d’analyse des oeuvres picturales
D) Des dispositifs pédagogiques envisageables variés
III. La mise en oeuvre de dispositifs pédagogiques
A) Problématique et hypothèse
B) Premier dispositif pédagogique: l’influence du cours d’histoire sur la vision esthétique des élèves
La mise en place du dispositif et le recueil de données
L’analyse du recueil de données
Constat
C) Second dispositif pédagogique: mise au travail en autonomie des élèves
La mise en place du second dispositif et le recueil de données
L’analyse du recueil de données
Constat
Conclusion
Sources et références bibliographiques
Ouvrages généraux et revues spécialisées
Sitographie

Annexes

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