LA MÉLANCOLIE DANS L’ART ACTUEL

LA MÉLANCOLIE DANS L’ART ACTUEL

LA MÉLANCOLIE DANS L’ART ACTUEL

Comme nous avons pu le voir dans le précédent chapitre, sous ses différents aspects, allant de l’état maladif à la communication avec l’invisible ainsi que par son caractère intime, interne, la mélancolie est génératrice d’images, d’idées, de créativité. De nombreux artistes en art actuel exploitent encore cette thématique, directement ou indirectement, que ce soit dans leur démarche, une œuvre en particulier ou dans tout leur corpus. Je ferai ici l’étude de quelques artistes qui traitent de la mélancolie et dont le travail influence ma pratique artistique.

Sophie Calle : conjurer l’angoisse de l’absence:

“Sophie Calle est une artiste à la première personne. Elle se met elle-même en scène dans ses travaux, sans pudeur, sans retenue. Elle y raconte en langage direct des histoires vécues avec un souci du détail qui ne peut laisser indifférents. Elle rend le spectateur complice de son intimité sans qu’il puisse s’y soustraire.”Sophie Calle fait partie des artistes important dans mon parcours. J’admire son audace de faire de sa vie une source d’inspiration constante, voire même, une œuvre en soi. Pour Sophie Calle, tout est prétexte à la création et devient « récits factuels-fictionnels», où l’image photographique côtoie la narration autobiographique, se rapprochant du cinéma et de la littérature. L’auteur Paul Auster, dont les personnages sont « des figures solitaires et mélancoliques ».s’est même inspiré de sa vie et de ses projets pour un des personnages dans le roman Leviathan. Dans l’œuvre de Sophie Calle, la mélancolie est présente par le biais de l’absence, notamment dans les projets Les aveugles (1986), Fantôme (1989), Last seen (1991), Douleur exquise (2003), Prenez soin de vous (2007) et Pas pu saisir la mort (2007). Par son travail, elle observe les autres, cherche à se définir par l’autre, elle traite de rupture, de disparition de personne ou d’objet, « elle tente de conjurer l’angoisse de l’absence »
Dans l’œuvre Prenez-soin de vous, composée de photographies, texte, vidéos et livres, Sophie Calle s’inspire d’une lettre de rupture qu’elle a   :
J’ai reçu un mail de rupture. Je n’ai pas su répondre.
C’était comme s’il ne m’était pas destiné.
Il se terminait par les mots : Prenez soin de vous.
J’ai pris cette recommandation au pied de la lettre.
J’ai demandé à  femmes – dont une à plumes et deux en bois -, choisies pour leur
métier, leur talent, d’interpréter la lettre sous un angle professionnel.
L’analyser, la commenter, la jouer, la danser, la chanter.
La disséquer. L’épuiser. Comprendre pour moi.
Parler à ma place.
Une façon de prendre le temps de rompre.
À mon rythme.
Prendre soin de moi
Certaines pièces de ce projet sont très touchantes notamment la photographie de l’actrice et chanteuse Elli Medeiros (woirfig.ll, p.34). Lorsque j’ai vu cette image, je me suis dit qu’elle représentait exactement le sentiment que j’aurais à recevoir une telle lettre. Bien que la lettre ait été interprétée de façon « professionnelle », les femmes semblent tout de même avoir apporté un point de vue personnel, sensible. Cet aspect intime, le fait de devoir demander l’avis de cent sept personnes afin de comprendre, réaliser et accepter une rupture, tient de la mélancolie; le « dépressif » tourne en rond dans son malheur, se répétant à lui-même ses douleurs.
On retrouve également cet aspect répétitif, voire obsessif, propre à la mélancolie, dans l’oeuvre Douleur exquise qui se présente sous forme d’une exposition et d’un livre d’artiste où photographies et textes se côtoient, dans lequel l’artiste raconte à répétition une rupture (voir fig. 12, p.35). Quatre-vingt-dix-neuf fois, elle relate à ses proches et aux
gens qu’elle rencontre cet instant qui, à ce moment, semblait être le plus douloureux de sa vie. En échange, elle demande à ses interlocuteurs de leur raconter le moment où ils ont le plus souffert, rappelant la dimension universelle de la souffrance. Elle explique :
« Cet échange cesserait quand j’aurai épuisé ma propre histoire à force de la raconter, ou bien relativisé ma peine face à celles des autres. »
Chaque fois, l’histoire est racontée différemment et des détails s’ajoutent ou se soustraient, apportant des nuances à la façon de percevoir la rupture. Le texte qui découle de ce travail a été mis en scène par Brigitte Haentjens, dans le cadre du Festival TransAmériques de 2009 (voir fig.13, p.36) et a également été présenté au Théâtre Périscope la même année, où j’ai eu la chance d’assister à une représentation. Anne-Marie Cadieux, qui tient le rôle de Sophie Calle, nuançait à merveille le sentiment de tristesse, d’abandon qui, à force de répétition, tourne la rupture en un événement banal, anecdotique et dérisoire, réussissant à « panser » cette souffrance. La scénographie était simple et épurée : un divan rouge sur la scène et une projection vidéo décomptant les jours composaient le décor, impersonnel et commun.
Son monologue était entrecoupé par quelques témoignages de gens racontant le moment le plus douloureux de leur vie, amenant une dimension universelle à ce sentiment. Le titre, Douleur exquise, nous amenait à réfléchir sur ces moments de notre vie où la douleur est si intense que l’on ressent sa fragilité, sa délicatesse.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

RÉSUMÉ
REMERCIEMENTS
TABLE DES MATIÈRES
LISTE DES FIGURES
INTRODUCTION
CHAPITRE I : LES ORIGINES DU MOT «MÉLANCOLIE»
1.1 Antiquité : bile noire
1.2 XDCe siècle : mal du siècle, dépression, passage du temps
1.3 Wabi-Sabi : métaphysique, spiritualité, état d’esprit, moralité, esthétique
1.4 XXIe siècle : burn-out, mélancolie et nostalgie, culte du moi
CHAPITRE II : LA MÉLANCOLIE DANS L’ART ACTUEL
1.1 Sophie Calle : conjurer l’angoisse de l’absence
1.2 Bill Viola : le mystère de la vie
1.3 Betty Goodwin : la vulnérabilité de notre condition humaine
CHAPITRE III : LE CARDINAL S’ENDORT QUAND LA LUNE EST PLEINE
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE 1 : NOTES

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *