La maladie comme initiatrice d’une nouvelle vision de la vie

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Vie et maladie chez Nietzsche

La vie de Nietzsche a été et est, dans l’histoire de la pensée philosophique, l’objet d’analyses profondes à cause de sa maladie. Nietzsc he n’est pas le seul penseur atteint par des maladies. Mais son cas reste particulier, dans la mesure où sa pensée s’est aussi élabo-rée dans des moments de crises qui ont fini par unepériode de démence.
La crise de folie finale reste un point essentiel dans la compréhension de la maladie chez Nietzsche. Toutes les interprétations, toute étude faite sur sa maladie revient sans arrêt sur la crise finale. C’est sur cette voie que nous allons essayer de suivre les diverses pen-sées sur la maladie de Nietzsche. A ce sujet, il convient de suivre deux points de vue qui ont différentes interprétations de la maladie de Nietzsche.
La première hypothèse donnée et qui est aussi la plus controversée, est celle qui essaie de démontrer que la folie de Nietzsche n’est que la phase finale d’une maladie héréditaire ayant eu des origines chez le père. Le père de Nietzsche est mort jeune à l’âge de trente cinq ans d’un ramollissement cérébral. En se référant à la fin précoce du père, des peurs surviennent chez le fils pour rapprocher les causes de son propre état de la situation de son père. L’idée de ce rapprochement n’est pas du tout satisfaisante. D’ailleurs, le fait que le père et le fils succombent à une paralysie cérébrale et la déduction qui s’en suit n’est pas démontrée génétiquement. Ce n’est qu’une analyse giquelo faite à partir des faits.
Si nous suivons ces faits, d’abord en ce qui concerne la paralysie cérébrale du père, elle vient d’un accident qui a eu lieu à un moment où Ni etzsche était déjà né. Pour la mère de Nietzsche, il n’y a aucune raison que la maladie du fils ait un lien avec celle du père généti-quement. Cette déclaration éloigne tout doute, quand elle déclare : « Père mort à trente cinq ans et demi d’un ramolli ssement du cerveau, la mère vit et est en bonne santé. Le père, pasteurde village, tomba ma-lade du cerveau à la suite d’une chute dans un esca lier ».18
Donc l’idée que la même paralysie à laquelle finissent par succomber Nietzsche et son père est issue d’un même patrimoine génétique s’avère moins intéressante. Certes, cette même maladie a marqué la fin de chacune de ces deuxpersonnes. Mais leurs conditions d’apparitions ont été différentes. Chez le père, leramollissement cérébral s’est manifesté lors d’un accident brutal. Par contre, chez Nietzsche, cette paralysie s’est produite dans la phase finale d’une longue maladie. Puisque cette hypothèse semble infructueuse, passons donc à la deuxième.
Parmi les interprétations concernant la maladie deNietzsche, cette dernière que nous al-lons présenter reste la plus suivie. Il s’agit de l’idée que Nietzsche n’est pas devenu fou, il [est] a été rendu fou. La question reste à savoirce qui l’a rendu fou ? Les opinions diver-gent là-dessus. Les tourments en matière d’amitié que vit Nietzscheet qui sont regardés comme parti-cipant aux causes de son effondrement peuvent s’interpréter de deux manières. Première-ment, ce seraient des chagrins causés par des amiset qui ont entraîné des ruptures décisives ou occasionnelles. Les conflits d’amitié citées dans les écrits sur Nietzsche, et dans ceux de Nietzsche lui–même, concernent le cas de Wagner, nciena ami intime de Nietzsche. Avec ce dernier, Nietzsche a rencontré un modèle de relation basé sur un schème affectif qu’il s’appropriera de plus en plus. Le schème est celui qui dérive d’une légende de la mytholo-gie grecque, l’amitié entre Thésée, Dionysos et Ariane.
Nietzsche, suite à « l’affaire de Bayreuth », se vo it trahi par son ami. Il a rompu donc son amitié avec Wagner et se met à le haïr. Mais il importe aussi de savoir que la haine qu’éprouve Nietzsche envers Wagner s’inscrit pour Nietzsche dans une fidélité à sa propre philosophie. Car selon lui, les amis sont aussi à haïr comme les ennemis, si on cherche à véritablement connaître. Dans ce sens, il a écrit « L’homme qui cherche la connaissance ne doit pas seulement sa-voir aimer ses ennemis, mais aussi haïr ses amis »19.
Et ce type d’homme qui cherche la connaissance est Nietzsche. Il doit haïr ses amis quand ils lui causent du tort. Mais il ne semble pas facile de haïr un ami envers lequel on a eu beaucoup d’estime. C’est pourquoi cette rupture a torturé Nietzsche, de sorte qu’on [qui on ?] croit qu’elle a contribué beaucoup à sa démence. Dans ces derniers écrits, il évoque encore Wagner en ces termes : « Si je fais abstraction de mes rapports avec quelques artistes, avant tout avec Richard Wagner, je n’ai pas vécu une seule heure agréable avec les Allemands »20.

La maladie de Nietzsche.et l’oeuvre

Le but de cette étude se consacre seulement à l’analyse de deux visions opposées concernant les rapports entre l’œuvre et la maladie de Nietzsche. Ces deux visions s’opposent, en ce sens que l’une considère l’œuvre de Nietzsche comme l’œuvre d’un fou. L’autre de sa part, n’exclut pas la maladie mentale, mais cela n’ arrive qu’à la fin de 1888. C’est à partir de ces deux pôles que se base cette étude- Pour débuter, voyons la première hypothèse qui considère l’œuvre de Nietzsche comme celle d’un paralytique. Cette vision semble issue de la vision précédente, selon laquelle la paralysie de Nietzsche est une maladie héréditaire.Il est clair que la période créative de l’œuvre de Nietzsche coïncide avec la période criti que de sa maladie. Mais c’est un point de vue abstrait d’apprécier la valeur d’une création niquement d’après cela. On ne doit pas se fonder sur la maladie de Nietzsche pour pouvoir rejeter en bloc toute son œuvre. C’est ainsi que Karl Jaspers a écrit : « La causalité sous l’influence de laquelle quelque chose naît, ne dit rien de la valeur de ce qui s’est formé. On ne doit regarder un discours comme plus mauvais ou comme meilleur, lorsqu’on sait que l’or ateur a l’habitude de boire une bouteille de vin pour vaincre tout ce qui pourrait l’arrêter»23 .
Par cette citation, l’auteur nous montre que si une maladie agit sur le devenir spirituel de Nietzsche, ceci doit nous conduire à savoir si c ette influence a favorisé ou détruit ce de-venir. La considération pathologique a cependant un danger pour celui qui l’emploie, au lieu de porter ses regards sur les hauteurs de ce qui est créé, elle risque au contraire d’obscurcir la grandeur d’une création.
En effet, que dans l’œuvre de Nietzsche quelque cho se puisse être référé à sa maladie, ne doit pas résulter uniquement du sens et du contenu que lui donnerait un jugement pré-tendu critique et qui établirait sans plus,que ceci ou cela est maladif. Cette tâche s’avère essentielle surtout chez un penseur comme Nietzsche dont la crise finale surgit à un mo-ment où il a déjà écrit la plus grande partie de son œuvre.
La deuxième méthode établissant une relation entrela maladie et l’œuvre de Nietzsche a été déjà proposée surtout concernant les coïncidences temporelles ; Elle consistait à cher-cher si on peut trouver des changements dans le style, la façon de penser, dans les thèmes principaux, en même temps voir si un changement corporel et psychique affectant le même homme peut être compris grâce à ce qui précède. Cequi a poussé Karl Jaspers à dire : « Chez Nietzsche apparaît un parallélisme entre le développement spirituel de l’œuvre et les changements qui peuvent être établis biographique-ment ou supposés par voie psychique»24.
Cependant le développement de la maladie durant ces années n’a pas le caractère d’un changement psychique. Bien que la coupure dans la vie de Nietzsche fût extraordinaire à cause de sa santé, elle n’est pas une coupure substantielle. Il s’agit d’un nouveau style qui se manifeste par la force des images, le caractère mythique des symboles, la puissance de l’élocution et la concision de la langue. La nature et le paysage, dans ce nouveau style prennent des formes plus précises, ils deviennent plus marqués. C’est comme si Nietzsche s’identifie avec eux, ils deviennent son propre être. C’est en ce stade que Nietzsche non seulement acquiert une sensibilité achevée, mais déborde aussi d’expériences véritablement originelles de l’être, d’une profondeur plus grande par rapport à ce qu’il y a d’antérieur. Pensées et symboles commencent à se fixer.
Signalons que dans l’œuvre de Nietzsche, ses ancien s thèmes comme la pensée du re-tour éternel, la métaphysique de la volonté puissance, l’élaboration radicale du nihilisme et l’idée de surhomme deviennent comme nouveaux, puisqu’ils prennent une importance et un mystère, tels que Nietzsche ne les connaissait pas auparavant. Mais dans ses écrits anté-rieurs, ce qui n’était que possibilité devient maintenant réalité substantielle d’une puissance écrasante, ou vérité dévorante. Pour souligner laohérence de la pensée nietzschéenne, Reinhardt affirme : « Aucune des poésies de Nietzsche ne provient de sesdernières années. Même la poésie Venise que l’on considère si volontiers comme le témoi-gnage d’un dernier débordement poétique était déjàné»25. Pour pouvoir rencontrer cette cohérence de l’œuvre de Nietzsche, il faut une lecture mi-nutieuse et attentive. Car cette œuvre n’est pas te lle qu’elle nous accorde une pure satisfac-tion intellectuelle. Dans cette œuvre on décèle l’ébranlement, l’éveil de poussées essen-tielles, l’augmentation du sérieux et l’illumination du regard. Tout cela rend la compréhen-sion de cette œuvre un peu difficile. Et pour la co mprendre, Nietzsche donne cette condi-tion : « Pour pouvoir comprendre quelque chose à mon Zaratho ustra, il faut peut être se trouver dans une condition analogue à la mienne, avec un pied au-delà de la vie . » .

ASPECTS AXIOLOGIQUES DE LA NOTION DE MALADIE

D’une manière générale, le concept de la maladie prend une mauvaise signification chez l’homme de la rue. Cela est dû au fait que la douleur, les tourments et les souffrances, tous ces problèmes qui touchent l’organisme humain sont engendrés, le plus souvent, par des maladies. Or bien que la maladie mette en danger la vie de l’homme, elle a aussi un rôle et un sens pour les expériences humaines. Mais la valeur de la maladie n’est reconnue que par peu des gens.
D’abord au niveau du developpement psychomoteur de l’homme, la maladie est ce qui contribue à la maturation des fonctions d’autoconse rvation interne et d’adaptation aux sol-licitations externes. La maladie peut survenir aussi dans l’effort entrepris pour égaler un modèle dans l’ordre des activités choisis ou imposées, et dans le meilleur des cas pour dé-fendre des valeurs ou des raisons de vivre c’est sur ce coté que nous allons porter notre analyse.
Comme nous l’avons déjà vu, lorsque une maladie menace une personne ou une socié-té, elle peut façonner cette personne après guérison. Car cette personne évitera à tout prix la faute qui en était la cause. Donc si la maladie arrive à modifier le comportement d’une per-sonne, la pensée est la première à changer, dans la mesure où dans l’agir, la pensée y est présente.
L’expérience de la maladie a joué un rôle très important dans la pensée de Nietzsche. Nous savons que dés l’âge de vingt-cinq ans, il a commencer déjà à enseigner la philologie à l’université de Bâle, bien qu’à ce moment–là, il écrivait déjà des ouvrages philoso-phiques.. C’est de la maladie qu’il doit d’abord d’ être dégagé du souci d’enseigner en ob-tenant une pension qui lui assure une existence indépendante, lui permettant de se consacre entièrement à la philosophie.
C’est ainsi qu’il a découvert un bon usage de la maladie dont la fonction positive est essentiellement de réveiller, avec l’instinct de guérison, les énergies vitales qui sommeillent et de centrer l’attention sur les valeurs du corps. C’est l’idée que Nietzsche démontre dans le Gai savoir en faisant l’esquisse de sa nouvelle philosophie. Il la présente ainsi : « Cela signifie les saturnales d’un esprit qui a résisté patiemment à une ter-rible et longue pression, – patiemment, sévèrement,froidement, sans abdica-tion mais sans espoir,- et qui se voit soudain assailli par l’espoir de guérir, par l’ivresse de guérir »35.
Cette nouvelle manière de voir les choses, Nietzsche la qualifie de fête qui survient après la maladie. Mais nous devons savoir que Nietzsche n’est pas tout à fait guéri à ce moment. La guérison dont il parle là est une guérison partielle, une guérison de l’esprit et non du corps. Il s’agit d’une résignation, lorsqu’il a constaté que l’unité de sa vie a été faite par la maladie. C’est à partir de ce moment qu’il s e donne une nouvelle vision de sa mala-die. Le problématique est de savoir comment Nietzsche va découvrir un bon usage de la maladie étant donné les problèmes qu’il a rencontrés à cause d’elle. La force ou l’énergie renaît chez Nietzsche dans les tourments de sa maladie.
D’abord, il y a la reconnaissance à la maladie de l a coopération décisive qu’elle apporte à son itinéraire spirituel, c’est- à – dire sa phil osophie. Il a su profiter la maladie au lieu de se laisser emporter seulement par la douleur. En soulignant le rôle important de la maladie dans son itinéraire, il écrit : « La maladie est toujours la réponse, lorsque nous cherchons à douter de notre droit à notre tâche, lorsque nous commenç ons à nous la rendre en quelque façon plus facile en quoi que ce soit »36.

Le nihilisme selon Nietzsche

Etymologiquement, le mot nihilisme vient du latin « NIHIL » qui signifie rien, néant, zéro. Ce terme ne fut employé dans le langage philosophique que tardivement par H Jaco-bi. Mais c’est dans l’œuvre de Nietzsche que ce mot nihilisme a pris des significations con-sidérables. Nietzsche parle du nihilisme européen ourp indiquer en quelque sorte le mou-vement historial qui a mis l’humanité face au plus étrange des phénomènes, c’est – à – dire le triomphe des forces réactives. Donc le terme nihilisme sert à désigner, chez Nietzsche, l’essence de la crise mortelle dont le monde moderne est frappé, c’est – à – dire cette dévaluation universelle des valeurs qui plonge l’humanité dans l’angoisse de l’absurde en lui imposant la certitude désespé-rante que plus rien n’a de sens. Cette vision d’ens emble du concept nous amène à nous interroger avec Nietzsche pourquoi il y a cette crise mortelle qui se manifeste par cette déva-luation universelle des valeurs, considérée comme maladie historique par Nietzsche.
Selon Nietzsche, le nihilisme surgit aussi du moment où on a prétendu appliquer au monde les catégories de sens et de totalité. Pour ueq le décadent instaure sa doctrine, il a construit un système logique qui a entraîné l’humanité à la dégradation des formes, à la perte des capacités d’assimilation et à la perte des passions. Avec l’idéalisme métaphy-sique, la doctrine du décadent n’a pas de base solide. Elle est construite sur des faux-fuyants et des mensonges.
La décadence n’aurait pas pu devenir un système idéologique, si elle n’avait pas réussi à manipuler les catégories rationnelles en les transformant en instruments incomparables de domination. Ces catégories sont des principes d’universalité qui conduisent facilement les esprits aux mêmes dogmes ; ce comportement de se laisser séduire est le phénomène qui est plus général chez les hommes. C’est en ce sens queMachiavel écrit : « Les hommes sont si simples et si faibles que celui qui veut tromper trouve des dupes. Le caractère de peuple est mobile, on les entraîne facilement vers un opinion mais il est difficile de les y maintenir »46.
Du fait de la faiblesse des hommes et de la mobilité de leur caractère, la restauration d’une nouvelle doctrine qui va contredire une autre doctrine déjà instaurée est possible. Mais il faut savoir que si la décadence va engendre le nihilisme, ce n’est pas seulement par enseignement de ce dernier, mais du fait aussi que la décadence vivait par des mensonges. C’est pourquoi Nietzsche a dit « La croyance aux catégories de la raison est la cause du nihilisme, nous avons mesuré la valeur du monde d’après des catégories qui ne s’appliquent qu’à un monde purement fictif »47.

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Table des matières

PREMIERE PARTIE NIETZSCHE ET SES MALADIES
CHAPITRE I 1 : Les Différentes sortes de maladie de Nietzsche
I 1 1 : Troubles somatiques
I 1 2 : Des troubles psychiques à la « folie » de Nietzsche
CHAPITRE I 2 : Les différents points de vue sur la maladie de Nietzsche
I 2 1 : Vie et maladie chez Nietzsche
I 2 2 : La maladie de Nietzsche et l’oeuvre
DEUXIEME PARTIE : INTERPRETATION PHILOSOPHIQUE DE MALADIE CHEZ NIETZSCHE
CHAPITRE II 1 : Valeurs ambivalentes de la maladie organique….
II 1 1 : Aspects négatifs de la maladie
II 1 2 : Aspects axiologiques de la notion de maladie
CHAPITRE II 2 : La « maladie » historique
II 2 1 : La Décadence
II 2 2 : Le nihilisme nietzschéen
II 2 3 : La mort de Dieu
TROISEME PARTIE : LE PERSPECTIVISME DE NIETZSCHE
CHAPITRE III 1 : La maladie comme initiatrice d’une nouvelle forme de pensée
III 1 1 : La maladie comme initiatrice d’une nouvelle vision de la vie … .
III 1 2 : Vers une transmutation des valeurs
CHAPITRE III 2 : la Venue de l’homme sain
III 2 1 La Volonté de Puissance
III 2 2 : L’éternel retour
III 2 2 : Le surhomme nietzschéen
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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