La libération sexuelle, la pornographie et le vieillissement du modèle conjugal 

Justification des principes choisis

Notre problématique porte sur le principe de propriété car c’est celui qui régit l’organisation de nos sociétés occidentales.
Le fait de s’approprier un bien, un objet ou une personne a probablement toujours existé chez l’Homme. C’est en tout cas l’argument naturel avancé par les théoriciens de l’économie classique. Le droit de propriété est défini comme un droit naturel selon John Locke qui pense la propriété privée comme nécessaire pour l’exercice de la dignité humaine. L’avènement du capitalisme libéral a fortement développé le commerce cequi a mené les individus, les groupes et les États à pouvoir posséder toujours plus de choses. Aujourd’hui on peut être propriétaire d’un terrain, d’une idée, d’un titre, d’une action, d’un concept, d’un animal…
Ce principe est tellement ancré en nous que l’on s’approprie même des êtres humains par abus de langage : « mon frère », « ma femme ». Et c’est à partir de là que le libertinage semble pouvoir contourner ce principe car le libertin estime que tout le monde peut « jouir de toutes les bonnes choses de la vie » et condamne par là la fidélité et la propriété du partenaire : « Abhorrons la propriété exclusive du partenaire. » . Le libertin, comme on l’a définit plus haut, est au premier sens du terme un libre penseur, il ne se sent donc pas appartenir à quelqu’un ou à une institution et c’est en cela qu’il peut être considéré comme anticonformiste. Notre interrogation est donc de savoir si le libertin se dégage non seulement de l’appartenance à une idée ou à une personne mais si il remet également en question le principe de propriété quant aux objets, au sens matérialiste du terme.

La trame de recherche

Pour mener à bien notre réflexion et proposer une forme de réponse à nos interrogations, nous suivrons une procédure rigoureuse et détaillée.
Déjà nous reviendrons sur l’Histoire et le libertinage à travers les siècles pour mieux contextualiser la place et la perception de la sexualité aujourd’hui.Nous évoquerons les pratiques de la bourgeoisie et de la royauté au 17ème siècle, jusqu’à celles des élites politiques, intellectuelles et artistiques de nos jours. Nous aborderonsl’évolution de la vision de la sexualité dans la société à travers Freud, Reich et la libération sexuelle de la fin des années 60. Cela nous mènera à démontrer l’enjeu de notre étude dans une dimension plus psychosociale en nous appuyant sur La transformation de l’intimité d’Anthony Giddens et Le nouveau désordre amoureux de Pascal Bruckner et Alain Finkielkraut. Nous replacerons ainsi la sexualité au centre du débat social.
Ensuite nous nous attacherons à saisir l’essence même de la pensée libertine afin de mieux comprendre ce qu’elle propose. Nous revisiterons la philosophie libertine du 17ème siècle et quelques tensions épistémologiques avec Christophe Girerd et Michel Onfray, toujours dans le souci de clarifier le contexte. Il en ressortira une idée plus précise du libertin et des principes qui le constituent.
Puis nous ferons une description du milieu libertin tel qu’il est aujourd’hui. Pour cela nous présenterons nos travaux de terrain et ceux de Daniel Welzer-Lang. Nous chercherons à observer quels sont ceux qui partagent aussi un état d’esprit libertin et quels sont ceux qui se revendiquent anticonformistes. Ce chapitre traitera aussi des rapports de genre et de l’aspect économique. Enfin nous conclurons dans un ultime chapitre sur les limites et les avancées du phénomène libertin et dans quelle mesure le libertinage répond aux enjeux posés.

Histoire et contextualisation

premiers auteurs – tels que Girolamo Cardano, Macchiavel ou le médecin Paracelse -qui inspireront le courant de pensée libertin. Le terme de libertin apparaît au 16ème siècle, « Calvin s’en sert pour fustiger ces gens de libre esprit»*, qui estiment que l’homme est au dessus de la morale, qu’il n’y a pas de pêcheurs. Cela fait déjà polémique ; « c’est l’autre nom de tous les gens qu’on ne supporte pas […] les hétérodoxes, les hérétiques, […] ceux qui ne croient pas bien » . A cette époque François 1er est le roi emblématique de la renaissance en France où les idées humanistes se diffusent par Rabelais, Ronsard et les membres de la Pléiade. Dans la seconde partie du siècle, c’est le scepticisme de Michel de Montaigne qui aura le plus d’influence sur la philosophie libertine , il débouche au 17ème sur un courant de pensée basé sur la remise en question de la morale chrétienne, de la science aristotélicienne et du dogme religieux. Si ce type de convictions est fortement réprimandé dans le peuple devant l’importance du religieux, il n’en est pas moins qu’à la cour du Roi Soleil les mœurs sont bien plus relâchées. Les libertins sont des lettrés ou des aristocrates. Cette figure du libertin est représentée par le célèbre Dom Juande Molière (à partir de1665) qui se moque de tout car il ne craint pas Dieu. Une tendance qui se poursuivra au 18ème siècle où Filangieri parle « des orgies de la régence et de l’immoralité de la cour de Louis XV» dans les fameuses fêtes galantes peintes par Watteau. L’écriture libertine prend alors une autre dimension au 18ème à travers le roman libertin. On citera «Les égarements du cœur et de l’esprit» de Crébillon fils ou encore «Les liaisons dangereuses» de Choderlos de Laclos. Le comportement libertin devient stigmatisé comme celui d’un séducteur qui joue avec les règles sociales. Il est d’avantage un hédoniste qu’un savant.
Cette différenciation entre libertin érudit – selon la philosophie libertine de la première partie du 17ème siècle – et désormais libertin de mœurs est amenépar l’historien René Pintard . Cependant l’émancipation vis à vis de l’autorité religieuse se poursuit par les premiers athées comme Jean Meslier ou D’Holback qui vont bien au delà de l’agnosticisme ou du déisme Voltairien. De leur côté, les philosophes des Lumières aspirent plus à un savoir et à une liberté universelle pour être considérés comme libertins sauf Diderot qui puisse être présenté en tant que tel avec l’écriture du roman « Les bijoux indiscrets». Le film « Le libertin» de Gabriel Aghion le montre d’ailleurs sous l’image même du libertin où il manie le verbe tout en promouvant les plaisirs de la chair. A la fin du siècle, le roman libertin tourne au roman érotique avec le marquis de Sade qui fût enfermé au total pendant vingt-sept ans pour séquestration, viol, sodomie, torture, dettes… Les thèmes de ses écrits sont la violence, le blasphème, l’inceste, l’athéisme qui développent son idée selon laquelle l’homme est mauvais par nature.
Après la Révolution, le pouvoir divin laisse place à la rationalisation du savoir, aux progrès de la médecine et de l’industrie. Au 19ème, les inégalités sociales comme les excès les plus voyants de la haute société s’estompent lentement.
Il s’agit désormais de rendre compte de la place de la sexualité dans la société « moderne » afin de saisir comment le phénomène libertin a refait surface et s’est démocratisé.

L’apport Freudien

Dans la seconde partie du 19ème et au début du 20ème siècle, les travaux de Freud ainsi que ses différentes collaborations sur l’inconscient, l’hypnose et le rêve le conduisent à repenser le processus psychique. Il en développe la psychanalyse autour des concepts de névrose, du complexe d’œdipe ou du refoulement.
Bien loin de nous l’idée de revisiter l’œuvre si vaste et complexe de Freud, mais nous devrons malgré tout ici nous attarder quelque peu sur l’importance qu’il accorde à la sexualité sur notre civilisation. Ses idées influenceront de nombreux penseurs de la question psychosociale.
Sigmund Freud replace la sexualité au centre de la psychologie humaineet de la société qui s’est construite selon lui sur une certaine résignation pulsionnelle.La vie en société a provoqué la répression de nos instincts originels et de nos pulsions sexuelles ou d’agressivité. La religion a le rôle d’annihiler l’amour de soi dans la culpabilité. Elle ne laisse pas de place au plaisir et à la jouissance, les relations sexuelles ne servent qu’à se reproduire. Elle nourrit donc la frustration et la perversion. Cette résignation générale peut aboutir à des névroses ; d’où la psychanalyse pour faire ressortir ces pulsions enfouies et soigner ces frustrations et cesnévroses qui engendrent le malaise dans la civilisation.
Freud pense que c’est par «l’évolution du besoin génital» chez l’homme et par la volonté des femmes de garder leurs petits en sécurité que s’est mise en place la civilisation : « par là – l’évolution du besoin de satisfaction génitale – fut donné au mâle le motif de garder chez lui la femelle, ou d’une façon plus générale, les objets sexuels ; les femelles, de leurs côtés, ne tenant pas à se séparer de leurs petits, durent dans l’intérêt de ces jeunes êtres dénués de tout secours rester auprès du mâle plus fort » . Ce sont alors mis en place les tabous et les contraintes – pour vivre en collectivité – qui ont refréné la sexualité alors qu’elle est au fondement même de notre civilisation. Ce que Freud appelle l’amour sexuel est transformé en amour universel, légitimé par la culture et la religion. Cependant, selon Freud, l’amour sexuel (pulsionnel donc qui peut être incestueux) est toujours présent dans l’inconscient des hommes ; «à l’origine, cet amour inhibé était justement des plus sensuels et il l’est demeuré dans l’inconscient des hommes» . On refoule donc ces pulsions pendant notre sommeil par exemple. Pour Freud, les instincts et les pulsions ne répondent pas aux intérêts de la vie en communauté qui nous apprend à se résigner. Il pense que c’est cettefrustration qui mènera la civilisation à sa perte ; « l’amour sexuel (génital) procure à l’être humain les plus fortes satisfactions de son existence et constitue pour luià vrai dire le prototype de tout bonheur ; et nous avons dit que de là à rechercher également le bonheurde la vie dans le domaine des relations sexuelles et à placer l’érotique génitale au centre de la vie, il aurait dû n’y avoir qu’un pas »

L’attitude libertine

De la philosophie libertine découle un mode de pensée et un mode de vie.Voyons à présent quelles en sont les particularités et les prescriptions.

La dissidence ou l’éducation libertine

Tout d’abord, le libertin du 17ème siècle est un être subversif. Il aime chambouler et désorienter les institutions et les idées établies dans le but deles remettre en question et d’amener le lecteur ou l’interlocuteur à être plus sceptique. La Mothe Le Vayer fait le portrait de personnages quasi sacrés tels que Saint Augustin ou Sénèque eten montre les mauvais côté. Gabriel Naudé va lui démontrer la façon dont la religion a été instrumentalisée à des fins politiques dans ses Considérations politiques sur les coups d’Étatsparu en 1639. Les uns comme les autres, les auteurs libertins veulent dénoncer ces impostures. En tournant les mensonges politiques et religieux en dérision ils espèrent une prise de conscience du peuple.
Dans ce sens, le libertin peut aussi être ingrat pour renverser les relations de respects communément admises (comme lorsque Cyrano décrit un monde où ce sontles enfants qui décident). Il justifie le vol par les inégalités, l’exploitation et le caractère naturel du vol : « Nous sommes tous naturellement des voleurs, nous avons tous en nous une propension à nous emparer injustement des biens des autres[…]Cette propension au vol est naturelle chez l’homme. A peine sortis du ventre maternel, nous désirons nous emparer de la pomme ou du jouet de nos compagnons . » Dans son « Dialogue traitant de la philosophie sceptique», La Mothe Le Vayer affirme que le vol était honoré chez les Spartiates, les Germains, les Ciliciens et les Égyptiens. A leur tour, à travers L’école des filles ou la philosophie des dames paru en 1655, Michel Millot et Jean l’Ange veulent faire réfléchir, et provoquer une émancipation des femmes de la tutelle familiale, maritale et religieuse. Ce roman initiatique présente une conversation à la manière d’un dialogue platonicien entre deux personnages.Mais cette fois-ci il ne s’agit pas de rompre avec son corps mais bien de renouer avec celuici. L’histoire est celle d’une femme qui essaye de convaincre sa jeune cousine Fanchon de se laisser aller avec le jeune homme Robinet en lui révélant les douceurs du plaisir de la chair. Le second dialogue se passe quelques jours plus tard, Fanchon raconte son rapport sexuel à sa cousine et toutes deux continuent à discuter de pénis, de positions sexuelles et de contraception. Suite à sa publication l’ouvrage fût condamné à être brûlé (il aurait survécu grâce à des contrefaçons hollandaises) et Jean l’Ange fût enfermé quelques mois avant d’être interdit de séjour à Paris pendant trois ans. Le roman cherche à délivrer les femmes des préjugés qu’on leur donnent au couvent sur les hommes et sur la sexualité. On retrouve donc cette volonté d’éduquer ; à cette époque «L’École des filles » constitue un véritable guide du corps sexuel qui veut faire reculerl’ignorance et l’assujettissement des femmes.

L’art du divertissement

Par ailleurs, en bon épicurien, le libertin est aussi quelqu’un qui apprécie les plaisirs de bien manger et bien boire, là où l’auberge se transforme en joyeux temple de Cérès et de Bacchus. Mais il aime également ce que Girerd appelle la promenade spirituelle. En tant que corps qui pensele philosophe libertin se doit d’errer, de promener son esprit, de le laisser flâner et aller à la rencontre de la nature . Il cultive l’art du divertissement comme un remède pour vivre heureux ; pour se détourner de ses propres maux il vaut mieux vivre hors de soi qu’en soipar la connaissance des choses étrangères et par la jouissance des plaisirs du présent.
L’anticipation du futur et la fidélité ne sont donc pas compatibles avec cette philosophie de l’instant qui prône les distractions épisodiques devant la fugacité du réel. Dans L’histoire comique de Francion, Charles Sorel (qui fréquente Théophile de Viau et donc probablement le milieu libertin) s’en prend au mariage à travers son personnage : « Il vaudrait mieux que nous fussions tous libres : l’on se joindrait avec celle qui plairait le plus, et lorsque l’on serait las, il serait permis de la quitter. » Pour les libertins le mariage est vu comme une propriété du corps de l’autre dépassée par la nature inconstante de l’être humain. On peut également y voir une critique de l’ordre de la noblesse au profit de l’égalité. C’est-à-dire que sans mariage ni fidélité il n’y aurait plus de lignée purepour légitimer les privilèges.
A partir de cette infidélité, les libertins développent le principe de l’amour conquérant incarné par la figure de Dom Juan puis de Valmont ou Casanova au siècle suivant.
L’amour conquérantest un mode de vie vagabond où les moments de drague rythment et organisent l’existence, chaque femme représentant « une forteresse dont il faut s’emparer ***». On retrouve cette idée selon laquelle il faut goûter à tout et « accueillir avec gaieté la diversité du réel ». Le libertin pyrrhonien, en cherchant et en pratiquant toutes les doctrines de pensée sans opter pour aucune, est en faite un infidèle par nature.
Ce qui importe le plus ce sont les péripéties et les obstacles rencontrés sur le chemin qui divertissent l’esprit. Même au cœur de la séduction il y voitcomme une érotique de la contrariété. Le vicomte de Valmont veut séduire Madame de Tourvel parce qu’elle est une femme de vertu, catholique et dévouée, qui montre une grande résistance. Le plaisir se trouve alors de la faire céder à ses principes religieux, comme si la nature reprenait ses droits sur le dogme. Le libertin valorise le plaisir et veut par là mettre un terme à la distanciation avec le corps. La philosophie libertine débouche donc sur une stimulation érotique comme mode de vie. La sexualité prend une place primordiale,elle doit être vue comme une pratique voluptueuse et spirituelle, un art de vivre.

Le roman libertin au 18ème

Cette tendance à valoriser un plaisir sexuel libre se développe au 18ème siècle. Les écrits libertins se font de plus en plus sous forme de romans qui racontent des scènes de séduction, des joutes verbales et des liaisons illégitimes. Dansla conscience collective, l’image du libertin ne se rattache plus exclusivement à celle d’une philosophie de vie mais d’avantage à celle d’un séducteur au verbe soigné collectionnant les conquêtes féminines. Michel Bozon analyse : « Il est certain que le libertinage était à la source une revendication de penser par soi-même sans médiation de la religion, et que le sens principalement hédoniste du terme ne s’est imposé qu’au 18ème siècle […] Lelibertinage est l’utopie d’un nouveau style de vie, fondé sur la recherche duplaisir dans les relations amoureuses.» Il ajoute cependant que« le glissement de l’idéologique à l’érotique n’a pas été aussi marqué qu’on le dit souvent. » Cette orientation est d’ailleurs en total accord avec la principale directive de la philosophie libertine qui, on l’aur compris, est s’intéresser à la variété des choses sans rechercher la véritéet de considérer les idées, les concepts et les gens comme des choses éphémères que le temps effacera.
Les relations sexuelles succinctes et diversifiées sont donc encouragées au dépit de la fidélité qui pourrait quasiment être rapprochée d’une philosophie dogmatique.
Ainsi, dans les romans libertins du 18ème siècle, l’éloge des sens et de la jouissance sont effectivement toujours rattachés à la critique de l’hypocrisie religieuse et des conventions sociales. Du Félicia ou Mes Fredaines de Andréa de Nerciat jusqu’au fameux La nouvelle Justine ou les malheurs de la vertudu Marquis de Sade , le roman libertin est porté par un fond de liberté anticléricale. « Le désir de penser par soi-mêmese prolonge en effet dans la passion du dévoilement, caractéristique de la philosophie des Lumières, à laquelle le libertinage est fortement associé », notamment à travers Diderot. On retrouve chez certains libertins du 18ème cette volonté d’éduquer -de nommer, d’expliquer les différentes parties du corps tel un mode d’emploi- déjà présente dans L’école des filles ou la philosophie des damesde Michel Millot et Jean l’Ange. Par exemple, Restif de la Bretonne dira propos de son roman libertin Les délices de l’amour: « Mon but est de faire un livre […] que les épouses pourront faire lire à leurs maris, pour en être mieux servies.» En plus, à partir du 18ème siècle, ces descriptions sont relayés par des gravures qui représentent les actes sexuels parfois obscènes . L’interdiction des ouvrages libertins leur donnent un côté fascinant, ilssont de plus en plus demandés. Ils sont donc imprimés en Angleterre ou en Hollande puis distribués clandestinement en France.

L’anticonformisme libertin

La philosophie libertine consiste selon Michel Onfray à Onfray à « réactiver l’hédonisme épicurien et lutter contre l’usage scolastique d’Aristote». Autrement dit, devant le côté éphémère de la vie qui dépasse l’Homme, il convient dene pas adopter de dogmes de pensée mais une posture ironique et d’errer à ses plaisirs les plus saugrenus. « Le libertin s’abandonne à son tempérament, à son caractère, à sa nature, à ses plaisirs. Plutôt que de renoncer à sa nature, de l’étouffer ou de la refouler,il choisit de lui donner libre cours et de l’épanouir ».Car la philosophie libertine ne présente pas seulement un discours mais aussi une manière de vivre qui en est rattachée. Bien que le libertinage du 17ème siècle soit plus subversif que celui du 18ème plus sexuel selon les catégories faites par René Pintard de libertins éruditset libertins de mœurs, il semblerait effectivement que les deux soient indissociables. Girerd et Onfray tombent d’accord sur le fait que ces individus partagent le même fond. «Le libertinage intellectuel ne peut se séparer du libertinage des mœurs : affranchir sa pensée c’est aussi affranchir sa vie. Je ne peux pas changer ou convertir mon esprit sans transformer de même coup l’ensemble de mon existence ». Et à cette époque, se réapproprier son corps et sa sexualité en dépit des conventions nécessite d’appliquer les préceptes libertins et de vivre en philosophe. Il s’agit d’une importante remise en question.
Et c’est bien en cela que la pensée libertine est anticonformiste. Le scepticisme de Montaigne, de Gassendi, de La Mothe Le Vayer nous amène à nous méfier des conventions. Girerd estime que « L’indiscipline est constitutive du libertinage […] le libertin refuse d’obéir à des règles, de respecter des emplois du temps, de plier sous le joug des contraintes scolaires, religieuses, familiales ou sociales […]ils sont réfractaires aux règlements, aux artifices sociaux et juridiques ». En cela le libertin a des conceptions différentes de celles de la majorité.

Commentaires

Une fois rentrés nos amis sont curieux de mille questions. Il en sera ainsi de la plupart des proches avec qui je parlerai de mon étude. Si la plupart des gens ne pratique pas le libertinage, ils paraissent souvent désireux d’en connaître plus sur le sujet. Intrigués et parfois même un peu voyeurs, les gens cherchent à savoir sans trop vouloir rentrer dans les détails. Comme si le libertinage était un sujet était à la fois gênant et de l’ordre du privé mais pas si repoussant. En tout cas le libertinage semble peu perçu comme une pratique de malades sexuels. Quand j’en parle autour de moi, j’ai l’impression que les gens s’en font une représentation plus amusante que sale.
Pour ce qui est de la méthodologie cela a plutôt bien fonctionné. En nous faisant passer pour un jeune couple attiré par le libertinage les gens répondent à nos questions -parfois en espérant nous initier- sans se douter que nous réalisons une enquête sociologique. Je préfère rester à couvertpour les observations car bien que les libertins nous parlent déjà souvent en bien du libertinage je pense qu’ils seront encore plus tentés d’en faire la publicité si je leur dis que je fais une étude sociologique.
La contribution de Claire a été d’une grande utilité ; avec deux cerveauxe t quatre yeux nous sommes d’une efficacité double. D’autant plus qu’en tant que femme elle a repéré des éléments que je n’aurais jamais pu remarqué comme par exemple les regards permanents et insistants de certains hommes présents.
Cependant, en reparlant de la soirée, nous nous rendons compte que nous aurions du aborder beaucoup plus de sujet comme celui de l’hygiène et de la protection. Nous devrons aussi par la suite prendre plus de recul en dialoguant davantage entre nous. Le dictaphone s’est avéré inutile à cause de la musique, sauf au coin fumeur.
Mise à part cela, étant satisfaits de la méthode employée, nous procéderons ainsi pour chaque observation de l’étude.
Pour ce qui est des individus rencontrés, nous remarquons que des profils sociaux nombreux et variés étaient représentés avec une serveuse, un ingénieur, un peintre en carrosserie, une femme de ménage ou encore une étudiante en communication.
Pareillement, il y avait aussi bien des individus issus d’un milieu rural que citadin. Nous retrouverons cette diversité dans tous les lieux étudiés et nous confortons parlà Daniel Welzer-Lang dans son idée : « il n’y a pas de réelles constantes sociologiques qui expliquent les comportements libertins» bien que l’on puisse repérer quelques portes d’entrée dans le milieu libertin comme les formes de sexualité précoces où l’envie de découvrir la bisexualité*. On note juste que les classes moyennes et supérieures sont plus représentés dans les « soirées couples » et qu’en après-midi on trouve plus de gens qui ont un emploi du temps assez souple comme des commerciaux ou des responsables.

 

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Table des matières
Remerciements
Chapitre 1 : Introduction du sujet 
1-1. Préambule
1-2. Définitions
1-3. Justification des principes choisis
1-4.La trame de recherche
Chapitre 2 : Histoire et contextualisation 
2-1 Histoire de la pensée libertine
2-2 L’apport Freudien
2-3 La révolution sexuelle de Reich
2-4 La libération sexuelle, la pornographie et le vieillissement du modèle conjugal
2-4-1 La libération sexuelle
2-4-2 La pornographie
2-4-3 Le vieillissement du modèle conjugal
2-5 La transformation de l’intimité
2-5-1 La sexualité plastique
2-5-2 L’échangisme
Chapitre 3 : La philosophie libertine 
3-1 La Découverte : fondement du scepticisme libertin
3-2 La philosophie libertine
3-2-1 Le pyrrhonisme
3-2-2 Tensions épistémologiques
3-2-3 Le libertin comme incarnation de l’errance atomique
3-2-4 L’ironie du temps
3-2-5 Retour à l’état – de nature- sauvage
3-3 Les auteurs libertins
3-4 L’attitude libertine
3-4-1 La dissidence ou l’éducation libertine
3-4-2 L’art du divertissement
3-5 Le roman libertin au 18ème
3-6 L’anticonformisme libertin
Conclusion du chapitre 3
Chapitre 4 : Le monde du libertinage actuel 
4-1- Démarche
4-2 Entrée dans le monde du libertinage
4-2-1 Méthodologie de l’observation
4-2-2 Première observation
4-2-3 Commentaires
4-2-4 Observation suivante
4-2-5 Les contours du club libertin
4-3 Le site de rencontre libertin
4-3-1 Premier aperçu : nouslibertins.com
4-3-2 Inscription sur netechangisme.com
4-3-3 Des profils variés
4-4 La méthodologie de l’entretien
4-4-1 La démarche de l’entretien directif
4-4-2 La grille d’entretien
4-4-3 Justification de la grille d’entretien
4-5 Exemple d’entretien comme base d’analyse
4-5-1 Retranscription de l’entretien
4-5-2 Retour sur l’entretien
4-6 La place de la femme dans le libertinage
4-6-1 Le contrôle masculin
4-6-2 …des femmes libérées
4-7 La place de l’argent
4-7-1 Le tabou de l’argent
4-7-2 Un libertinage consumériste
4-7-3 Les conséquences de l’argent dans le libertinage
4-7-3-1 L’exercice du pouvoir par certains
4-7-3-2 La fuite du milieu par d’autres
4-8 Les soirées privées
4-9 L’état d’esprit et les effets du libertinage
4-9-1 L’état d’esprit libertin
4-9-2 Les bienfaits du libertinage
4-9-3 Les risques du libertinage
4-10 Une pratique et un état d’esprit anticonformiste ?
4-10-1 Une pratique cadrée et privée
4-10-2 Un état d’esprit libre
Conclusion du chapitre 4
Chapitre 5 : Les limites et les réponses du libertinage 
5-1 Les limites du libertinage contemporain
5-2 Un libertinage cartésien
5-3 Filiations philosophiques
5-4 Des transformations possibles
5-4-1 La remise en question des rapports de genre
5-4-2 Un nouveau contrat conjugal
5-4-3 L’utopie et le progrès
5-4-4 La non-propriété du conjoint
Conclusion 
Glossaire 
Bibliographie

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