LA HONTE DANS L’ÉTRANGER ET LA CHUTE D’ALBERT CAMUS : LES DEUX CÔTÉS D’UNE MÉDAILLE

LA HONTE DANS L’ÉTRANGER ET LA CHUTE D’ALBERT CAMUS 

LA CHUTE : LA HONTE DE JEAN-BAPTISTE CLAMENCE

Dans le chapitre précédent, nous avons démontré comment l’absence de honte caractérisait L’Étranger; maintenant, nous tenterons de souligner sa présence fondamentale dans La Chute. Notre analyse se fera en cinq temps. En premier lieu, nous verrons comment la critique reçut l’oeuvre de Camus et nous mettrons un accent particulier sur les travaux de Jean-Pierre Martin à cet égard, plus particulièrement sur ce qu’il appelle « le complexe de Lord Jim ».
Deuxièmement, nous définirons la nature de la parole de Clamence qui est, selon nous, une confession où la honte joue un rôle primordial. Ensuite, nous mettrons en lumière l’idéal de soi de Clamence qui traduit une dynamique dominant-dominé caractéristique du roman, et comme il échoue dans l’atteinte de cet idéal, la honte surgit. Par après, nous situerons la honte proprement dite dans le roman, pour constater qu’elle est présente selon trois perspectives et nous verrons comment Clamence y répond en devenant juge-pénitent.
Finalement, nous esquisserons davantage de parallèles entre Meursault et Clamence pour confirmer notre hypothèse quant à la complémentarité des oeuvres.
Si Camus a cru bon d’expliquer les idées émises dans L’Étranger dans son essai Le Mythe de Sisyphe, nous ne pouvons pas en dire autant de La Chute. Car contrairement à L’Étranger, qui décrit, La Chute explique. Ce n’est plus une « écriture blanche » comme dans L’Étranger, parsemée de non-dits, à la narration fluide mais parfois prudente, qui suppose plus qu’elle explique, mais plutôt la voix plus que généreuse de Jean-Baptiste Clamence, véritable verbomoteur qui rarement s’arrête. Doit-on y voir ici la caractéristique de la jeunesse d’un écrivain, qui arrive à maturité avec La Chute? Peut-être.
Toutefois, on ne saurait attribuer le premier succès de Camus à la chance du débutant : L’Étranger est un roman accompli, écrit dans une intention bien précise, où rien ne semble laissé au hasard de la création littéraire. Toujours est-il que La Chute représente la fin d’une époque pour l’écrivain, arrivé à un moment où il n’explique plus ses romans dans un essai subséquent – comme ce fut le cas pour L’Étranger et Le Mythe de Sisyphe, puis La Peste et L’Homme révolté.
De plus, à la lecture du manuscrit inachevé intitulé Le Premier homme, beaucoup s’entendent pour dire que Camus, après La Chute, était passé à autre chose.
Dans La Chute, Camus ne suggère pas, il affirme. Certes, les questions qu’il propose demeurent parfois en suspens, mais son récit n’est pas métaphorique, comme peut l’être La Peste, par exemple. Du même coup, son roman ne peut être étiqueté de porte-étendard d’un cycle particulier; il semble plutôt être une synthèse de tous les thèmes abordés par Camus dans ses oeuvres précédentes, faisant ainsi de La Chute une oeuvre complexe et riche.
Dans ce sens, Pierre Nguyen Van-Huy affirmait que La Chute est « l’oeuvre de récapitulation par excellence » (Nguyen Van-Huy, 1968 :109) et cette hypothèse nous semble des plus plausibles, car à la lecture de La Chute le lecteur est témoin du discours ininterrompu de Clamence qui soulève la plupart des idées sur lesquelles Camus s’était déjà attardé dans ses autres oeuvres. Culpabilité, innocence, servitude, révolte, crime, liberté, bonheur et jugement, sont tous des thèmes présents dans ses oeuvres précédentes. À ces thèmes s’en ajoute un nouveau rarement abordé chez Camus : la honte. Toutefois, cette analyse demeure superficielle. Clamence ne disserte pas sur la honte, il n’approfondit pas son rôle, son importance et ses origines possibles. La Chute traite davantage des thèmes énoncés précédemment et n’aborde pas la honte de front. Mais à la lecture du roman, on ne peut passer sous silence la présence de cet affect ni sous-estimer son importance. Bien que La Chute ressasse les thèmes camusiens en général, c’est la honte qui guide la confession troublante de Clamence. Selon nous, toutes les autres considérations sont symptomatiques de ce malaise.
Désormais, la honte occupe une place de premier plan, elle n’est plus cachée mais bien visible. Meursault y était indifférent et ne lui accordait pas la moindre importance; Clamence, lui, y est sujet et connaîtra une chute fulgurante. Nous croyons que c’est la honte, et elle en premier, qui est responsable de cette chute et qu’elle est, en ce sens, le principal moteur du roman.

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE 1 – L’ÉTRANGER: LORSQUE L’ABSENCE DE HONTE PREND TOUTE LA PLACE 
CHAPITRE 2 – LA CHUTE : LA HONTE DE JEAN-BAPTISTE CLAMENCE
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE 
ANNEXES 

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