La Haus der Kulturen der Welt coordination de l’exposition The Whole Earth 

Répartition des compétences et polycentrisme culturel

Dans le contexte actuel, l’État fédéral allemand n’a qu’une fonction mineure si l’on compare au ministère de la Culture en France, alors que les Länder et les communes jouent un rôle prépondérant.

Le rôle pondéré du Bund

La République Fédérale d’Allemagne est le pays d’Europe qui avec la France se préoccupe certainement le plus du développement de la culture en dehors du secteur marchand, dans une démarche de service public. Pourtant le rôle de l’État reste limité dans le domaine culturel, mais semble vouloir se structurer depuis peu.
C’est à partir de 1980 qu’est créé la première organisation nationale harmonisant et représentant les intérêts de l’ensemble des professions culturelles : le Kulturrat (le Conseil culturel). Cette nouvelle création révèle la prise de conscience du Bund en matière culturelle pour pouvoir représenter ses intérêts aux sommets européens. Comme nous l’avons vu, un secrétariat d’État à la culture est créé en 1998, suite à une réflexion sur le rôle de l’État en matière culturelle. La section K « culture et médias », intégrée au ministère des affaires intérieures, a pour objectif direct de mieux coordonner certaines actions et surtout de réunir des compétences fédérales éparpillées sur neuf ministères.
Ainsi, le ministre délégué à la culture devient le représentant lors des sommets européens, relatives aux questions culturelles allemandes. Conformément à la Loi Fondamentale, certains pouvoirs sont uniquement du ressort de la fédération. D’autres lois peuvent aussi être citées à ce titre : l’acte de protection de l’héritage culturel allemand contre l’émigration à l’étranger, la loi sur la protection des artistes, la loi sur les droits d’auteur, et les lois sur le mécénat et les fondations. L’État fédéral est également compétent pour ratifier les conventions internationales comme la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
Rappelons d’ailleurs que cette déclaration garantit que « toute personne a le droit de prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, de jouir des arts et de participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent ».
Le Bunddétient la compétence d’attribution, stipulé par l’article 30 de la Loi Fondamentale et affirmant que l’exercice des compétences revient aux Länder , sauf dans certain cas prévus par la Loi Fondamentale. En ce qui concerne les compétences culturelles qui sont attribuées aux municipalités, elles sont quant à elles évoquées à l’article 28 de la Loi Fondamentale.

Le rôle majeur des Länder

Dans le République fédérale d’Allemagne, ce sont les Länder qui détiennent le véritable pouvoir politique. Pour les raisons politiques que nous avons déjà abordées dans la partie historique, la Loi Fondamentale confie notamment aux Länder la gestion de la politique culturelle ; une responsabilité des seize États fédérés qui découle de l’article 9 de la Loi Fondamentale rappelant la « Kulturhoheit », c’est à dire l’autonomie culturelle.
Robert Lacombe dans son rapport de 2004 tient les propos suivants : « chaque Land est ainsi libre d’organiser sa constitution dans le respect des règles définies par la Loi Fondamentale et légifère sur le droit communal avec l’obligation de garantir aux communes et aux arrondissements le droit de régler de manière autonome toutes les affaires communales. La prérogative des Länder la plus importante concerne l’éducation et la culture. » . Du fait que les Länder détiennent d’importantes fonctions dans le domaine culturel, en découle un tissu institutionnel culturel important et solide, et un attachement plus prononcé pour l’échelle locale. Les gouvernements locaux s’adaptent ainsi plus facilement aux contextes, aux investissements et à l’aide aux projets. On remarque ainsi que les projets de politiques culturelles sont parfois différents en fonction des Länder , puisque chaque État fédéré dispose de son propre ministère en charge de la culture, question souvent intégrée au ministère du Sport, aux Cultes ou alors à la Jeunesse. Les États fédérés peuvent donc développer des politiques culturelles plutôt indépendantes de la politique culturelle nationale ; cela pouvant même mener parfois à une certaine concurrence entre lesLänder, même s’il existe depuis 1948 une Conférence Permanente des Ministres de l’Éducation et des Affaires Culturelles des Länder qui tente de coordonner les politiques entre États fédérés.

Le pouvoir des communes

La compétence des communes, est assurée par les Constitutions des Länder , qui, en conformité avec l’article 28 de la Loi Fondamentale, reconnaît l’autonomie des Communes. C’est après la seconde guerre mondiale que les communes ont retrouvées leur pouvoir en matière d’autonomie, suite au régime centralisateur imposé par le régime national-socialiste. A partir de là, chaque commune a eu la possibilité de mettre en place ses propres politiques culturelles sur son propre territoire, en se focalisant notamment sur la démocratisation culturelle. Afin de gérer les fonctions culturelles attribuées aux communes, celles-ci ont mis en place des services culturels afin de créer et de mener un certains nombres de projets. Ainsi pour chaque ville, une politique culturelle particulière se développe dépendant aussi bien des institutions culturelles dont elle s’occupe que des diverses affinités culturelles. La carte de l’Allemagne illustre ainsi de manière flagrante la diversité des centres culturels. La capitale Berlinoise n’exerce aucune domination écrasante sur les autres villes du territoire, puisque des villes telles que Hambourg, Francfort, Munich, disposent elles aussi d’institutions qui rayonnent à l’échelle nationale.
D’après le rapport Robert Lacombe, les villes représentaient 55% des dépenses publiques pour la culture en 2002 . Si l’on s’approche un peu plus près des répartitions budgétaires, on remarque qu’entre 1974 et 1980, les dépenses culturelles publiques au niveau national ont augmentée de 66,7%, et celles des villes de 97,5% . Soulignons au passage que cette répartition se fait plus facilement à destinations des musées que des théâtres ou institutions de spectacles vivants. En réaction à cette spécificité allemande a été créé le Deutscher Städtetagou DST, réunissant plus de 500 villes allemandes afin de créer une coordination nationale. De par leur proximité avec le réseau local ainsi que les moyens financiers qui leur sont attribués, les communes constituent ainsi un échelon majeur dans la mise en place des politiques culturelles en Allemagne.

Les conséquences budgétaires de cette répartition

Comme nous venons de l’étudier, le fédéralisme allemand met en avant un polycentrisme culturel dans lequel le Bund tient un rôle mineur par rapport aux Länder.
Ces derniers ont un rôle budgétaire important. Par ailleurs les communes sont les véritables moteurs et initiateurs des politiques culturelles locales. Le ministère de la culture allemand n’est pas un ministère indépendant comme en France puisqu’il est directement rattaché à la Chancellerie. Depuis 2005, Bernd Neumann détient le statut de Ministre adjoint auprès de la Chancelière Angela Merkel, et Délégué du Gouvernement fédéral à la culture et aux médias. Il est entouré d’une équipe de 190 collaborateurs dont le siège se trouve à la Chancellerie, située d’ailleurs à quelques mètres seulement de la Haus der Kulturen der Welt.
Établissons un état des lieux des dépenses effectuées dans le domaine culturel en Allemagne. Les chiffres les plus récents publiés par le service statistique de l’État fédéral allemand datent de l’année 2010 . Ce sont donc en tout, 9,6 milliards d’euros qui ont été dépensés dans le domaine de la culture en Allemagne au cours de l’année 2010. Il s‘agit de 4,9% de plus qu’en 2009, ce qui représente environ 1,7% du budget total. Le budget dédié à la culture fut en constante augmentation jusqu’en 2010 avant de stagner depuis ces deux dernières années. Ci-dessous un aperçu des dépenses culturelles allemandes aux différentes échelles, toujours pour l’année 2010:
– Dépenses des communes : 3,65 milliards d’euros, soit 45% du budget culturel total
– Dépenses des Länder : 3,34 milliards d’euros, soit 42% du budget culturel total
– Dépenses du gouvernement fédéral : 1,2 milliards d’euros, soit 13% du budget culturel total.
Soulignons donc que se sont les communes qui dépensent le plus dans le domaine de la culture, en privilégiant plus particulièrement les théâtres, les bibliothèques ainsi que la musique. Ces trois derniers représentent d’ailleurs 55% des dépenses totales. Les plus grandes dépenses des Länders’effectuent au niveau des écoles d’art et de la protection des monuments.

Le budget culturel de la Ville-Etat Berlin

Il est intéressant de se pencher sur les moyens financiers déployés par la ville de Berlin dans le domaine culturel, dans la mesure où la Haus der Kulturen der Welt représente une institution majeure dans le paysage culturel et artistique berlinois.
En 2011, la ville de Berlin a dépensée 385 millions d’euros en faveur de la culture afin de préserver et mettre en avant son patrimoine, et ses atouts culturels. A la fois commune, Land, capitale et métropole, Berlin bénéficie d’une situation particulière dans la variété des acteurs impliqués dans l’attribution des subventions, dont font parties les arrondissements et le gouvernement fédéral allemand. Notons donc qu’au 385 millions d’euros versés par le Land de Berlin, s’ajoutent 120 millions d’euros dépensés par les arrondissements , soutenant ainsi les initiatives de proximité, certaines bibliothèques ainsi que des institutions liant art et jeunesse.
Pour une majorité d’institutions subventionnées, on remarque un décalage important entre les coûts de fonctionnement des structures qui sont beaucoup plus importants que les sommes investies dans l’aide à la création. Une partie du milieu culturel revendique ainsi une meilleure répartition des subventions adaptée à l’époque actuelle, c’est à dire avec moins de financements dédiés au fonctionnement des structures ainsi qu’à leur bureaucratie et un soutien accru aux groupes indépendants . Cette vision définissant une nouvelle répartition des financements est d’ailleurs un des arguments du parti politique allemand des Pirates qui prône aussi une refonte des financements. Ils souhaitent par exemple l’arrêt de la subvention de 40 millions d’euros versées au Deutsche Oper au profit d’une multitude de projets plus modestes. Ce débat est permanent dans le milieu culturel allemand et berlinois et fait souvent l’objet d’articles de presse.

La Haus der Kulturen der Welt, un symbole au cœur de Berlin

La Haus der Kulturen der Welt, structure d’accueil de mon stage, détient une valeur symbolique puissante, traversant la guerre froide et les relations tendues est-ouest pour ensuite se convertir en centre d´art de toutes les cultures extra-européennes.

La Salle des Congrès, symbole de la confrontation Est-Ouest

L’actuelle Haus der Kulturen der Welt (HKW), précédemment nommée Kongresshalleou Salle des Congrès, a été construite entre 1956 et 1957 à l’initiative de l’ancienne responsable du département d’État américain, Eleanor Lansing Dulles (surnommée «Mutter von Berlin» ). Contribution américaine à l’exposition internationale INTERBAU , la HKW est ensuite offerte à la ville de Berlin comme un symbole de liberté et de renforcement des relations entre l’Allemagne et les États-Unis. L’architecte Hugh Asher Stubbins Jr. a conçu le bâtiment comme une construction en deux arcs de béton armé avec un point de base commun, eux-mêmes repliés et étirés obliquement en dehors de la structure du toit afin de donner une forme faisant penser à un papillon . Celui-ci a été construit en lisière du parc du Tiergarten. Le bâtiment était à l’époque connu sous le nom de Leuchtturm der Freiheit soit « phare de la liberté» et devait faire rayonner les valeurs de l’Occident vers l’Orient. Par conséquent, la Salle des Congrès a été érigée sur une colline artificielle à quelques pas du secteur soviétique, de sorte qu’elle soit visible à partir de la partie orientale de Berlin. Le Président américain Eisenhower considérait que la Salle des Congrès devait représenter un symbole des valeurs humaines fondamentales et un outil qui s’applique à les défendre. D’ailleurs John Foster Dulles avait prononcé ces mots lors de l’ouverture de la Salle des Congrès : « Je suis convaincu que la Salle des Congrès sera d’une grande aide pour réaliser notre volonté d’attirer des grands groupes d’esprits dans la ville et d’y stimuler un échange croissant d’idées à travers des réunions et des discussions libres et donc de promouvoir les intérêts de la liberté humaine »
La construction de la salle des Congrès peut donc être considérée comme un projet avant tout politique. Symbole du modernisme post-guerre de l’ouest, la salle des Congrès a été conçue comme une réponse au néoclassicisme considéré pompeux de Berlin-Est.
La salle des Congrès avait pour vocation première d’être un forum de discussions, d’échanges intellectuels, de conférences et de débats dans tous les domaines. Le lieu était déjà apprécié pour sa dimension internationale comme étant l’un des seuls forums dans lequel étaient dispensées des traductions simultanées des conférences en cinq langues. La salle des Congrès a surtout, grâce à ses capacités techniques d’accueil, reçu les grandes rencontres internationales. Elle était d’ailleurs membre de l’A.I.P.C (International Association of Congress Centers). La grande salle a été plusieurs fois utilisée comme salle du Parlement du Bundestagafin de bien prouver l’appartenance de Berlin-ouest à la République fédérale d’Allemagne. Suite à des problèmes d’usure du bâtiment, une partie du toit s’effondre le 21 mai 1980, tuant sous ses décombres une journaliste. L’utilisation de la Salle des Congrès est donc condamnée. Etant donné l’importance politique et symbolique du lieu, une reconstruction est décidée, celle-ci ayant durée jusqu’en 1987. La Salle des Congrès a été reconstruite sous la direction des architectes Hans-Peter Störl et Wolf Rüdiger Borchardt. L’après 1989: une Maison des Cultures du Monde Avec la réouverture en 1987 ainsi que sa nomination en tant que Haus der Kulturen der Welt, Maison des Cultures du Monde, en 1989, le regard a changé. Suite à l’importance croissante de la culture dans les relations internationales, l’ancienne salle des Congrès a pris un virage soucieux des questions culturelles et artistiques. La nouvelle institution s’occupe désormais de présenter dans le cadre d’exposition, de spectacles, de débats ou de conférences les cultures extra-européennes. Le terme « culture extraeuropéenne »signifiait à son l’ouverture les cultures en lien avec le « tiers monde », qui depuis les années soixante questionne la bipolarité de l’image du monde. C’est donc dans les années quatre-vingt-dix que l’Allemagne réunifiée s’ouvre symboliquement au reste du monde suite à la chute du Mur pour s’ouvrir au système globalisé et aux acteurs de celuici. La notion de « différence culturelle » est alors comprise comme un enrichissement à travers l’échange permanent de codes, de ce qu’on nommera plus tard, le Multikulti, le multiculturalisme. Mais au cours des années quatre-vingt-dix, il est devenu d’autant plus clair que ces « autres » artistes n’avaient pas envie d’être assignés à un rôle de simples représentants de leur culture. Les artistes voulaient être considérés et perçus comme de véritables artistes et non comme des représentants d’une culture extra-européenne.
En 1989, année de bouleversements politiques mondiaux, la Haus der Kulturen der Welt a ouvert ses portes dans l’ancienne salle des Congrès. Le contenu de la programmation et le projet de l’institution était unique dans l’histoire de la République fédérale d’Allemagne. A partir des années quatre-vingt-dix, à travers son travail, l’institution a pris le parti de se positionner contre la xénophobie et pour plus de tolérance. Ce parti pris peut notamment se comprendre par la montée des voies en faveur du parti REPs d’extrême droite, ayant notamment fait du bruit avec une publicité TV montrant des enfants turcs dans le quartier berlinois de Kreuzberg, avec un fond musical de Morricone « Il était une fois dans l’Ouest »signalant la défaite du peuple Allemand face aux émigrés turcs.
Pour la HKW, la montée de l’extrême droite a donc été la base d’une ligne anti-xénophobie qu’elle tînt, mettant au centre de ces activités des réflexions conceptuelles, des discussions, des lectures, des films autour de la xénophobie en Allemagne ; une thématique alors très peu évoquée au début des années quatre-vingt-dix. Dès ses premières représentations, la HKW se pose comme une institution interdisciplinaire, proposant un programme d’exposition, de théâtre, de cinéma, de lectures et de débats.
A Berlin-Ouest depuis les années soixante, des communautés d’immigrés, notamment turcs se sont installées à l’ombre du Mur dans les quartiers de Kreuzberg, Neukölln et Wedding. L’immigration d’étudiants ainsi que l’émigration et l’exil pour des raisons de persécutions ethniques, politiques et religieuses ou bien de marginalisation économique ou culturelle, a mené des africains, des arabes, des asiatiques à Berlin. Ces communautés s’étaient bien évidemment déjà créé des lieux, des clubs, des cafés, des associations, avant que la Maison des Cultures du Monde ne se présente comme symbole ultime des peuples. Dans ses phases suivantes, la Haus der Kulturen der Welt s’est construit une réputation à travers l’engagement d’artistes et de curateurs de renoms, s’ancrant dans la scène culturelle de la ville.

Tournant de perspective et de paradigme dans les années 2000

Au lieu d’entrer dans les clichés du multiculturalisme, en présentant les cultures à travers un folklore plaisant et une « exotisation » des cultures étrangères, ce sont surtout des artistes avant-gardistes des métropoles d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine qui ont été programmés. C’est donc une nouvelle perspective qui a été donnée à la HKW, passant d’une maison multiculturelle pour tous à une institution, fer de lance des avant-gardes artistiques et politiques de ce qu’on ne nomme désormais plus comme étant le Tiers monde. Les responsables de la programmation ont créé des rapports entre l’art moderne et contemporain occidental et les villes d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine. Cette reconnaissance des artistes a notamment permis d’apporter une reconnaissance croissante à l’étranger, leur permettant d’être enfin pris en compte dans le réseau international de l’art contemporain.
Après d’importantes rénovations, la Haus der Kulturen der Welt a été ré-ouverte après un peu plus d’un an de fermeture, le 21 août 2007 pour la troisième fois de son histoire. L’intérieur a été basé sur la conception originale de l’aspect esthétique des années cinquante. Par son aspect extérieur spécifique, la HKW est aussi surnommée par les journalistes ou les guides touristiques « L’huître enceinte ». Depuis 2002, la Haus der Kulturen der Welta été intégrée au sein du KBB (Kulturveranstaltungen des Bundes in Berlin GmbH)et obtient par conséquent, des financements de la part du Ministère de la culture ainsi que par le Bureau des affaires fédérales. A ce jour, la HKW est divisée en plusieurs sections : direction, section littérature et sciences sociales, section arts plastiques et films, section musique danse et théâtre, section communication, section des publics, technique et administration centrale. Le nombre d’employés au sein de la structure est difficilement identifiable mais se situe entre 50 et 70.

Cadre administratif et financier de la HKW au sein du KBB

Création et moyens financiers accordés au KBB Administrativement, la Haus der Kulturen der Welt dépend de ce qu’on appelle communément le KBB, Kulturveranstaltungen des Bundes in Berlin GmbH . Ce dernier est une plate-forme unique dédiée au travail culturel et regroupant quatre institutions : la Haus der Kulturen der Welt, l’Internationalen Filmfestspiele Berlin , le Berliner Festspielen et le Martin-Gropius-Bau . Il peut être considéré comme une société de gestion. Le KBB a pour objectif principal de garantir une programmation culturelle professionnelle, de maintenir des échanges culturels internationaux et d’établir un dialogue continu entre des artistes du monde entier et la population locale. Derrière le KBB se trouve le Beauftragte der Bundesregierung für Kultur und Medien qui représentele secrétariat du Gouvernement fédéral dédié à la culture et aux médias.
Avec la réunification de l’Allemagne, leLand de Berlin a été confronté à la tâche difficile de réorganiser les structures historiques afin de les adapter aux besoins et aux possibilités financières d’un État qui n’avait pas encore exercé la fonction de capitale. Berlin était en effet débordée face à la richesse du patrimoine culturel et des institutions culturelles. Avec la signature de plusieurs contrats, comme par exemple « Der Hauptstadtkulturvertrag »(le contrat culturel de la capitale) signé en 2001 et prolongé dès 2007 avec « Der Hauptstadtfinanzierungsvertrag » (le contrat de financement de la capitale) signé entre l’État et le Land de Berlin, les chargés au gouvernement s’impliquent directement dans le domaine de la culture et des médias afin d’assurer «la représentation culturelle des administrations publiques dans la capitale Berlin » . Avec le premier contrat, Berlin reconnaît sa responsabilité particulière en matière culturelle et son devoir de représenter la culture de la République Fédérale d’Allemagne . Ce contrat assure, entre autres (musées et opéras nationaux par exemple), le financement du KBB et des structures qu’il encadre jusqu’à la fin 2017. Ce soutien se traduit notamment par l’assurance d’un financement via la mise en place d’un fonds financier dédié aux dépenses culturelles interdisciplinaires pour la capitale (environs dix millions d’euros chaque année).
Cette convention stipule que « pour les discussions des questions de politiques culturelles dans la capitale sera mis en place par le Land et le Bund un comité mixte spécial. Ce comité mixte peut créer un Fonds culturel pour la capitale afin de promouvoir des projets financés par l’État fédéral et réglementer l’attribution de ces fonds ». Ce fond participe en partie au financement des projets menés par le KBB.

„The Whole Earth. Kalifornien und das Verschwinden des Aussen“ // „ The Whole Earth. California and the disappearance of the outside“: présentation du projet

L’expositionThe Whole Earth présente, dans son contenu, une histoire des idées, avec un format historique narratif, conçue grâce à une riche réserve de matériaux, de documents divers (journaux, reproductions…), d’essais scientifiques et philosophiques ainsi que d’œuvres d’art d’artistes internationaux. Le projet tient son nom du « Whole Earth Catalog », une publication issue de la contre-culture américaine, californienne plus précisément, des années 1960 et 1970, comparée d’ailleurs par Steve Jobs à l’actuel moteur de recherche Googledans son discours à l’université Standford en juin 2005 . Le « Whole Earth Catalog » a été publié pour la première fois en automne 1968 par le biologiste Stewart Brand et dans lequel étaient présentés et listés des livres, des théories, des outils, des équipements, ainsi que des synthétiseurs et ordinateurs de l’époque, le tout avec les références d’origine. Cette publication était conçue comme une ressource offrant des outils utiles, inspirés des penseurs utopistes comme Richard Buckminster Fuller ainsi qu’issus du mouvement Hippie. Ce premier numéro montre sur sa première de couverture une photo satellite de la planète Terre. Déjà en 1966 Stewart Brand avait mené une campagne publique ayant pour objectif la publication de cette même photo par la NASA, étant persuadé qu’elle pourrait être un instrument indispensable pour les mouvements écologistes et sociaux de la contre-culture. L’exposition prend d’ailleurs cette photo comme point de départ donnant une vision et une conscience globale. Considérée comme ayant eu une grande influence, cette première vue de la planète terre permet effectivement une nouvelle vision, une vision « extérieure» plus globale.
Au cours des années 1960 et 1970, la Californie n’était pas seulement le centre de la contre-culture dans le domaine musical ou d’autres productions culturelles, mais aussi un laboratoire d’où provenait un foisonnement de pensées différentes. Celles-ci avaient en commun de vouloir changer la culture capitaliste via une approche utopique de la contreculture, influencée par le mouvement hippie, les mouvements environnementaux, le psychédélisme etc… Cette synthèse a été décrite dans les années 1990 comme «idéologie californienne» , dans laquelle se sont alliés des anticonformistes et des « entrepreneurs créatifs » (dont les Hippies et des Yuppies) ayant comme croyance commune le potentiel émancipateur des nouvelles technologies ainsi que la cybernétique.
Cela devait constituer la base d’une nouvelle forme de société, au-delà des structures étatiques traditionnelles dans le contexte d’un nouveau système de pensée orienté vers la communication.
L’exposition « The Whole Earth »ne se focalise pas uniquement sur le laboratoire californien à travers le prisme des arts plastiques. Au contraire, elle s’appuie sur différents matériaux et productions culturels: des journaux, des schémas, des essais, des magazines, des extraits musicaux, des vidéos et des œuvres d’art. L’exposition se découpe en sept chapitres distincts abordant des thématiques spécifiques.

Les moyens financiers de la mise en œuvre de l’exposition

L’accès aux documents internes concernant directement l’exposition « The Whole Earth »et son financement n’a pas été complexe. Même si je n’ai pas travaillé directement sur l’élaboration du budget de l’exposition, il me semble qu’un bref retour et une courte analyse de celui-ci peut être intéressant. Le budget qui va être présenté est le budget prévisionnel, mis à jour de la manière la plus précise tout au long de la phase préparatoire de l’exposition. Le budget sous forme numérique est bien évidemment beaucoup plus précis.
Le budget global du programme lié à l’exposition « The Whole Earth » s’élève à 550 000 euros (avec des dépenses optimales fixées à 600 000 euros) et se compose de 5 volets principaux : frais du personnels et travailleurs extérieurs à la structure, frais des prestations artistiques au niveau national et international, coûts de séjours transportsaccompagnements, coût de production de l’exposition et communication (comptée comme nulle dans ce budget, puisque dépendant entièrement du bureau communication de la HKW). Soulignons que les pôles « frais de personnel et travailleurs extérieurs » ainsi que « coût de production » réunissent presque la totalité du budget, respectivement 200 200 euros et 353 800 euros.

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Table des matières

Introduction 
1. La Haus der Kulturen der Welt, un centre d’art contemporain international, symbole culturel ancré dans l’histoire allemande
1.1 Le modèle allemand en matière de politiques culturelles
1.2 La Haus der Kulturen der Welt, un symbole au cœur de Berlin
1.3 Cadre administratif et financier de la HKW au sein du KBB
2. La Haus der Kulturen der Welt : coordination de l’exposition The Whole Earth 
2.1 Description et contextualisation du projet d’exposition
2.2 Organisation générale du stage professionnel au sein du pôle Arts plastiques
2.3 Expérience de stage : la coordination de l’exposition The Whole Earth
3. Analyse des nouvelles pratiques curatoriales, la place du commissaire d’exposition à travers l’exemple du commissariat de « The Whole Earth » 
3.1 Émergence d’une nouvelle figure dans le monde de l’art contemporain
3.2 Glissements de sens: cerner les nouveaux acteurs de l’exposition
Conclusion
Bibliographie

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