La gestion du risque phytosanitaire dans les systèmes de production intensive

La protection phytosanitaire se définit comme le sous-processus de production agricole destiné à la lutte contre les ennemis des cultures. En France et dans la plupart des pays industrialisés, la protection des cultures utilise des produits issus de l’industrie chimique : les pesticides ou produits phytosanitaires. Généralement ces produits sont à action préventive et sont utilisés contre les risques sanitaires : pullulations d’insectes nuisibles, développement de champignons parasites, ….. .

Actuellement, les résultats d’enquêtes et les avis des agronomes montrent que les agriculteurs utilisent trop de pesticides, eu égard au risque auquel sont exposées les cultures.

Ce type de pratique ne remet pas en cause la sécurité des consommateurs de produits agricoles car ces derniers ne supportent les effets des pesticides que la durée d’une campagne. En effet les produits phytosanitaires utilisés en France sont homologués. Cette homologation garantit que si ces produits sont utilisés de manière optimale par les agriculteurs, donc en quantité maximale en situation de risque important, ils sont sans danger pour les denrées traitées. Mais il en va autrement de l’environnement qui subit les effets des pesticides année après année. Il est donc fragilisé et exposé aux effets qui découlent de l’accumulation des pesticides et de leurs résidus.

La réaction des économistes face à cette surconsommation des pesticides est de considérer que le pesticide est un facteur de production particulier en ce sens qu’il agit directement sur la variance des rendements agricoles. Puisqu’il réduit l’aléa constitué par les attaques des déprédateurs, le pesticide est un intrant qui conjointement augmente l’espérance et diminue la variance des rendements. Dès lors, l’aversion pour le risque des agriculteurs devient le point central de l’analyse des économistes agricoles. A partir des axiomatiques de l’espérance d’utilité on montre qu’un agriculteur averse au risque accorde une prime au risque phytosanitaire sous forme de pesticides, ce qui en expliquerait pour partie la surconsommation.

Le but de travail est de montrer que si l’aversion pour le risque a un impact indéniable sur l’utilisation des pesticides et d’importantes implications en terme de politiques de régulation (Sandler and Sterbenz, 1988 et Leathers et Quiggin, 1991 ), elle n’est pas le seul facteur d’explication de la surconsommation des produits phytosanitaires. En particulier la gestion du risque phytosanitaire doit être perçue comme un sous-processus de production qui a une grande importance dans les systèmes de production intensifs utilisés en France actuellement. Les travaux menés en agronomie montrent que les pratiques culturales employées aujourd’hui: avancée des dates de semis, augmentation des densités de semis, utilisation de variétés très productives mais fragiles, utilisation massive d’engrais, … tendent à accroître les risques phytosanitaires (Meynard, 1991 ). Ce besoin de maîtrise des ennemis des cultures expliquerait en grande partie pourquoi un bassin de céréaliculture intensive tel que la France soit le troisième consommateur de produits phytosanitaires au niveau mondial.

Partant de ce constat, il est évident que l’étude de l’utilisation des pesticides doit se faire dans le cadre d’une analyse plus globale de l’utilisation des facteurs de production dans les systèmes de production intensifs (Mahé et Rainelli, 1987). Ce point est d’autant plus important qu’il tend à prouver que les mesures de régulation envisageables dans le domaine des pesticides gagneraient beaucoup en efficacité si elles tenaient compte de ce ces relations de dépendance ou de complémentarité entre les produits phytosanitaires et les techniques culturales intensives.

L’étude sera conduite à partir de l’exemple des grandes cultures (céréales, oléagineux, … ). Elle rendra explicitement compte des relations qui existent au niveau du risque de production entre l’utilisation des engrais et des pesticides. Le choix des engrais est assez naturel car ils comptent parmi les principaux facteurs d’intensification des cultures. D’autres facteurs de production auraient dû être intégrés dans l’étude mais ils sont en général difficilement mesurables en agriculture. C’est en particulier le cas pour ce qui concerne le travail et le capital.

L’information est aussi un point essentiel de l’étude du comportement de l’agriculteur dans la mesure où elle peut être considérée comme un intrant qui permet une quantification précise du risque sanitaire. Elle permet donc une utilisation meilleure des produits phytosanitaires. Ni la production, ni la demande de cet intrant ne seront étudiées ici. Cependant la place prépondérante de l’information dans l’analyse de l’utilisation des pesticides par les agriculteurs sera mise en évidence.

Les nombreux facteurs naturels qui peuvent déprécier une production agricole peuvent être répartis en deux groupes: les facteurs climatiques (gel, précipitations, …) et les déprédateurs. Dans l’écosystème que constitue la parcelle agricole, ces derniers sont les êtres vivants qui consomment, parasitent ou concurrencent les plantes cultivées. Les préjudices dus aux ennemis des cultures sont généralement quantitatifs.

Aux techniques mécaniques ou culturales utilisées autrefois pour la protection des cultures s’est substitué, dans une large mesure, l’usage de substances toxiques: les pesticides . Le terme “pesticide” recouvre donc l’ensemble des substances utilisées contre les déprédateurs des cultures. Les herbicides sont utilisés contre les adventices ou plantes concurrentes des cultures, les insecticides contre les insectes ravageurs et les fongicides contre les champignons parasites. Cette simple description définit les caractéristiques essentielles des produits phytosanitaires. Ce sont des facteurs qui n’agissent qu’indirectement sur les productions agricoles. Leur utilisation n’est justifiée que par la présence de déprédateurs, si leur action est curative ou par l’existence d’un risque phytosanitaire si leur action est préventive. Dans la pratique, la plupart des traitements sont préventifs. En effet, le temps d’action des produits et le délai de réaction de l’agriculteur face à une infestation limitent l’efficacité des traitements purement curatifs.

A partir de la fin de la seconde guerre mondiale, le développement de la chimie organique de synthèse a permis l’essor de la phytopharmacie et l’utilisation massive des pesticides en protection des cultures. L’efficacité des pesticides est, en effet, considérée comme une des composantes essentielles des hausses spectaculaires de rendement constatées depuis trente ans.

Les terres labourables couvrent 23% du territoire français. Ceci donne un ordre de grandeur des surfaces concernées par l’utilisation des produits phytosanitaires agricoles et, par conséquent, des effets indésirables liés à leur toxicité. De plus, ces terres se trouvent généralement dans les régions suffisamment humides pour permettre un bonne alimentation en eau des cultures ce qui augmente d’autant les risques de pollution des cours d’eau et des nappes phréatiques, les principaux vecteurs des pesticides dans le milieu naturel.

En 1990, près de 400 molécules, tous types de pesticides confondus, sont disponibles sur le seul marché français. Les ventes mondiales de produits phytosanitaires sont estimées à 20 milliards de dollars en 1987.

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Table des matières

INTRODUCTION
1. LES PESTICIDES ET LEUR UTILISATION DANS LA LITTERATURE ECONOMIQUE
1.1 .1. Les caractéristiques des pesticides
1.1 .2. L’importance de l’agriculture dans l’utilisation des pesticides
1.1.3. Le marché des pesticides
1.1 .4. Les pesticides, la santé publique et l’environnement
1.1 .5. Les pesticides et le processus d’intensification des cultures
1.2. L’utilisation des pesticides dans la littérature économique
1.2.1. Les pesticides et l’aversion pour le risque
1.2.1.i. L’approche générale
1.2.1.ii. L’approche fondée sur l’utilisation de la fonction de Just et Pope
1.2.2. Les pesticides et l’information
1.2.2.i. Le choix de la mesure de probabilité
1.2.2.ii. L’endogénéité des choix de traitement
Il. MODELISATION DE LA TECHNOLOGIE STOCHASTIQUE
11 .1. Les modèles de Just and Pope
11.2. Les généralisations de Griffiths et Anderson, méthodes d’estimation et applications
11.2.1. La fonction de Just and Pope à erreurs composées
11.2.2. Les méthodes d’estimation utilisées
a. Première grande étape d’estimation
b. Deuxième grande étape
i. Utilisation des carrés des résidus (sous hypothèse de normalité)
ii. Utilisation des carrés des résidus et des résidus croisés
c. Troisième grande étape
11 .2.3. Présentation des données utilisées
a. Construction des variables
b. Statistiques descriptives
1.2.4. Présentation des résultats de l’estimation de la fonction de production de Just and Pope à erreur additive sous hypothèse de normalité
11.3. Comparaisons des spécifications de la fonction de production et de leurs méthodes d’estimation
11.3.1. Comparaison des méthodes d’estimation des paramètres de l’hétéroscédasticité
11.3.2. Comparaison des spécifications : erreur additive versus erreur multiplicative
11.3.3. Comparaison avec le modèle à hétérogénéité individuelle
11 .3.4. Bilan
11.4. Critiques de la spécification de Griffiths and Anderson
Ill. INFLUENCE ET MESURE DES PARAMETRES DE L’ATTITUDE FACE AU RISQUE DES AGRICULTEURS
111.1 . Le modèle d’utilité espérée
111.1 .1. Présentation du modèle
111.1 .2. Quelques résultats de statique comparative
111.2. Estimation de l’indice absolu d’aversion pour le risque des agriculteurs
111.2.1. Présentation du modèle estimé
111.2.1. Suppression du biais d’hétérogénéité
CONCLUSION

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