La gestion des connaissances territoriales au service de l’élaboration d’un Plan de Prévention des Risques d’Inondation Le cas du Bassin de Thau

La particularité des risques d’inondation par submersion marine 

En matière de sécurité civile, des évènements marquants nous rappellent régulièrement que les situations susceptibles de perturber le fonctionnement quotidien de nos organisations sont nombreuses. « Il suffit de penser à l’explosion de l’usine AZF à Toulouse en 2001, aux inondations de la Somme en 2001, à celles du sud-est en 2002 et 2003, aux incendies d’usine de Nantes en 1987 avec l’évacuation de 35 000 personnes, de Tours en 1988 ayant entraîné la coupure d’alimentation en eau potable de la ville, mais aussi à tous les phénomènes climatiques extrêmes tels que la tempête de 1999 ou les chutes de neige de 2009 dans le Sud de la France » . Enfin, dans la nuit du 28 au 29 février 2010, la vague déferlante de la tempête « Xynthia », qui a été meurtrière (53 morts en France d’après la sécurité civile), envahissait les côtes de Vendée et de Charente Maritime, noyant sous l’eau salée plus de 45 000 hectares de terres. Moins dramatique au niveau humain, mais ayant eu de fortes conséquences matérielles, une vague déferlante s’abat, le 5 mai 2010, sur le littoral de la côte d’azur.

Les évènements affectant la population et susceptibles de déstabiliser nos organisations peuvent avoir des causes très variées :
– catastrophes majeures,
– accident « courant » (transport de matières dangereuses, incendie …),
– dysfonctionnement des réseaux (transport d’énergie, d’eau …),
– phénomènes climatiques,
– phénomènes sanitaires (canicule, méningites, légionelloses …).

Gleyze J.-F. (2001) a élaboré une classification des risques susceptibles de menacer une population à plus ou moins grande échelle. Son choix exclut d’emblée les risques individuels (risques domestiques, risques de la route, etc.). Par ailleurs, à l’instar des assurances, Gleyze J.-F. (2001) a également choisi d’écarter les risques inhérents aux guerres. Cette classification rejoint « en partie celle du Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement, qui distingue les « risques de la vie quotidienne » et les « risques liés aux conflits » des trois grands types de risques majeurs que sont les risques naturels, les risques technologiques et les risques de transport collectif » (Gleyze J.-F., 2001). Comme le note Gleyze J.-F. (2001), cette classification pourrait aussi être faite en séparant les risques naturels et les risques « anthropiques », c’est-à-dire liés aux milieux peuplés ou à l’activité humaine. Les risques technologiques, les risques urbains ainsi que les risques sanitaires et environnementaux sont classés dans cette dernière catégorie .

Quels que soient les risques, les réponses apportées doivent être rapides et adaptées afin d’éviter des conséquences matérielles ou médiatiques génératrices de crise. L’Etat français, dans son rôle de garant de la protection civile, a édité des documents pour aider les communes à réaliser des outils tels que le Plan de Prévention des Risques Naturels prévisibles. Ces guides permettent d’appréhender les notions de risques majeurs et de gestion de crise. Par ailleurs, les études effectuées amènent à une compréhension du phénomène auquel est soumis un territoire.

Le législateur définit le risque selon qu’il a pour source un évènement soit « naturel », soit « technologique ». Sans nier l’importance des phénomènes technologiques, cette recherche est centrée sur les phénomènes naturels.

De la notion de risque à la notion de risque majeur 

Il existe différentes manières d’aborder le concept du risque. De ces approches multiples découlent nécessairement des conceptions spécifiques se déclinant jusque dans les modalités de gestion qu’elles peuvent induire. Notre problématique de recherche se fondant sur la notion de risque de submersion marine, une réflexion sur les différentes définitions du risque enrichira la compréhension du concept de la gestion des risques dans le management public territorial. Nous commencerons donc par définir les différentes dimensions du concept de risque. Puis, nous aborderons les spécificités d’un risque majeur, pour les mettre en exergue dans la notion de risque majeur naturel. A défaut d’être exhaustives, ces différentes approches représentent un panel globalement représentatif des études menées sur les risques.

Le concept de « risque »

La situation de risque peut se caractériser à travers deux concepts fondamentaux, qui sont, d’une part, l’aléa (« dépendant des caractéristiques physiques du phénomène ») et, d’autre part, la vulnérabilité (« dépendant du contexte socioéconomique qui conditionne les dommages prévisibles ») (Gilard O., Givone P., 1998). En 1992, l’UNDRO définit le risque (risk) comme l’« espérance mathématique de pertes en vies humaines, blessés, dommages aux biens et atteinte à l’activité économique au cours d’une période de référence et dans une région donnée, pour un aléa particulier. Le risque est le produit de l’aléa par la vulnérabilité. La définition de la vulnérabilité est le degré de perte (de 0 à 100) résultant d’un phénomène susceptible d’engendrer des victimes et des dommages matériels ». Dans le même sens, l’observatoire de l’opinion sur les risques et la sécurité définit les risques à travers la « mesure de l’occurrence d’un évènement indésirable et/ou de la mesure associée à ses effets et conséquences » (Gilard O., Givone P., 1998). L’INERIS, dans sa circulaire sur les installations classées, définit les risques comme une «combinaison de la probabilité d’un évènement et de ses conséquences » (ISO/CEI 73), ou une « combinaison de la probabilité d’un dommage et de sa gravité » (ISO/CEI 51). Le vocabulaire associé à la notion de risque est issu du langage courant, et prête souvent à confusion. En l’occurrence, il ne fait pas l’objet d’un consensus. Pour Gleyze J.-F. (2001), « les notions mêmes d’aléa et de vulnérabilité nécessitent d’être redéfinies dans le contexte de chaque étude » (Gleyze J.- F., 2001). En effet, la vulnérabilité est parfois synonyme d’enjeux. D’après Ledoux B. (2006), « il n’est pas rare de rencontrer une acceptation particulière de la notion de vulnérabilité : celle de l’importance des enjeux exposés. Ainsi, une zone très occupée et donc comptant de nombreux enjeux (maisons, entreprises, infrastructures, …) sera considérée comme plus vulnérable. Dans l’acceptation du risque, la vulnérabilité est étroitement liée à l’occupation du sol et souvent, elle caractérise les différents types d’occupation du sol au regard de leur endommagement potentiel vis-à-vis de l’aléa considéré. Les approches de la vulnérabilité ne se contentent pas de recenser les différents enjeux exposés aux aléas mais elles proposent une hiérarchisation de ceux-ci en regard de la gravité des dommages qu’ils sont susceptibles de subir en cas de submersion. Cette notion de gravité est en général peu explicitée. Dans ce type d’approche, les terres agricoles sont classées comme moins vulnérables que les milieux urbains. Cette classification sous-tend, c’est que l’inondation des terres agricoles, quelles que soient leur nature et les cultures qu’elles portent, provoquera à surface équivalente un montant monétaire de dommage inférieur à celui provoqué par un terrain urbain » (Ledoux B., 2006).

La vision négative du risque domine actuellement. Pour autant, sa nature bipolaire intrinsèque fait l’objet de nombreuses controverses dans son sens étymologique. En effet, l’étymologie du mot « risque » n’est pas clairement établie (Rey A., 1992). L’analyse sémantique de Veltcheff C. (1996) admet que le terme de risque viendrait très probablement de l’italien et il apparaît en français au XVIème siècle. Néanmoins, comme le souligne Pérez-Diaz C. (2003), « le terme sera d’emblée polysémique comme son étymologie le laisse prévoir. Il évoque toutes les nuances allant du danger au simple inconvénient. Il recèle aussi un sens d’éventualité dans des expressions telles que se risquer, s’exposer (à une chance douteuse), avec une connotation négative ; à l’inverse il peut prendre un sens positif comme dans « cela risque de marcher » ». Une notion de probabilité est alors clairement associée à ce terme. Des expressions telles que « prendre un risque » ou « risquer le tout pour le tout » éliminent l’idée de l’impondérable et de l’imprévisible pour situer cette notion dans l’univers d’un pari, où l’individu évalue ses probabilités d’échec ou de succès. Des synonymes variés, tels que « oser », « essayer », « entreprendre » affichent clairement que la responsabilité du sujet est engagée. D’ailleurs, dès le XVIIème siècle, le droit s’est emparé du terme pour désigner l’éventualité d’un évènement futur qui causera un dommage. Il s’agissait déjà d’évaluer « le degré de responsabilité des impliqués. Le droit des assurances désigne par ce terme l’évènement contre lequel on s’assure » (Pérez-Diaz C., 2003, p. 143). Cet auteur rejoint en cela les écrits de Veltcheff C. (1996, p. 72) sur les nombreuses controverses donnant lieu à des effets de sens. «Deux orientations contextuelles s’opposent actuellement : soit il suscite l’admiration, associé à l’audace, au défi et à des valeurs héroïques (…), soit il provoque le rejet, la méfiance, assimilé à une forme d’inconscience, d’irresponsabilité ». A l’instar de son étymologie, la définition du terme « risque majeur » pose, elle aussi, des controverses que nous allons expliciter ci-dessous.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

Remerciements
Introduction générale
Partie 1 : Thèmes spécifiques aux risques et méthodologie de recherche
Chapitre 1 : La particularité des risques d’inondation par submersion marine
Chapitre 2 : Les spécificités du terrain choisi et son contexte
Chapitre 3 : La méthodologie de recherche
Partie 2 : De la gestion de la connaissance à ses limites pour l’élaboration du PPRI/Sm
Chapitre 1 : Des données aux savoirs
Chapitre 2 : De l’existant … vers le souhaité pour l’élaboration du PPRI/Sm
Chapitre 3 : Les limites actuelles de l’élaboration du PPRI/Sm
Partie 3 : Organisation(s) territoriale(s), acteurs et gestion de la connaissance autour de l’élaboration du PPRI/Sm
Chapitre 1 : Processus administratifs
Chapitre 2 : PPRI/Sm : un outil territorialisé et controversé dans la gestion locale des risques
Chapitre 3 : La mise en œuvre d’une concertation aménagée dans la gestion des risques
Conclusion générale
Table des matières
Annexes

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *