La gestion de l’information sur les chantiers

Les NTIC, une solution possible pour les problèmes de fragmentation? 

Le secteur est caractérisé par le fait qu’une multitude d’entreprises spécialisées sont réunies temporairement pour concevoir et construire des projets qui sont uniques. Une grande partie du travail consiste donc à produire et à partager de l’information afin de décrire le produit à réaliser et les instructions nécessaires pour le faire. Le processus d’échange d’information à mettre en place est donc complexe et représente un facteur important affectant la réussite du projet (Gorse et Emmitt, 2009). Or, il a été observé que les projets de construction reposent sur un processus de communication axé vers un format papier et des moyens obsolètes d’échange d’informations, tels que le téléphone, le télécopieur ou le courriel, afin de partager et d’accéder à l’information de projet (Dale, Mun et Kevin, 2005). Il a été démontré que le coût de la construction peut être réduit de 25 % par un transfert d’informations efficace (Davidson et Moshini, 1990). Paradoxalement, il a été identifié que la phase de réalisation est de loin celle qui consomme le plus d’informations et qui, malheureusement, est la moins informatisée (Tam, 1999), ce qui amène de nombreuses problématiques. Par exemple, Newton (1998) a identifié que 65 % des reprises de travaux effectués par les entrepreneurs sont attribuables à une information incomplète, inadéquate ou contradictoire, affectant les taux de productivité des chantiers .

La coordination de l’information est donc un enjeu de gestion majeur pour la réalisation d’un projet (Emmit, 2010). On constate pourtant que plusieurs recherches récentes ont indiqué que la difficulté à accéder rapidement à l’information est l’une des causes de l’écart important de productivité entre la construction et les autres industries (Löfgren, 2007; Ruwanpura, Hewage et Jergeas, 2008; Venkatraman et Yoong, 2009). Il a alors été soutenu par Eastman et al. (2011) qu’en dépit des améliorations en matière de machineries, de techniques de fabrication et de matériaux, l’industrie connaît une baisse de rendement depuis quelques décennies, alors que la productivité des autres industries s’est fortement accrue. Ils soutiennent qu’en comparaison à d’autres secteurs économiques, telle que le manufacturier, l’industrie de la construction se caractérise par ses processus de conception et de réalisation divisés, voire fragmentés. Il a été reconnu que la fragmentation organisationnelle est l’une des principales sources affectant la productivité du secteur (Elvin, 2003).

Le problème de fragmentation est pourtant un aspect connu depuis quelques décennies et ses conséquences sur la performance des projets sont bien documentées. Parmi celles-ci résulte une incohérence de l’information et la difficulté à la diffuser au sein des équipes multidisciplinaires (Eastman et al., 2011; Egan, 1998). Selon Emmit (2010), la fragmentation du secteur émane des méthodes traditionnelles, possède comme résultante une culture de travail en silo et encourage les conflits et l’insularité des intervenants. À ce propos, Forgues (2008) soutient que la performance sinueuse de l’industrie est attribuable à une mauvaise organisation du travail lors de l’ensemble des phases de construction. Il suggère alors des pistes de solutions, afin de pallier ces problématiques soit, d’une part, de revoir les structures organisationnelles autour du processus de travail et, d’autre part, d’intégrer davantage les NTIC dans les mécanismes de réalisation de projets.

En transposant ces enjeux à la phase de réalisation, on constate que les intervenants de chantier sont assujettis aux mêmes problématiques communicationnelles que l’ensemble des phases de projet, voire pires. D’abord, étant donné que de nombreuses entreprises sont réunies temporairement pour une durée indéfinie, et qu’ensuite, parce que la majorité de l’information échangée est sous un format standard papier où chacune des organisations utilise des méthodes développées individuellement. Bowden (2005) soutient pourtant que ce type de format de données occasionne d’importantes contraintes en matière de communication et d’échange d’information, puisque les intervenants de chantier doivent gérer et partager une quantité considérable de données. L’usage des TM, lors de la phase de réalisation, pourrait donc apporter des solutions intéressantes afin de faciliter l’instauration de nouveaux standards d’échange de données lors du suivi et du contrôle de projet en cours de réalisation. En l’occurrence, il a été suggéré que l’intégration des TM peut améliorer la logistique et la communication du chantier, principalement lors du processus de suivi, du contrôle de la qualité, de l’organisation des tâches, du suivi des matériaux et du partage de l’information parmi les intervenants (Changyoon et al., 2013). En parallèle, les recherches concernant les NTIC révèlent que ce type de technologies offre de nouvelles possibilités afin de faciliter cet échange d’information et d’en diminuer la redondance dans les systèmes de gestion des entreprises (Dinh et al., 2013). Il a été défini que l’usage des NTIC transforme la manière dont les informations d’un projet sont échangées et organisées, puisque l’échange et la gestion de l’information sont facilités (Chiocchio et al., 2006). En fin de compte, l’usage des TM, lorsque réunies aux NTIC, servira de tremplin vers la création de passerelles de communication entre les intervenants assemblés temporairement lors de la phase de réalisation, en réponse aux diverses méthodes de travail, issues de la fragmentation du secteur.

La gestion de construction et le traitement de l’information

Lebeau et Plourde (2003) ont défini que l’industrie de la construction représente un secteur singulier en raison de la nature temporaire de ses équipes de travail, ayant pour principale conséquence d’affecter la coordination des équipes de réalisation et de gestion de projets, en cours de réalisation. Selon Koskela (2000), le cheminement de l’information est identifié comme étant une composante essentielle affectant toutes les autres séquences d’interventions de manière importante. Les recherches conduites par Koskela (2000) démontraient l’importance de la gestion de la production en phase de réalisation et ont identifié que le processus de production, en vigueur dans le secteur, néglige l’aspect de la circulation de l’information. Pourtant, il a été reconnu que la mauvaise gestion de l’information a un impact sur le processus de décision, résultant ainsi d’importantes pertes de temps et d’argent lors de la phase de réalisation (Lucas, Bulbul et Thabet, 2013). En outre, Lucas, Bulbul et Thabet (2013) indiquent que cette situation est liée à une coordination inefficace et inadéquate de l’information et est causée par une communication insuffisante, inopportune, imprécise et contradictoire lors des diverses interventions. Appuyant ces propos, Crotty (2012) affirme que la nature des problèmes de communication dans le secteur de la construction est reliée, d’une part, à la qualité de l’information et à la manière dont celle-ci est générée et, d’autre part, à la façon dont cette information est partagée. Crotty (2012) affirme alors que le secteur de la construction ne réussit généralement pas à atteindre ses objectifs budgétaires et ses planifications en raison de la mauvaise qualité de l’information produite en cours de réalisation. Par conséquent, l’auteur mentionne que deux éléments seraient la cause de cette inefficacité. D’abord, celui-ci soutient que les cibles à atteindre, en cours de réalisation, sont généralement mal fixées, voire indéfinies, et qu’ensuite, l’évaluation du travail effectué est inefficace. Parallèlement, Winch (2010) affirme que la réalisation de projet de construction est principalement la gestion de l’information et que cette administration facilite la prise de décisions par les intervenants. Il affirme conséquemment que la disponibilité et la précision de l’information facilitent le processus de décision bonifiant ainsi la productivité. À ce propos, l’étude de Saram et Ahmed (2001) montre que l’accessibilité et la transmission de l’information sont des enjeux critiques au succès des projets, considérant le fait que l’information soit de qualité et en quantité suffisante. Par exemple, Ruwanpura, Hewage et Jergeas (2008) ont identifié que 45 % des travailleurs de chantier affirment que les problèmes de communication entre les intervenants de gestion et les travailleurs affectent la productivité des chantiers.

Finalement, en s’appuyant sur les travaux menés par Koskela (2000), la réussite des projets de construction repose en majorité sur l’aspect communicationnel entre les différents intervenants. Paradoxalement, il mentionne qu’il ne semble pas avoir de mécanismes favorisant la coordination et la collaboration entre les acteurs clés d’un projet. De nombreux chercheurs estiment alors que l’intégration plus importante des technologies de l’information et de la communication (TIC), dans le secteur de la construction, résulterait d’une meilleure organisation ainsi que d’une gestion et d’un traitement de l’information plus efficaces, et ce, non seulement lors de la phase de conception et de planification, mais également lors de la phase de réalisation (Almohsen et Ruwanpura, 2011; Crotty, 2012; Winch, 2010).

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Table des matières

INTRODUCTION 
CHAPITRE 1 LA GESTION DE L’INFORMATION SUR LES CHANTIERS
1.1 Les NTIC, une solution possible pour les problèmes de fragmentation?
1.2.2 Le concept d’interopérabilité
1.3 L’introduction des NTIC sur les chantiers, solutions et enjeux
1.3.1 Les problématiques de gestion de l’information sur les chantiers
1.3.1.1 L’environnement de la phase de réalisation
1.3.1.2 Le processus de mise à jour des données
1.3.1.3 L’accès à l’information
1.3.2 L’évolution des solutions
1.3.2.1 Les PDA : Personal Digital Assistant
1.3.2.2 Les ordinateurs pour le chantier (i-Booth)
1.3.2.3 Le Building Information Modeling (BIM)
1.3.2.4 Les technologies mobiles et les technologies nuagiques
1.4 Discussion : les problématiques d’adoption
1.4.1 L’hétérogénéité et la nature temporaire des équipes de chantier
1.4.2 La division de la recherche sur les processus et les NTIC
1.4.3 La difficulté de repenser les pratiques dans des
chaînes d’approvisionnement
CHAPITRE 2 MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE 
2.1 Stratégie de recherche
2.2 Phase 1 – Enquête provinciale
2.2.1 Méthode de collecte
2.2.2 Échantillon
2.2.3 Analyse des données
2.3 Phase 2 – Études de Cas
2.3.1 Méthode de collecte
2.3.2 Échantillon
2.3.3 Analyse des données
CHAPITRE 3 PHASE PRÉLIMINAIRE – PROJET PILOTE 
3.1 Description – Phase préliminaire
3.2 Intervention
3.3 Sommaire d’intervention
3.3.1 Technologie
3.3.2 Organisation
3.3.3 Processus
3.4 Leçons apprises
CONCLUSION

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