La gestion de la mangrove de la reserve naturelle d’interet communautaire de la somone

L’écosystème mangrove est très riche en ressources. Ces ressources sont utilisées par les populations qui vivent à proximité de ces milieux. Cet écosystème joue un rôle écologique, économique et social. Les populations entretiennent des rapports avec cette ressource à travers leurs activités socio-économiques (cueillette, pêche, tourisme, etc.). La mangrove est cependant menacée du fait des facteurs naturels comme le déficit pluviométrique de ces dernières années et des facteurs anthropiques tel que l’exploitation abusive des ressources par les populations. C’est dans ce contexte que différents acteurs s’intéressent à la gestion de la mangrove de la Réserve Naturelle d’Intérêt Communautaire de la Somone (RNICS). Cette prise de conscience des acteurs de l’importance environnementale de la mangrove a conduit à l’érection de la lagune en réserve. Le principe de la gestion participative s’intéresse à la conservation de la mangrove à travers les programmes de restauration, de développement d’autres activités génératrices de revenues (les balades payantes, l’ostréiculture, le tourisme etc.). La population joue un rôle déterminant dans la gestion des ressources naturelles de la Réserve Naturelle d’Intérêt Communautaire de la Somone à travers les activités de reboisement, de nettoyage la lagune. Leur contribution significative a valu aujourd’hui la restauration de certaines surfaces de mangrove de la RNICS. C’est également sous cet angle que nous avons jugé nécessaire d’analyser le niveau d’implication des populations dans les stratégies de gestion.

PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE 

Contexte de l’étude

Les zones humides disposent d’énormes potentiels biologiques. Elles se définissent comme un écosystème complexe composé de végétaux, principalement ligneux, qui ne se développent que dans la zone de balancement des marées sur les côtes basses des régions tropicales. Dans le monde, les formations de mangroves se trouvent dans 124 régions littorales marines tropicales. En Afrique, la mangrove couvre de vastes superficies notamment au Nigéria, Cameroun, Gabon, Sénégal, en Sierra Léone et Guinée. Au Sénégal, elle apparait à Saint-Louis, au Delta du Saloum, en Casamance, sur la Petite Côte. Les explorateurs européens ont longtemps décrit la mangrove comme un milieu non vivable mais, aujourd’hui, elle est considérée comme une ressource importante au plan écologique, socio économique et biologique pour les populations qui vivent dans ce milieu. En effet la mangrove constitue une réserve immense d’oxygène, protège les littoraux et sert de lieu de reproduction, de protection et de nurserie pour la faune aquatique. Au plan socio-économique, la mangrove est utile pour l’homme grâce à ses produits halieutiques (poissons, crustacés, huitres) et d’approvisionnements en bois de chauffe, en bois de charpente pour la construction de maison. Du point de vue biologique, elle regorge une faune riche variée avec des mammifères, des oiseaux (pélicans, aigrettes, flamants roses…) des poissons, des crevettes, des crabes, des mollusques, des insectes qui assurent diverses fonctions.

Cette richesse attire les populations mais l’écosystème mangrove est menacé par les effets du changement climatique et les activités anthropiques. Cette menace interpelle la communauté internationale. La conservation et la gestion durable de la mangrove sont devenues une préoccupation majeure pour la communauté internationale du fait du recul des superficies occupées par cet écosystème. Ce dernier a subi de très importantes menaces à cause de l’exploitation anarchique de bois, de la pêche abusive, de l’aménagement, de la sècheresse …Face à cette situation le Sénégal à l’instar des autres pays africains et du monde a ratifié un ensemble de conventions, d’accords internationaux et régionaux pour lutter contre la forte exploitation des ressources naturelles, et surtout pour protéger les zones humides et côtières. Dans ce contexte, la convention de Ramsar (Ramsar, 1971 qui est d’une importance internationale), le programme de l’UNESCO sur l’homme et la biosphère (MAB, 1971) et la convention sur la diversité biologique (Rio, 1992) posent les bases de l’utilisation durable et de la conservation de la diversité biologique. Ces dernières ont été remarquables dans la protection des zones humides et côtières. Malgré la ratification de ces différentes conventions, l’évolution des superficies de mangrove au Sénégal a connu une baisse pendant ces dernières années. Les superficies passent de 169.000 ha en 1980 à 102.000 ha en 2010, soit une baisse de 39,64% (CSE 2010) . La dégradation de l’écosystème mangrove a un impact sur la biodiversité (des espèces animales et végétales) et sur les activités socio économiques. La littérature sur la mangrove montre (Marius Claude 1985, Agbogba et Al., 1985) que la réduction des formations de mangrove du Sénégal est due, en grande partie, à des facteurs naturels mais aussi anthropiques tels que les systèmes d’aménagement non conformes. C’est dans ce contexte de dégradation de cet écosystème que le Sénégal a mis en place un important réseau d’aires protégées et gérées par la Direction des Parcs Nationaux (DPN) pour assurer la gestion de ces ressources. C’est dans ce cadre que la lagune de Somone a été érigée en aire protégée. La lagune de la Somone est un sanctuaire pour les oiseaux migrateurs et source de revenus pour plusieurs villageois vivant de l’exploitation de ses potentialités (bois, mollusques, huîtres, pêche, tourisme, pharmacopée, etc.). Entre 1967-1969 un phénomène d’obstruction s’est produit. Ce même phénomène réapparaît en 1987 du fait de la même cause, mais il est très vite contré par le creusement d’un chenal par le Génie Militaire. Ce colmatage entraine une dégradation progressive et rapide de ce milieu (destruction de la mangrove, diminution des ressources halieutiques, diminution de nombreuses espèces halieutiques: huitres, coquillages etc.).

Aujourd’hui la mangrove lagunaire fait partie d’un espace protégé de 7km². D’autres facteurs contribuent aussi à la dégradation de ce milieu. Parmi ces facteurs, nous avons les épisodes de sécheresses des années 1970 qui ont accentué la diminution des surfaces de mangrove et causé un déficit pluviométrique. Il y a aussi la salinisation des eaux causées par les nouveaux aménagements en amont du bassin versant et l’extraction du sable marin. Le prélèvement de sable au niveau de l’estran et du cordon sableux contribue aussi à la dégradation avec l’avancée de la mer et de l’érosion côtière. A cela s’ajoute la pauvreté avec l’exploitation massive des ressources naturelles et celle de la mangrove en particulier, exerçant une forte pression sur le bois de palétuviers pour la construction de charpente de maison, plafonnage et aussi le bois de chauffe,… La forte exploitation s’exerce aussi sur les produits halieutiques (poissons, crevettes, crabes). Durant ces dernières années, Somone connait un dynamisme socio-économique considérable, compte tenu de sa position géostratégique, notamment sa proximité avec la côte. Ce qui entraine un essor d’activités touristique, aquacole, industrielle… Ces activités contribuent au développement de Somone. Tous ces facteurs font que cet espace intéresse beaucoup d’acteurs.

Le caractère multi- acteurs de la gestion de la Réserve Naturelle d’Intérêt Communautaire de la Somone en fait à la fois une innovation et une spécificité en matière de gestion des aires protégées au Sénégal. Ces acteurs interviennent dans la préservation de la mangrove. Parmi ces derniers se dégagent les Collectivités Locales, les Agents des Eaux et Forêts, le GIE des volontaires et surtout l’action remarquable du Groupement de Promotion Féminine (GPF). Le GPF est constitué de femmes des villages environnants de Somone, Guéro, Thiafoura et Sarokhassap. Les femmes de ces trois villages, dans les années 1990, fortes de leurs expériences en matière de conservation de ressources forestières, notamment de reboisement de mangrove autour de la Réserve Naturelle de Popenguine (RNP) décident de reprendre la tradition de coopération entre les villages. Ces dernières ont contribué à la régénération, à la protection et au développement de leur localité malgré les pressions naturelles et anthropiques.

Cependant les menaces pressantes (exploitation intense des ressources, pressions physiques) ont conduit à la création de la RNICS par acte de délibération N°003 /CRS du conseil rural de Sindia en date du 19 Octobre 1999 et approuvée par le sous-préfet de Sindia le 25 Octobre 1999. La création de la réserve entre dans le cadre d’une prise en charge et une protection des milieux naturels tels que la mangrove de la lagune de Somone. Elle est à cheval entre la nouvelle Commune de Somone (créée 2008) et la Commune de Sindia. La réserve est située à 65km sur la route de Dakar entre 14°30 et 14°50 de latitude Nord et 17° 10 de longitude Ouest, en aval du bassin de la Somone. Elle appartient à la région de Thiès, département de Mbour, Commune de Somone depuis 2008. La réserve est ceinturée par trois villages (Guéréo, Thiafoura et Sarokhassap) et sur la rive Sud et à l’Est par la Commune de Somone. Elle débouche à l’Ouest sur l’Océan. Les activités socio économiques pratiquées sont nombreuses: la pêche, l’élevage, l’agriculture, l’arboriculture, le commerce, le tourisme, l’artisanat etc.

La RNICS renferme une biodiversité des espèces animales et végétales. Vue son importance, la zone fait de nos jours, l’objet d’une surveillance pointue et plusieurs projets ont été exécutés pour assurer la gestion de la mangrove. Malgré ces projets et ces mesures, la pression humaine est toujours d’actualité. C’est dans ce contexte que cette étude est intéressante à mener, dans la mesure où elle apportera des éléments explicatifs de la vulnérabilité de la mangrove face aux pressions anthropiques et aux facteurs naturels. Elle s’intéresse aussi aux rôles des acteurs, aux stratégies de gestion de la mangrove et à l’impact des stratégies de gestion utilisées par les acteurs.

Justification 

L’étude de la gestion des ressources naturelles en générale, celle de la mangrove en particulier est une question environnementale qui préoccupe les acteurs politiques et les scientifiques. En effet, les milieux de mangrove considérés comme répulsifs que l’homme pouvait détruire pour ses besoins en aménagement urbain, en agriculture, besoins énergétiques et parfois pour son divertissement, sont devenus attractifs. Cette utilisation anarchique de ces milieux a entrainé une prise de conscience des personnages qui s’inscrit dans le cadre d’une approche participative des acteurs. Cette recherche va permettre de produire un ensemble de réflexions sur la thématique «Acteurs- Environnement- Développement» En ce sens, elle pourrait servir de support même si elle n’est pas exhaustive, à d’autres chercheurs qui s’intéresseraient à la problématique de la mangrove. Nous avons choisi Somone parce qu’elle est un exemple de cogestion. La forte implication des acteurs dans la gestion a permis de constater une remontée biologique considérable et une forte régénération de la flore, en particulier l’écosystème mangrove. Cette étude permettra d’identifier les acteurs, de voir les stratégies de gestion et mesurer l’impact de l’implication des acteurs dans la gestion de la mangrove de la RNICS.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET OPERATOIRE
CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE
CHAPITREII: CADRE PHYSIQUE, HUMAINE ET DYNAMIQUE ORGANISATIONNELLE
DEUXIEME PARTIE : ETUDE DES STRATEGIES DE GESTION ET IMPLICATION DES ACTEURS
CHAPITRE III : ETUDE DES STRATEGIES DE GESTION
CHAPITRE VI : L’IMPLICATION DES POPULATIONS ET EVALUATION DES STRATEGIES DE GESTION UTILISEES PAR LES POPULATIONS
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHE

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