LA FONCTION DE CHIEN DE BERGER

LA FONCTION DE CHIEN DE BERGER

Apparition du genre Canis puis du Loup gris (Lignereux, 2006)

C’est à la fin du Miocène (10-8 mA) et surtout au Plio-Pléistocène (5-2 mA) que les Caninés se diversifient. Le genre Canis apparaît en Amérique vers 7-5 mA. D’autres formes profitent de la formation de l’isthme de Panama (à partir de 4,6 mA) pour investir, il y a 3 mA, l’Amérique du Sud et s’y diversifier: ce sont les « renards » sud-américains. Canis davisii passe le détroit de Behring, et gagne l’Eurasie et l’Afrique pour aboutir aux espèces canines actuelles de l’Ancien Monde. Vers 1,7 mA, on trouve en Europe trois espèces, de taille moyenne: C. falconeri, C. arnensis, et C. etruscus (que l’on a pensé être l’ancêtre du Loup, mais qui serait plutôt celui du Chacal). Parallèlement se développent des espèces américaines: C. lepophagus, à l’origine du Coyote (C. latrans); C. edvardii, proche du Loup rouge (C. rufus, qui se sépare de C. latrans vers seulement 300 000 ans); et C. ambrusteri, proche du C. falconeri européen, peut-être à l’origine de C. dirus (le chien « effrayant »). Le Loup gris, Canis lupus, apparaît en Eurasie il y a environ 1 mA.

On ne sait pas s’il est venu d’Amérique ou si, au contraire, l’espèce est née en Eurasie et s’est installée par la suite en Amérique, il y a 750 000 ans. Toujours est-il que les loups nord-américains actuels descendraient de loups venus d’Asie il y a seulement 300 000 ans. La répartition géographique étendue du Loup, espèce très adaptable, se traduit par un nombre élevée de sous-espèces (une quarantaine). Ainsi, les Loups arctiques, au pelage clair et épais, sont plus grands et massifs que les Loups d’Inde ou d’Arabie, qui ont un poil plus sombre et presque ras.

Hypothèses sur l’origine du chien

C’est Isidore Geoffroy Saint-Hilaire (cité par Rousselet-Blanc, 2000) qui, vers 1835, crut le premier pouvoir faire dériver plusieurs races de chiens domestiques du chacal doré. Konrad Lorenz, prix Nobel de physiologie et de médecine en 1973, et père de l’éthologie, reprend cette théorie dans son ouvrage Tous les Chiens tous les Chats (1970). Selon lui, l’homme a domestiqué le chacal du temps de sa sédentarisation dans les cités lacustres autour de la mer Baltique, il y a 20 000 ans; on y retrouve les traces les plus primitives du chien, le « chien des tourbières » (Canis familiaris palustris) qui ressemblait au Loulou de Poméranie.

Le chacal n’existant plus alors dans ces régions, Lorenz voit là la preuve que l’homme a entraîné ce « chien domestique à sang de chacal » dans sa migration vers le nord européen. En 1971, Atkins et Dillon (cités par Teroni et Cattet, 2004), d’après une étude d’anatomie comparée du cervelet, estiment que le chacal est l’ancêtre le plus probable du chien. En 1976, Hubert et Keller (cités par Rousselet-Blanc, 2000) remarquent que certains traits morphologiques de la tête rapprochent le chien du chacal plus que du loup. Enfin, le zoologiste Bouquegneau rejoint en 1977 cette thèse, affirmant que dans certaines circonstances, le chacal a un comportement social qui ressemble à celui du chien (cité par Teroni et Cattet, 2004).

Un croisement loup-chacal?

C’est l’hypothèse de Darwin (1859, cité par Rousselet-Blanc, 2000), père des théories modernes sur l’évolution des êtres vivants. Par ailleurs, Lorenz (1970) pensait que, si la plupart des races canines descendent du chacal, en revanche les races nordiques et les Chow-Chow ont été obtenues par croisement de chiens à sang de chacal avec des loups nordiques. Cette théorie est actuellement largement réfutée car, si le croisement est possible en captivité, en revanche, dans la nature les deux espèces s’évitent (Rousselet-Blanc, 2000).

Hypothèse d’un chien originel Cuvier (1810, cité par Rousselet-Blanc, 2000) l’avait déjà évoquée. Selon Pfeffer et Haay (cités par Teroni et Cattet, 2004) le chien descend d’un canidé du Pléistocène (50 000 ans). Ce chien ressemblerait fortement au dingo: taille moyenne, oreilles dressées, poil fauve fréquemment marqué de blanc aux extrémités. Hypothèse séduisante du fait que livrés à eux-mêmes, les chiens de tous pays retournent vers ce type: ce sont les chiens « marrons » ou Pariahs que l’on retrouve aussi bien en Asie qu’en Afrique ou en Amérique du Sud.

Mais cela tient moins quand on sait qu’il n’est pas un pays où l’on ait retrouvé ce chien à l’état sauvage (à l’exception du dingo mais qui serait probablement un ancien chien domestique): comment l’homme préhistorique aurait-il pu domestiquer l’espèce entière et éliminer la « fraction rebelle » alors que, même à notre époque, les autres espèces de canidés n’ont pas pu être éradiquées? (Rousselet-Banc, 2000).

Date des premières domestications

Les plus anciennes traces de relations entre l’homme et le chien remontent au Mésolithique, vers 14 000 ans av JC. A partir de cette époque, des restes canins étroitement associés à des ossements humains sont exhumés dans différents sites. Au Moyen-Orient, dans le village natoufien de Mallaha (Israël), des chiens sont enterrés à côté des maisons, mais on découvre aussi les restes d’un humain dont la main est posée sur le thorax d’un jeune canidé, indiquant sans conteste les liens étroits qui existaient déjà il y a environ 13 500 entre l’homme et le chien. A Oberkassel, en Rhénanie (Allemagne), une mandibule, longtemps considérée comme celle d’un loup, est trouvée dans une sépulture datée d’il y a 12 000 av JC. Une nouvelle étude a montré qu’il pourrait s’agir d’un chien domestique.

En Thuringe (Allemagne), dans la Kniegrotte, des restes de canidés différents du loup sont découverts dans les couches magdaléniennes (11 000 ans av JC) de la grotte.

En France, dans l’Isère, des restes d’un chien domestique datant d’environ 10 000 ans av JC sont mis au jour. Des ossements datant de 10 000 ans av JC, retrouvés dans la grotte de Palegawra (Irak), sont aussi identifiés comme appartenant à un canidé domestiqué. En Australie du Sud-Est, des restes de dingos datés de 10 000 ans à 8 000 ans av JC sont retrouvés dans la grotte de Madura. En Angleterre, c’est dans le site de Starr Car que des restes de chiens datés de 7500 ans sont exhumés. Quant à ceux trouvés à Amaglemose, au Danemark, ils sont datés de 6500 av JC.

En Chine, les restes découverts à Cishan (dans le Hebei) datent d’un peu plus de 7000 ans. En Amérique, c’est sur le site de la Danger Cave, à Windover (Utah), et sur celui du Jaguar Cave, dans l’Idaho, que des restes datant d’environ 8000 ans sont découverts; d’autres traces de domestication du chien, un peu plus récentes, vers 6500 av JC, sont trouvées sur le site de Koster dans l’Illinois. Si les preuves archéologiques font remonter la domestication du chien à 15 000 ans, en revanche les études génétiques la repoussent encore bien plus loin dans le passé: en effet la très grande variabilité génétique chez le chien est telle qu’elle n’aurait pu s’établir qu’en 100 000 ans au moins. Ce décalage pourrait s’expliquer par l’hypothèse d’une longue cohabitation « prédomesticatoire »: le loup aurait pu fréquenter l’homme pendant très longtemps sans que son comportement et sa morphologie ne se modifient pour autant.

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE : ORIGINE DE LA FONCTION DE CHIEN DE BERGER
A- LES ORIGINES DU CHIEN  
– Origine des canidés
— Premiers carnivores
— Premiers Canidés
— Apparition du genre Canis puis du Loup gris
– Hypothèses sur l’origine du chien
— Le chien descend du chacal
— Un croisement loup-chacal?
— Hypothèse d’un chien originel
— Le chien descend du loup
– Domestication du chien
— Qu’est-ce que la domestication?
— Date des premières domestications
— Processus de domestication
B- PREMIERES UTILISATIONS DU CHIEN  
– Le chien éboueur
– Le chien de consommation
– Le chien de garde
– Le chien de chasse
– Le chien de guerre
– Le chien de compagnie
C- TRAVAIL DES CHIENS SUR TROUPEAU
– Les premiers chiens de troupeau: des chiens de défense
– Distinction entre chien de défense des troupeaux et chien de conduite
— Des répartitions géographiques différentes
— Deux types morphologiques distincts
— Des aptitudes et qualités différentes
– Techniques utilisées avant le chien de conduite
– Émergence des chiens de conduite
— L’origine: Islande et îles Féroé
— Progression dans les îles britanniques
— A la conquête de l’Europe continentale
— Une diffusion tardive vers la Méditerranée et l’Europe centrale
– Facteurs expliquant cette diffusion
— La disparition des grands prédateurs
— L’évolution du paysage rural
– Caractéristiques comportementales des chiens de berger
– – Base comportementale: l’instinct de chasse
— Génétique et comportement
— Mise en évidence de l’hérédité du comportement
— Étude sur les qualités bergères
— Comparaison des caractéristiques comportementales des chiens de berger avec les autres races
– Panorama ethnique européen
— L’Europe continentale occidentale
— Les îles britanniques
— L’Europe centrale et méditerranéenne
— Les Bouviers suisses
— L’Islande et la Scandinavie
– Effectifs des races bergères en France
PARTIE : ORIGINES DES RACES ACTUELLES DE CHIEN DE BERGER
A- LES BERGERS FRANCAIS
– Premières descriptions
– Premières tentatives de différenciation des races bergères
– Reconnaissance de  races distinctes: le Berger de Beauce et le Berger de Brie
– Le long processus de reconnaissance du Berger picard
– Le Berger des Pyrénées, dernier berger français à être reconnu
B- LES BERGERS BELGES
– Ebauche d’un premier standard
– Sélection d’une couleur spécifique par type de poil
– Conséquence: création d’un deuxième Club
– Acceptation de  variétés par la Société Royale Saint Hubert
– Devenir des différentes variétés
C- LE BERGER ALLEMAND
– Premières descriptions
– Le Berger allemand, un chien-loup?
– Premières tentatives d’uniformisation des races bergères allemandes
– Von Stephanitz pose les fondations de la race
– Naissance du Berger allemand moderne
D- LES BERGERS BRITANNIQUES
– Premières traces de présence de chiens de troupeaux dans les îles britanniques
– Premières mentions des bergers d’Écosse dans la littérature
– Origine du nom « Colley » ou « Collie »
– Anciens types de Colleys
– Le Border Collie
– Le Colley
– Le Bearded Collie
– Le Berger des Shetland
– Les Welsh Corgi Pembroke et Cardigan
– Le Bobtail
E- LES BERGERS D’EUROPE CENTRALE ET MERIDIONALE
F- LES BOUVIERS SUISSES
– Des origines incertaines
– Premières descriptions
– Heim s’intéresse aux Bouviers suisses
– Le Bouvier Bernois
– Le Grand Bouvier suisse
– Le Bouvier d’Appenzell
– Le Bouvier d’Entlebuch
G- LES BERGERS NORDIQUES
– Le Berger d’Islande
– Le Buhund norvégien
– Les Bergers lapons
– Le Spitz des Wisigoths
H- SYNTHESE: RELATIONS DE FILIATION ET DE PARENTE ENTRE LES RACES
BERGERES
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
CREDITS ICONOGRAPHIQUES

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