La dynamique des systèmes agraires

Faune et végétation

   Sur le plan des formations végétales, la Boucle du Mouhoun enregistre des nuances du nord au sud. En effet, au nord dans le secteur sud-sahélien, la végétation évolue de la steppe arbustive à la steppe arborée et au sud, à la savane. Au centre dans le secteur nord soudanien, dominent les savanes arbustives et arborée, les formations mixtes des vallées associées aux cultures. Enfin, au Sud dans le secteur sud-soudanien, s’étend la savane arborée à boisée avec des forêts galeries le long des cours d’eau (RSP, 1994). Ces dernières sont des agrosystèmes relevant d’une agroforesterie de type traditionnel (parc). Elles sont constituées de Vitellaria paradoxa, de vieux parcs à Feidherbia albida, de Lannea microcarpa, de Scleocarya birrea, Prosopis africana (TRAORE, 2001). Ces formations végétales servent de gîte à une faune assez riche et variée (cf. figure n°4). Elle est constituée en grande partie de petits gibiers (lièvres, antilopes de petite taille, rats, écureuils, tourterelle). Le gros gibier rencontré est formé essentiellement de quelques troupeaux d’hippopotames, de buffles, d’éléphants (espèce intégralement protégée), de phacochères, d’hyènes, de lions et de panthères. Ainsi, cette végétation très peu dense expose les sols aux aléas climatiques. Cela amplifie les phénomènes de lessivage et d’encroûtement (TRAORE, 2001).

Disponibilité en matériels agricoles

   La production de matériels aratoires et leur maintenance sont essentiellement assurées par des forgerons locaux qui ont reçu une formation professionnelle, soit au CNPAR ou au CESAO à BoboDioulasso, soit dans les ateliers mieux équipés à Dédougou (TRAORE, 2001). Le même auteur (TRAORE, 2001) ajoute que les producteurs se ravitaillent également, en matériels aratoires au niveau de la DPA et de certains ateliers de Bobo-Dioulasso (CNEA, APICOMA,) ou à Dédougou. Il signale par ailleurs que les artisans locaux souffrent d’un manque d’outils performants d’atelier. Ce constat autorise PALE et OUEDRAOGO (1998) à avancer que la performance des structures locales de production d’équipements agricoles est limitée par des problèmes d’accès à une main d’œuvre qualifiée et d’équipement.

Système agraire

   Un système agraire est un mode d’exploitation du milieu historiquement constitué par l’homme, un système technique adapté aux conditions bioclimatiques d’un espace donné, et répondant aux besoins et conditions sociaux du moment (MAZOYER, 2002). Ce concept considère l’agriculture comme une activité d’artificialisation du milieu, entendu par là les transformations de l’environnement opérées par les agriculteurs. En effet, les agriculteurs ont différentes formes de mise en valeur des composantes de l’environnement. Ces formes varient d’une société à une autre et évoluent en fonction des évènements vécus par chaque société. L’emplacement de la zone par rapport au reste du pays, les différentes politiques de développement menées dans la zone, son accès au marché et ses relations avec l’extérieur sont autant de facteurs qui influencent les pratiques des agriculteurs. L’analyse de ces facteurs permet de situer et de caractériser les différents systèmes agraires dans le temps. Elle permet de comprendre et d’expliquer leur évolution successive jusqu’à nos jours

Système de culture

   Un système de culture est un ensemble de modalités techniques mises en œuvre sur des parcelles traitées de manière identique (MAZOYER, 2008). Le concept de système de culture s’applique à l’échelle des parcelles qui sont exploitées de la même manière. Il se caractérise par une homogénéité dans la conduite d’une culture sur un ensemble de parcelles : mêmes espèces, association de cultures, mêmes successions culturales, mêmes itinéraires techniques. L’analyse des systèmes de culture nous permet de décrire les choix et pratiques des agriculteurs en matière de production et modes de production végétales, d’en évaluer les performances techniques et économiques et d’émettre des hypothèses sur les raisons qui poussent les agriculteurs à opérer certains choix. Pour se faire, nous avons tenu compte des paramètres suivants :
• Le mode de combinaison des espèces dans l’espace, en d’autres termes l’assolement : il peut avoir plusieurs raisons, il peut être un moyen de lutte contre les prédateurs, de diversification des sources de revenu et de minimisation des risques dus aux alias climatiques (grâce à la diversification des espèces). L’assolement peut être fait aussi dans le sens de rendre plus flexible le calendrier de travail ;
• Le mode de combinaison des cultures dans le temps, parfois cyclique : on parle dans ce cas de rotation. La rotation peut avoir plusieurs raisons, elle dépend surtout des caractéristiques de la parcelle : pente, altitude, types de sol, leur texture, leur structure, la disponibilité en eau et le mode de reproduction de la fertilité. La rotation peut être aussi un moyen de lutter contre les adventices.
• Un ou des itinéraires techniques, c’est-à-dire l’ensemble des pratiques culturales ordonnées dans le temps, appliquées à une culture ou une association de cultures depuis la préparation du terrain jusqu’à la récolte. Il nous permettra de déterminer les pointes de travail et les facteurs qui contraignent les producteurs à limiter les surfaces en telle ou telle culture ainsi que les techniques développées pour lever ces contraintes dans certains cas. L’analyse des performances techniques et économiques et le mode de reproduction de la fertilité nous permettrons de comparer les différents systèmes de culture et de mieux appréhender les raisons d‘être de chaque spéculation dans le système de culture.

Systèmes de culture et d’élevage

   A partir de la typologie, les entretiens semi-directifs réalisés auprès d’agriculteurs choisis de façon pertinente au sein de la population nous ont permis de comprendre de façon plus approfondie le fonctionnement de ces exploitations. Leur analyse a nécessité une décomposition des activités agricoles en systèmes de culture et d’élevage dont on a évalué les performances intrinsèques. Ainsi, nous avons analysé les différents systèmes de culture et d’élevage mis en pratique sur le finage villageois et cherché à savoir pourquoi ils sont mis œuvre : quels avantages ils présentent ? Quelle est leur rentabilité ? Quels sont les moyens et conditions nécessaires pour les réaliser ? Des entretiens avec les agriculteurs et l’observation de leurs cultures et élevages ont été les outils de travail utilisés. Les systèmes de culture sont compris par la définition de l’assolement, par la compréhension de la rotation et enfin par l’étude de l’itinéraire technique. A cet itinéraire technique correspond un temps de travail en homme jours (la journée de travail étant de 8 heures) et un rendement. Le mode de restitution de la fertilité a été analysé pour chaque système de culture. Un calendrier cultural et un calendrier de travail sont dressés par système de culture. Les entretiens sont ici semi directifs, un seul agriculteur est interrogé dans la cour de l’exploitation ou sur la parcelle. Les différentes techniques de cultures sont observées sur les parcelles. Les systèmes d’élevage sont compris par l’analyse des caractéristiques du troupeau, par leur mode de conduite et d’alimentation, par la reproduction, l’identification et l’évaluation de la quantité et de la qualité des produits obtenus. Les ressources disponibles pour l’élevage sont localisées et les difficultés d’accès identifiées. Un calendrier de conduite de troupeau, un calendrier de travail et un schéma de fonctionnement démographique par système d’élevage sont construits. Trente cinq entretiens ont permis d’identifier et de caractériser les différents systèmes de cultures de la zone.

Cuirasse latéritique et sol gravillonnaire (Zinka)

   Au Sud-Est, au sommet des escarpements, nous sommes sur une cuirasse ferralitique de plusieurs mètres d’épaisseurs, formée à partir de la roche gréseuse sous jacente. Cette cuirasse résulte du lessivage des argiles, des ions calcium et de l’accumulation du fer. Aucun sol n’est présent. Dans les escarpements, on remarque de gros blocs de cuirasse latéritiques détachés de l’amont par l’érosion. Un sol gravillonnaire se forme peu à peu en descendant avec des blocs de plus en plus petits. Au pied des escarpements la roche gréseuse affleure par endroit, recouverte en partie par les gravillons de latérites venant de l’amont. L’altération de la roche gréseuse donne naissance à des sols sableux peu épais car entraînés par la pente (relativement encore élevée au pied des escarpements) lors des fortes pluies. Toute cette zone se caractérise donc par un sol peu épais, voir inexistant où alternent zone gravillonnaire avec gros blocs de latérite et zone sableuse avec blocs de grès. La pente est élevée donc l’érosion est importante par ruissellement. Tous les matériaux emportés par la pente se retrouvent au niveau de la plaine et viennent donc enrichir les sols. D’autres petites collines où affleure la cuirasse ferralitique découpent la zone d’étude du Nord-Ouest vers le Sud-Est. La roche gréseuse plus en profondeur n’affleure pas à ce niveau. Le sol formé sur et autour des collines est gravillonnaire (Zinka). Il est issu de la dégradation de la cuirasse en amont. Ce sont des sols rouges dus à la présence d’hématite conséquence d’un régime hydrique contrasté où alternent humidité forte et sècheresse (OUEDRAOGO, 1995). Ce sol est dur et peu perméable à l’eau qui ruisselle le long de la pente. Il est difficile à travailler.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR LE MILIEU D’ETUDECHAPITRE I : CONNAISSANCE DU MILIEU 
CHAPITRE I : CONNAISSANCE DU MILIEU 
1.1. Milieu physique
1.1.1. Topographie et sol
1.1.2. Climat
1.1.3. Faune et végétation
1.2. Milieu humain
1.2.1. Population
1.2.2. Organisation administrative et sociale
1.2.3. Echanges économiques des exploitations avec le milieu extérieur
1.2.4. Disponibilité en matériels agricoles
1.2.5. Systèmes de culture
1.2.5.1. Cultures céréalières
1.2.5.2. Cultures de rente
1.2.5.2.1. Le coton
1.2.5.2.2. Les autres cultures de rente
1.2.5.3. Les cultures maraîchères
1.2.6. Elevage
1.2.6.1. Les effectifs
1.2.6.2. Soins vétérinaires
CHAPITRE II : DEFINITION DE QUELQUES CONCEPTS
2.1. Système agraire
2.2. Système de culture
2.3. Système d’élevage
2.4. Troupeau
2.5. Système de production
DEUXIEME PARTIE : METHOLOGIE ET MATERIELS
1.1. Méthodologie de l’étude
La démarche proposée ici pour connaître et comprendre le fonctionnement des exploitations agricoles est systémique. C’est-à-dire qu’elle mobilise différentes disciplines comme l’agronomie, l’économie et la sociologie, mais ce n’est pas là sa véritable originalité. Elle repose surtout sur le postulat de l’interaction de tous les éléments qui composent la réalité que l’on étudie. L’analyse systémique porte donc autant sur les interactions que sur les éléments eux-mêmes (FERRATON et TOUZARD, 2009).
La démarche va du général au particulier. Elle comporte différentes étapes qui portent sur des échelles d’analyse de plus en plus fines. Chaque étape apporte une série de questions qui ne trouveront de réponse qu’en changeant d’échelle d’analyse. Le niveau de détail que l’on cherche à chaque étape est ainsi déterminé par l’étape précédente (FERRATON et TOUZARD, 2009)
1.1.1. Lecture du paysage
1.1.2. Entretiens historiques
1.1.3. Systèmes de culture et d’élevage
1.1.4. Systèmes de production
1.1.5. Modélisation économique
1.1.6. Seuil de survie
1.1.7. Restitution
1.2. Matériels utilisés
TROISIEME PARTIE : RESULTATS ET DISCUSSION
CHAPITRE I : CARACTERISTIQUES DE L’ECOSYSTEME DE LA ZONE D’ETUDE
1.1. Localisation de la zone d’étude
1.2. Le climat
1.3. Géomorphologie et pédologie
1.3.1. Relief
1.3.2. Sols et toposéquence
1.3.2.1. Cuirasse latéritique et sol gravillonnaire (Zinka)
1.3.2.2. Les sols sableux (Binsiri)
1.3.2.3. Les sols argilo sableux (Zinsablè)
1.4. Hydrographie
1.5. Zones agro-écologiques
1.5.1. Le bord du Mouhoun : Badara
1.5.2. Les Terres sableuses : Binsiri
1.5.3. Les Bas fonds, ravines et marigots
1.5.4. Les collines gravillonnaires
1.5.5. La plaine de Bina
2.6. L’habitat
CHAPITRE II : HISTOIRE AGRAIRE DE LA ZONE D’ETUDE
2.1. Avant 1900 : une agriculture quasi-inexistante
2.2. De 1900 à 1920 : une agriculture en éclosion
2.3. De 1930 à 1960 : retour à Koumana, apparition des cultures de rente, impôts de capitation
2.4. De 1960 à 1970 : deux types d’exploitations, une innovation
2.5. De 1970 à 1980 : les grands changements
2.6. De 1980 à 1990 : expansion de la culture attelée, diminution des jachères, semis en ligne
2.7. De 1990 à 2000 : valorisation des bas fonds et ravines, fixation des terres
2.8. A partir de 2000 : de nouvelles techniques de production
CHAPITRE III : LES SYSTEMES DE CULTURE ET D’ELEVAGE
3.1. Les systèmes de culture
3.1.1. Les principaux systèmes de culture
3.1.1.1. Les systèmes de culture avec coton
3.1.1.2. Systèmes de culture céréaliers
3.1.2. Les systèmes de culture secondaires
Il s’agit des systèmes de culture constitués par les champs de case et les champs des Peulh. Les champs de case sont représentés par la mise en culture des parcelles situées autour des cases et entre les concessions. Ils ont des superficies d’environ 0,5ha et sont le plus souvent cultivés en maïs. Ce choix a plusieurs raisons : l’importance de la matière organique grâce aux déchets ménagers et aux déjections animales réduit de plus de la moitié les consommations intermédiaires occasionnées par ce système (50kg de complexe NPK plus 50kg d’urée à l’hectare). Or à éléments fertilisants suffisants le maïs à un rendement plus de deux fois supérieur à celui des autres céréales (mil, sorgho), donc la VAB est plus élevée. De plus lorsque le maïs arrive à maturité il peut être directement vendu à frais sur le marché et constituer une source de liquidité en période de soudure ou être autoconsommé si la famille traverse une période de disette. C’est pourquoi d’ailleurs les champs de case sont cultivés avant les champs de brousse. Le coton n’y est pas cultivé à cause des traitements insecticides qui lui sont appliqués et qui sont très dangereux pour la santé des hommes et des animaux
3.1.4. Plantations
3.2. Systèmes d’élevage
3.3. Activités de transformation
À côté des activités agricoles proprement dites, il existe des activités de transformation de certaines matières premières comme le sorgho, les fruits de néré et de karité. Le sorgho est transformé en bière locale « dolo ». Les graines de néré sont transformées en soumbala et les noix de karité en beurre
La totalité du dolo est vendue, le soumbala et le beurre sont en partie autoconsommés et le reste est vendu au marché local de Koumana
CHAPITRE IV : LES SYSTEMES DE PRODUCTION
4.1. Systèmes de production
Huit systèmes de production ont été identifiés dans la zone à partir de la combinaison des systèmes de culture et d’élevage. Les paramètres qui ont été pris en compte sont essentiellement la taille des parcelles, des familles, le niveau d’équipement, le degré de combinaison des différents systèmes de culture et d’élevage et leur diversité
OUEDRAOGO en 1995 avait distingué trois grands types d’exploitations : le type 1 possédant une superficie supérieure à 10ha et dont la production est en grande partie orientée vers le marché, le type 2 possédant une superficie inférieure à 10ha avec une production plus basée sur l’autosuffisance alimentaire que sur le marché et enfin le type 3 avec une superficie inférieure à 5ha basée sur l’autosuffisance alimentaire. Cela s’explique par le fait qu’il s’était basé sur deux critères à savoir la taille des parcelles et l’orientation de la production vers le marché
4.2. Analyse économique des systèmes de production
4.2.1. Système de production à haut revenu basé sur l’élevage
4.2.2. Systèmes de production à système de culture et d’élevage diversifiés
4.2.3. Systèmes de production légèrement au dessus du seuil de survie
4.2.4. Systèmes de culture en dessous du seuil de survie
4.3. Modélisation économique et comparaison des systèmes de production
Conclusion générale

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