La dynamique de l’ancrage dans les espaces périurbains

Le périurbain comme un espace hétérogène qui se démarque de la ville

   Le périurbain peut tout d’abord être considéré comme l’ensemble des communes qui se trouvent tout autour d’un pôle urbain. C’est l’espace qui fait l’intermédiaire entre la ville et l’espace urbain d’un côté, et la campagne et l’espace rural de l’autre. En effet, l’espace périurbain rassemble les communes de densité peu élevée ayant une faible présence d’équipements, d’emplois et de services. Ces communes s’étalent en direction des terrains agricoles tout en étant assez proches de la ville centre. Enfin, c’est un espace où prédomine l’habitat pavillonnaire. De plus, l’espace périurbain est fortement hétérogène au niveau de sa composition. Le périurbain le plus proche de la ville centre est dominé par l’habitat pavillonnaire et l’organisation des emplois, des transports tend à être englobé par l’agglomération. Au contraire, le périurbain lointain a une densité plus faible et est caractérisé par l’éloignement des aménités nécessaires et des pôles d’emploi ainsi qu’une accessibilité moins importante.

Le périurbain caractérisé comme l’espace de la mobilité

   D’autres définitions du périurbain mettent davantage l’accent sur la mobilité importante au sein de cet espace. C’est une aire où la mobilité  automobile est importante, où le taux de motorisation, et même la multimotorisation, est plus élevée qu’au sein de la ville centre. En effet, en 1999, 44% des ménages périurbains disposent de deux voitures ou plus contre seulement 16% dans la ville centre. C’est aussi une aire polarisée par des migrations pendulaires , entre la ville centre où se trouve l’essentiel des services, des emplois et des commerces et l’espace périurbain où sont dispersés les habitants. Par ailleurs, l’INSEE définit cet espace à partir de ces migrations pendulaires : « l’espace périurbain regroupe les communes ou les unités urbaines pour lesquelles 40% ou plus des actifs résidant dans une de ces communes vont travailler dans l’aire urbaine ». L’aire urbaine regroupe le pôle urbain, d’un seul tenant et sans enclave, qui offre au moins 10 000 emplois et la couronne périurbaine. L’INSEE détaille cette définition en rajoutant un zonage qui différencie les communes périurbaines en trois catégories :
 les communes périurbaines des aires urbaines : ce sont les communes qui n’appartiennent pas à une unité urbaine, mais dont 40% ou plus des actifs travaillent en dehors de la commune de résidence pour aller travailler dans une des communes de l’aire urbaine.
 les communes périurbaines des aires d’emploi de l’espace rural : ces communes ont les mêmes caractéristiques que les communes périurbaines des aires urbaines à l’exception qu’elles se trouvent autour d’un pôle rural, distincts des pôles urbains, qui offrent au moins 1500 emplois. Sont distingués aussi les petits pôles qui offrent entre 1500 et 5000 emplois et qui ne font pas parti d’une couronne d’un autre pôle urbain, et les moyens pôles qui concentrent entre 5000 et 10 000 emplois.
 les communes périurbaines qui sont multipolarisées : ce sont les communes dont 40% ou plus des actifs vont travailler quotidiennement dans deux pôles urbains ou plus.

Le périurbain comme un espace marqué par un mode de vie particulier

   Le mode de vie des périurbains est principalement marqué par une mobilité importante qui est adoptée par l’ensemble des habitants. Certains auteurs, comme Brunet, déclarent que le périurbain est autour de la ville et fait en réalité parti de la ville du fait d’activités et de modes de vie similaires à ceux de la ville. Les modes de vie urbain et périurbain sont considérés comme similaires, c’est-àdire que les activités pratiquées et leur mobilité sont semblables. Par ailleurs, L.Cailly propose de dégager un mode de vie quotidien qui serait commun à l’ensemble des périurbains et qui permettrait de le différencier du mode de vie citadin. Cette caractéristique, appelé le « pack périurbain », serait composé de sept critères qui décrivent la manière de vivre au sein de cet espace et le lien que ces habitants entretiennent avec la ville. Tout d’abord, comme dit dans la partie précédente, le périurbain est l’espace de la mobilité. Ainsi, la mobilité des périurbains est plus importante que celle des citadins quelque soit le motif de déplacement (ville mobile). Cette mobilité est d’autant plus importante au fur et à mesure que l’on s’éloigne de la ville centre. Elle se réalise essentiellement en voiture, moyen de locomotion qui est souvent perçu comme la solution de facilité, ou l’unique solution pour se déplacer (ville automobile). Ce choix est dû à une mauvaise desserte des autres modes de transport et aussi à l’éloignement des zones d’emploi et de services qui se concentrent pour la plupart dans la ville centre. Les habitants de l’agglomération tourangelle privilégient les déplacements en direction des centralités urbaines périphériques qui sont des zones plus accessibles du fait de la présence de grandes voies de communication, car elles regroupent des centres commerciaux et des services nécessaires aux habitants. De plus, les déplacements des habitants périurbains sont souvent organisés selon un parcours en boucle avec l’habitation comme point de départ et d’arrivée et l’ensemble des destinations planifiées tout au long du trajet (ville en boucles programmées). Les périurbains font des trajets en boucles programmées pour éviter de faire des allersretours incessants. Ces déplacements entraînent une organisation de l’espace de vie selon un réseau (ville réseau). En effet, les équipements nécessaires aux habitants ne se situent pas au même endroit. Les habitants du périurbain fréquentent donc différents espaces ce qui forme un réseau propre à chaque individu. Ce réseau peut être modifié du fait que l’habitant du périurbain peut faire le choix entre plusieurs équipements (ville du « choix »). Aussi, ces déplacements ont également des destinations différentes selon l’activité que l’habitant souhaite réaliser. En effet, les activités sociales élémentaires se situent au niveau des centres locaux, les activités spécialisés au sein des centralités périphériques et enfin les activités les plus rares au cœur de l’agglomération. La ville et son périurbain s’organise donc selon un modèle polycentrique (ville polycentrique). De plus, l’habitant périurbain souhaite habiter proche de son lieu de travail, lieu où il se dirige le plus souvent. Ainsi, il choisirait un secteur d’habitation, souvent délimité par des obstacles (rocades, autoroutes, fleuves) assez proche de ce lieu de travail : la ville est ainsi sectorisée (ville sectorisée). C’est les cas par exemple de Tours Nord au nord de la Loire ou encore de Tours Sud au sud du Cher). Enfin, le périurbain se divise en cinq échelles de référence de tailles variables, déterminées par l’individu qui les occupent de diverses façons, selon leur souhait et le but de leur déplacement (ville multiscalaire). En effet, le domicile est l’espace à plus petite échelle qui est le plus fréquenté. Puis, l’espace de la commune souvent valorisé est le lieu de promenades et de scolarisation. Ensuite, l’espace du pays correspond aux bassins de vie et aux centralités urbaines périphériques regroupant des services et des équipements plus importants. L’échelle du secteur est aussi abordée et elle correspond aux navettes domicile-travail. Enfin, l’échelle de l’aire urbaine, échelle la plus grande, correspond à l’ensemble de l’agglomération et est investi dans de rares cas. Ces sept figures résument la spatialité des périurbains et cet ensemble se dévoilerait plus comme une conséquence indirecte du choix d’habiter cet espace plutôt que l’adaptation immédiate de ces habitants pour combler leurs besoins. Le périurbain est par ailleurs identifié comme le territoire par excellence, pour les classes moyennes10, un refuge11 pour ceux qui veulent accéder à la propriété en maison individuelle. C’est un territoire qui est aussi propice aux jeunes familles qui veulent fonder leur « foyer » et accéder à la propriété. Ces trois définitions ont l’avantage de déterminer le périurbain à l’appui de critères très différents les uns des autres. Néanmoins, les seuils d’appartenance restent floues ce qui rend sa définition complexe.

Une caractérisation de l’habiter par un couplage des concepts qui déterminent l’ancrage

   La relation première entre l’espace de vie et l’homme est l’habiter, c’est-à-dire le fait « d’avoir son domicile en un lieu ». En effet, les personnes, avant de pratiquer les lieux, vont se loger et se sédentariser dans cet espace et ensuite organiser l’ensemble des pratiques et des déplacements à partir de ce lieu d’habitation. Or, habiter un lieu ne signifie pas seulement se loger. La notion d’habiter, dans le sens résider sur Terre, est « la manière dont les hommes sont dans le monde ». « C’est [la construction de] votre personnalité, [le déploiement de] votre être dans le monde qui environne et auquel vous apportez votre marque et qui devient vôtre » . En poussant plus loin, habiter est le fait d’occuper habituellement un lieu, c’est-à-dire que c’est le moment où les relations entre les actions réalisées par l’homme et les offres proposées par le lieu sont fortes ce qui entraîne une approbation et un investissement au sein de cet espace. Ainsi, cette notion s’inscrit à la fois dans l’espace et la durée. L’approche de l’habiter passe par l’étude de la pratique des lieux géographiques. En effet, l’objectif est de savoir ce que les hommes font avec le lieu afin de leur donner un sens chez l’homme. Cette étude passe par l’identification des lieux fréquentés, c’est-àdire le moment, la fréquence et le motif de déplacement, afin de déterminer les lieux connus et familiers des lieux étrangers. C’est dans ce cadre que l’ancrage prend tout son sens. En effet, la fréquentation et l’investissement du lieu passent par les questions liées à la mobilité, mais aussi à l’appartenance et l’attachement au territoire qui déterminent le degré d’investissement et les émotions affectées à la pratique des lieux.

L’ancrage et ses différentes dimensions

   L’espace d’ancrage est avant tout un point de référence17, un lieu central, générateur à partir duquel s’organise le territoire et où se structure l’espace de vie de l’individu. L’ancrage a ainsi le sens de « prendre racine » en un lieu pour ensuite pouvoir se développer et s’investir dans l’espace qui l’entoure. Le logement est le plus souvent considéré comme le point d’ancrage au territoire, le lieu de ressourcement « dont on ne peut dans certains cas que difficilement se départir» et dont on insinue un fort attachement. Or, d’autres formes d’ancrage existent. En effet, Elsa Ramos, différencie l’ancrage « en dur » de l’ancrage à disposition20. L’ancrage « en dur » s’exprime dans un lieu particulier (une maison de vacances ou une maison d’enfance) et est souvent à l’origine de tiraillements lorsque ce lieu d’ancrage et le lieu de vie sont distants. Au contraire, l’ancrage à disposition se traduit au niveau des objets (objets familiaux, photos) que l’individu peut apporter avec lui. Cette disposition implique que l’individu ne peut pas forcément être ancré à un seul lieu. Par exemple, le fait d’avoir une résidence secondaire loin de son lieu de vie entraîne un fort ancrage et de fortes attaches aux deux résidences. Par ailleurs, l’individu peut être ancré à plusieurs lieux à la fois. En effet, « le fait d’être de plusieurs lieux, de se sentir devenir soi-même en changeant d’espace peut constituer l’élément fondateur qui leur permet de s’investir en un lieu même provisoirement ». L’ancrage peut ainsi se traduire en plusieurs lieux ou objets qui ont un sens pour l’individu. De plus, l’attachement au territoire et l’ancrage sont étroitement liés. Néanmoins, ce dernier contient d’autres dimensions qu’il faut prendre en compte : l’appartenance au territoire qui permet l’organisation du réseau socio-spatial et la mobilité, résidentielle et quotidienne, « dans leur sens (…), leurs significations et leur direction », qui permettent de détailler les pratiques des individus dans le territoire et ainsi le degré d’ancrage. Par conséquent, l’ancrage peut s’expliquer selon deux concepts comprenant :
 L’appartenance au territoire qui consiste à l’évaluation des relations sociales entre l’individu et les autres habitants du territoire périurbain.
 L’attachement au territoire qui touche au domaine affectif de l’individu vis-à-vis du territoire et de ce qui le compose.

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Table des matières

INTRODUCTION
1. Le périurbain tourangeau : un espace aux frontières floues
1.1. Le périurbain : une définition complexe
1.1.1. Le périurbain comme un espace hétérogène qui se démarque de la ville
1.1.2. Le périurbain caractérisé comme l’espace de la mobilité
1.1.3. Le périurbain comme un espace marqué par un mode de vie particulier
1.2. Une tentative de délimitation du périurbain tourangeau
2. La relation entre le lieu habité et l’homme : l’ancrage d’un individu au territoire
2.1. Une caractérisation de l’habiter par un couplage des concepts qui déterminent l’ancrage
2.2. L’ancrage et ses différentes dimensions
2.2.1. L’appartenance au territoire : entretien de relations sociales et
appartenance à un groupe social
2.2.2. L’attachement à un territoire
2.2.3. L’ancrage territorial et mobilité comme couple ambigu
2.2.3.1. Deux concepts de la mobilité
2.2.3.2. L’ancrage et la mobilité : dualité déterminant l’investissement de l’individu au territoire
2.2.4. L’ancrage : deux dimensions qui s’entrecroisent ou qui sont incompatibles ? Quel est l’implication de la mobilité dans l’ancrage ?
3. Vers une catégorisation des modes d’habiter
3.1. La réalisation d’entretiens et de relevés GPS
3.2. La mise en place de la grille d’analyse pour déterminer l’ancrage d’un individu au territoire périurbain
3.3. La diversité des modes d’habiter le périurbain
3.3.1. La diversité spatiale du périurbain
3.3.2. La diversité sociale du périurbain
3.4. Une catégorisation possible des modes d’habiter et sa conséquence sur l’ancrage
3.4.1. Les figures de souffrance
3.4.2. Les figures équilibrées
3.4.3. Les figures métapolitaines
3.5. L’application aux entretiens réalisés
3.5.1. La présentation du panel
3.5.2. Le choix des entretiens
3.5.3. Exemple de T1 : une personne surinvestissant le logement et sa commune de résidence
3.5.3.1. Détermination de la mobilité de T1
3.5.3.2. Détermination de son appartenance au territoire
3.5.3.3. Détermination de son attachement au territoire
3.5.3.4. Détermination du mode d’habiter et de l’ancrage de T1
3.5.4. Exemple de J1 : une personne ayant une forte appartenance au territoire
3.5.4.1. Détermination de la mobilité de J1
3.5.4.2. Détermination de l’appartenance au territoire
3.5.4.3. Détermination de l’attachement au territoire
3.5.4.4. Détermination du mode d’habiter et de l’ancrage de J1
3.5.5. Exemple de L1 : une personne surinvestissant la commune de résidence et les pôles périphériques
3.5.5.1. Détermination de la mobilité de L1
3.5.5.2. Détermination de l’appartenance au territoire
3.5.5.3. Détermination de l’attachement au territoire
3.5.5.4. Détermination du mode d’habiter et de l’ancrage de L1
3.5.6. Exemple de P5 : une personne du périurbain lointain ayant une mobilité importante
3.5.6.1. Détermination de la mobilité de P5
3.5.6.2. Détermination de l’appartenance au territoire
3.5.6.3. Détermination de l’attachement au territoire
3.5.6.4. Détermination du mode d’habiter et de l’ancrage de P5
3.5.7. Exemple de F4 : une personne du périurbain proche ayant une mobilité importante
3.5.7.1. Détermination de la mobilité de F4
3.5.7.2. Détermination de l’appartenance au territoire
3.5.7.3. Détermination de l’attachement au territoire
3.5.7.4. Détermination du mode d’habiter et de l’ancrage de F4
3.5.8. Exemple de J6 : une personne multi-compétente illustrant la « ville du choix »
3.5.8.1. Détermination de la mobilité de J6
3.5.8.2. Détermination de l’appartenance au territoire
3.5.8.3. Détermination de l’attachement au territoire
3.5.8.4. Détermination du mode d’habiter et de l’ancrage de J6
3.6. La conclusion sur l’étude de l’ancrage
3.6.1. Une diversité dans les modes d’habiter
3.6.2. Conséquences sur la relation ancrage/mobilité ?
4. Vers la mise en durabilité de l’espace périurbain
4.1. Les différents aspects de la durabilité
4.2. Les critères pour un mode de vie durable
4.2.1. Une mise en durabilité dans le sens temporel par une forte ou faible mobilité ?
4.2.2. Une mise en durabilité dans le sens temporel par le bien vivre ensemble ou l’individualisme résidentielle ?
4.2.3. Un mode d’habiter durable par un fort attachement au territoire
4.3. La détermination de la durabilité des modes de vie des exemples traités
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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