LA DOMESTICATION DE L’ABEILLE EN SUISSE

LA DOMESTICATION DE L’ABEILLE EN SUISSE

La pollinisation

Le mode de reproduction utilisé par les plantes angiospermes et gymnospermes est appelé la pollinisation. Concrètement, il est question du transport d’un grain de pollen de l’organe mâle à l’organe femelle. Il existe deux grands types de pollinisation : par les animaux, par le vent ou anémophile. Dans le contexte de la présente étude, nous nous intéressons exclusivement au premier moyen précité. Parmi les espèces pollinisatrices, on retrouve les animaux ornithophiles, cheiroptérophiles et entomophiles. La pollinisation effectuée par l’intermédiaire des insectes s’appelle entomophile et c’est elle qui est au coeur des préoccupations mondiales actuelles, puisque les insectes contribuent de la manière la plus significative à la reproduction des espèces végétales, (Marc & Arnalsteen, s.d.). La figure 1 ci-dessous illustre la différence manifeste de rendement entre les types de pollinisation précédemment cités sur la qualité et la quantité des fraises. Afin de mesurer la portée des enjeux liés à la pollinisation, nous nous penchons sur différentes études qui établissent que 80% des plantes à fleurs et des espèces cultivées en Europe dépendent directement de la pollinisation par les insectes pour leur reproduction ainsi que pour assurer un rendement satisfaisant et une bonne qualité des cultures (Pfiffner & Müller, 2016). Pour l’essentiel, ce sont les abeilles qui fournissent ce service de transport de pollen. On apprend par la suite que l’abeille domestique mellifère, à elle seule, est responsable de la pollinisation de plus d’un tiers des cultures précitées, tributaires de la pollinisation, (Breeze, Bailey, Balcombe, & Potts, 2011). On mesure ainsi l’enjeu de prêter une attention toute particulière à la préservation de l’espèce dans les années à venir.

L’abeille domestique parmi les insectes pollinisateurs : L’abeille est considérée comme le pollinisateur le plus répandu à travers le monde. Cependant, il existe une diversité impressionnante d’espèces, soit environ 30’000 espèces différentes. En Europe, on rencontre 1’000 espèces. L’apis mellifera, appelée aussi abeille sociale, domestique ou mellifère, est considérée comme la plus grande pourvoyeuse de pollinisation. Comme les colonies passent l’hiver en communauté, dès les premiers beaux jours, elles sortent de leurs ruches pour aller butiner avec une force de frappe qui n’a pas d’égal. De plus, on observe une fidélité sans faille des abeilles domestiques par rapport aux fleurs. En effet, par exemple lorsqu’une butineuse commence sa tournée par un Pissenlit, elle va ensuite exclusivement se délecter du nectar de la même variété de fleurs alentour. L’efficacité pollinisatrice est encore améliorée par leur capacité de communication très développée ainsi qu’à une activité de récolte exceptionnelle. Ainsi l’efficacité de la pollinisation est accrue par rapport aux autres espèces d’abeilles, chez lesquelles on n’observe pas nécessairement ces mêmes comportements. Dans la préservation de ces colonies dites sociales, l’apiculteur joue ainsi un rôle primordial puisqu’on apprend qu’il n’existe quasiment plus d’abeilles mellifères sauvages en Europe, à cause de l’acarien parasite Varroa Destructor. (Fluri, Pickhardt, Cottier, & Charrière, 2001)

Notion de services écosystémiques Ces dernières années, la thématique liée aux services fournis par les écosystèmes a connu une recrudescence d’intérêt significative. L’engouement pour ce concept est non seulement de nature environnementale, mais également politique comme le relève Méral (2012) en affirmant que « la métaphore de la biodiversité représentée comme un flux de services marchands pour le bien-être de l’humanité s’impose aujourd’hui dans les discours des organisations internationales, relayée par les scientifiques et les acteurs du développement » (p. 140). C’est dans les années 1940 que la notion d’économie de l’environnement a commencé à faire son apparition. S’en suivent toute une série d’études qui aboutissent, en 1970, à la typologie des services écosystémiques, qui classe, entre autres, la pollinisation entomophile parmi les services rendus par l’environnement. On observe une forte corrélation entre l’émergence de ce concept et la prise de conscience globale des problématiques environnementales liées au dysfonctionnement des marchés en ce qui concerne la gestion des ressources naturelles. Dans la réalité économique, on observe un certain désintérêt par rapport aux facteurs externes n’ayant pas de poids monétaire à proprement parler, comme le relève la citation de Myers et Reichert (1997) :

« We don’t protect what we don’t value » (p.19). Ainsi, dans les années 1990, l’évaluation monétaire de ces phénomènes naturels a pour but d’intégrer ceux-ci dans la prise de décision et d’exercer un poids plus conséquent au niveau politique, publique et économique. On peut conclure que l’évaluation marchande précise des services écosystémiques ont permis non seulement de légitimer la volonté de protection de l’environnement mais également de mettre en place des systèmes contraignants, à l’encontre des responsables de la dégradation des écosystèmes, notamment grâce à l’application du principe de pollueur-payeur. La finalité des études menées à ce sujet s’inscrit dans la volonté d’intégrer les aspects de valeur des services écosystémiques à la stratégie des entreprises et de manière plus macroéconomique, au sein des politiques étatiques environnementales et à l’intérieur même de la comptabilité nationale. (Méral, 2012)

La domestication de l’abeille en Suisse

En 2003, on comptait un total de 20’000 apiculteurs suisses, toutes couches sociales confondues et d’horizons professionnels tout à fait diversifiés. Ceux-ci possédaient 192’000 colonies d’abeilles mellifères ce qui représente environ 10 colonies par apiculteur. Rappelons tout de même que ces chiffres sont tirés des registres officiels, et qu’il existe certainement une partie des ruchers qui n’ont pas été annoncés en bonne et due forme et de ce fait n’ont pas été enregistrés auprès des inspecteurs régionaux. Parmi les praticiens de l’apiculture, seulement 4% d’entre eux exercent cette activité à titre principal. Si on veut se faire une idée de l’évolution de la pratique au court du dernier siècle, nous pouvons remonter jusqu’aux années 1876, à partir desquels des registres ont commencé à être tenus. Nous apprenons donc que la population d’apiculteurs en 2003 est deux fois moins nombreuse qu’à la fin du 19ème siècle. (Fluri, Schenk, & Frick, L’apiculture en Suisse, 2006)

État actuel de l’apiculture en Suisse

À la première visite de printemps de 2016, les apiculteurs suisses ont souvent été témoins d’un funeste tableau. En effet, selon un sondage réalisé auprès des apiculteurs suisses, des pertes hivernales plus importantes qu’auparavant ont été constatées, la valeur oscillant entre 9% et 23% du cheptel apicole, pour les périodes hivernales des dernières années (Conseil fédéral, 2016). Fort heureusement, les populations valaisannes d’abeilles domestiques restent encore relativement en marge du phénomène planétaire de déclin des colonies qu’on peut observer. Cependant, les entretiens qualitatifs menés auprès des apiculteurs valaisans nous apprendrons que l’hiver 2016/2017 a été particulièrement destructeur dans le monde apicole. En effet, on fait état de pertes hivernales oscillant entre 20 et 50%, sachant que 10% est considéré comme un taux normal de pertes, ces chiffres sont particulièrement inquiétants (Joséphine, 2017), (Louis, 2017), (Helena, 2017), (Béatrice, 2017). On observe dans le graphique ci-dessous que les populations d’abeilles mellifères sont en constant déclin depuis 1992. On remarque tout de même une certaine stabilisation depuis 2010, avec l’année 2012 enregistrée comme seuil le plus bas de la période. Les chiffres s’arrêtant à l’année 2014, il est légitime de se demander ce qu’il en est de l’année 2017, au vu des informations alarmantes récoltées lors des entrevues avec les apiculteurs valaisans. Source : (FAO, 2015)

Si l’on compare l’effectif des colonies avec le territoire helvétique, on mesure une densité moyenne de quatre colonies au km2. Ce résultat se situe légèrement en-dessous de la moyenne de nos voisins européens, dont la densité atteint 4,2 colonies au km2. Si on observe la répartition géographique des colonies d’abeilles, on remarque que la plupart de celles-ci sont placée à proximité des exploitation agricoles et fruitières (Conseil fédéral, 2016). La figure 3 ci-dessous, montre la virulence du phénomène de déclin des colonies en Suisse sur huit ans. On remarque que des pertes considérées comme normales, soit de l’ordre de 10% du cheptel apicole, (Joséphine, 2017), ne sont pas monnaie courante sur cette période. En effet seules les années 2008/2009 et 2013/2014 semblent être en-deçà de ce seuil. La règle se situe plutôt autour de 20% puisque c’est le pourcentage relevé pour quatre des périodes étudiées. Finalement deux années comportent des chiffres moyens d’environ 15%, ce qui reste toujours au-dessus du taux considéré comme raisonnable fixé à 10%.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES
LISTE DES ABRÉVIATIONS
CHOIX DE LA THÉMATIQUE
CONTEXTE
MÉTHODOLOGIE
LES MANDANTS
LES OBJECTIFS ET LIVRABLES
1. INTRODUCTION
1.1. LA POLLINISATION
1.2. NOTION DE SERVICES ÉCOSYSTÉMIQUES
1.3. LA DOMESTICATION DE L’ABEILLE EN SUISSE
État actuel de l’apiculture en Suisse
1.4. ACTIONS POLITIQUES
2. VALEUR ÉCONOMIQUE DE L’APIS MELLIFERA
2.1. MONDE
2.2. SUISSE
2.3. VALAIS
3. AVENIR DE L’ABEILLE DOMESTIQUE
4. SCÉNARIOS
5. ANALYSE DE LA SITUATION À L’ÉCHELLE VALAISANNE
6. ANALYSE D’IMPACTS À L’ÉCHELLE VALAISANNE
7. ANALYSE MICROÉCONOMIQUE
7.1. MODÈLE ÉCONOMIQUE DES APICULTEURS VALAISANS
7.1.1. Revenus apicoles
7.1.2. Méthode d’analyse et échantillonnage
7.1.3. Analyse horizontale des entretiens qualitatifs
7.1.4. Synthèse des résultats
7.1.5. Analyse économique de la situation d’un apiculteur 28 Isaline Aubert
7.2. MODÈLE ÉCONOMIQUE DES AGRICULTEURS VALAISANS
7.2.1. Types de cultures les plus tributaires du niveau de pollinisation
7.2.2. Méthode d’analyse et échantillonnage
7.2.3. Analyse horizontale des entretiens qualitatifs
7.2.4. Interprétation des résultats
7.2.5. Analyse économique de la situation d’un arboriculteur
8. ANALYSE D’IMPACTS MICROÉCONOMIQUE
8.1. SCÉNARIO 1
8.1.1. Apiculteurs
8.1.2. Arboriculteurs
8.2. SCÉNARIO 2
8.2.1. Apiculteurs
8.2.2. Arboriculteurs
8.3. SCÉNARIO 3
8.3.1. Apiculteurs
8.3.2. Arboriculteurs
9. RECOMMANDATIONS GÉNÉRALES
9.1. PROPOSITION SCÉNARIO 1
9.2. PROPOSITION SCÉNARIO 2
9.3. PROPOSITION SCÉNARIO 3
10. RECOMMANDATIONS MICROÉCONOMIQUES
10.1. APICULTEURS
10.1.1. Transformation du modèle d’affaire
10.1.2. Favorisation de la transmission du savoir-faire apicole
10.1.3. NOUVELLES TENDANCES
10.2. AGRICULTEURS
10.3. RECOMMANDATIONS COMMUNES
CONCLUSION
LIMITES ET DIFFICULTÉS
RÉFÉRENCES
ANNEXES

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *