La distribution des produits laitiers à base de poudre de lait

La distribution des produits laitiers à base de poudre de lait

Les produits étudiés

La poudre de lait est la matière première de la quasi-totalité des produits laitiers maliens. Elle n’est donc par si simple à analyser comme objet homogène. Pour s’en persuader, il faut commencer par souligner que ce n’est pas son usage comme matière première pour les transformateurs qui domine à Bamako. Il est clair pour l’ensemble des acteurs de ce marché que la poudre de lait est avant tout vendue au consommateur final sous forme brute, c’est à dire non transformée. La poudre de lait a donc deux usages. C’est un produit final mais c’est aussi une matière première. La distinction ne s’arrête pas là. Si l’UEMOA classe séparément les poudres de lait grasses et les poudres partiellement écrémées68, les personnes rencontrées à Bamako, qui travaillent directement avec ces produits, distinguent les poudres d’une manière différente. Ils séparent la poudre dite regular de la poudre instantanée. Ils font aussi la différence entre la poudre de première qualité et la poudre de seconde qualité. Un même produit peut donc avoir des critères de classification différents, en fonction de ses qualités physiques et chimiques – qui ont des impacts dans le travail industriel – mais aussi en fonction de la personne qui classe les produits : « Matières grasses n’excédant pas 1,5% / matières grasses excédant 1,5 % » ; regular/instantanée ; première qualité / seconde qualité ; poudre à base de matière grasse animale/poudre à base de matière grasse végétale. Ces classements apparaissent comme le résultat d’un regard spécifique sur le produit dépendant de la place de l’acteur dans le circuit de distribution.
Ces différentes classifications pour parler d’un même produit demandent un petit éclaircissement pour avoir une vision claire des produits étudiés.

Les poudres de lait regular

Les poudres dites regular – par les industriels et les importateurs – se différencient des poudres instantanées par leurs utilisations mais aussi par leur texture. La poudre de lait regular est plus simple d’utilisation en usine que la poudre instantanée. Elle se « travaille » plus facilement. Cette différence s’inverse lorsque que l’on se place dans le cadre domestique.
Manuellement, c’est la poudre instantanée qui est plus simple à diluer69. Les poudres de lait regular nous ont été présentées comme les plus anciennement distribuées sur le marché malien. Elles étaient utilisées dans un premier temps à la fois comme matière première et comme produit de consommation domestique. Depuis la diffusion massive depuis une dizaine d’année de la poudre de lait instantanée, les poudres de lait regular semblent être utilisées exclusivement pour la transformation, que celle-ci soit industrielle, semi-industrielle ou artisanale. Comme souvent, il existe des exceptions. Nous avons par exemple rencontré un boutiquier qui vendait de la poudre de lait regular reconditionnée à ses clients comme une quelconque poudre de lait70. Mais cette pratique semble rare.
Ces poudres regular nous ont été présentées comme de première ou de deuxième qualité. La distinction concerne en fait les marques : d’un côté les sacs Laicran 10 Kg considérés comme la seule poudre de première qualité et de l’autre, un échantillon de multiples poudres regular conditionnées en grande majorité en sac de 25 Kg. Les marques de poudres regular de seconde qualité les plus présentes sur le marché de Bamako étaient au moment de notre stage : Inco (Belgique), Lacstar (France), LP et Kerrygold (Irlande).
Mais ces poudres regular peuvent emprunter d’autres voies que la transformation industrielle pour arriver au consommateur. Certains demi-grossistes reconditionnent les sacs de 10 ou 25 kg en sachets de 500 g ou 1 kg pour les vendre généralement à des femmes transformatrices artisanales. Dans ce cas, le produit est encore défini par son poids. D’après nos observations, ces produits sont fabriqués avant la demande du client. Un employé de la boutique ouvre un sac de 25 Kg (ou de 10 kg dans le cas de la poudre Laicran) puis il reconditionne la poudre en sachets de 1 kg (ou 500 g dans le cas de la poudre Laicran) à l’aide d’une petite balance. Ces sachets sont en suite stockés dans les mêmes sacs de 25 kg (ou 10 kg) qui ont servi de matière première à cette transformation. Le produit retrouve ici un critère fixe de définition, son nouveau poids.

Les poudres de lait instantanées

Les poudres de lait instantanées sont présentes sur le marché de Bamako pour la consommation finale. Il existe, pour ce type de poudre, trois formes de conditionnement. En grande majorité, les différentes poudres instantanées sont reconditionnées industriellement dans la zone industrielle de la capitale (voir carte 2), en sachets de 500 g, 400°g, 200 g, 25 g, 22,5 g ou 20 g. Notons la présence sur le marché malien de marques de poudres instantanées importées déjà conditionnées. Importer des produits déjà conditionnés a plusieurs désavantages. Premièrement, ces produits incorporent les coûts d’une main d’oeuvre généralement européenne, donc considérablement plus chère que la main d’oeuvre malienne.
De plus, le coût du transport de ces produits déjà conditionnés est supérieur à celui des sacs en vrac de 25 kg utilisés par les usines de reconditionnement maliennes. Il y a donc un réel désavantage à ne pas conditionner la poudre instantanée au Mali.
Les marques présentes sur le marché malien ne développent pas l’ensemble des conditionnements présentés plus haut. Chaque marque a généralement un « grand » conditionnement, 500 ou 400 g, et un petit conditionnement, 25, 22,5 ou 20 g. Seulement deux marques ont développé des sachets de 200 g.
Mais la poudre de lait instantanée existe aussi dans une autre forme de conditionnement que le sachet. Une demi-douzaine de marques ont développé des produits « poudre instantanée » conditionnés dans des boîtes en fer de 400 g, 900 g ou de 2,5 kg. La poudre de lait est dans ce cas plus chère que la poudre conditionnée en sachet. Le conditionnement en boîte ne s’effectue pas au Mali ce qui peut expliquer en partie ce différentiel de prix. Le coût de l’emballage joue aussi évidemment beaucoup. Pour ces deux types de conditionnement que sont les sachets « industriels » et les boîtes en fer, les produits sont définis par leur volume, leur qualité et leur prix. En cas d’évolution des prix, ce n’est pas la contenance qui évolue en priorité, mais le prix. Disons donc que la contenance, au même titre que la qualité, sont une partie intrinsèque de la définition du produit. En se sens nous pouvons dire que dans le cas de ces deux types de conditionnement, la contenance est un critère fixe de définition et le prix un critère variable de définition. La dimension industrielle du produit oblige, d’une certaine façon, l’industriel à définir comme fixe la contenance. Les machines fabriquent des produits standards en terme de valeur d’usage. Mais cela n’empêchera pas l’industriel de faire le choix d’introduire un nouveau type de conditionnement – nous avons déjà donné l’exemple du 200 g – ou de jouer sur les conditionnements existant en réduisant faiblement un contenu déjà existant. Ceci a été observé avec les petits conditionnements d’une certaine marque qui sont passés de 22,5 g à 20°g tout en gardant le même prix. Mais dans tous les cas, ces changements créent un nouveau critère fixe de définition pour l’industriel qui a une temporalité plus longue que celle des produits aux conditionnements artisanaux (voir ci-dessous). Ce nouveau critère fixe n’est pourtant pas reconnu comme tel par le consommateur. Pour de si faibles variations sur de si petits conditionnements, le consommateur est généralement victime d’une illusion visuelle qui ne lui fait pas voir le changement de volume opéré pour un prix fixe. Le critère fixe de définition que nous attribuons au volume est donc relatif et dépend aussi de la taille du conditionnement. Mais il s’avère qu’en période de fortes variations du prix mondial de la
poudre de lait, les industriels semblent préférer le changement de prix au changement de conditionnement.

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Table des matières

Introduction 
I Le contexte de l’étude 
A Bamako dans le contexte malien 
1 Le contexte malien
2 Le contexte de Bamako et quelques conséquences
B Sujet du stage et appui théorique
1 L’objectif du stage
a Contextualisation de l’objet du stage : La distribution des produits laitiers à base de poudre de lait
b Problématique du stage
2 Pourquoi la sociologie économique ?
a Les apports de la sociologie économique classique
b L’appui de la nouvelle sociologie économique
c Sociologie de la connaissance économique
3 La démarche sur le terrain
a Collecte de données quantitatives
b Entretiens avec les différents acteurs en contact avec la poudre de lait importée
C Conditions de production de l’étude
1 Impacts d’un environnement économique concurrentiel
a Interaction interviewer/interviewé fonction de la perception de la concurrence
b Difficultés de collecte de données quantitatives au niveau des importateurs et des transformateurs
2 Un appui sur les données officielles difficile
a Des chiffres d’importations contestables
3 Des conditions d’entretiens variables
a Une difficulté vis-à-vis de la langue différenciée
II Les importations de poudre de lait au Mali dans un contexte mondial en mutation 
A Imbrication du marché malien dans le marché mondial du lait
a Technique de pulvérisation et géographie du marché du lait
b Mondialisation de la poudre de lait
B Dynamisme actuel du marché mondial du lait
1 Le marché mondial du lait et de la poudre de lait
a Données globales
b Evolution de la production de la poudre de lait
c Les principaux acteurs de l’exportation
2 Une demande en croissance et en mutation
a Evolution de la demande de poudre de lait entier des pays émergents
b Une réorientation de la production dans les pays occidentaux : l’exemple de la France
3 Tension sur le marché des produits laitiers et évolution du prix de la poudre de lait
C Le Mali : chiffres, cadre institutionnel et produits étudiés 
1 Cadre institutionnel des importations : « les règles du jeu »
a Fonctionnement des importations
b Le travail de l’inspecteur
c Le rôle du Centre de Relation avec les Exportateurs (CRE)
d Impôts et taxes sur les différents produits
2 Les chiffres disponibles
a Retour sur les chiffres
b Des raisons d’un marché malien en tension
3 Les produits étudiés
a Les poudres de lait regular
b Les poudres de lait instantanées
c Les produits transformés
III Acteurs et dynamique du réseau de produits laitiers à base
de poudre de lait à Bamako
A Présentation du réseau et des acteurs 
1 Figure 5 : Schéma de distribution des produits laitiers à base de poudre de
lait à Bamako
2 Explicitation des acteurs en présence
a Une classification par le circuit de vente et par le « moment » du produit
b Deux principales filières de distribution en fonction du type de produit
i Le circuit principal de vente de poudre de lait instantanée
ii Le circuit principal de vente des produits frais
c Carte 3 : Situation géographique des principaux acteurs de la poudre de lait à Bamako en 2007
d Les acteurs au niveau des importations
i Les importateurs de poudre de lait regular
ii Les importateurs de poudre de lait instantanée importée conditionnée
iii Les importateurs de poudre de lait instantanée conditionnée en « vrac »
e Les acteurs au niveau de la transformation et du conditionnement industriels
i Les transformateurs de produits frais à distribution directe
ii Les transformateurs de produits frais à dépositaires décentralisés
iii Usine de conditionnement de poudre
f Les acteurs au premier niveau de distribution
i Dépositaires de produits frais décentralisés
ii Demi-grossistes de produits frais
iii Les grossistes de Dabanani
iv Détaillants semi-grossistes
g Au second niveau de transformation
i Les conditionneurs artisanaux
ii Les femmes transformatrices artisanales
h Au second niveau de distribution
i Les femmes transformatrices artisanales
ii Supérettes, supermarchés et autres « vitrines »
iii Les boutiquiers
iv Les étalagistes
3 Une définition des acteurs par eux-mêmes
a Reconnaissance de l’autre par les prix et les quantités
b Respect du métier de chaque acteur
B Forme des liens et emprise dans le réseau
1 Un crédit omniprésent
a Voyage des marchandises et des liquidités
b Jugement sur le crédit
c Le poids de la confiance
2 L’importance du clientélisme
3 Retour sur les réactions face aux opportunistes
C Des acteurs aux logiques diverses 
1 Une mentalité économique fonction de la place dans la filière
a Le calcul des marges
b La réussite du commerce chez les boutiquiers
Conclusion
Bibliographie
Annexes 
A Les produits étudiés et les prix disponibles
B Classification des produits laitiers selon l’UEMOA
C Décret du gouvernement supprimant la TVA

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