La dispersion du moustique tigre à travers le monde et la France

Le cadre théorique et les concepts clés

Ce sujet et les nombreuses questions qui m’animent suite à la manière dont j’ai choisi de la problématiser font ressortir plusieurs mots clés et concepts tels que : espèces exotiques envahissantes, politiques publiques, processus de mise sur agenda.
Espèces exotiques envahissantes :
La définition qui est couramment admise dans la littérature scientifique d’une espèce exotique envahissante est la suivante : « une espèce exotique envahissante est une espèce allochtone dont l’introduction par l’Homme (volontaire ou fortuite), l’implantation et la propagation menacent les écosystèmes, les habitats ou les espèces indigènes avec des conséquences écologiques ou économiques ou sanitaires négatives». Cette définition nous permet déjà d’apporter un premier élément de réflexion sur le terme ‘’espèce exotique envahissante’’. En effet bien que les espèces soient reconnues comme étant capables de se déplacer à toutes les échelles géographiques, l’Homme, par la modification de certains milieux ou bien tout simplement par ses échanges à travers le globe, facilite le déplacement de certaines espèces au sein d’espaces lointains. Il est important de préciser que les conséquences de ces « intrusions » peuvent être aussi bien bénéfiques que néfastes, même si l’on a davantage l’habitude de s’intéresser aux côtés négatifs du phénomène car celui-ci étant celui qui pose le plus de questions et de besoins d’apporter une réponse. On pourrait donc penser à première vue que l’Homme ne fait que renforcer un phénomène « naturel » de déplacement des espèces. Cependant, et c’est là que l’étymologie exotique envahissante prend tout son sens, certaines espèces introduites par l’Homme volontairement (pour des raisons d’esthétique paysagère, pour les espèces végétales ou bien comme animaux de compagnie pour les espèces animales etc.) ou involontairement (dissémination involontaire de graines, espèces qui profitent des échanges de l’Homme dans le monde entier pour se déplacer etc.) vont modifier profondément les écosystèmes locaux, de telles sortes que les espèces locales régressent, voir disparaissent progressivement ou subitement face à l’arrivée de ces nouvelles espèces entraînant une perte de biodiversité parfois irréparable.
Mais les espèces exotiques envahissantes ne posent pas seulement des problèmes environnementaux liés à la perte de biodiversité, certaines espèces animales peuvent également poser des problèmes sanitaires en transmettant des maladies graves voire mortelles aux populations, ce qui est le cas du moustique tigre. En effet le moustique tigre, ou « aedes albopictus » pour son nom scientifique, peut transmettre des maladies vectorielles telles que la dengue, le chikungunya et plus récemment le virus Zika dont plus d’un million et demi de personnes souffrent dans le monde.
La propagation de cette espèce par l’Homme à travers le monde pose donc de graves problèmes sanitaires qu’on attribuait uniquement à la France d’outre-mer, ces problèmes semblant lointain de la France métropolitaine. Mais depuis 2004, la France métropolitaine est dorénavant aussi touchée par le moustique tigre, il est donc nécessaire de mettre en place des politiques publiques afin de lutter efficacement contre cette espèce invasive.

Politiques publiques

Il existe de nombreuses définitions pour définir le terme ‘’politique publique’’, qui varient selon les auteurs et les courants. Cependant cette dernière colle davantage à la manière d’élaborer mon sujet: « ensemble de décisions reliées entre elles prisent par un acteur ou un groupe d’acteurs avec pour caractéristiques fondamentales de définir des but à atteindre ainsi que les moyens nécessaires pour remplir des objectifs fixés. »
J’ai choisi cette définition car il y a la notion d’acteur et de groupes d’acteurs et mon but, à travers ce mémoire, est de m’intéresser aux différents acteurs qui gravitent autour du problème du moustique tigre et des politiques publiques mises en place. L’intérêt, à travers cette définition, est qu’on refuse la coupure publique / privée, on commence à s’intéresser à la notion de collectivité qui mixe des élus, des administratifs et des représentants de la société civile. On s’intéresse à l’ensemble des acteurs qui peuvent constituer, participer ou être la cible d’une politique publique, ce qui correspond à l’approche que je souhaite avoir dans mon mémoire. Cette définition ajoute également la notion de moyens, de buts et d’objectifs, essentiel pour mon mémoire, ayant pour objectif de voir quels moyens sont mis en place et quels sont les objectifs fixés. L’analyse des buts et objectifs fixés me permettra notamment de voir si le problème du moustique tigre est un problème définitif, avec lequel devront composer les habitants d’Albi, ou bien si ce n’est qu’un problème temporaire qu’il est possible de traiter.
Les politiques publiques sont donc un concept clé dans mon analyse du moustique tigre sur la commune d’Albi.

Processus de mise sur agenda

La notion de mise sur agenda est intrinsèquement liée à la sélection et à la construction des problèmes publics. Elle peut se définir comme « l’ensemble des problèmes faisant l’objet d’un traitement, sous quelques formes que ce soit, de la part des autorités publiques et donc susceptibles de faire l’objet d’une ou plusieurs décisions.» Cependant, avant de décider de mesures de politiques publiques concernant un sujet, les autorités vont choisir de traiter et d’agir sur tel problème aux détriments d’autres problèmes. Ainsi, « la compréhension des processus de sélection des problèmes constitue, de ce fait, le premier apport des analyses en terme de mise sur l’agenda. » Afin d’analyser et de comprendre les politiques publiques mises en place sur le moustique tigre, il me parait essentiel d’analyser le processus décisionnel aussi bien en amont qu’en aval, cela me permettre d’avoir une vision globale des politiques mises en place et de mieux comprendre leur fonctionnement.
Contrairement à la doxa, il n’y a aucun problème qui soit intrinsèquement public du fait de propriétés spécifiques. En effet, « il n’existe pas de seuil objectif mesurable (correspondant, par exemple, à un chiffre n de personnes touchées), à partir duquel un problème devient un sujet de préoccupation collectives.»Les problèmes sont le fruit d’un travail d’étiquetage, de labellisation accompli par des acteurs collectifs dans le cadre d’un processus politique. Faire une analyse des processus de mise sur agenda présente donc un grand intérêt pour la compréhension des politiques publiques. Elle permet de prendre en compte la dynamique temporelle de l’action publique. Le problème du moustique tigre étant assez récent en France métropolitaine (apparition en 2004), analyser cette dynamique temporelle sera d’autant plus important pour mieux comprendre le problème. L’analyse du processus d’agenda, et c’est là le plus important pour mon sujet, permet de montrer la multiplicité des acteurs intervenant dans les politiques publiques ce qui est essentiel pour pouvoir réaliser un schéma d’acteurs sur le moustique tigre.

Les objectifs et les hypothèses

Le problème que constitue le moustique tigre est un vaste sujet qui constitue de multiples points d’entrées (sociologique, géographique, environnementale, sanitaire, politique etc.). Toute la difficulté pour moi est de réussir à trouver un point d’entrée, un axe problématisé à travers ce sujet, tout en prenant en compte la contrainte temps. En effet, nous disposons de seulement deux mois et demi pour réaliser ce mémoire, il serait donc dangereux de se disperser sur un sujet trop vaste. J’ai donc choisi de me focaliser sur la lutte contre cette espèce exotique envahissante et donc sur les politiques publiques mises en place par la commune d’Albi pour lutter contre le moustique tigre. L’intérêt ici n’est pas d’établir un catalogue des actions mises en place par cette dernière mais plutôt de comprendre comment ces dernières sont construites, sur quels critères, quels indicateurs met en place la ville d’Albi pour savoir si ces politiques fonctionnent ou non, quel est leur objectif et enfin découvrir comment ces politiques publiques sont perçues par les habitants. J’aimerais également étudier les moyens mis en place par la ville d’Albi pour réaliser la démoustication, notamment en questionnant la durabilité et la dangerosité des moyens et produits utilisés.
J’aimerais également pouvoir élaborer un schéma des différents acteurs concernés par le problème du moustique tigre à l’échelle nationale si possible et surtout à l’échelle de la ville d’Albi. En effet un problème aussi vaste et complexe que celui-ci nécessite une coopération entre de nombreuses organisations aux compétences diverses et parfois éloignées. Mon objectif est de découvrir comment et avec quels acteurs s’organisent cette coopération, si elle est fonctionnelle ou bien défaillante, quels maillons posent problème et comment améliorer cette coopération. Mon analyse portera notamment sur trois acteurs majeurs: l’Agence Régionale de Santé, le Conseil départemental qui déploie le plan de lutte anti-vectorielle, la ville d’Albi ainsi que sur les partenaires de ces trois institutions.
Il m’apparait également intéressant de récolter l’avis de quelques habitants d’Albi afin de savoir si l’arrivée du moustique tigre a modifié leurs pratiques, quelles actions mettent -ils en place pour prévenir son apparition et savoir s’ils sont informés des politiques publiques mises en place par leur commune et s’ils sont en accord avec ces dernières.
Un dernier objectif, bien que pouvant paraître complexe à réaliser, serait de pouvoir déterminer si le problème du moustique tigre est un problème temporaire ou bien un problème définitif. En d’autres termes est-ce que les albigeois vont devoir vivre avec ce problème du moustique tigre toute leur vie ou bien pourrait-il être réglé un jour ? Il s’agit là d’observer cela à partir des politiques publiques mises en place. Ce ne sera pas à moi de déterminer si ce problème est permanent ou non mais bien d’analyser à travers le discours des autorités publiques compétentes et des politiques publiques mises en place si ce problème est condamné à être permanent ou non.
Après avoir définit les objectifs de mon mémoire j’ai ainsi pu établir des hypothèses qui seront vérifiées ou non au cours de mon travail de recherches. Les hypothèses sont des réponses provisoires qui vont guider le recueil des données ainsi que l’analyse des données, elles sont des réponses a priori pour répondre aux questions de recherche.

Le choix du terrain

Dans mon cas, le choix du terrain s’est fait tout d’abord selon des critères d’ordre rationnels et pratiques. C’est en arrivant sur Albi, au mois de septembre 2018, que j’ai découvert le moustique tigre, j’ai donc choisi cette ville pour étudier ce phénomène. C’est une ville moyenne de 50 069 habitants en 2018, je pourrais ainsi y trouver de nombreux acteurs étant en lien avec le moustique tigre ou en lien avec la ville d’Albi, un autre critère qui a motivé ce choix. Le choix de l’échelle communale m’a paru le plus pertinent, car les communes ont un rôle majeur à jouer dans le problème que constitue le moustique tigre, du fait de leurs compétences de police administrative générale, en matière de salubrité notamment, afin de s’inscrire dans une lutte durable et non pas uniquement dans une lutte chimique contre les moustiques adultes. Elles sont aussi les mieux placées pour mobiliser la population dans la lutte communautaire, d’où ma volonté de me focaliser sur l’échelle communale, et ici sur la ville d’Albi.
De plus n’ayant pas de véhicule personnel sur Albi cela limite mes déplacements ce qui a participé à renforcer ce choix. C’est donc avec les élus et le personnel municipal d’Albi, qui mettent en place les politiques publiques en lien avec le moustique tigre, et avec tous les acteurs avec qui ils sont en lien concernant ce problème que je vais travailler et avec qui je vais m’entretenir.
Ensuite, le choix de mon terrain d’enquête pour le mémoire a été déterminé par deux contraintes majeures. La première était celle de mes capacités à me déplacer, ne disposant d’aucun véhicule motorisé sur place J’ai alors estimé que l’échelle de mon terrain d’étude devait être restreinte. La deuxième était celle des lieux de présence du moustique tigre. En effet, ce dernier étant fortement présent dans des milieux humides il fallait que mon terrain d’enquête présente ces caractéristiques.
J’ai donc choisi comme terrain d’enquête les berges du Tarn de la commune d’Albi. Cependant de nombreuses politiques sont menées à l’échelle départementale, c’est pourquoi je ne me focalise pas que sur la ville d’Albi mais également sur le département du Tarn. Il y a de nombreuses habitations près des berges et cela me semble être la population cible la plus pertinente à interroger lors d’entretiens, car étant sûrement celle la plus au contact avec les populations de moustiques et de moustiques tigre. Ce sera donc la population la plus à même de répondre à mes interrogations et qui pourra le mieux m’aider à valider ou infirmer mon hypothèse numéro une (les habitants mettent en place eux-mêmes des solutions pour prévenir l’apparition du moustique tigre.

La méthodologie

Ayant formulé des hypothèses qu’il me faudra ensuite aller vérifier sur le terrain, je me place plutôt dans une approche hypothético-déductive. Je me situe dans une approche qualitative et davantage sociologique (notamment basée sur la sociologie de l’action publique) ainsi qu’ethnographique basée sur les habitants, en interrogeant leurs pratiques et leurs perceptions face au problème du moustique tigre ainsi que sur les autorités publiques, en interrogeant le contenu, les critères et les indicateurs des politiques publiques mises en place et la manière dont les différentes autorités publiques coopèrent pour traiter ce problème. Il me faudra aller sur le terrain, réaliser des entretiens avec des acteurs que j’ai identifiés pour pouvoir valider ou infirmer mes hypothèses. Je me suis basé sur l’ouvrage de Jean-Pierre
Oliver de Sardan « la politique du terrain » pour mieux comprendre et établir ma méthodologie qui encadrera mon enquête de terrain. Le schéma ci-dessous est un schéma synthétique tiré de son ouvrage et reprenant les principaux éléments méthodologiques constitutifs de l’enquête de terrain.
Entretien, Discussion, Récursivité: « L’entretien reste un moyen privilégié, souvent le plus économique pour produire des données discursives donnant accès aux représentations émiques, autochtones, indigènes, locales. Ce sont les notes et les transcriptions d’entretiens qui constituent la plus grosse part des corpus de données de l’anthropologue. » C’est dans cette optique que je me situe, les entretiens constitueront la grosse partie des données que je vais collecter pour mon mémoire. Une première phase sera pour moi de discuter avec les habitants en contact avec le moustique tigre.
Dans un premier temps l’idée sera de savoir s’ils connaissent cette espèce, s’ils en ont entendu parler et savent la reconnaître (cela pourra me permettre de faire un parallèle avec les outils de sensibilisation mis en place par la commune d’Albi en montrant si cela a eu un impact ou non sur les habitants). Ensuite viendra des questions concernant leurs pratiques sur ce sujet (ont-ils des actions particulières pour les prévenir, le moustique tigre a -t-il modifié leurs pratiques comme le non accès à certains lieux à une certaine heure par exemple, ont-ils eu connaissance des informations transmises par la ville d’Albi sur ce sujet etc.). Observation participante, imprégnation et interactions : mairie d’Albi, Agence Régionale de Santé, Conseil départemental du Tarn, Préfecture et leurs partenaires sur cette problématique, habitants des berges du Tarn, professionnels de démoustication.
Les procédés de recension et indicateurs construits : comptage en tout genre (les berges d’Albi deviennent-elles inaccessibles car la population de moustiques devient trop importante ? Si oui à quelle heure de la journée ? Etc.). D’une manière générale, il s’agit d’une observation directe de ce que l’on voit sur le terrain et non pas de l’observation des comportements ou des usages qui seront davantage présents dans les entretiens. Je compte utiliser un carnet de terrain afin d’avoir un recueil ou noter toutes les informations qui me passeront par la tête ou que je pourrais observer. Sources écrites : trouver des cartes sur les zones de localisation du moustique tigre dans la ville d’Albi, comptes rendus de réunions publiques organisées sur le moustique tigre, documents de sensibilisation, schéma de coordination à l’échelle du département du Tarn ect.

Les résultats

Le moustique tigre : spécificités et particularités

Ecologie du moustique tigre

Afin de bien comprendre la complexité du moustique tigre et avoir tous les tenants et aboutissants du sujet, il m’a paru essentiel de montrer les particularités de cette espèce, de retracer son parcours et enfin d’exposer les risques que cette espèce peut véhiculer pour l’Homme. Cela permettra par la suite de mieux comprendre les politiques publiques mises en place sur ce sujet, de mieux comprendre les discours des différents acteurs, les idées reçues, les solutions envisageables etc. Bref de mieux comprendre l’intégralité des résultats obtenus.
Concernant ces informations, je me base principalement sur des références bibliographiques et sur les entretiens que j’ai effectués avec les professionnels des différentes structures publiques qui travaillent sur cette problématique. Ces entretiens ont été effectués auprès de structures tel que : l’Agence Régional de la Santé du Tarn (ARS), la Préfecture du Tarn, le pôle assainissement de l’agglomération de l’Albigeois, l’Etablissement Interdépartemental pour la Démoustication (EID) méditerranée, le Conseil départemental du Tarn et enfin le Centre Permanent d’Initiative à l’Environnement (CPIE). Pour garantir l’anonymat des personnes avec qui j’ai pu passer un entretien leurs noms ne seront pas cités mais la structure d’où proviennent les citations le sera.
Le nom scientifique du moustique tigre est « aedes albopictus », il est originaire des régions tropicales d’Asie du sud. C’est un moustique qui vit à l’origine en milieu forestier et qui utilise des gîtes naturels pour y pondre des larves. Des gîtes naturels sont des gîtes que la nature offre comme des souches d’arbres par exemple. Au contraire les gîtes artificiels sont des gîtes n’existant pas dans la nature et qui sont des objets créés par l’Homme. Le moustique tigre, comme beaucoup d’espèces de moustiques, s’est lié à l’Homme au fil du temps et de sa coexistence avec ce dernier. « Il est très proche de l’être humain, il est essentiel pour lui car il lui apporte tout ce qu’il faut, nourriture, lieu de ponte… » (Préfecture). L’homme lui a donc offert involontairement les conditions idéales pour se développer ainsi que de nouveaux endroits où pondre ses œufs, des gîtes artificiels, composés en règle générale de bois, de béton, de plastique ou de pneus.
D’une manière générale il faut que le gîte soit assez obscur et de faible capacité. « Sa caractéristique est de pondre au-dessus du niveau d’eau, les œufs ne sont pas sur l’eau directement, les œufs sont collés sur les parois au-dessus de l’eau. Il ne pond pas dans la terre contrairement aux autres aedes. Les œufs vont attendre deux choses, la période de chaleur et d’ensoleillement suffisante et de l’eau » (EID).
Ils peuvent donc rester plusieurs années à attendre ces conditions, en effet les œufs résistent très bien à la sécheresse ainsi qu’au gel et au froid contrairement aux autres espèces de moustiques. Même si une partie des œufs périront, la majorité parviendra à éclore. Une fois ces conditions réunies et quand le niveau d’eau atteint, les œufs restent au moins une semaine dans l’eau avant de se développer et de pouvoir s’envoler.
Les œufs vont éclore à l’état de stade larvaire, ensuite au stade de nymphe et après passent en phase aérienne, ils s’envolent et deviennent ainsi le moustique que nous connaissons. A ce moment-là, il est visible à l’extérieur de l’eau et est actif, il peut aller piquer. C’est uniquement la femelle qui peut piquer, ces dernières peuvent vivre 3 à 4 semaines en extérieur. Elles sont plutôt exophages, c’est-à-dire qu’elles piquent de préférence à l’extérieur des habitations, et sont diurnes, c’est-à-dire qu’ils vivent plutôt le jour. Une fois que le moustique s’est envolé il va se réfugier dans tous les endroits où la végétation est assez dense pour aller chercher ce qu’on appelle des gîtes de repos, c’est-à-dire un endroit où il va pouvoir se reposer dans la journée et la nuit, il vit donc en ville mais plutôt là où se trouvent des espaces verts et des jardins. Enfin, contrairement à ce qu’on pourrait penser, « c’est un moustique qui n’est pas spécifiquement tropical : il existe des populations d’aedes albopictus qui vivent très bien en pays tempéré et même en pays tempéré froid. » Cette donnée est importante car cela signifie que le moustique tigre peut s’adapter à une grande variété de milieux, y compris dans des milieux où on ne s’attendait pas à le retrouver et assez différents de son milieu d’origine comme en Europe de l’Ouest. Ces nombreuses caractéristiques et son affiliation à l’Homme ont permis à cette espèce de se développer en Asie mais pas seulement, elle a aussi parcouru le globe et réussi à coloniser de nombreux pays du monde entier comme on peut le voir sur cette carte ci-dessous, en faisant une des espèces les plus invasives au monde. Cette espèces est aujourd’hui établie dans au moins 80 pays à travers le monde : en Amérique du Sud et du Nord, en Afrique, en Australie et en Europe.
C’est donc lié au fait qu’il soit sorti de son écosystème d’origine que le moustique tigre est classé comme une espèce exotique envahissante. Mais comment cette espèce a pu se disperser ainsi à travers le globe et toucher de nombreux pays ? Est-ce un phénomène de colonisation « naturelle » ou bien est-ce lié aux activités humaines ?

La dispersion du moustique tigre à travers le monde et la France

Les apports de l’écologie moderne ont révélé que les écosystèmes étaient thermodynamiquement ouverts, dynamiques, instables, et évoluaient de manière chaotique et non indépendante des activités humaines présentes ou passées. En quelques sortes, on pourrait dire que la « nature en équilibre a fait place à la nature en flux. » De plus on sait que « les espèces, qu’elles soient animales ou végétales sont reconnues capables de se déplacer à toutes les échelles géographiques. » Il est donc tout à fait possible que le moustique t igre se soit dispersé à travers le globe dans des lieux où son développement était propice. Pour autant un élément caractéristique du moustique tigre vient infléchir cette hypothèse. En effet le moustique tigre est un moustique qui se déplace très peu. « C’est un moustique qui a un paramètre d’action assez réduit, entre 100 et 200 mètres, par rapport aux autres moustiques qui peuvent avoir un rayon d’action plus étendu, le moustique tigre, lui, pond et son rayon d’action est assez limité, il reste autour de sa zone de ponte. » (Préfecture). Contenue de sa faible mobilité, la théorie d’une dispersion naturelle du moustique tigre à travers le globe semble peu probable. Or, si cette espèce ne s’est pas dispersée de manière naturelle c’est donc que l’Homme a joué un rôle dans cette dispersion.
En effet, c’est bien l’Homme qui est à l’origine de cette dispersion à travers le monde, cela n’a rien d’un phénomène naturel de colonisation d’une espèce. Aussi surprenant que cela puisse paraitre, un des facteurs qui a permis au moustique tigre de se répandre à travers une vaste partie du globe a été le commerce international de pneus. En effet le pneu ressemble parfaitement à ce qu’utilise le moustique tigre comme gîte naturel. « À la base, dans son écologie, il vivait dans des troncs d’arbres un peu obscurs, de faible capacité, et les pneus ressemblent à son habitat d’origine d’où sa dispersion à l’aide de ce moyen » (ARS). L’Homme a donc offert au moustique tigre un objet parfaitement adapté à ce qu’il recherche pour pondre. Lorsque le moustique était encore uniquement présent en Asie du sud, ces derniers ont commencé à utiliser de plus en plus de gîtes artificiels et à pondre notamment dans des pneus. Ces pneus pouvaient ensuite être vendus aux quatre coins du globe mais avec la particularité de contenir des œufs de moustiques tigre à l’intérieur. Les œufs restent ainsi en sommeil pendant leur voyage, pouvant résister à la sécheresse ainsi qu’au froid. Puis lorsque les pneus arrivent à destination, que la chaleur est suffisamment élevée et que l’intérieur du pneu se remplit d’eau, les œufs vont éclore et le moustique tigre va ainsi se retrouver sur un territoire où son espèce n’était pas présente auparavant.
Sachant « […] qu’un moustique femelle peut pondre jusqu’à 3 à 5 000 œufs » (ARS) et que ces œufs disposent de caractéristiques de résistance très élevées, il lui faut généralement peu de temps pour coloniser un pays tout entier. Le commerce de pneus a donc été le premier facteur de dissémination de l’espèce, mais ce n’est pas le seul. En effet, comme nous l’avons vu précédemment, le moustique tigre est très lié à l’Homme qui lui fournit involontairement tout ce dont il a besoin pour survivre. Il est donc lié à l’Homme mais aussi aux moyens de transports. « On sait que le moustique tigre se déplace le long des grands axes routiers, c’est un moustique qui est un peu feignant » (ARS). Ainsi le moustique tigre peut suivre un être humain qui monte dans une voiture, le piquer et ensuite lorsque le conducteur fera une pause ou aura atteint sa destination sortira de la voiture et pourra coloniser une nouvelle région ou un nouveau pays. Ce sont donc ces deux facteurs qui ont permis aux moustiques tigres de se développer. Le moustique tigre est arrivé en France pour la première fois en 2004, dans le département des Alpes-Maritimes. Son arrivée en France, par ce département, est liée à sa proximité avec l’Italie. « En effet le moustique tigre est très présent en Italie depuis les années 90, il a été découvert pour la première fois à Gênes dans un dépôt de vieux pneus importés en provenance d’Asie » (EID). Si l’arrivée en Italie du moustique tigre est due au commerce de pneus, il est très probable que le moustique tigre soit arrivé dans les Alpes Maritimes en suivant les grands axes routiers grâce aux voitures, finissant par réussir à traverser la frontière et à s’implanter. La France a donc été touchée pour la première fois en 2004 par le moustique tigre. Après 2004 il n’a cessé de coloniser de nouveaux départements français, touchant d’abord les départements limitrophes à celui des Alpes-Maritimes. C’est en 2015 que le moustique tigre fait officiellement son arrivée dans le département du Tarn. En 2018 pas moins de 51 départements français sont déclarés avec une population implantée et active d’aedes albopictus sur 101 départements comme on peut le voir sur la carte ci-dessous et ceci seulement 14 ans après son arrivée en France.

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Table des matières

Partie 1 : présentation de l’étude
1. Le sujet : point de départ et intérêt
2. La synthèse bibliographique
3. Le questionnement
4. Le cadre théorique et les concepts clés
5. Les objectifs et les hypothèses
6. Le choix du terrain
7. La méthodologie
Partie 2 : les résultats
1. Le moustique tigre, spécificités et particularités
1.1 Ecologie du moustique tigre
1.2 Dispersion
1.3 Aspect sanitaire
2. Le réseau d’acteur autour du moustique tigre
2.1 L’Agence Régionale de Santé
2.2 Le conseil départemental du Tarn
2.3 La préfecture
2.4 L’agglomération de l’albigeois
2.5 L’Entente Interdépartementale pour la Démoustication
2.6 Le Centre Permanent d’Initiative à l’Environnement
3. Le problème perçu par les acteurs et la population rue Edouard Branly et Voltaire à Albi
3.1 Quels impacts ?
3.2 Solutions mises en œuvre
3.3 Perspectives d’amélioration
Conclusion
Bibliographie
Annexes

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