La disparition des villages tient du changement du rez-de-chaussée

Frontières établies lors de la création du XVIIème ou dues a la géographie

La partie qui suit n’a pas la volonté de retracer l’Histoire exhaustive de la création formation du XVIIème.
Elle a pour but de fixer les grandes étapes de l’Histoire populaire de l’arrondissement à partir du livre Vie et histoire du XVIIème arrondissement (1), conseillé par nombre de mes interviewés, écrit par un collectif dont fait notamment parti le libraire que j’ai interviewé. Cette Histoire est complétée par l’interview de M. Maron qui a complété les informations apportées par l’oeuvre citée.
Ce chapitre a pour objectif de fixer les éléments de la construction du XVIIème amenant à la création de frontière visible telle qu’une voie ferrée ou le tracé urbain. Elle prend également en compte des facteurs géographiques comme l’observation des variations de topographie créant ainsi des barrières au sein d’une même rue.

« Pour bien comprendre ce quartier qu’est le XVIIème, il faut évoquer les enceintes de Paris»

Comme me l’explique M. Maron lors de son interview, il est très important de comprendre la construction du mur des Fermiers Généraux et des fortifications de Thiers qui vont être liées aux délimitations Nord/Sud du XVIIème lors de son annexion à Paris en 1860. Le XVIIème arrondissement s’est bâti dans l’espacement entre ces deux enceintes, construites auparavant.
En 1783, le ministre des Finances de Louis XVI, Calonne, décide de créer une enceinte en périphérie de Paris qui est constituée de 12 arrondissements. En effet, lorsque des marchandises rentraient dans Paris, un octroi devait être perçu par des puissants financiers, employés des Fermiers Généraux. Jusqu’alors, une simple palissade permettait de créer une barrière à l’entrée de Paris. Mais celle-ci était si endommagée que l’octroi n’était pas toujours payé. Ils pressèrent le ministre des finances pour qu’une véritable enceinte soit bâtie. Le mur des Fermiers Généraux était ainsi créé et encerclait Paris. Il mesurait 3,30m de haut et était percé de 55 ouvertures afin de ne pas rompre la continuité des routes qui arrivaient à Paris. Au niveau de ces percements furent construites des barrières. On fit appel à l’architecte Claude-Nicolas Ledoux pour dessiner le mur et les barrières de 1785 à 1787. Pour la création des édifices, il s’inspira de l’architecture de Palladio, notamment avec les colonnes à tambours alternativement cylindriques et cubiques. La plupart ont été détruite mais leurs emplacements demeurent au travers des stations de métro des lignes 2 et 6.
Sur le site qui sera le futur XVIIème arrondissement en 1860, étaient implantées les barrières suivantes (que l’on peut voir sur la figure 5) :
– La barrière de l’Etoile (Arrêt Charles de Gaulle- Etoile) (1)
– La barrière du Roule (Arrêt Ternes) (2)
– La barrière de Courcelles (Arrêt Courcelles) (3)
– La Rotonde de Chartes (Arrêt Monceau) (4)
– La barrière de Monceau (Arrêt Villiers) (5)
– La barrière de la Réforme (Arrêt Rome) (6)
– La barrière de Clichy (Arrêt Place de Clichy).
En effet, la Rotonde de Chartres est le seul bâtiment des murs Fermiers Généraux qui existe encore. Il marque actuellement l’entrée du Parc Monceau, reste d’une folie (1) du duc d’Orléans. La
rotonde n’était pas une barrière mais un poste d’observation dont le rez-de-chaussée était utilisé par les personnels de l’octroi tandis que le premier étage était un salon du duc d’Orléans. De plus, entre la barrière de Courcelles et celle de Monceau il y avait seulement un fossé et non le mur de 3,30m de haut afin de ne pas gêner la vue au Nord des jardins du duc.
Le tracé des murs Fermiers Généraux dans l’arrondissement perdure avec le début de l’avenue de Wagram, le boulevard de Courcelles et le boulevard des Batignolles, comme on peut également le voir sur la figure 5. Il se finit place de Clichy où est dressée la statue en hommage au Maréchal Moncey et au peuple parisien qui défendit Paris contre les Russes en 1814 au niveau de la barrière de Clichy.
Cette bataille fut la plus meurtrière de la campagne de Paris : 9000 hommes sont morts ou blessés de part et d’autre des armées. Elle marqua les esprits des parisiens et jouera un rôle dans l’établissement de l’enceinte de Thiers.
M. M : Et le monument de la Place Clichy commémore ce combat ultime – ils ne pouvaient pas faire grand-chose –de Moncey contre les premières invasions de Russes qui venaient après la campagne de France qu’on poursuivait et la campagne de Russie et toute la suite de combat qui les a amenés là et puis que Napoléon a dû abdiquer. Alors donc voilà ces boulevards et un monument qui reste.
En 1932, les deux frères mettent en place le projet d’une ligne de Paris Saint-Lazare à Saint-Germain. Thiers s’oppose au projet malgré le détail de la planification – le projet était chiffré jusqu’au prix des billets de transport – car il n’y voyait pas de réelle utilité mais plus de la fantaisie ou un amusement. Cependant les deux frères continuent d’élaborer leur projet et obtiennent le 9 juillet 1835 au château de Neuilly l’autorisation de Louis-Philippe de réaliser ce projet mais à « leurs frais, risques et périls ». Pour trouver les financements ils usent de leurs relations comme le banquier James de Rothschild pour s’associer et créer le 2 novembre 1835 la « Compagnie du chemin de fer de Paris à Saint Germain », une société anonyme. Le projet est alors exécuté, pour éviter la colline de Monceau, deux tunnels seront creusés ce qui provoquera les railleries de certains Parisiens. La ligne est inaugurée le 24 août 1837 avec la reine Amélie mais sans la présence du roi, l’évènement étant jugé trop dangereux pour sa personne. Deux jours après les premiers Parisiens purent l’utiliser. Le tronçon fut également utilisé par la ligne Paris-Gare-Saint- Lazare à Rouen en 1843, qui fut prolongée jusqu’au Havre en 1847.
Actuellement, les voies sont toujours en fonctionnement et leurs tracés marquent une cassure dans l’arrondissement. En effet, comme le montre l’illustre la figure 10, la largeur de la totalité des voies varient entre 50m et 130m. On pourrait jusqu’à parler de deux rives, la rive Ouest et la rive Est du XVIIème comme la photo de la maquette (figure 11) le suggère au vu de l’étendue des rails. Cela a un impact sur le comportement et le déplacement des personnes. Peu de gens « affrontent » la traversée de la voie ferrée et préfèrent rester soit à l’Ouest, soit à l’Est. Le libraire parle de motivation pour franchir le pont et justifie cela comme un obstacle psychologique, à savoir franchir un pont. L’opticien justifie ce comportement par l’exposition aux grands vents, permise par la largeur des voies ajoutées à la rue de Rome, lors de la traversée. Il m’explique d’ailleurs la difficulté pour lui de drainer des clients d’une rive à l’autre.
O : La rue de Rome avec le chemin de fer, ça fait comme une sorte de… comme une sorte de barrière naturelle où les gens qui sont audelà de la rue de Rome font leurs courses à la rue de Lévis et ceux qui sont dans ce plan, dans ce coin-là entre la rue de Rome et l’avenue de Clichy ils restent là. Parce que traverser ça paraît bête mais ne seraitce que les personnes âgées en hiver y a des courants d’air, enfin … vous voyez ce que je veux dire, c’est pas très agréable de traverser la
rue de Rome. Donc ils ne viennent pas. Ils restent là. Ah mais ça c’est vraiment un truc très caractéristique, c’est-à-dire que nous avons envoyé de la pub par exemple au-delà de la rue de Rome pour drainer des clients, au-delà de la rue de Rome pour qu’ils viennent ici. Mais non ils ne viennent pas. […]

DE : Du coup votre clientèle elle est très locale ?

O : Oui. Elle est très localisée et quand on va comme je vous ai dit à la pêche aux clients en dehors de ces zones c’est très, enfin c’est compliqué. Et moi j’ai même eu des gens qui habitaient la rue Legendre juste après la rue de Rome. J’ai eu comme ça un client qui est venu et qui m’a dit « ah le coin il est sympa ici ». Alors j’avais l’impression que le gars il habitait dans l’autre arrondissement alors qu’en fait il est à 100m mais il n’a jamais eu l’idée de traverser la rue de Rome, enfin le chemin de fer pour venir.

« Mais c’est psychologique. Ça existe dans toutes les villes, quand il y a des grands boulevards ça fait une barrière »

Lors de l’expansion de Paris en 1860, une partie de la commune de Neuilly et la commune de Batignolles-Monceaux furent regroupées pour créer le XVIIème arrondissement. Ces communes gardent certains de leurs tracés historiques et de nouvelles percées sont réalisées notamment avec Haussmann.
Comme on peut le voir sur le plan édité par Andrivau-Goulon en 1845 certaines rues actuelles existent déjà sous un autre nom comme l’avenue des Ternes sous le nom de route des Ternes, la rue de Courcelles sou le nom de chemin de la Planchette à Courcelles, l’avenue de Saint Ouen sous le nom de route de Paris à Saint-Ouen et l’avenue de Clichy qui conserve le même nom. Certains de ses axes marquent des frontières dans l’arrondissement comme l’avenue de Clichy. Pour de nombreuses personnes, de même que la rue de Rome semble plus justifiée pour être la limite Batignolles/Plaine Monceau, l’avenue de Clichy semble être la fin des Batignolles et le début des Epinettes. Or, elle n’est qu’une partie de la délimitation de ces deux quartiers. Par ailleurs de par sa largeur et son activité elle représente une frontière non facilement franchissable. Les commerçants des Batignolles n’ont pas de clients habitant de l’autre côté de l’avenue.
DE : Et vous avez des gens des Epinettes qui viennent ? […]
O : Alors l’avenue de Clichy et la rue de Rome sur un plan ça fait vraiment comme une barrière, c’est compliqué.
La marchande de chaussures dont la boutique est aux Batignolles à des clients du côté Ouest de la voie ferrée mais pas de l’autre côté de l’avenue de Clichy.
MC : De l’autre côté de l’avenue de Clichy ? Non j’en n’ai pas beaucoup. Je reconnais que j’ai plutôt des gens qui viennent du 8ème, « de l’autre côté du pont » comme ils disent, du quartier bien sûr et y en a qui viennent de Clichy mais ce sont des gens qui ont les moyens.
DE : D’accord.
MC : Voilà. C’est vrai, donc la population de Clichy … ça reste du chinois ! ça reste du chinois. C’est vraiment la limite ici je dirais.Même si certains imaginent davantage la limite entre les Batignolles et la Plaine Monceau au niveau de la césure de la rue de Rome, celle-ci se trouve au niveau de l’ancienne route d’Asnières, actuelle rue de Tocqueville/rue de Lévis. Sur le plan (figure 17), on remarque que c’était la limite entre la zone construite de la commune Batignolles-Monceau et la partie non construite. Cet axe est d’ailleurs vraiment très ancien car Jeanne d’Arc a emprunté (la partie piétonne de l’actuelle rue de Lévis) après avoir dormi au Château de Monceau pour aller combattre les Anglais. On comprend alors que ce soit historiquement la frontière entre les deux quartiers. M. Maron m’explique en quoi la déviation de la limite vers la rue de Lévis est judicieuse dans le partage des quartiers.
Comme on peut le voir sur la carte de la figure 19 des ilots de l’arrondissement, le tissu urbain de l’ouest de l’arrondissement répond alors aux impératifs du préfet de Paris à savoir de larges avenues droites bordées d’arbres, des bâtiments alignés et des places aérées notamment par le biseautage des angles. Le tissu de l’Est quant à lui est séparé en deux avec une grille assez régulière entre la voie ferrée et l’avenue de Clichy et un tracé de voies horizontales de l’autre côté de l’avenue.
Ainsi, c’est à la même époque que s’homogénéisent à l’Ouest de l’arrondissement, des bâtiments Haussmanniens et une population aisée et à l’Est une population ouvrière et des bâtiments industrielles.
Cela laisse présager une fracture dans l’arrondissement. Mais ce ne sont pas seulement des grands boulevards qui créent des frontières dans le quartier mais également certaines rues. Ainsi la rue Legendre est une frontière pour la rue de Lévis, renforcée par le fait que la partie Sud de la rue de Lévis est piétonne et la partie Nord ne l’est pas. En effet pour moi il y avait deux rues de Lévis mais c’était inconscient. Le libraire situé dans la partie Nord me l’a révélé par la disparition de certains commerces car les gens vont seulement dans la partie Sud et s’arrêtent à la rue Legendre.

« Ceux qui sont en bas dans la rue des Moines ne vont pas forcément remonter en haut faire leurs courses »

Le dernier élément créateur de frontière dans l’arrondissement est la topographie. En effet l’arrondissement n’est pas plat, certaines rues peuvent être plus hautes que d’autres ou en pentes. Par exemple le faux plat de la partie de la rue de Tocqueville entre le boulevard Pereire et la Porte d’Asnières comme on peut le voir sur la coupe. Les personnes d’un certain âge ne peuvent plus parcourir cette portion de rue à cause du dénivelé. C’est ce que m’explique M. Maron.
M. M : On a une rue de Tocqueville qui plonge et qui remonte. Je le sens moi je ne peux plus passer par-là. Je ne peux plus passer parce que ça m’essouffle. Le boulevard Malesherbes lui, non. J’ai trouvé le moyen de lire il y a quelque temps qu’on avait fait des apports de terres très importants à la fin du XIXème. On avait voulu aplanir le boulevard Malesherbes jusqu’à la porte d’Asnières. On voit très bien que toute cette masse de fortifications avait joué pour beaucoup de terre, tout ça ce n’était pas très plan, c’était un peu montueux. Puis après on a voulu réguler ça. Donc après on a régulé le boulevard Malesherbes qui est impeccable. Il arrive droit, continue. La rue de Tocqueville elle existait d’avant. Elle plongeait elle remontait, elle continue de plonger de remonter.
Le boulevard Malesherbes étant dessiné bien après la route d’Asnières, actuelle rue de Tocqueville, les urbanistes du XVIIème régulèrent le niveau de la voie afin que son altitude ne varie pas pour empêcher de manière consciente ou inconsciente la création d’une frontière.
Une rue en pente peut réfréner certains habitants à la monter même s’ils n’ont pas de problème de déplacement. C’est ce que m’explique l’opticien. Comme on peut le voir sur la coupe (fig 20) la différence de niveau entre la rue des Moines et la rue Legendre est assez élevée, de presque 4m. Il y a une pente de 4,2%. L’influence des clients du marché de Batignolles ne profite pas aux commerçants de la rue Legendre car ces derniers ne montent pas vers elle, bien qu’elle soit distante de 150m.
DE : Mais il y a quand même le marché des Batignolles
O: oui mais il est en bas ! Alors il faut savoir que comme le terrain est en pente un petit peu, ça c’est important, comme c’est en pente les gens… comment dire ? ceux qui sont en bas dans la rue des Moines ne vont pas forcément remonter en haut faire leurs courses. Parce que ils restent plutôt en bas. Ba oui c’est un… c’est comme la rue de Rome. La rue de Rome avec le chemin de fer, ça fait comme une sorte de… comme une sorte de barrière naturelle. Ainsi la topographie joue également un rôle important dans le mode de déplacement des habitants.

Existence de frontières dans la répartition de la population

Il existe des frontières que l’on peut voir à l’oeil nu dans le paysage urbain du XVIIème mais il existe également des limites dans la répartition sociale. Le schéma historique d’un Ouest bourgeois et d’un Est populaire est depuis quelques années remis en question. Par ailleurs le XVIIème est un arrondissement périphérique ce qui entraine également des différences sociales suivant l’axe Nord/Sud.
Pour expliquer cela je vais m’appuyer sur les interviews effectuées, l’évolution du prix du m² par la Chambre des Notaires de Pairs, ainsi que sur des excursions dans l’espace public pour essayer de révéler ces frontières.

« Mademoiselle vous savez qu’il y a le bon XVIIème et le mauvais XVIIème »

Comme nous l’avons vu précédemment la formation du XVIIème laisse présager un contraste important de part et d’autre de la voie ferrée qui ne fit que se confirmer par la suite. On parle du beau XVIIème pour qualifier les quartiers aisés des Ternes et de la Plaine Monceau et de mauvais XVIIème les Batignolles et les Epinettes.
Les habitants des Batignolles et des Epinettes étaient plus populaires que ceux de la Plaine Monceau et des Ternes.
DE : Et le quartier, c’était quel type de population ?
Mme A : C’étaient des gens plus simples qu’ici, moins bourgeois. Mais bon. Je n’y trainais pas, je prenais le 31 je m‘arrêtais à la station près d’elle [une de ses amies qui habitait aux Batignolles], je montais dans son appartement mais ça ne me déplaisait pas comme quartier. Ce n’était pas mal fréquenté, pas du tout. Il y avait des commerces, y avait des opticiens. Il y avait, dans cette avenue, pleins de commerces, il y avait la mairie du XVIIème. C’était moins bourgeois, mais bien ! Mme H : Ah oui ça c’est sûr ! Ah oui oui oui. Il y a davantage d’artisans de l’autre côté, c’est-à-dire aux Batignolles que dans notre quartier. Ici il y a davantage de professions libérales. C’est un peu ça.
« Je dirai que c’est la jeune population qui a franchi le pont »
Pour comprendre le changement de population j’ai effectué une demande d’obtention de données auprès de l’INSEE via le réseau Quetelet, le réseau français des centres de données pour les sciences sociales, afin d’étudier les variations des catégories sociaux professionnelles de l’arrondissement. Cependant je n’ai eu que des données brutes. Ne sachant pas les utiliser ou ne connaissant personne en capacité de le faire je n’ai pas pu les exploiter, je vais donc pour expliquer ce mouvement utiliser les cartes d’Anne Clerval sur les types de quartier.
On remarque bien la frontière nette au niveau du Pont Cardinet entre l’Est et l’Ouest de l’arrondissement d’un côté on a davantage de « beaux quartiers » et de l’autre côté des « habitats anciens populaires » en 1982. Mais cette frontière se déplace au niveau de l’avenue de Clichy en 1999 avec la diminution « d’habitats anciens populaires » dans le quartier des Batignolles. Ce phénomène ne fit que se confirmer par la suite, remettant en cause le forme du schéma d’un bon XVIIème et d’un mauvais XVIIème.

« Il y a une différence parce que tu es moins dans le coeur. Tu es plus en périphérie du quartier»

On a vu avec le schéma historique et le nouveau schéma de répartition de la population que l’on considérait les différences sociales de l’arrondissement seulement suivant l’axe Est/Ouest.
Cependant il faut noter que le XVIIème se situe en périphérie de Paris. Il existe également des frontières sociales suivant l’axe Nord/Sud. Sur la couronne extérieure de l’arrondissement se situaient comme nous l’avons vu les fortifications de Thiers et notamment la Zone non aedificandi. Malgré la construction de logements sociaux, elle resta très longtemps des terrains vagues. Seul l’Opéra et l’Odéon installèrent leurs ateliers de décors sur cette zone. M.Maron avait qualifié ces terrains de taudis. Mme Hua me confirme que c’étaient des terrains vagues ou des friches industrielles appartenant à la SNCF derrière le boulevard Berthier, au niveau de la ZAC des Hauts de Malesherbes, mais également au niveau de la rue de Saussure derrière le boulevard Pereire, actuel lieu de construction d’une partie de la ZAC Clichy-Batignolles.
Mme H : Moi je comprends pas pourquoi on appelle ça les Hauts de Malesherbes ! Moi j’appelle ça les bords du périphérique !
DE : Mais avant il y avait rien ?
Mme H : C’étaient un peu des terrains vagues.
DE : Parce que j’ai regardé des terrains vagues et je ne voyais pas de bâtiments dessus. […]
Mme H : Les immeubles, qui sont rue de Saussure, c’étaient des terrains vagues vers le boulevard Pereire. Comment vous dire, ça a changé tellement rapidement ! il y avait beaucoup de terrains vagues.
Il y avait beaucoup de terrains qui appartenaient à la SNCF. On ne voyait pas parce qu’on s’en rendait pas compte parce qu’il y avait des bâtiments devant. […] Alors là, rue de Saussure, il y a eu toute une série de bâtiments modernes. Alors là c’est superbe ! ça c’est pareil c’est récent enfin ça a vingt ans. Mais on allait pas jusque-là autrefois.
Il y avait beaucoup de terrains qui appartenaient à la SNCF et petit à petit ça s’est construit. On ne connaissait pas bien ces lieux, comme il s’agissait de terrains vagues on y allait pas.

« Ça s’est agrandit très vite. Regardez les dates sur les immeubles. Mais bon du coup les gens changent»

Comme nous l’avons vu avant le XVIIème a été annexé en 1860. Il n’a donc pas toujours été le lieu d’habitation de la bourgeoisie parisienne.
Les recherches effectuées par Michel Pinçon et Monique Pinçon Charlot pour leur oeuvre commune Dans les beaux quartiers, le montre notamment l’étude de membres de clubs privés tels que le Jockey Club, le Polo de Paris ou encore le Cercle du Bois de Boulogne.
Elle dévoile un glissement des beaux quartiers initialement localisés dans le Vème, VIème et surtout VIIème arrondissement. Cette translation a eu lieu lors de la première moitié du XXème siècle. M.Van Der Elst est un exemple de ce déplacement. Pour lui Paris c’est le Vème ou le VIème arrondissement, les arrondissements de sa jeunesse, la beauté des bords de Seine ou encore le XVIème qu’il qualifie de très familiale. Mais il a décidé de vivre dans le XVIIème car il se sentait plus indépendant, plus libre.

 

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Table des matières

Remerciements
Introduction
Présentation des personnes interviewées
PARTIE I : XVIIème – Importance du phénomène de frontière
I – Frontières, établies lors de la création du XIIème ou dues à la geographie
« Pour bien comprendre ce quarter qu’est le XVIIème, il faut évoquer les enceintes de Paris.»
« De l’autre côté des ponts»
«Mais c’est psychologique. Ça existe dans toutes les villes, quand il y a des grands boulevards ça fait une barrière.»
«Ceux qui sont en bas dans la rue des Moines ne vont pas forcément remonter en haut faire leurs courses.»
II – Existence de frontières dans la répartition de la population
« Mademoiselle vous savez qu’il y a le bon XVIIème et le mauvais XVIIème.»
« Je dirai que c’est la jeune population qui a franchi le pont»
« Il y a une différence parce que tu es moins dans le coeur. Tu es plus en périphérie du quartier.»
« Ça s’agrandit très vite. Regardez les dates sur les immeubles. Mais bon du coup les gens changent.»
«Promenez-vous dans les rues, vous allez vous apercevoir qu’elles changent entre les quartiers.»
PARTIE II : XVIIème – Peut-on parler d’uniformité entre les frontières ?
I – Présence de zones hétérogènes
« Y a quand même une grande hétérogénéité sociale mais très fortement localisée avec une ségrégation sociale. »
« Pour le coup ce qui est vraiment révélateur c’est l’école. »
« Le XVIIème ou la nouvelle terre promise »
« Je dirai qu’il y a plus que quatre quartiers »
II – La disparition des villages tient du changement du rez-de-chaussée
« Si vous voulez on avait des relations avec les commerçants qui étaient presque familiales »
«Les gens sont moins fidèles maintenant qu’il y a 20 ou 30 ans où les gens avaient leurs commerçants un peu attitrés.»
« Y a quinze ans en arrière il n’y avait que des commerces de bouche. »
PARTIE III : XVIIème – Etude de cas
I – Gentrification des Batignolles
« Le quartier est devenu, je dirai, presque dans le haut de gamme. »
« Je ne sais pas pourquoi le quartier s’est transformé »
« Ça commence à ressembler un peu au Marais vous voyez »
« Maintenant dans le temps est-ce que ça va être bien ? »
II – La mixité artificielle de la ZAC Clichy Batignolles
« C’est mixte de chez mixte là-bas »
« Il y a 50% de logements à peu près c’est ce qu’on m’a dit. Donc c’est ça aussi qui fait fuir les bourgeois du quartier. »
« C’est du neuf mais par contre dans le temps je ne sais pas ce que cela donnera. »
Conclusion
Médiagraphie
Crédits

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