La détermination du statut des propriétés riveraines à l’Arric

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Un village sur les berges de l’Arric

La commune de Lourdios-Ichère possède un territoire montagneux situé de part et d’autre du vallon de l’Arric. Ce village de 162 habitants (INSEE, 2014) est délimité par le signal de Saraillé au nord, la vallée du gave d’Aspe (au-delà du col d’Ichère) à l’est, le massif du Layens au sud et la vallée des gaves d’Issaux et du Lourdios à l’ouest. La commune est cernée des villages d’Issor, de Sarrance, d’Osse-en-Aspe et d’Arette. D’après le CORINE Land Cover (2006), les sols du territoire de la commune combinent 29 % de territoires agricoles et 71 % de forêts et milieux semi-naturels. Le village se positionne de part et d’autre de l’Arric mais ce cours d’eau est également cerné de saligues, les forêts alluviales humides caractéristiques des gaves, sur la majorité de son linéaire et de la route départementale 241.

Une commune à risque

La commune de Lourdios-Ichère est un territoire soumis à des risques multiples (avalanches, feux de forêts, mouvements de terrain, séismes) dont le risque inondation (Plan de Prévention des Risques naturels, 2003). En effet, l’orientation ouest-est du vallon soumet de manière régulière le village aux précipitations d’origine océaniques, et les affluents de l’Arric drainent des versants très pentus. De ce fait, sur ce bassin versant de 8,2 km², le temps de concentration est de 42 minutes (Stucky, 1998). Les inondations sont majoritairement liées à une obstruction du lit par divers embâcles, provenant des affluents (en particulier le Bourbou), qui font monter le niveau de l’eau jusqu’à débordement du lit. Ces propos ont été démontrés par le passé, au cours de diverses crues qui ont marqué le village, telle que la crue du 26 octobre 1937 (7 propriétaires sinistrés) ou celle du 16 juin 1992 (figure 6), historique de par le débit de l’évènement (30 m3/s, crue avec une probabilité de retour de 50 ans).
Une autre problématique majeure sur les parcelles riveraines à l’Arric est la perte de terre, liée majoritairement à une vitesse du courant élevée, variant entre 2 et 5 m/s (Stucky, 1998). Aussi, le cours d’eau s’écoule sur un substratum rocheux (schistes dominant) ; le lit ne peut pas s’inciser en profondeur, l’énergie de l’eau est donc dissipée sur les rives de l’Arric. Ce substrat rocheux est en outre très instable puisqu’il gonfle sous l’action de l’eau et déstabilise le sol (Stucky, 1998). Beaucoup de matériaux sont charriés sous l’action des érosions ou par des glissements de terrain (les berges pouvant être très abruptes à certains endroits), et aggravent l’intensité des crues. Le régime torrentiel de l’Arric donne lieu à deux problématiques majeures, liées à la dynamique du cours d’eau, qui préoccupent les habitants de Lourdios-Ichère.

La nécessité de diagnostiquer les parcelles riveraines

De par la forte vulnérabilité du village face aux crues torrentielles, un entretien régulier des cours d’eau a toujours été nécessaire pour limiter les risques d’embâcles générés par la végétation rivulaire, pouvant causer des dégâts en période de fortes précipitations. Cet entretien est particulièrement nécessaire sur le Bourbou et sur l’Arric, qui sont les principaux cours d’eau responsables des dommages sur la commune. Deux diagnostics réalisés en 1998 et en 2006 respectivement par le bureau d’étude Stucky et le conseil général des Pyrénées-Atlantiques ont permis d’amorcer des opérations de nettoyage de la végétation (nettoyage, abattage et recépage des arbres penchés ou malades, taille des branches, fauchage des berges, nettoyage des encombrants) par l’IPHB avec l’assistance technique de l’AAPPMA La Gaule Aspoise et d’installer deux pièges à embâcles (figure 7) le long de l’Arric. Des travaux de bûcheronnage, d’élagage, de treuillage et de broyage ont également été mis en oeuvre à la suite de la tempête Xynthia du 27 février 2010 qui avait arraché de nombreux arbres sur la commune (IPHB, 2010). Depuis, de par un manque de financement, aucun entretien de la végétation n’est réalisé sur la commune, sinon le curage des pièges à embâcles après chaque grosse crue.
En ce qui concerne les instabilités des berges à l’Arric, aucune action n’a été mise en oeuvre excepté la mise en place de murs ou d’enrochement lors de la création de la route départementale dans le but de soutenir la chaussée. En 2013, l’IPHB a édité l’ « Etat des lieux du gave d’Aspe et de ses affluents » recensant les principaux points d’érosion et atterrissements dans la vallée. Néanmoins, cette étude n’était pas centrée sur la commune de Lourdios-Ichère donc l’inventaire des fragilisations s’est révélé peu précis, et n’a débouché sur aucune action concrète permettant de préserver les terres.
Aujourd’hui, la commune s’intéresse de près à ces deux problématiques, pour éviter que les évènements de 1992 ne se reproduisent sur l’Arric et limiter les érosions de berges. Un nouvel état des lieux est nécessaire. Il est précisé que Lourdios-Ichère appartient à la Communauté de Communes du Pays d’Oloron et des Vallées du Haut-Béarn (CCPOVHB) mais ne dépend pas du Syndicat Mixte des Gaves d’Oloron, Aspe, Ossau et Affluents (SMGOAO). En effet, par peur de voir son territoire délaissé, elle préfère à l’heure actuelle gérer ses rivières de manière locale. L’IPHB, qui seconde les communes dans leurs projets, a dépêché une stagiaire pour réaliser le diagnostic des berges de l’Arric. L’objectif de cette étude est d’effectuer un état des lieux de l’ensemble des parcelles riveraines au cours d’eau, et d’associer aux divers problèmes rencontrés des propositions de travaux envisageables par les propriétaires. Cela se concrétise sous la forme de fiches pratiques d’intervention transmises à la commune dans le but futur de faciliter le travail du SMGOAO.
Malgré une forte inquiétude des habitants, peu d’actions ont été concrétisées par manque de financements. La commune souhaite établir un nouvel état des lieux de l’Arric dans l’objectif de réduire son impact sur le village.

La détermination du statut des propriétés riveraines à l’Arric

La première étape de cette étude a été de déterminer le statut des propriétés riveraines. Cela consiste à distinguer les propriétés qui relèvent d’un statut privé et celles qui sont considérées comme domaniales. Ceci dans un objectif double. D’une part, cette détermination est une étape préliminaire à l’étude puisqu’elle permet d’informer l’ensemble des propriétaires riverains à l’Arric du diagnostic effectué sur les abords du cours d’eau et de leur faire part du passage de deux ingénieurs stagiaires de l’IPHB sur leurs parcelles, en particulier lorsque la prospection n’est pas réalisable dans le lit mineur de l’Arric. D’autre part, ce travail permet d’identifier d’ores et déjà la part des différents types de propriétaires sur la totalité du linéaire de l’Arric et de la communiquer à la mairie, à titre informatif.
Pour aboutir à cela, il a été nécessaire dans un premier temps d’identifier les parcelles adjacentes à l’Arric en utilisant :
– un système d’information géographique (logiciel QGIS, version 2.14 « Essen ») .
– le fichier de forme (Shapefile) contenant l’ensemble des cours d’eau de la vallée d’Aspe (fourni par l’IGN et modifié par l’IPHB) à partir duquel un fichier de forme contenant seulement l’Arric a été créé .
– le cadastre de la commune fourni par l’IGN à l’IPHB (base de données PARCELLAIRE®, révisée en octobre 2013)
– un fichier de forme (Shapefile) regroupant l’ensemble du linéaire routier de la vallée d’Aspe (fourni par l’IGN et modifié par l’IPHB) à partir duquel ont été extraites les routes départementales et les chemins communaux sur le territoire de Lourdios-Ichère.
Au sein du logiciel QGIS, l’outil de géotraitement « Tampon » a notamment été utilisé pour pouvoir sélectionner les parcelles situées dans un secteur de 10 mètres aux abords de l’Arric et ainsi créer un fichier de forme renfermant ces parcelles considérées comme riveraines au cours d’eau. Une intervention manuelle a par la suite été nécessaire pour ôter de ce fichier de forme les parcelles qui se trouvaient derrière la route départementale 241. En effet, cette route départementale qui relie Lourdios-Ichère à Sarrance a la particularité de longer l’Arric sur quasiment l’ensemble du linéaire du cours d’eau. Une fois l’ensemble des parcelles riveraines à l’Arric identifiées (numéros et sections des parcelles), il a été question de connaître la liste des propriétaires associés à ces terrains. L’identité et l’adresse des propriétaires ont été consultées au secrétariat de la mairie de Lourdios-Ichère à travers un logiciel du Cadastre, à la suite d’un ancien stagiaire qui avait d’ores et déjà entamé ce travail d’identification.

La synthèse des études antérieures

Une fois la totalité des propriétaires riverains informés de l’étude en cours, il a été nécessaire de sélectionner l’ensemble des facteurs pertinents à observer sur les berges de l’Arric. En vue de cela, l’analyse des travaux déjà réalisés s’est révélée utile pour identifier les principales problématiques d’ores et déjà rencontrées sur les berges de ce cours d’eau et s’en inspirer pour cette présente étude. Ainsi, ont été examinés les documents suivants :
– le rapport du bureau d’étude Stucky intitulé « Etude d’aménagement du gave d’Aspe et de ses affluents » et rédigé en 1998.
– le dossier « Etat des lieux du gave d’Aspe et de ses affluents. Diagnostic » réalisé par d’anciens stagiaires de l’IPHB (Mélanie BARREAUD et Anthony LAURENT) en juillet 2013.
– les devis de diverses entreprises de traitement de la végétation sollicités par la commune.
– les dossiers de demande de subventions établis par l’IPBH pour les travaux d’entretien de la végétation sur la commune de Lourdios-Ichère.
Au travers de ces différents documents, plusieurs critères se sont détachés et ont été jugés comme potentiellement intéressants à noter lors de la prospection sur le terrain puisque déjà observés sur l’ensemble du bassin versant du gave d’Aspe. Dans les précédentes études avaient notamment été mentionnées les informations suivantes :
– les points d’érosion : les fronts d’érosion en pied de berge et les glissements de terrain en haut de berge.
– les embâcles (dus à des dépôts végétaux, à des arbres, à des déchets anthropiques).
– les atterrissements (végétalisés ou non).
– les protections de berge (épis, enrochements, gabions, murs, génie végétal) et leur état (désenrochement de blocs, boutures qui n’ont pas repris).
– l’état de la ripisylve : espèces, inclinaison des arbres, développement d’espèces invasives.
– les dépôts liés à l’action de l’Homme (matériaux en métal, dépôts verts, fumières).
– les rejets (eaux pluviales, eaux usées), arrivées d’effluents susceptibles d’altérer la qualité des eaux (fumières) et arrivées de buses.
– les obstacles à l’écoulement (seuils, piles de ponts, pièges à embâcles).
– les aménagements touristiques ou halieutiques (accès pour pêcheurs).
– les prélèvements pour les microcentrales hydroélectriques.
Toutefois, il est apparu que certaines de ces informations ne semblaient pas pertinentes à répertorier sur l’Arric. Une sélection des informations à recenser a donc été nécessaire.

Le retranchement des éléments non appropriés à l’Arric

Au vu de la qualité de l’eau dans ce secteur, et après discussion avec la commune, les indicateurs liés à l’arrivée de diverses pollutions physiques, chimiques ou biologiques dans l’Arric n’ont pas été maintenus. En effet, il est apparu que les principales préoccupations du village étaient liées aux inondations et à la perte de terres. Par conséquent, l’arrivée d’eaux pluviales, usées ou bien des cours d’eau est indiquée seulement à titre indicatif, et la présence de fumières n’a pas été constatée. En ce qui concerne les points de prélèvement pour les microcentrales, ils sont inexistants sur l’Arric de par le faible débit du cours d’eau hors période de crues. Cet indicateur a donc été écarté de cette étude. Pour la même raison, aucun aménagement touristique ou halieutique n’est présent. Aussi, l’unique seuil crée de manière anthropique est situé à l’aval du cours d’eau au niveau de sa confluence avec le gave de Lourdios ; les diverses marches le long de l’Arric sont naturelles puisque liées à la déclivité du terrain. De ce fait, les ruptures de pente ont été annotées à seul titre informatif ou bien lorsqu’elles engendraient une fragilité des berges (par exemple, une cascade qui concentre l’ensemble du courant sur une rive et qui engendre la formation d’un tourbillon aux abords de la berge, creusant la parcelle riveraine).

Un diagnostic basé sur des critères adaptés

Ainsi, l’état des lieux s’est établi sur l’observation des critères suivants, jugés comme pertinents compte tenu du contexte de l’étude et des problématiques d’érosion et d’inondation souvent rencontrées sur le territoire de la commune.
D’une part, doivent être inventoriés les creusements en pied de berge liés à la force de l’écoulement de l’Arric. Aussi, l’ensemble des glissements de terrain (dont la zone de déstabilisation est située en haut de berge) doivent être répertoriés puisqu’ils engendrent une importante perte de terres sur les parcelles riveraines. D’autre part, la formation d’atterrissements près des rives ou au milieu du lit du cours d’eau peut être indiquée puisque leur extension entraîne une déviation du courant engendrant des fragilisations sur les rives opposées. Le développement de végétaux sur les blocs doit être mentionné puisqu’il indique l’ancienneté de l’atterrissement.
En ce qui concerne la végétation, il est primordial de s’inquiéter de l’état de la ripisylve. Cela passe par l’observation des espèces présentes (remarquer le développement d’espèces invasives) mais aussi par l’analyse de l’état de la végétation (arbres vieillissants qui vont bientôt chuter, arbres en plein développement qui comptent de nombreuses branches, jeunes arbres poussant de manière difforme). La présence d’embâcles constitue également une importante source d’information puisqu’elle est directement liée aux problèmes d’obstructions du lit observées au cours du temps dans ce village. Leur origine naturelle (branches et troncs d’arbres) ou artificielle (déchets anthropiques : grillages, clôtures, piquets en métal) est annotée ainsi que leur niveau d’encombrement dans le lit de l’Arric.
A partir de cela, une fiche « terrain » permettant de répertorier l’ensemble des critères cités a été conçue. Cette fiche de relevés (annexe 3) utilisable sur le terrain a facilité la transcription des informations suivantes :
– le point GPS correspondant au site problématique.
– le nombre de photographies prises en ce lieu.
– des points de repère afin de pouvoir retrouver la fragilisation (ponts, petites cascades, panneaux, confluence avec un autre ruisseau) malgré l’incertitude de la mesure GPS.
– les diverses fragilisations évoquées plus haut.

Les relevés sur le terrain

La prospection du linéaire de l’Arric s’est déroulée sur 4 journées de terrain (les 10, 11, 15 et 17 mai). Pour des raisons de sécurité, elle s’est effectuée en présence d’une autre stagiaire de l’IPHB effectuant la même étude sur le Gave de Lourdios. Les relevés ont été effectués à pied de l’amont vers l’aval, de manière préférentielle dans le lit mineur du cours d’eau, pour annoter le maximum d’anomalies présentes sur les berges. Lorsqu’il était impossible d’accéder au lit mineur de l’Arric (secteur très encaissé, fort courant), le diagnostic fut réalisé depuis les parcelles riveraines ou bien depuis la route départementale 241. Le matériel suivant a été utilisé :
– la fiche de relevés évoquée dans la sous-partie précédente.
– un GPS (marque GARMIN, version eTrex Legend® HCx).
– un topofil (Walktax Haglöf)
– deux appareils photographiques (Canon PowerShot SX280 HS et Nikon Cool Pix AW100).
– une carte IGN au 1/25 000ème : Oloron-Ste-Marie Vallée d’Aspe n°1546 OT.
A chaque fragilisation observée, le GPS a été utilisé pour enregistrer ses coordonnées géographiques. Le point GPS enregistré est annoté sur la fiche de relevés afin d’associer la localisation et les caractéristiques de la fragilisation par la suite. Des points de repères sur les parcelles riveraines (habitations, panneaux routiers) et au sein de l’Arric (ponts, confluences) sont répertoriés compte tenu de l’incertitude de mesure de cet appareil. Par la suite, ils permettront d’identifier l’erreur du GPS en vérifiant sur QGIS le décalage entre les localisations enregistrées et la carte. La fragilisation est recensée dans la case correspondante de la fiche de relevés. Sont précisées la localisation du problème (rive, milieu du lit, haut ou pied de berge) ainsi que les dimensions de la fragilité mesurées à l’aide du topofil. Cela peut correspondre aux hauteurs et longueurs d’un glissement de terrain, à la hauteur d’un arbre, à la largeur d’un atterrissement, à la profondeur d’un creusement ou au linéaire d’un enrochement. Enfin, des photographies de la fragilisation ont été effectuées. Lorsque cela était possible, une des opératrices s’est positionnée dans le cadre de la photographie pour constituer une échelle et ainsi mieux se représenter les dimensions de la vulnérabilité observée (figure 9).

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Table des matières

Partie I – Contexte et objectifs
A. Une gestion en patrimoine commun dans le Haut-Béarn
B. Un cours d’eau à régime torrentiel : l’Arric
Partie II – Matériels et méthodes
A. La détermination du statut des propriétés riveraines à l’Arric
B. La prospection du linéaire du cours d’eau
C. La hiérarchisation des fragilités
D. Des suggestions de travaux envisageables sur l’Arric
E. La représentation des données
Partie III – Résultats
A. Les propriétaires riverains à l’Arric
B. La prospection du cours d’eau
C. Des fragilités associées à des enjeux divers
D. Les solutions suggérées aux propriétaires
E. Les documents finaux
Partie IV – Discussion
A. L’accomplissement des objectifs de départ
B. L’analyse des problématiques rencontrées
C. La complexité d’identifier des solutions
D. Le bilan de l’étude
Conclusion
Références bibliographiques

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