La démocratisation de la culture

La démocratisation de la culture

Centre culturel pluridisciplinaire :

Il y a déjà plus de 20 ans qu’une hybridation des pratiques artistiques a été relevée en Europe. Les disciplines tendent à se mélanger, allant vers une interdisciplinarité et une collaboration entre différents milieux artistiques qui, auparavant, avaient des langages définis (Padilla, 2003). De cette tendance, découlent des nouveaux lieux culturels qui sont identifiés en France depuis la fin du 20ème siècle (Henry, 2013) et le phénomène a pris prendra de l’ampleur au début du 21e siècle (Chevance, 2003). Les centres culturels pluridisciplinaires désignent un type d’établissements de la culture au spectre large auquel il est difficile de mettre une étiquette précise (Ruby & Desbons, 2002). Ils sont parfois nommés espaces projets artistiques (Chevance, 2003), territoire de l’art (Grésillon, 2008), tiers lieux (Besson, 2018), fabriques (Henry, 2013) ou plus fréquemment friches culturelles (Padilla, 2003).

Ces lieux pluridisciplinaires sont localisés dans d’anciens bâtiments industriels reconvertis (Ruby & Desbons, 2002). Leur naissance vient fréquemment d’une démarche initiée par des artistes ou d’une collectivité locale ne faisant pas partie de programmes culturels nationaux (Padilla, 2003). Mais avant d’analyser leur contenu, vient la question de leur origine et leur raison d’être. Les friches culturelles ont au coeur de leur mission l’idée de trouver des manières alternatives de faire face aux changements culturels de notre temps en trouvant des solutions qui s’adaptent à l’évolution de la société (Besson, 2018). Il semblerait des 1ères conditions serait l’existence de terrains ou bâtiments industriels désaffectés ou parfois même abandonnés (Ruby & Desbons, 2002). Ces espaces sont souvent situées un peu à l’extérieur des centres-villes, dans des zones industrielles, militaires ou portuaires (Grésillon, 2008). Les géographes ont tenté d’analyser l’organisation de ces espaces abandonnés ou dépourvus de sens qui retrouvent de la valeur grâce à leur appropriation par la culture.

L’initiative de reconvertir ces lieux en un espaces culturel peut provenir d’association ou simplement d’individus s’appropriant les lieux (Ruby & Desbons, 2002). Anne Neuenschwander Les établissements culturels habituels tel que les musées, ne sont parfois pas à la portée de tous les artistes car leur proposition artistique n’est pas forcément reconnue (Henry, 2013). Pour cette raison, de nombreuses associations ont cherché d’autres solutions pour trouver des lieux pour leurs pratiques. Les anciens lieux désaffectés consistent en un choix intéressant pour les artistes car il s’agit d’un espace modulable et à la base peu couteux qui se prête bien comme lieux d’exploration artistique (Padilla, 2003). Ces espaces permettent aux artistes de créer et d’organiser leur travail et de se retrouver pour des pratiques artistiques, par exemple la création d’oeuvres d’art (Grésillon, 2008). La naissance de ces projets peut venir d’une initiative de récupérer un lieu désaffecté qui risque la destruction et auquel il faut trouver un nouvel usage (Henry, 2013). Hormis les privés, associations d’artistes et autres individus, la démarche découle parfois de politiques urbanistiques d’une ville qui souhaitent retrouver un usage pour ceux-ci, mais pas uniquement.

Ces lieux font partie de l’histoire d’une région et ses habitants, ce qui accentue l’intérêt de les revitaliser (Padilla, 2003). En entreprenant ces démarches, les villes prennent compte des changements au sein des pratiques culturelles. (Ruby & Desbons, 2002). Cette démarche débouche sur des espaces avec des usages multiples et au caractère moins définit qu’une institution culturelle habituelle. La logique d’une friche culturelle est dans la constante activité et renouvellement et donc dans une dynamique qui n’est presque jamais statique. Les projets se succèdent les uns aux autres et des expériences multiples sont créées (Henry, 2013). Il n’est d’ailleurs en général pas question de labéliser l’endroit ni de lui approprier une image d’un milieu artistique spécifique (Ruby & Desbons, 2002). Depuis le début de la tendance des friches culturelles, une idée de diversité culturelle au sein de celles-ci est très forte (Henry, 2013). Cet aspect hétérogène crée souvent des échanges stimulants qui définissent ces espaces comme de véritables laboratoires culturels ou artistiques (Ruby & Desbons, 2002). En plus de vouloir favoriser la circulation entre les pratiques artistiques, il y a aussi un processus d’échanges avec la dimension de la vie sociale locale et propre à chaque lieu (Henry, 2013). Le souhait des friches culturelles est avant tout de faciliter à la démocratisation de la culture. (Ruby & Desbons, 2002). Anne Neuenschwander

La démocratisation de la culture

Les études effectuées au sujet des friches culturelles laissent penser que les friches ont vu le jour dans un contexte où le monde de l’art a connu de grands changements, eux-mêmes influencés par les grands bouleversements de la société. La consommation artistique s’est élargie depuis le 20e siècle, puis touchée par les nouvelles technologies (Henry, 2013). La création de friches culturelles apparait en même temps que la notion de culture comme moyen de participation au développement dans nos sociétés (Henry, 2013). Des politiques culturelles innovantes a déjà vu le jour dans plusieurs pays d’Europe afin de démocratiser la culture (Henquet, 2011). En France, pendant de nombreuses années, l’art a été réservé à l’élite. C’est un changement de politiques qui a influencé la mise en place de dispositifs permettant aux citoyens d’être sensible à l’art et au désir de la culture (Henquet, 2011).

Plus localement et dans la même démarche d’accès à la culture pour tous, la première mission de la politique culturelle du Canton de Vaud est « la conservation et valorisation du patrimoine matériel et immatériel dans une volonté de démocratisation, car l’accès à la culture et aux collections permet la cohésion par la participation culturelle » (SERAC, 2019). Favoriser l’accès à la culture passe par des offres culturelles abordables ou gratuites (Ville de Lausanne, 2019 ; Henquet, 2011). En revanche, il a été suggéré que de mettre à disposition gratuitement des éléments culturels ne suffit pas (Chabanne, 2018). En effet, le comportement culturel de la population est souvent lié à la classe sociale des individus. Il y a parfois un écart entre la réalité et les enjeux de la ville et sa politique culturelle à cause de barrières symboliques et une tendance à ne pas être habitué à consommer de la culture dans certaines populations (Henquet, 2011). La question de l’éducation à la culture est donc essentielle. Il faut aussi relever des politiques culturelles, l’objectif d’homogénéisation des lieux culturels sur son territoire (Henquet, 2011), c’est-à-dire de distribuer les propositions culturelles de manière plus uniforme sur le territoire.

Dans certains quartiers, le défi est de créer une cohésion nationale alors que la diversité culturelle des populations est fortement présente (Besson, 2018). Malgré des échanges plus égaux que dans la plupart institutions culturelles habituelles, une problématique socio-politique apparait parfois lorsque les friches se situent dans des quartiers plus défavorisés où la crainte d’inégalité peut quelquefois être Anne Neuenschwander réactivée (Henry, 2013) . En s’adressant à des publics habituellement peu visés par l’offre culturelle, il s’agirait donc d’abord de se renseigner sur ces individus et leurs espaces de vie de tous les jours (Besson, 2018). Comprendre le contexte avant de viser l’implication des communautés dans la construction de la culture est essentiel pour mettre en place une politique donnant un moyen d’expression artistique à la population (Chabanne, 2018).

La médiation culturelle : un outil Une politique culturelle peut agir en favorisant le contexte dans lequel s’inscrit la médiation culturelle et ainsi créer des espaces qui permettent à l’art et à la culture de s’épanouir avec sa communauté locale (Chabanne, 2018). L’art contribue par son évolution et son implication au développement de la société (Henquet, 2011). Pour cette raison, ce concept de médiation est apparu comme une politique d’accès à l’art et à la culture pour les communautés et même les minorités (Chabanne, 2018). Elle permet de transmettre des éléments culturels, de les vivre de manière originale et sans les imposer. La médiation culturelle ne se satisfait pas uniquement de transmettre un contenu mais elle contribue à donner du sens en fonction du contexte et son interlocuteur. Certains éléments du patrimoine et des oeuvres d’art restent inchangés. La médiation culturelle permet de créer chez l’interlocuteur une identification et une manière d’interpréter le patrimoine par des outils (jeux, discours, etc) qui favorise la compréhension. Dans une politique d’intégration, elle a donc réellement une dimension éthique car elle devrait permettre de faire le lien entre l’art et l’individu (Chabanne, 2018).

Dans les friches culturelles, l’espace lui-même peut jouer un rôle de médiateur (La Broise & Gellereau, 2004). Dès les premières études de ces lieux hybrides, ils sont désignés comme espaces au rôle d’intermédiaire ou de médiateurs entre plusieurs mondes avec des enjeux variés (Henry, 2013). L’interdépendance entre milieux artistiques ou non artistiques y est grande à cause de leur fonction de production et d’échanges de processus culturels et artistiques dans un lieu lié avec son territoire (Henry, 2013). C’est dans ce sens que le centre pluridisciplinaire du Centquatre-Paris a été développé, en utilisant les pratiques culturelles pour créer un lien social et des pôles d’identification (Centquatre-Paris, 2019). L’objectif des politiques a été de produire un sentiment Anne Neuenschwander d’appartenance à une communauté nationale en y mêlant les identités des gens qui sont les acteurs principaux d’une région plutôt que de formater ces individus à une culture nationale définie (Henquet, 2011).

Après une première tentative échouée, ce centre a réussi grâce à une médiation et programmation adaptée à faire une sorte de pacte avec les habitants du quartier pour en devenir un lieu d’expérimentation de la démocratisation de la culture et la création artistique (Delon, Choppin, & Eymard, 2018). Le centre s’est peu à peu fait sa place dans le quartier grâce à une approche de mélange de genre et un espace qui est libre : liberté au sens physique en baissant la sécurité mais aussi liberté dans les pratiques du lieu. Le directeur actuel du lieu pense qu’il s’agissait de moins voir le lieu comme un monument à contempler mais comme une maison de la culture dans laquelle il s’agit de faire confiance à son public (Carpentier, 2013). Médiateur entre le passé et le futur (La Broise & Gellereau, 2004), les friches culturelles entrainent des rapports à la culture différents (Chabanne, 2018). Ces lieux semblent aussi être une manière de mettre la population en confiance par rapport au concept de la culture ou à des propositions artistiques habituellement hors des habitudes de certains usagers (Padilla, 2003).

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Table des matières

Liste des tableaux
Liste des figures
Liste des abréviations
Introduction
1 Revue de la littérature
1.1 Centre culturel pluridisciplinaire : introduction
1.2 La démocratisation de la culture
1.3 La médiation culturelle : un outil
1.4 La culture : facteur de cohésion sociale
1.5 Le rapport au territoire
1.6 Mode de fonctionnement
1.7 Caractéristiques d’un centre culturel pluridisciplinaire : résumé
1.8 La plus-value de la culture pour une ville
1.9 Facteurs de réussite
1.10 Politiques culturelles en Suisse
2 Problématique
3 Méthodologie
4 Benchmark de centres culturels pluridisciplinaires
4.1 Benchmark
4.2 Analyse des bonnes pratiques
5 Analyse de l’inscription du projet dans le contexte de la ville de Lausanne
5.1 Le projet et la politique culturelle lausannoise
5.2 Liens avec la politique urbanistique de Lausanne
6 Enquête
6.1 Objectifs de l’enquête
6.2 Méthodologie
6.3 Résultats : Description de l’échantillon
6.4 Résultats : analyse des contenus par thème
6.5 Résultats : vérification des hypothèses
6.6 Conclusions scientifiques de l’enquête
7 Conclusions managériales
7.1 Principaux résultats de l’étude
7.2 Recommandations
Limites et recherches futures
Liste des références

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