La démarcation vis-à-vis de la logique Symboliste

La démarcation vis-à-vis de la logique Symboliste 

Le symbolisme se développa dans la deuxième moitié du XIXème siècle autour des années 1866. Il est contemporain de La Révolution Industrielle, donc contemporain d’un monde gagné par la modernité de la machine. Il succède au naturalisme qui rappelons semble corroborer ce dynamisme d’un monde perverti par « la froideur de l’acier ». Déjà Zola ne fait- il pas entendre lors des soirées de Médan :

Nous montrons le mécanisme de l’utile et du nuisible, nous dégageons le déterminisme des phénomènes humains et sociaux pour qu’on puisse un jour dominer et diriger ces phénomènes. En un mot nous travaillons avec tout le siècle à la grande œuvre qui est la conquête de la nature, la puissance de l’homme décuplée.

C’est contre cette vision positiviste, cette littérature qui a fini de dépraver la sensibilité humaine que se révolte le mouvement symboliste. C’est de Baudelaire dans Les Fleur du mal que va se réclamer cette nouvelle école qui va régner sur les lettres françaises pendant plus d’une décennie.

L’idéologie symboliste 

Mouvement réactionnaire né de la contestation de la tendance positiviste naturaliste, le symbolisme s’insurge aussi contre le Parnasse qui a tourné le dos à la modernité pour se réfugier dans une Antiquité lointaine. Jean Moréas en donne une définition dans son manifeste « Ennemi de l’enseignement, de la déclamation, de la description objective, la poésie symboliste cherche à vêtir l’Idée d’une forme sensible qui, néanmoins, ne serait pas son but à elle-même mais qui tout en servant l’Idée demeure sujette. » Cette déclaration du théoricien du nouveau mouvement sonne le glas, le sillon creusé semble large. C’est là un reniement de toute une tradition. Le terme « enseignement » nous ramène t-il pas au XVIIIème siècle, avec les Lumières soucieux du savoir et qui avaient fini de voir en la science la panacée universelle. La nouvelle tendance se déclare aussi « Ennemi de la déclamation et de fausse sensibilité » c’est un véritable coup porté au romantisme dont le lyrisme semble la principale caractéristique. On remarquera aussi une rupture d’avec « la description objective » du naturalisme. De par cette déclaration Moréas jettera les bases d’une littérature héritière de la tradition baudelairienne. Pour les symbolistes, le monde ne saurait se réduire à une apparence rationnelle. Baudelaire qui très tôt comprit cette vision annonçait dans Les Fleurs du mal :

La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles.
L’homme y passe à travers des forets de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers .

Cette sorte de cathédrale peinte dans ce quatrain où le jeu de la métaphore filée permet de ressortir le mysticisme de la nature donne un exemple de l’’idéal de la poésie symboliste. Les jeux de correspondances vont constituer en quelque sorte la principale matière de recherche de la littérature symboliste. Verlaine, non moins figure de tête du mouvement, n’affirme t-il pas son ralliement à cette image baudelairienne lui qui déclare : « Car nous voulons la nuance/ pas la couleur rien que la nuance . » Pour dire que la dernière grande école poétique du siècle naît des flancs des Fleurs du mal. Toute la profondeur, toute la mysticité du vers baudelairien seront retravaillées par ses illustres successeurs que sont entre autres Verlaine, Rimbaud, Mallarmé.

Le poème symboliste

Verlaine, le poète de Jadis et Naguère, allait jeter les bases de ce courant qui peinait encore à tenir debout. Le célèbre Art poétique allait fonctionner en effet, comme un manifeste pour toute la génération à venir. On rencontrera chez Gide cette rigueur dans le style. Il précisera plus tard dans son Journal : « Pour parler de mon œuvre, le point de vue esthétique est le seul où il faille se placer. » Cette musicalité du texte que réclame Verlaine « De la musique avant toute chose. », se confond dans une combinaison nuancée qui tend vers l’ésotérisme:

Il faudra que tu n’aille point
Choisir tes mots sans quelque méprise
Rien de plus cher que la chanson grise
Où l’indécis se joint .

C’est cette sorte d’impressionnisme, cette synergie d’images que reflète le vers de Verlaine. Verlaine est poète, c’est-à-dire comprend même l’idéal de l’héritage orphique qui semble être cet amalgame du rythme et de l’image. Ecoutons plutôt Valéry qui paraît plus explicite sur ce point « La poésie est l’ambition d’un discours qui soit chargé plus de sens et mêlé de plus de musique que le langage ordinaire n’en porte et n’en peut porter ». Dépassant le simple cadre du palpable, la poésie de Verlaine se développe dans une métaphysique, une inquiétude entreprise par la scansion. Romances sans paroles est à ce titre très illustratif. Ici revient le thème central du spleen, le mal de vivre baudelairien. Le poème « spleen »de Romances nous étale l’âme meurtri du poète prise dans le dédale de la végétation florale :

Les roses étaient toutes rouges
Et les lierres étaient tout noirs
Chère pour peut que tu te bouges
Renaissent tout mes désespoirs .

Mais il est important de noter que cette reprise de la thématique baudelairienne n’occulte en rien l’irréductible originalité de Verlaine, le poète symboliste, l’orfèvre du vers. Toute l’inquiétude de Pauvre Lélian se traduit dans la tonalité du vers travaillé jusqu’à retrouver la chanson. Là où d’autres comme Rimbaud, Lautréamont posent en alchimistes devant l’œuvre du maître ; Verlaine lui, retiendra de l’illustre prédécesseur, la suavité, la délicatesse du vers. Banville lui déclarait en 1886 : « parfois peut-être vous côtoyer de si prés le rivage de la poésie que vous risquez de tomber dans la musique . » Le symbolisme chez Verlaine se meut dans une atmosphère mélancolique traduit par des procédés picturaux aussi bien que musicaux.

Gide et le symbolisme 

André Gide signe son entrée dans le cercle symboliste par la publication des cahiers d’André Walter. Cette œuvre qui rappelle le mysticisme romantique, ne pourra que plaire aux idéaux du symbolisme. Les cahiers d’André Walter est un livre où la verve mystique est à l’emploi. André Walter sombre dans la folie et meurt ensuite par dépaysement et par inassouvissement de désir. Il laissera des mémoires qui tiendront lieu de témoignages sur ses attentes et espérances. Le livre présente l’aspect un peu autobiographique. En effet, il traduit sa relation amoureuse avec sa future épouse Madeleine. Gide connaîtra l’adoubement de Mallarmé qui salue le mérite du néophyte qui, d’un pas hésitant marche sur les rives du symbolisme. Pierre le Pape remarque la singularité du livre, le chaleureux accueil et l’enthousiasme qu’il réveille : « Toute la mouvance des symbolistes, des décadents et des spiritualistes accueille avec ferveur la nouvelle recrue. » Mallarmé retiendra cette critique : «…le plus suave voile jeté sur une phase de jeunesse morte que votre livre presque à deviner et enveloppant de silence un visage pourtant reconnu de rare intellectuel. » .

La sensibilité de Gide est stimulée. Il sentira le charme de cette littérature poreuse à la sensibilité. Il s’essaiera lui aussi dans ce jeu de représentation des rapports les plus inédits. Le traité du Narcisse reproduira les correspondances symbolistes. Le sous titre Théorie du symbole est significatif. Il annonce clairement la logique à suivre. Ici Gide revisite le mythe bien connu de Narcisse, contemplant son image au fond d’un fleuve. A travers cette réminiscence, il cadre un univers dégagé du quotidien où la parole poétique tente de saisir l’énigme et les révélations de la nature. Nous voyons Narcisse taciturne, rêvant devant le flot : « Et voici que comme il regarde, sur l’eau soudain se diapre une mince apparence –fleurs des rives, troncs d’arbres, fragments de ciel bleu reflétés, toute une fuite de rapides images qui n’attendaient que lui pour être et qui sous son regard se colorent. » .

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Table des matières

Introduction
Chapitre I : La démarcation vis-à-vis de la logique Symboliste
1-1 L’idéologie symboliste
1-1-1 Le poème symboliste
1-1-2 Gide et le symbolisme
1-1-3 Les Nourritures terrestres, Une brèche dans la logique symboliste ?
1-1-3-1 Genèse de l’œuvre
1-1-3-2 Les Nourritures, une nouvelle philosophie ?
1-1-3-3 Thématique de la mort résurrection
1-2 Une nouvelle vision du monde
1-2-1 Les Nourritures une œuvre panthéiste ?
1-2-1-1 Le panthéisme historique
1-2-1-2 panthéisme dans Les Nourritures terrestres
1-3 Hédonisme dans Les Nourritures terrestres et dans Les Faux-monnayeurs
1-3-1 L’Hédonisme
1-3-2 Hédonisme dans Les Nourritures terrestres
1-3-3 Les faux-monnayeurs hédonisme ou homosexualité ?
1-4 Une apologie de l’innocence première : Gertrude de La Symphonie pastorale et le chantre des Nourritures terrestres
Chapitre II Un nouvel objet littéraire
2-1 Les réminiscences de la poésie bucolique
2-1-1 Les tableaux floraux dans Les Nourritures et dans La Symphonie pastorale
2-2L’influence des sciences naturelles dans l’écriture de Gide
2-2-1 Les Faux-monnayeurs, un archétype
2-3Thématique de la musique dans Les Nourritures terrestres et dans Les Faux-monnayeurs
Chapitre III Les influences de Nietzsche et de Dostoïevski
3-1 La rencontre avec Nietzsche
3-1-1 Le « prophète » des Nourritures et le surhomme nietzschéen
3-1-2 L’immoralisme : de Nietzsche à Gide
3-1-3La problématique religieuse chez les deux auteurs
3-2 Gide et Dostoïevski
3-2-1 Le démon chez Dostoïevski et dans Les Faux-monnayeurs de Gide
3-2-2 La complexité des personnages chez Gide et Chez Dostoïevski
Conclusion
Bibliographie commentée
Plan
Bibliographie

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