La dégradation des terres et ses impacts à Patar Sine

Dégradation

   Etymologiquement dégradation vient du latin « De » : séparer de ; « Gradus » : marche. La dégradation est un processus qui diminue la capacité actuelle ou potentielle d’un système de produire quantitativement et / ou qualitativement. Il en résulte une perte des qualités physico chimiques telles que la structure, la rétention en eau ainsi que la productivité. Elle a des effets négatifs sur une ou plusieurs fonctions du système. Philippe Duchaufour dans introduction à la science du sol, 6eme édition 1997, définit la dégradation comme une nouvelle évolution de l’écosystème, différente de l’évolution climatique, provoquée soit par l’homme, soit par un changement de climat, elle se traduit par une transformation complète de la végétation, de l’humus et du sol. La dégradation par l’homme des écosystèmes d’après Duchaufour P. résulte de pratiques très anciennes, telles que coupes abusives, pâturage en foret, ratissage de litières. Des clairières se forment. Le cycle biogéochimique est rompu, le sol s’acidifie et se tasse par baissé de l’activité biologique : une flore différente, composée d’espèces sociales, s’installent dans des clairières d’abords puis s’étend et remplace peu à peu la forêt ; il s’en suit une humification, donc une pédogenèse différente de celui qui caractérise la forêt climax : c’est le processus de dégradation dont on peut citer deux exemples :
-podzolisation secondaire, sur affleurements sableux ou sablo limoneux
-dégradation par hydromorphie et stagnation d’eaux pluviales.

Le piétinement pastoral

   Sur le terrain, il est possible de constater les modifications de la surface des sols liées à l’action du bétail. Le sol apparait ameubli devenant localement particulaire présentant des micro-vagues pour reprendre les termes de Lake (1983), ceci est provoqué par le piétinement continu du bétail convergeant vers ou s’éloignant des abreuvoirs. Cette action érosive est aggravée par le manque de parcours et la rareté des points d’eau. En effet, bien que peu développé dans la communauté rurale, l’élevage n’en demeure pas une activité qui contribue de manière significative à l’activité érosive. En effet le piétinement répété des mêmes terrains de parcours et la disparition de la couverture végétale qui en découle exposent le sol à l’érosion. Ce piétinement en détruisant les agrégats, a favorisé le transport des particules fines et l’obturation de la porosité qui se traduit à leur tour, par une diminution de l’infiltration. A cela, s’ajoutent les pistes de passage des animaux sur les talus qui se transforment souvent en des profondes traces favorables à la concentration des eaux de pluie. Elles constituent un point de départ pour le ravinement des versants. Ces résultats traduisent une réelle modification des sols du point de vue agronomique et une disparition de la structure des sols en surface.

Impacts sur le plan écologique

 Sur les ressources hydriques : Sur le plan hydrique, la dégradation des ressources a pour impact principal l’assèchement des points d’eau dû à la baisse des précipitations et aux fortes températures notées au cours des années. Cette baisse des précipitations dans la communauté rurale de Patar Sine ,a pour conséquence :la dégradation des ressources hydriques telles que le tarissement précoce des eaux de mares(Pokhom,Mbélongouth),la baisse du niveau des nappes phréatiques et des rendements agricoles. C’est ainsi que le forage de Patar Sine construit en1978 et qui avait un débit de 100 m3/h est aujourd’hui à 38 m3/h. Il faut également signaler que les 149 puits recensés dans la communauté rurale ont de nos jours des profondeurs variables (30 à 60m) et le diagnostic montre que 7% de la population, soit 1630 personnes n’ont pas encore accès à l’eau de qualité. De l’avis de 50% des personnes enquêtées dans la collectivité locale par rapport à la nappe phréatique, révèlent un approfondissement de cette dernière et confirment que le niveau des puits était à moins de 15m.
 Sur la végétation : La physionomie végétale se présente sous forme de vaste étendue de savane complètement dégradée .En réalité, le potentiel ligneux se réduit principalement à une faible densité : Acacia albida, Andansonia digitata,Guiera senegalensis et Combretum glutinosium(Ratt) En sus d’une défaveur climatique qui entraine un stress hydrique (une moyenne pluviométrique de 473mm),il a été constaté que les espèces forestières existantes sont exploitées de manière anarchique et irrationnelle soit pour l’artisanat local, soit comme source d’énergie ou pour l’alimentation du bétail. Cette surexploitation des espèces a occasionné la disparition de certaines espèces fauniques qui ont un rôle stratégique dans l’écosystème. Par conséquent, les chacals marquent leur présence par des attaques de troupeaux d’ovins et ou de caprins entrainant des dommages aux éleveurs.

Les impacts sur l’élevage

   Dans la CR, le problème d’eau reste un véritable calvaire selon les 70% des enquêtées. L’extrême variabilité des précipitations à dominante faible n’arrive pas à gorger les mares d’eau pour assurer de manière nette l’alimentation du bétail. La disponibilité en eau pendant la saison sèche est facilitée par le phénomène de transhumance en direction des terres neuves. Peu de troupeaux restent sur place et profitent de cette absence pour s’emparer des étendues stagnantes. Outre le problème de l’eau, les villages de communauté rurale sans exception aucune ,se caractérisent par le manque de pâturages.86%des personnes enquêtées militent pour une forte diminution des parcours pastoraux. La faiblesse des rendements des champs liée à la variabilité des précipitations et le processus de dégradation des terres ont entraîné une progression des terres cultivées qui empiètent sur le pâturage. La forte indisponibilité de l’alimentation surtout en saison sèche lié à la dégradation des sols, provoque une diminution du nombre des animaux. La morbidité est jugée très élevée nous affirme 70% des enquêtées.(Equins :3900 en 2002 et 2852 en 2010 de même que les porcs 1050 en 2002 et 62 seulement en 2010).

La jachère

   La jachère est pratiquée dans la communauté rurales 5% des surfaces emblavées . Elle permet de fertiliser le sol, d’accroitre leurs teneurs en matière organique et en même temps satisfaire les besoins alimentaires du bétail par la production du fourrage. Cette technique qui consiste à mettre la terre au repos, hors culture est l’une des meilleurs alternatifs pour la conservation et la restauration de la fertilité des sols. Elle permet également la régénération de certaines espèces végétales dans le milieu telles que le kadd (Acacia albida) dont les fruits apportent de l’azote au sol et contribuent à sa fertilisation. Mais la pratique de la jachère tend à disparaitre dans la communauté rurale à cause de la forte croissance démographique.

La mise en place de modèle d’intensification agricole

   La monoculture de l’arachide combinée aux défrichements et à l’exploitation irrationnelle des ressources naturelles ont eu pour principales conséquences l’accentuation des phénomènes d’érosion, l’appauvrissement des terres, la baisse des rendements agricoles : arachide 1350 t 2009 contre 937,99 t en 2011 et le niébé 115,74 t contre 96,46 t de la même année. La production agricole dans la communauté rurale est dans une véritable impasse avec une forte tendance à la baisse. Cette situation a exacerbé la pauvreté en milieu rural et accéléré l’exode vers les grandes villes et ceci particulièrement au niveau du Bassin arachidier. La communauté rurale de Patar Sine n’échappe à ce phénomène. Elle est caractérisée par des sols de type Dior très fragiles pauvres en matière organique soumis à l’érosion pluviale et éolienne favorisant davantage la dégradation des terres. Pour inverser cette tendance, l’ANCAR à travers son conseil agricole s’investit au niveau de la communauté rurale Patar Sine dans l’amélioration de la fertilité des sols, facteur indispensable pour l’augmentation des rendements agricoles. Il joue un rôle d’appui technique à certains producteurs de la localité. Le conseil agricole rural couvre l’ensemble des villages de la communauté rural. Il encadre les OP et travaille dans la redynamisation du secteur agricole.

Impacts sur les ressources pédologiques

    Les nombreuses techniques, mises en place dans la CR pour la régénération et l’entretien de la fertilité des sols et surtout pour l’amélioration des rendements agricoles sont dans l’ensemble efficaces selon les agriculteurs. Ces techniques de reconstruction et de fertilisation des sols aussi bien traditionnelles que modernes assurent encore une régénération des sols de la CR. En effet, les engrais organiques en général et minéraux en particulier maintiennent et haussent la fertilité des terres arables par leur apport aux sols d’éléments nutritifs (potassium, azote). Mais le coût élevé des intrants a entrainé la faible utilisation des engrais chimiques dont l’efficience est très limitée dans le temps malgré ses nombreux avantages. Il en va de même pour les techniques de lutte contre l’érosion. Ces techniques ont entrainé le ralentissement de la destruction des sols et ont freiné l’appauvrissement du sol dans certains villages comme Ndidor, Diané, Ndione Thiogome, Ndiambour. Cependant, en dépit de la formation des paysans à la fabrication d’outils antiérosifs, l’érosion hydrique continue de détériorer certaines terres.

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Table des matières

Introduction
Synthèse bibliographique
Problématique
Cadre conceptuel
Première Partie : Présentation du milieu
Chapitre I Cadre physique
I-Relief et Géologie
II Climat
II-1 Facteurs généraux du climat
II-2 Eléments du climat
II-2-1 Vents
II-2-2 Précipitations
II-2-3 Températures
II-2-4 Humidité relative
II-2-5-L’Evaporation
II-III- Les ressources Hydriques
II-II-1 Les eaux de surface
II-II-2 Les eaux souterraines
II-III Les sols
II-VI Végétation et faune
II-VI-1 Végétation
II-VI-2 Faune
Chapitre II Cadre humain
II-I Historique du peuplement
II-II Situation démographique
II-III Répartition de la population
II-IV Composition ethnique et religieuse
II-V Mouvement migratoire
II-V-1 L’émigration
II-V-2 L’immigration
II-VI Catégorie socioprofessionnelle
Chapitre III Cadre socio économique
III Le secteur primaire
III-I L’agriculture
III-I-1 Les facteurs de production
III-I-2 Les productions
III-I-2-1 Les cultures pluviales
III-I-2-2 Les cultures maraichères
III-II L’élevage
III-III La foresterie
III-IV Les secteurs d’activités non agricoles
III-IV-1 L’artisanat
III-IV-2 Le commerce
III-IV-3 Les voies de communication
III-V L’énergie
Deuxième partie : Les facteurs de la dégradation des sols
Chapitre II Les facteurs naturels
I-I La sécheresse
I-II L’érosion continentale
I-II-1 L’érosion éolienne
I-II-2 L’érosion hydrique
I-II-2-1L’effet splash
I-II-2-2 Le ruissellement
I-III Le facteur thermique
I-IV La diminution du couvert végétal
I-V La salinisation des terres
Chapitre I Les facteurs anthropiques
II-I Le déboisement
II-II Les systèmes de production
II-II-1 Les mauvaises pratiques culturales
II-II-2 Le piétinement pastoral
II-III Le poids démographique
II-IV Les feux de brousse
Chapitre III Les aspects environnementaux de la dégradation
III-I Impacts sur le plan écologique
-sur les ressources hydriques
-sur la végétation
III-II Impacts sur les activités socioéconomiques
III-II-1 Sur le plan agricole
III-II-2 Sur le plan de l’élevage
Troisième partie : Les stratégies de lutte
Chapitre I Les stratégies paysannes
I-I L’usage de fumure organique
I-II La jachère
I-III L’assolement
I-IV Les haies vives ou l’embocagement
Chapitre II Les stratégies modernes
II-I La fertilisation minérale
II-II Le compostage
II-III La mise en place de modèle d’intensification agricole
II-IV Le reboisement
II-V Les brise-vent
II-VI La lutte contre les feux de brousse
II-VII Les pare-feu
II-VIII La sensibilisation
Chapitre III Evaluation de l’impact des stratégies de lutte
III-I Impacts écologiques
III-I-1 Impacts sur les ressources hydriques
III-I-2 Impacts sur les ressources pédologiques
III-II Impacts socio économiques
III-II-1 sur le plan agricole
III-II-2 sur le plan de l’élevage
III-II-3 sur les ressources forestières
III-III les impacts sociaux
Conclusion
Bibliographie

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