La déficience intellectuelle 

La déficience intellectuelle 

INTRODUCTION

Dans l’Antiquité, la Bibliothèque d’Alexandrie se voulait être l’endroit renfermant l’ensemble des savoirs universels en un même lieu ; de nos jours les bibliothèques publiques offrent, quant à elles, un accès à l’information, à la lecture et à la culture. L’ambition est peut-être moins grande, mais les valeurs sont toujours les mêmes si l’on prend le temps de s’intéresser à l’étymologie de ces trois mots qui reflètent des concepts d’idées, d’études, d’érudition, de culture de l’esprit et de l’âme. Nos bibliothèques publiques ont donc hérité d’une mission importante, mais celle-ci peut-elle pour autant être remplie, car de nombreuses situations d’exclusion existent, notamment pour les publics dits « empêchés de lire ».

C’est pourquoi le Ministère de la Culture et de la Communication, en partenariat avec l’Association des Bibliothécaires de France (ABF) et les bibliothèques de Paris, ont organisé, le 25 janvier dernier, la Journée professionnelle Améliorer l’accès au livre et à la lecture pour les publics empêchés : dispositif et retour d’expérience.

En effet, les personnes en situation de handicap, hospitalisées ou en établissements de santé, ainsi que les personnes emprisonnées, en milieu ouvert ou fermé, qu’elles soient adultes ou mineures, n’ont souvent pas accès aux bibliothèques et cela doit être amélioré. Ce public spécifique fait donc l’objet d’une attention toute particulière et, à cette occasion, à la demande de la Direction Générale des Médias et des Industries Culturelles (DGMIC), une étude, réalisée par le Crédoc et faite auprès de bibliothèques de lecture publique, a vu le jour. Cette étude, portant le nom de Lecture publique et publics empêchés, Synthèse de l’étude du Crédoc dresse un état des lieux des actions et partenariats faits en direction de ce public.

Il en ressort que même si 87 % des bibliothèques ont mis en place au moins une action, des freins importants subsistent comme les moyens humains, financiers, la formalisation des partenariats ou d’autres besoins encore non identifiés.

Cependant, le soutien politique et institutionnel, ainsi que l’implication personnelle des agents sur le terrain (sensibilisation, formations, médiation, mobilisation, communication…), permettent d’espérer un développement des actions et des partenariats dans le futur. Les principales recommandations formulées par le Crédoc sont de « partager une même culture professionnelle, de diffuser les outils et dispositifs existants et d’encourager les démarches de diagnostic et d’évaluation ».

LES BIBLIOTHEQUES PUBLIQUES, ESPACES DE

LECTURE POUR LES LECTEURS EN DIFFICULTE.

A. Rôles et missions des bibliothèques publiques dans l’accès à la lecture.

1. Bibliothèques publiques, égalité d’accès pour tous devant la loi, à la lecture et aux sources documentaires.
Il n’existe pas à ce jour de loi à proprement parler sur les bibliothèques publiques, même si cela a très souvent été évoqué et réclamé. Il y peu, le Ministère de la Culture a annoncé qu’il envisageait de mener une énième réflexion concernant une future loi sur les bibliothèques et dont les premières concertations commenceraient en fin d’année 2017.
Malgré cela, des textes, des décrets et des chartes permettent aux bibliothèques publiques de fonctionner correctement et de remplir leurs missions.
Par exemple la Charte des bibliothèques élaborée en 1991 par le Conseil supérieur des bibliothèques permet de poser de nombreux fondamentaux, notamment le droit à la formation permanente, à l’information et à la culture, reconnu par la Constitution.

Par conséquent, les bibliothèques ont pour mission d’offrir un accès libre aux livres et aux sources documentaires à tous, et personne ne doit en être exclu du fait de sa situation personnelle, et cela vaut également pour les publics empêchés ou éloignés. Cette charte fait écho aux missions et responsabilités mentionnées dans le Manifeste de l’UNESCO sur la bibliothèque publique.

En effet, dans ce texte adopté le 29 novembre 1994, les bibliothèques publiques sont considérées comme des « portes locales d’accès à la connaissance » car elles permettent à tout à chacun d’apprendre, et ce à tous les âges de la vie, tout en valorisant la culture au sein de la société.

Leurs rôles de soutien à l’éducation et à l’alphabétisation, ainsi que leurs volontés d’ouvrir leurs portes au plus grand nombre, y compris les publics empêchés, en font le lieu idéal de l’épanouissement intellectuel. Faciliter et optimiser leur accès est donc primordial, et pour cela des lois relatives à l’accès des personnes handicapées aux bibliothèques ont donc été pensées et adoptées, car ce public spécifique rencontrait souvent des obstacles infranchissables.

 Des mesures pour l’accès à la connaissance à destination des publics empêchés de lire

Nous l’avons vu, même en absence d’une loi directrice, les bibliothèques doivent répondre à certaines exigences découlant de lois et de décrets promulgués, notamment en faveur des publics empêchés.

Cependant, d’autres mesures et règles viennent soutenir cet effort d’accessibilité, comme par exemple, à l’échelle nationale avec L’exception au droit d’auteur en faveur des personnes handicapées. Découlant de la loi du 1er août 2006 relative aux Droits d’auteur et aux droits voisins dans la société de l’information, cette mesure a pour objectif de rendre plus facile la lecture aux personnes empêchées de lire du fait d’un handicap en développant une édition qui leur serait plus accessible.

Cette exception au droit d’auteur permet aux organismes titulaires, par le biais d’un agrément ministériel, de « produire des versions adaptées des oeuvres protégées par le droit d’auteur, sans autorisation préalable, ni rémunération des titulaires de droits, afin de les mettre à disposition des personnes empêchées de lire du fait d’un handicap ». Grâce à cela, de nombreux textes peuvent être adaptés et donc lus par des publics qui, jusque-là, en étaient privés du fait de leurs handicaps.

L’accès à la lecture devient par conséquent un droit pour les publics empêchés de lire et les bibliothèques ont donc tout intérêt à s’en saisir, car cela leur permettrait d’élargir et d’agrémenter leurs collections de façon légale.

Rôle des bibliothèques dans l’accueil des publics déficients intellectuels aujourd’hui

Nous l’avons vu, les bibliothèques publiques ont en charge d’accueillir tout citoyen en demande d’information, de lecture ou de culture, et c’est ce qu’elles font avec plus ou moins de moyens. Pour les publics handicapés, et en particulier pour les personnes souffrant de handicap mental, la question de l’accueil devient primordiale car la communication peut rapidement devenir difficile.

En effet, ce public demande une attention particulière et des locaux si possible calmes et bien éclairés pour qu’il puisse s’y sentir à l’aise.

La majorité des bibliothèques publiques remplissent aujourd’hui toutes ces conditions et les personnes souffrant de déficience intellectuelle sont, dans la majorité des cas,
accompagnées par des éducateurs spécialisés facilitant ainsi la communication entre les bibliothécaires et les personnes handicapées.

Ce public se rend à la bibliothèque la plupart du temps en groupe, l’accueil est donc collectif et peut être prévu en amont en collaboration avec les éducateurs.

De plus, en travaillant régulièrement sur des accueils préparés, les personnes souffrant de handicap mental se familiarisent avec l’environnement et les personnes qui y travaillent, et cela est primordial pour que tout se passe pour le mieux.

En effet, j’ai pu constater que ce public n’appréhendait pas facilement les changements et les nouveautés, comme par exemple lors de mon intégration à la banque de prêt dans le cadre de mon stage d’étude. Il aura fallu aux jeunes de l’Adapei 49, qui sont pourtant des usagers réguliers de la Médiathèque des Ponts-de-Cé, quelques jours pour oser venir me voir et me parler.

En revanche, une fois les premières peurs dépassées, la communication devient beaucoup plus facile et naturelle, le travail de bibliothécaire peut alors commencer. J’ai même pu personnellement renseigner et inscrire deux des pensionnaires sur le Prix Gavroche, dont un en particulier souhaitait être plus indépendant dans sa participation, et cela m’a permis d’être acceptée et appréciée car un premier contact de confiance avait pu être établi. Renseigner et orienter ce public nécessite tout de même de pouvoir adapter sa façon de communiquer aux différents handicaps, car il existe plusieurs degrés et types de handicaps mentaux.

En effet, on ne communique pas de la même façon avec une personne souffrant d’autisme et une personne porteuse de la trisomie 21 ; de plus, il existe plusieurs types d’autismes avec chacun leurs particularités et leurs difficultés.

Il est donc très important de rester disponible et à l’écoute des personnes souffrant de handicap mental afin de favoriser l’échange et le partage.

 Les clés de la réussite

Les difficultés et freins mentionnés précédemment ne sont pas pour autant des obstacles à la création et à la mise en oeuvre de projets à destination des personnes souffrant de déficience mentale, ou de handicap plus largement.
En effet, les bibliothèques publiques sont souvent pleines de ressources insoupçonnées et les bibliothécaires de volontés indéfectibles.

Donner l’opportunité à des agents de travailler auprès de personnes souffrant de déficience mentale développe leurs compétences et leurs savoir-faire et cela leur permet non seulement de valoriser leur travail, mais aussi d’en retirer un bénéfice personnel, car contribuer à faire évoluer les mentalités peut être une entreprise très gratifiante.

 Des initiatives novatrices

 Association FALEAC et Librairie Livres-Accès, pour une offre de livres adaptés

Nous avons vu précédemment ce qu’était le « facile à lire », avec des exemples concrets de livres pouvant être lus par des personnes rencontrant des difficultés de lecture. Ces livres, bien qu’utiles et appréciés par ce public ne répondent pas pour autant totalement à tous les critères ou toutes les exigences des personnes souffrant de handicap.
En effet, pour certains d’entre eux, il est parfois nécessaire d’avoir un texte imprimé en caractères plus gros ou des histoires qui leur ressemblent.

C’est pourquoi une offre éditoriale spécialisée a commencé à se développer récemment ;
elle propose des livres spécialement conçus et adaptés à des publics souffrant de différents handicaps, et notamment la déficience intellectuelle.

 Le Prix Gavroche

Une autre belle initiative est le Prix Gavroche 5créé en 2009 par la Médiathèque Jean Carmet de Mûrs-Erigné et l’Institut Médio-Educatif l’IME Europe des Ponts-de-Cé. Il a récemment été rejoint par une autre structure culturelle du bassin de vie sud Angers, la Médiathèque Antoine de Saint-Exupéry des Ponts-de-Cé. Ce prix a été pensé et créé dans le but de faire participer de façon active des jeunes souffrant de handicaps mentaux divers à un événement culturel, en l’occurrence un prix littéraire jeunesse, dans une optique d’ouverture aux autres et à la société ; c’est pourquoi il s’adresse également aux jeunes lecteurs de 9 à 13 ans inscrits dans les médiathèques organisatrices.

CONCLUSION
A travers les différents sujets évoqués, il devient évident que les personnes souffrant de déficience intellectuelle ont tout autant besoin d’un accès à la lecture de qualité que les autres usagers, mais celui-ci doit, en revanche, être adaptée et personnalisée.

De même, les actions ou projets menés doivent être pensés et conçus en direction de ce public. Les différentes lois évoquées permettent de dessiner un cadre législatif pouvant parfois être perçu comme contraignant, mais qui offre une égalité de traitement et les mêmes droits à d’accès à l’information, à la lecture et à la culture aux personnes souffrant de handicap. Par conséquent, les bibliothèques publiques doivent répondre aux exigences législatives demandées et ce même si elles manquent la plupart du temps de moyens.
Nous l’avons vu, de nombreuses difficultés existent, comme les manques de moyens humains ou financiers, mais ceuxci touchent surtout les plus petites bibliothèques publiques qui ne pourront par exemple acheter des postes informatiques adaptés ou proposer une offre documentaire adaptée.

Cependant, des aides existent comme L’exception au droit d’auteur en faveur des personnes handicapées ou L’Aide à la diffusion des livres en bibliothèques et celles-ci peuvent à toutes les structures enclines à monter des projets de qualité ou à faire évoluer leurs collections. De plus, travailler sur l’accueil, la sélection de document ou la pérennisation des partenariats avec des instituts médico-éducatifs par exemple peut être envisagé sans trop de difficultés. Pour ce qui est des bibliothèques publiques plus importantes, et donc bénéficiant de budgets plus conséquents, de nombreuses solutions peuvent être facilement mises en place, et ce à moindres frais. Plusieurs expériences fructueuses le prouvent comme le succès du rendez-vous trimestriel Accès Culture de la Médiathèque Floresca Guépin de Nantes ou les accueils spécifiques mis en place dans la Médiathèque des Vallons de la Tour à La Tour-du-Pin. Ces exemples montrent bien qu’avec peu de moyens financiers une bibliothèque publique, pour peu qu’elle dispose d’un personnel impliqué, peut mettre en place très facilement ce type d’accueil.

En effet, ces temps dédiés ne diffèrent pas énormément, sur le papier du moins, des autres temps d’accueil proposés en bibliothèques publiques ; il faudra cependant veiller à en adapter le contenu. Pour cela, nous avons pu constater que les partenariats étaient plus que bénéfiques dans les actions menées en direction des publics souffrant de handicap mental.

Travailler avec les éducateurs permet d’aider les bibliothécaires à mieux comprendre ce type de public, d’adapter leur façon de communiquer avec lui, mais aussi et surtout de créer un lien.

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Table des matières

INTRODUCTION 
I. LES BIBLIOTHEQUES PUBLIQUES, ESPACES DE LECTURE POUR LES LECTEURS
EN DIFFICULTE.
A. Rôles et missions des bibliothèques publiques dans l’accès à la lecture.
1. Bibliothèques publiques, égalité d’accès pour tous devant la loi, à la lecture et aux sources
documentaires.
2. Des mesures pour l’accès à la connaissance à destination des publics empêchés de lire
B. Déficience intellectuelle et bibliothèque publique aujourd’hui.
1. La déficience intellectuelle 
2. Une professionnelle à cheval entre le médico-éducatif et le culturel 
3. Rôle des bibliothèques dans l’accueil des publics déficients intellectuels aujourd’hui 
II. INITIATIVES ET OUTILS DES BIBLIOTHEQUES PUBLIQUES POUR FAVORISER
L’ACCES A LA LECTURE DES PUBLICS EMPECHES DE LIRE.
A. Adaptation et collaboration, des démarches actives pour rendre la lecture accessible
1. Des bibliothèques et des bibliothécaires manquant parfois de moyens et de formation 
2. Les clés de la réussite 
3. Un exemple : le rendez-vous « Accès culture » à la Médiathèque Floresca Guépin de Nantes 
B. Des outils à la portée de tous
1. Le « Facile à lire » vu par « Livre et Lecture en Bretagne » et le « Bibliopass »
2. Quelques exemples d’espaces « facile à lire »
C. Des initiatives novatrices
1. Association FALEAC et Librairie Livres-Accès, pour une offre de livres adaptés
2. Le Prix Gavroche
3. 1er Prix Facile à lire Bretagne
CONCLUSION

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