La culture de l’information en reformation

Réaliser une thèse sur la culture de l‘information peut apparaître comme un risque tant ce concept pourrait paraître contradictoire. A priori, culture et information ne font pas nécessairement bon ménage, le premier terme impliquant une durée, le second relevant davantage de l‘éphémère. Cependant, l‘adjonction des deux termes peut aussi constituer un équilibre utile et nécessaire pour l‘individu et le citoyen. En effet, la constitution d‘une culture solide et durable faite de savoirs et de savoir-faire garantit au mieux la gestion du flot continue de l‘information.

Question actuelle : la culture de l’information est-elle une mode ? 

La culture de l‘information est certes un phénomène conjoncturel au vu de sa fréquence d‘usage mais elle n‘est pas que cela et c‘est bien l‘enjeu de notre travail de la resituer dans un cadre plus large, un temps plus long. Nous remarquons aussi que la culture de l‘information est une thématique émergente en sciences de l‘information et de la communication mais que toutefois ses limites et contours demeurent encore flous et surtout que son inscription scientifique mérite de plus amples développements. D‘une part, parce que se mêle autour de la culture de l‘information, une diversité de discours qui vont de l‘article scientifique à son expression pédagogique en passant par toute une série d‘autres visions souvent issues de champs professionnels divers et variés. D‘autre part, parce qu‘il y a souvent des confusions entre la défense de la légitimité de certaines professions, en l‘occurrence les professeurs-documentalistes et les acteurs des bibliothèques, et la réelle légitimité de la culture de l‘information. En effet, la culture de l‘information apparaît parfois pratique au niveau notionnel pour mettre un nom sur des ressentis ou des inquiétudes face aux difficultés des élèves, étudiants et travailleurs à utiliser l‘information de manière optimale, face à des évolutions technologiques incessantes.

Pour mesurer, la tendance autour de l‘expression, les moteurs de recherche sont fréquemment éclairants. Nous verrons qu‘ils révèlent des emplois divers et parfois fortement opposés quand nous décrirons les différentes cultures de l‘information. Ainsi quelques aspects se distinguent autour de l‘expression ce que montre bien Wonder Wheel, l‘instrument de visualisation des résultats de Google.

A l‘exception de l‘expression « à propos » qui ne nous apprend strictement rien, les autres proximités sont éclairantes. La présence de l‘expression « archives ouvertes » atteste que de plus en plus de textes abordant le sujet sont déposés sur des serveurs tels archivesic avec dernièrement une grande partie des textes du colloque de l‘Erté « culture informationnelle et curriculum documentaire ». Nous notons le parallèle très net avec l‘expression anglo-saxonne « information literacy » qui confirme ici ce qui constitue une de nos hypothèses de départ. Nous constatons la mention de la profession de professeur-documentaliste, ce qui montre l‘intérêt croissant de ce métier pour cette thématique et les liens qui se sont ainsi tissés. Cela montre également que la question d‘une formation liée à la culture de l‘information est fréquemment posée. La présence de l‘expression « la technologie » rappelle que la question technique revient régulièrement dans les réflexions autour de la culture de l‘information.

Toutefois, les enseignements qui nous sont ici délivrés doivent être modérés par un effet lié à nos recherches. En effet, plusieurs de nos travaux figurent dans les premiers résultats de Google en ce qui concerne la requête « culture de l‘information». La visualisation pour « culture informationnelle » cite même notre nom et celui d‘Alexandre Serres. Voilà qui montre que le chercheur finit par avoir une influence sur son objet d‘études. De la même manière, il faut également modérer la visualisation que nous offre un autre outil de Google, Google Timeline. Il comporte quelques biais dans les analyses notamment dans la datation des pages indexées. Il demeure aussi des interrogations sur la constitution des diagrammes. Toutefois, le graphique permet de constater une augmentation régulière de l‘emploi de l‘expression sur le web.

La culture de l’information et les SIC 

La tendance à la hausse doit être également mesurée au sein de la production scientifique. Le travail a déjà été effectué par Alexandre Serres dans une tentative bibliométrique qui met en évidence quelques difficultés d‘analyse selon les champs sur lesquels s‘effectue la requête. Leur nombre en ce qui concerne la présence de l‘expression dans le titre des articles démontre en fait une faible présence. Selon la base articles@inist, seulement six articles comprennent l‘expression « culture de l‘information » et aucune depuis 2007. Le même nombre se rencontre pour « culture informationnelle ».

L‘élément le plus notable est surtout le choix de l‘Inist qui a préféré retenir « culture de l‘information » comme descripteur plutôt que « formation des usagers » ou « maîtrise de l‘information ». Nous obtenons donc 549 résultats dans la base de l‘Inist lors d‘une requête sur tous les champs avec l‘expression de « culture de l‘information». La présence de l‘expression est en réalité infiniment plus faible mais l‘indexation systématique de tous les articles contenant l‘expression information literacy explique ce résultat. D‘autres thésauri comme le Sudoc privilégient «formation des utilisateurs». Il nous a donc paru intéressant d‘effectuer la recherche sur archivesic car de nombreux travaux ont plutôt fait l‘objet de publications durant des colloques ou des journées d‘études que dans des revues à comité de lecture. La requête renvoie huit résultats mais nous sommes les auteurs de la moitié. Nous en dénombrons une douzaine avec l‘expression « culture informationnelle ». Cinq des références sont écrites par Alexandre Serres. Il faut également souligner qu‘aucune autre archive ne contient les expressions de culture informationnelle ou de culture de l‘information, confirmant que l‘intérêt scientifique est surtout porté par les sciences de l‘information et de la communication.

Différences et proximités avec l’analyse au sein des sciences de l’Education

La proximité du concept avec les sciences de l‘éducation est évidente. Toutefois, il ne peut être étudié de manière totalement similaire au sein des deux champs. Son étude au sein des sciences de l‘information et de la communication permet une analyse plus large, à la fois dans les dimensions historiques du concept mais également dans la prise en compte de la dimension technique ainsi que dans la dimension communicationnelle à l‘œuvre dans l‘évolution actuelle du concept. La dimension éducative du concept nous intéresse de par notre parcours professionnel de professeur-documentaliste qui repose principalement sur ces deux champs scientifiques. L‘aspect éducatif du concept comporte en fait une dimension pratique qui oblige le chercheur à s‘interroger sur l‘utilité de ses travaux et notamment sa portée concrète. Ce travail constitue aussi une réflexion éducative et critique à l‘égard de dispositifs comme le B2I ( Brevet Informatique et Internet). Il existe pourtant une distinction avec l‘éducation à l‘information comme l‘expliquait clairement Brigitte Juanals : Culture de l‘information et éducation à l‘information sont indissociablement liées mais bien distinctes. Car, à l‘instar d‘une éducation initiale, la culture de l‘information ne peut être que le fruit d‘un apprentissage assuré par l‘environnement, qu‘il soit institutionnel (scolaire) ou socioculturel, dans lequel vivent les individus.

Là où les sciences de l‘éducation auraient cherché à étudier les relations au sein d‘espaces d‘apprentissage, parmi les stratégies éducatives voire en tentant d‘analyser la construction des contenus d‘une éducation à l‘information, les sciences de l‘information vont chercher à comprendre les formes et normes en œuvre dans une démarche archéologique au sens foucaldien. Les SIC ne restreignent pas la culture de l‘information à un domaine institutionnel lié à l‘Ecole ou à ses acteurs principaux : enseignants, élèves, parents.

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Table des matières

Première partie : Généalogie et Archéologie de la culture de l’information
Introduction : De la mesure à la culture.
1.1 LES ESPACES DE LA CULTURE DE L‘INFORMATION
1.2 LE RAPPORT AUX DISCOURS : QUELLES CULTURES DE L‘INFORMATION ?
1.3. QU‘EST-CE QUE LA CULTURE DE L‘INFORMATION ?
1.4. BOUILLON DE CULTURES : LA CULTURE DE L‘INFORMATION EST-ELLE
UN CONCEPT INTERNATIONAL ?
Conclusion de la première partie.
Seconde partie : quelles littératies pour quels acteurs ?
Introduction de la seconde partie
2.1 LITTERATIE ET INFORMATION LITERACY ?
2.2 LA MULTITUDE DES LITTERATIES VOISINES.
2.3 LES ACTEURS CLEFS DE L‘INFORMATION LITERACY
2.4 L‘AUTONOMIE DE LA FORMATION : LA TENTATION « DISCIPLINAIRE »
Conclusion de la deuxième partie: l‘idée d‘une discipline face à l‘évolution de la science
Troisième partie : enjeux, obstacles et reformation
Introduction : la mesure des enjeux
3.1 LES ENJEUX INFORMATIONNELS DES NOUVELLES GENERATIONS
3.2 ENJEUX INSTITUTIONNELS FACE AU WEB 2.0
3.3 LA DEFORMATION
3.4 LA CULTURE DE L‘INFORMATION EN REFORMATION
Conclusion de la troisième partie : l‘esprit dans la machine
Conclusion générale
4.1 Bilan et enseignements : Sept leçons en question
4.2 La culture de l‘information et les SIC
Bibliographie
Webographie
Table des tableaux
Table des illustrations
Table des Matières
Annexes

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