LA CUEILLETTE DANS UNE COMMUNAUTE RURALE

Définition conceptuelle

Habitat : Lieu analysé en tant que milieu de vie sous l’angle des caractères de sa faune, de sa flore et de leurs conditions d’existence et de reproduction, des qualités de leur environnement. L’habitat peut être défini comme l’ensemble et l’aménagement des habitations dans un espace donné, il peut inclure des annexes consacrées aux animaux, aux stocks, ainsi que des ateliers et autres constructions à usage professionnel.
Terroir : C’est le territoire exploité par un village, une communauté rurale. Selon R. Lebeau (1986), le Terroir est une étendue de terrain présentant certains caractères qui l’individualisent au point de vue agronomique.
A picket ala : Nom vernaculaire sérère employé par les populations locales pour désigner la Réserve de Biosphère de Samba Dia.
Potentiel : Il peut désigner l’ensemble des ressources que possède une personne mais dans le cas de cette étude potentiel désigne la quantité en fruits, feuilles ou sève que peuvent produire les individus d’une espèce dans le Terroir. C’est pourquoi nous l’appelons potentiel de production.
Revenus : C’est la somme perçue par une personne ou une collectivité au titre de son activité ou de ses biens. Si nous nous référons à Mbaye E. (2006), « Ce sont les montants dégagés par une activité commerciale pendant une période donnée, en général une année ou une saison ». Les revenus dont nous parlons dans cette étude désignent ceux qui sont issues de l’activité de cueillette.

Les classes d’âge ou « Mal »

   Il est enfin un autre type de solidarité commun à l’ensemble des sociétés paysannes d’Afrique Noire, qui prend en pays sérèr une valeur exemplaire : celui qui résulte de l’intégration de chaque individu au sein de sa classe d’âge (appelée Mal). Chaque village important (ou chaque groupe de petits villages) compte une série d’associations regroupant parallèlement garçons et filles, jeunes gens et jeunes filles célibataires, hommes et femmes mariés et vieillards.. Au sein du village de Yayème, les activités des associations se déroulent essentiellement pendant les vacances sous forme de semaines culturelles qui se résument pour l’essentiel en parties de football avec les « navétanes». Chaque « Mal» a une équipe et a droit à une semaine culturelle. Cependant il existe une solidarité particulière entre les membres du « Mal » qui cotisent en cas de mariage de l’un des membres. . Les « Mal » contribuent aussi à l’éducation des jeunes grâce aux liens de fraternités qu’ils lient entre eux. Cette idée est appuyée par Pélissier P. qui affirme que dès l’âge de six à huit ans, chaque enfant adhère à la classe d’âge des petits garçons ou des petites filles. C’est dans ce cadre qu’il reçoit progressivement une grande partie de son éducation d’homme et de Sérèr accompli et qu’il apprend, en l’éprouvant d’abord au milieu des jeux puis à l’occasion de tâches de plus en plus utiles, l’interdépendance qui doit le lier à ses « frères » du même âge »

Les acteurs de la commercialisation

 Les cueilleurs : La commercialisation des produits concerne les femmes 41% et les enfants 40%, principaux acteurs des prélèvements. Les hommes n’interviennent que lorsque le produit recherché génère des revenus considérables comme Detarium. Les cueilleurs se chargent d’écouler leurs produits eux-mêmes le plus souvent. Ce double rôle cueilleur commerçant est facilité par le fait que la transaction se fait sur place surtout quand il s’agit du Detarium. Pour les autres produits, les exploitants se rendent sur les marchés hebdomadaires.
 Les bana bana : Ce sont des commerçants professionnels qui achètent les produits en gros pour les revendre sur les marchés urbains. Dans le terroir, il n’existe qu’un bana bana ce qui fait que les autres sont hors du terroir. Ces bana bana jouent un rôle d’intermédiaires entre les exploitants et les détaillants.
 Les coxeurs : C’est ceux à qui les bana bana confient leurs marchandises s’ils arrivent au marché. Dans une certaine mesure, ils aident les bana bana à écouler leurs marchandes et reçoivent en contre partie un montant déterminé en fonction de la quantité des produits.
 Les détaillants : Les détaillants sont formés par de petits commerçants qui revendent les produits par détail, soit par tas ou pot en fonction du produit. Ces détaillants peuvent être les actrices elles mêmes dont 80% des femmes enquêtées soutiennent que la vente par détail rapporte plus de bénéfice que la vente en gros lorsqu’il s’agit des produits de cueillette.

Detarium

   De tous les produits ciblés, Detarium connaît le plus long circuit de distribution. Ceci est dû au fait que Detarium présente un grand intérêt économique aussi bien pour les exploitants que pour les revendeurs. C’est un produit très prisé qui mobilise plusieurs dans la filière. Nous avons en aval de la filière les récolteurs qui fournissent le produit aux bana bana. Ces derniers déposent leurs produits auprès des coxeurs qui en assurent l’écoulement par la vente aux détaillants.

La vente dans le terroir

   La vente dans le terroir concerne le Detarium et les sous produits du rônier. Pour le Detarium, la vente se fait au début de la période de production dans le terroir. Les bana bana viennent dans le terroir et achètent les produits collectés par les enfants et les hommes âgés entre 20 et 39 ans lors de la journée. Ces bana bana logent dans une maison du village et le nombre varie entre 10 et 20 personnes. La vente se fait le matin. Ce sont les cueilleurs eux-mêmes qui amènent leurs produits et le prix dépend de la quantité à vendre. Le sac de Detarium coûte 5.000 francs dans le village et la bassine 2.500 francs. Ces prix peuvent connaître des variations et atteindre 6.000 francs pour le sac, 3.000 francs pour la bassine. Ces variations de prix dépendent de l’abondance du produit et du nombre de vendeurs sur place. Pour Borassus, la vente diffère car l’exploitation commerciale du rônier est interdite par le code forestier. Néanmoins, la commercialisation de sous produits du rônier est pratiquée par quelques personnes dans le terroir.
Elle concerne :
Le fruit mûr : Le renforcement de la surveillance sur la forêt contraint les populations au ramassage des fruits mûrs et non à la récolte de fruits verts. Deux acteurs seulement ont été dénombrés dans la vente des fruits verts communément appelés « Koni ». Le fruit mûr est vendu par les peuhls installés dans la forêt classée et éventuellement les femmes. La vente se fait dans la maison où les fruits sont mis sous forme de tas dans un coin. Le prix revient à 150 ou 200 francs la bassine. Les acheteurs sont des femmes ne pouvant pas faire le ramassage elles-mêmes et qui en ont besoin pour les plantations d’hypocotyles. La vente se fait durant toute la période de disponibilité du produit.
Les hypocotyles : Les hypocotyles sont des produits très prisés par les enfants mais la vente ne concerne que les femmes. Après le ramassage et semence des fruits mûrs par les enfants et quelques hommes, ce sont les femmes en général qui se chargent de l’écoulement. Au total 24 actrices sont concernées ce qui signifie que les « Poulokh » représentent un bien commun. 63 sacs sont récoltés par les 14 actrices soient 126 bassines les ¾ dont sont vendus. Donc chaque marchande vend en moyenne cinq bassines de « Poulokh » par période. Les hypocotyles coûtent 5 francs l’unité s’ils sont très petits ou 25 francs le lot de trois pour les sujets moyens. Le prix du sac varie entre 3.000 et 7.000 francs pour une moyenne de 5.000 francs.
Les produits artisanaux : Ils concernent les meubles de maison en particulier la menuiserie avec la fabrication de lits, salons, tables chaises etc. les acteurs sont au nombre de deux. Les difficultés rencontrées par ces menuisiers sont en rapport avec l’approvisionnement en produits de rônier. Pour parer à cette contrainte, les acteurs ont tendance à mêler le bois de rônier avec le bois de Eucalyptus. Dans ce genre de produits, les prix varient en fonction de l’acheteur et de la dimension du meuble

Les dépenses quotidiennes

   Elles représentent les dépenses effectuées par jour pour les besoins culinaires de la maison. Ces dépenses représentent un souci commun à tous les responsables de famille d’autant plus que les prix des denrées alimentaires ont connu une hausse considérable ces dernières années. Avant, la nourriture ne posait pas un problème en milieu rural parce que l’agriculture suffisait à satisfaire les besoins alimentaires des paysans. En plus de cela, il y’a un changement dans les habitudes alimentaires des populations rurales qui se nourrissent maintenant de produits importés comme le riz alors qu’elles vivaient uniquement de produits tirés de l’agriculture (mil, arachide,niébé …). Cette situation aggravée par la rareté de l’emploi qui secoue le pays poussent les femmes à chercher des issus leur permettant de subvenir aux besoins primaires. Dans le cas de cette étude, la plupart des acteurs sont des chefs de famille (se référer à caractérisation des acteurs). Les revenus affectés aux dépenses quotidiennes représentent plus de la moitié des revenus en ce qui concerne les femmes.

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Table des matières

Introduction
Définition conceptuelle
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
CHAPITRE I : LE CADRE PHYSIQUE
I-1- Le climat
I-1-1- Les précipitations
I-1-2- L’humidité relative
I-1-3- Les températures
I-1-4- Les vents
I-2- L’hydrographie
I-3- Les sols
I-4- La végétation
CHAPITRE II- CADRE HUMAIN ET ACTIVITES DE PRODUCTION
II-1- Historique du village
II-2- La population
II-3- L’habitat
II-4- L’espace de production
II-5 Les modes d’accès à la terre
II-6- L’organisation socioculturelle
II-7- Les activités de production
CHAPITRE III- PRESENTATION BOTANIQUE DES ESPECES FAISANT L’OBJET DE CUEILLETTE DANS LE TERROIR
DEUXIEME PARTIE : L’ACTIVITE DE CUEILLETTE : FONCTIONNEMENT ET POTENTIALITES
CHAPITRE IV: Fonctionnement de la cueillette
IV-1- Les zones de prélèvement
IV-2- L’accès aux ressources
IV-3- Les acteurs
IV-4- L’organisation de la cueillette dans le terroir
IV-5- Les formes d’exploitation
IV-6- Périodicité des productions
CHAPITRE V : ESTIMATION DU POTENTIEL DE PRODUCTION
V-1- Présentation des données brutes de l’inventaire
V-2- La densité par hectare des espèces dans l’ensemble
IV-3 La structure des individus
V-4- L’action anthropique
V-5- Estimation du potentiel disponible
TROISIEME PARTIE : Utilisations et impact socio-économique de la cueillette
CHAPITRE VI : LES TYPES D’UTILISATION DES PRODUITS ET ESTIMATION DES QUANTITES PRELEVEES
VI-1- Les types d’utilisation
VI-1-1 La pharmacopée
VI-1-2- L’alimentation
VI-1-3- Dans l’habitat
VI-1-4- Les autres types d’utilisation
CHAPITRE VII- LA COMMERCIALISATION
VII-1- Les acteurs de la commercialisation
VII-2- L’approvisionnement
VII-3- Les circuits de distribution des produits ciblés
VII-3-1- Les fruits de Balanites, Parkia, Zizyphus, Tamarindus
VII-3-2- Les sous produits du rônier
VII-3-3 Le vin de palme
VII-3-4 Detarium
VII-4- Estimation des quantités commercialisées
CHAPITRE VIII- ESTIMATION ET AFFECTATION DES REVENUS
VIII-1-ESTIMATION DES REVENUS
VIII-1-1-Les lieux d’écoulement des produits de cueillette
VIII-1-2- Le transport
VIII-1-3- Les taxes
VIII-1-4- Les revenus
VIII-1-5- Fluctuation des prix
VIII-2- Affectation des revenus tirés de la vente
VIII-2- 1- Les dépenses quotidiennes
VIII-2- 2-Les besoins des enfants
VIII-2- 3-L’affectation des revenus dans les besoins propres aux femmes
VIII-2-4 Les réalisations
VIII-3- DIFFICULTES ET PERSPECTIVES
VIII-3-1- Difficultés
VIII-3-2- Perspectives
Conclusion générale
Références bibliographiques

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