La critique de l’absolutisme politique chez john locke

En remontant aussi loin que l’histoire du monde nous le permet, nous nous rendons compte que les hommes ont commencé leur vie en société de manière contraignante. En général, c’est un seul qui détenait le pouvoir et imposait son autorité à tout le reste du groupe. Personne n’avait aucun pouvoir ni droit que celui à qui il est délégué. Tout le monde se soumettait à lui et se voyait ainsi réduit en sujet. C’était alors des communautés d’individu dans lesquelles il était prématuré de parler de liberté du peuple encore moins de liberté individuelle. Cette situation jugée déplorable, n’a pas laissé indifférent les intellectuels, surtout les philosophes. Ainsi la philosophie politique, en tant que branche de la philosophie s’occupant des problèmes relatifs au pouvoir politique, à l’Etat, au gouvernement, à la loi, à la justice, s’est mise à peindre certaines pratiques du pouvoir politique depuis Socrate. Ce dernier est considéré comme l’initiateur de la philosophie politique.

En effet, il semble avoir été le premier à formuler la critique du système politique. Depuis lors la philosophie politique, soucieuse du bien être et de la liberté de l’homme, n’a cessé de réfléchir sur les modalités d’une organisation sociale idéale. Dans ce sens, contrairement à la tyrannie dans laquelle un seul homme prétend s’élever au-dessus de tous les autres, une forme de pensée politique a été développée en Grèce dés le Ve siècle av. J. C. Il s’agissait d’une pensée politique qui faisait du bonheur de l’homme le but ultime. Elle préconisait une cité idéale formée de citoyens égaux entre eux. C’est à cette tâche que s’est attelée la philosophie politique jusqu’au XVIIe siècle, qui nous permet de faire la connaissance de John Locke. Ce philosophe anglais du XVIIe siècle a sacrifié une bonne partie de sa vie au nom de la liberté de l’homme. C’est d’ailleurs cela qui fait de lui, malgré qu’il soit, du point de vue chronologique, du XVIIe siècle, un penseur du XVIIIe siècle du point de vue des idées philosophiques.

DE L’ETAT DE NATURE A L’ETAT CIVIL 

LA THEORIE DE L’ETAT DE NATURE CHEZ JOHN LOCKE

Etant préoccupé par la liberté de l’homme, John Locke fait un diagnostic du pouvoir politique afin de lui tracer les contours au-delà desquels il n’est plus légitime. C’est du moins ce qui se laisse voir à travers son Second traité du gouvernement civil qu’il a rédigé alors qu’il était encore en exil avec son ami Lord Ashley , un homme politique représentatif du parti whigs, qui lui aussi subissait les contrecoups d’un climat politique dominé par l’exercice monarchique du pouvoir en Angleterre. De ce fait, il est question dans ce Second traité d’une tentative d’intelligibilité du pouvoir politique. Les questions auxquelles Locke tente de répondre peuvent être réduites à trois principales : quelle est l’origine du pouvoir politique ? Quelles sont ses extensions ? Quelle est sa fin ?

Cependant, un préalable semble s’imposer avant toute étude du pouvoir politique. C’est du moins ce que nous constatons dans la théorie politique de Locke. Car, dès le chapitre II de son Second traité il montre que « pour bien entendre en quoi consiste le pouvoir politique, et connaitre sa véritable origine, il faut considérer dans quel état tous les hommes sont naturellement » . En d’autres termes, il convient d’étudier d’abord les conditions d’existences naturelles de l’homme afin de comprendre ce que doit être un pouvoir politique juste. Par conséquent, une meilleure compréhension des fondements de la critique de l’absolutisme politique chez Locke, dépend d’une bonne compréhension de la condition naturelle de l’homme chez cet auteur.

Dans la pensée politique, cette condition naturelle de l’homme s’appelle communément « état de nature ». De manière générale, l’état de nature est un état dans lequel les hommes auraient vécu avant l’existence des sociétés. Mais signalons avant de passer que l’usage de ce terme montre peu l’originalité de la pensée de Locke. Il est presque devenu un lieu commun de la pensée politique. C’est dire que c’est un terme dont d’autres se sont servi avant et après Locke, et souvent de manière différente. Par exemple selon Rousseau, on utilise l’état de nature dans une perspective hypothétique permettant de mieux élaborer sa pensée. De son point de vue, c’est un état qui n’a peut être pas existé et peut être n’existera jamais. Tandis que pour Locke, c’est une période historique primitive. Simone Goyard-Fabre nous en édifie en disant que l’état de nature chez Locke n’est pas une fiction ni une hypothèse de travail ; c’est un fait réel qui constitue une nécessité pour l’existence des sociétés civiles.

Aussi la théorie de l’état de nature chez Locke diffère-elle de celle des autres philosophes par la nature intrinsèque même de cet état, par exemple Thomas Hobbes. Ce philosophe anglais, qui représente pour certains le véritable père de la philosophie politique moderne. En effet pour Hobbes, l’état de nature est un état d’insécurité, de « guerre de tous contre tous ». Chacun étant soucieux de préserver sa propre conservation, use de tous les moyens dont il dispose à l’encontre des autres. C’est un état où « l’homme est un loup pour l’homme ». Hobbes fait ici preuve de ce que l’on pourrait appeler un pessimisme anthropologique. Car pour lui, l’homme est naturellement méchant et égoïste. L’extravagante liberté qu’il a à l’état de nature, de faire tout ce que bon lui semble, fait qu’il n’y a point de liberté.

Par contre pour l’auteur des deux traités du gouvernement civil, l’état de nature est un état de liberté et d’égalité. C’est un état de paix où les hommes se portent mutuellement secours en cas de besoin. Ils y sont dans une liberté totale. Chacun peut faire ce qu’il veut sans demander autorisation à un autre encore moins y être contraint par autrui. Montesquieu est du même avis que Locke dans ce sens. Selon lui, « dans cet état, chacun se sent inferieur ; à peine chacun se sens-il égal. On ne chercherait donc point à s’attaquer, et la paix serait la première loi naturelle » . De plus, étant des créatures d’une même espèce et sans distinction, les hommes sont tous naturellement égaux. Personne n’a rien de plus ou de moins que les autres afin d’assujettir ou d’être assujetti par un autre.

LIBERTE ET EGALITE A L’ETAT DE NATURE

Il est possible de comprendre la détermination de Locke à vouloir trouver à l’homme un environnement propice à l’épanouissement des grands privilèges que Dieu lui a donnés. En d’autres termes il est possible de comprendre la préoccupation de Locke qui consiste à fustiger un à un les fondements de l’absolutisme politique. Ce système politique qui consiste à ôter à l’homme toute sa liberté et tout son pouvoir qu’on confit à une seule personne à qui revient, de manière exclusive, le droit de décider de ses actions. En fait John Locke faisant partie des détracteurs les plus illustres de ce système politique, se fonde sur un principe plutôt naturel que civil pour se justifier. Selon lui, tous les hommes sont nés libres et égaux. La liberté et l’égalité sont, de ce point de vue, naturelles en l’homme. Elles sont inscrites en lui par Dieu. Elles sont donc d’origine divine plutôt qu’un privilège acquis à la suite d’une action de l’homme. Le détail de cette idée est exposé par le philosophe dans son second traité du gouvernement civil. En décrivant l’état de nature au chapitre II de ce livre, Locke nous montre qu’au sein de cet état l’homme jouit d’une parfaite liberté. Il n’est soumis à aucune autorité. Il peut jouir de sa personne et de ses biens sans demander permission à personne ni dépendre de la volonté d’un autre. Cette liberté est en la personne de manière naturelle. C’est ce qui donne la notion de liberté naturelle que Locke définit comme suit : « la liberté naturelle de l’homme, consiste à ne reconnaitre aucun pouvoir souverain sur la terre et de n’être point assujetti à la volonté ou à l’autorité législative de qui que ce soit ; mais de suivre seulement les lois de la nature» .

Eu égard à cela, la liberté naturelle peut être assimilée à l’absence totale de soumission à un pouvoir absolu et arbitraire. Cette liberté, selon Locke, est d’autant plus importante qu’elle constitue une grande nécessité pour l’homme en cela qu’elle est étroitement liée à sa conservation. On ne peut pas la séparer de l’homme sans lui ôter sa conservation et sa vie. Ainsi Locke fait montre d’un lien intrinsèque entre la liberté et l’essence de l’homme. C’est ce qui sans nul doute permet à notre auteur de dire que la liberté de l’homme est inaliénable, ni par un autre ni par le concerné lui même. En effet, aliéner tel que Rousseau l’a défini, dans son œuvre intitulée Du contrat social, signifie donner ou vendre. Et on ne peut donner que ce que l’on possède. Autrement dit ce sur quoi on a tous les droits requis. Or l’homme n’a droit ni sur sa vie, ni sur la vie d’autrui. Donc il ne peut pas donner ni vendre la liberté qui est inhérente à la vie. Dans ce sens notre auteur soutient dans le Second traité qu’ « un homme n’ayant point de pouvoir sur sa propre vie, ne peut, par aucun traité, ni par son propre consentement, se rendre esclave de qui que ce soit » . Rousseau en lui emboitant le pas soutient que « renoncer à sa liberté, c’est renoncer à sa qualité d’homme, aux droits de l’humanité, même à ses devoirs » . De ce point de vue, il n’est permis à personne d’avoir un autre sous sa domination à l’état de nature. Car dans cet état, la liberté de l’homme a une dimension vitale en cela que la vie et la conservation de l’homme en dépendent. Ce qui fait que vouloir mettre quelqu’un sous sa domination revient dans une certaine mesure à en vouloir à sa conservation donc à sa vie. C ‘est pourquoi selon Locke, celui qui décide de prendre quelqu’un sous sa domination se met avec lui dans l’état de guerre.

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Table des matières

Introduction générale
Première partie: De l’état de nature à l’état civil
Chap.1 : La théorie de l’état de nature chez John Locke
Chap. 2 : La théorie de l’état civil chez John Locke
Deuxième partie : De l’inaliénabilité de la liberté de l’homme
Chap.1 : L’illégitimité du pouvoir absolu
Chap.2 : La lutte contre l’abus de pouvoir
Conclusion générale
Bibliographie
Webographie

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