La controverse sur la forêt boréale et mes activités professionnelles

La controverse sur la forêt boréale et mes activités professionnelles

La théorie de la dynamique forestière dissipative

La « théorie de la dynamique forestière dissipative» décrit la façon dont la forêt se régénère après une perturbation (feux, coupes, tordeuse, chablis) et les aléas de son évolution sans postuler de stade climax. Heinselman en 198113, faisant référence à des études bien antérieures (jusqu’en 1956) remettait déjà en question la théorie de la succession pour la forêt boréale. Les chercheurs parlent de renouvellement cyclique des peuplements.Prigogine a cherché à démontrer l’existence de « structures dissipatives » qui s’écarte d’une trajectoire déterminée parfois dans une faible mesure. Le chaos, la fluctuation, le va-et-vient font leur apparition. «Mais c’est justement cela qui fait apparaître le nouveau qui, irréversible, ne peut pas revenir en arrière. L’évolution a, pour une grande part, le champ libre devant elle » (Ganoczy, 1995, p. 84). Nous utiliserons donc ce terme de « dynamique dissipative », bien qu’il n’apparaisse pas dans la littérature des biologistes consultés, pour sa connotation « qui disparaît peu à peu », comme ces structures placées sur la ligne du temps qui évoluent sans revenir en arrière.Un écosystème qui évolue avec des perturbations naturelles aussi destructrices que les feux ne présente pas d’état idéal, mais des processus qui permettent son maintien diversifié dans le temps. La forêt évolue vers des forêts équiennes, ou vers des forêts hétérogènes en âge grâce aux trouées, vers des forêts mélangées (résineux et feuillus), vers des peuplements monospécifiques ou vers des dénudés secs qui sont le résultat de perturbations catastrophiques rapprochées et aléatoires. Il n’y a pas de succession, soit parce que la plupart des espèces présentes avant une perturbation majeure se réinstallent toutes dans les 5 ans qui la suivent, soit parce que le feu revient trop vite14. Les espèces ne poussent pas à la même vitesse, ce qui donne l’impression que certains arbres plus hauts et plus gros sont plus âgés. La dendrochronologie permet de déterminer rigoureusement l’âge des arbres et c’est ainsi que Desrochers et Gagnon (1996) ont pu constater que ces arbres ont tous le même âge. L’épinette noire a deux stratégies de reproduction : par graines et par marcottage. Il n’y a pas de réserve de graines d’épinette noire dans le sol. Les graines persistent quelques années dans le cône semi-sérotineux, mais une fois au sol, elles dépérissent facilement si elles n’ont pas eu l’occasion de germer. Le feu permet l’ouverture synchronisée des cônes et les graines qui tombent massivement au sol germent dans un délai de un à cinq ans. En absence de feu, les peuplements d’épinette noire peuvent se régénérer par marcottage. Les marcottes sont détruites par le feu.

Les paradigmes scientifiques des chercheurs

Avec la théorie de la succession végétale, la forêt paraît naturellement régulée en fonction d’une fin (la forêt climax), nous nous situons dans le paradigme systémique. Avec la théorie de la dynamique dissipative, nous glissons vers un paradigme stochastique qui tente de rendre compte d’anomalies détectées par certains chercheurs (certains dénudés secs, l’homogénéité des classes d’âge dans les forêts issues de perturbations majeures).

 Paradigme systémique

Pour connaître l’écosystème, les chercheurs partisans de la théorie de la succession végétale parient sur «… le fait que la nature est gouvernée par des lois et que celles-ci nous sont compréhensibles » (Farge, dans Dahan Dalmedico, 1992, p. 217). C’est la loi de la succession végétale qui rend compréhensible le fonctionnement de la forêt boréale. La représentation systemique du réel présuppose qu’un système s’organise de manière dynamique en fonction d’une fin (Le Moigne, 1977). La forêt boréale évolue dans un équilibre dynamique vers une finalité, un stade ultime et souhaitable de l’évolution : la forêt climax, aboutissement d’une succession réussie. Il ne s’agit pas « d’une finalité providentielle et supérieure qui s’imposerait du dehors par on ne sait quel décret, c’est à-dire une finalité téléologique. Mais d’une finalité intérieure téléonomique » (Fortin, 2005, p. 50). La forêt suit une intention immanente, inscrite en elle qui commande son
autorégulation face aux perturbations, c’est une finalité qui est en fait une causalité inhérente, interne au système, une endo-causalité qui guide son autorégulation. Dans ce paradigme systemique utilisé par les chercheurs s’inscrivant dans la théorie de la succession végétale, les processus d’adaptation ou d’autorégulation n’ont pas d’effet sur la finalité qui est stable et unique si l’humain n’intervient pas. C’est toujours à partir de la même finalité (la forêt climax) qu’est expliqué le fonctionnement de l’écosystème. Il y a donc équifinalité quel que soit le trajet. La forêt boréale est un système en équilibre dynamique parce qu’il réagit aux perturbations (les feux, les épidémies, les chablis) par une succession forestière de manière ordonnée et prévisible. L’adaptation se
fait dans les limites de l’existant d’aujourd’hui, qui est aussi celui d’hier et qui doit être celui de demain. L’humain n’est pas présent dans le processus « normal » de la dynamique forestière par succession. Il doit imiter les processus naturels s’il intervient dans un écosystème dans lequel il n’a pas sa place, autrement il y met un désordre irréversible en empêchant la nature d’atteindre une finalité immuable sans lui.

 Paradigme stochastique

Penser le monde à partir d’un paradigme stochastique suppose de voir les constants changements imprévisibles de la nature comme le processus qui fait surgir de nouveaux états dynamiques. « …jusqu’à une époque récente, l’étude des phénomènes irréguliers,instables, pathologiques, loin de constituer le cœur de l’activité scientifique, était repoussée à ses marges » (Dahan Dalmedico, 1992, p. 405). Ce sont précisément ces phénomènes qui intéressent les chercheurs du courant de la dynamique dissipative. Ils constatent la part du hasard dans l’évolution des peuplements depuis la dernière glaciation. Ils voient l’évolution des écosystèmes forestiers sur la flèche du temps et
décrivent des processus réversibles et des processus irréversibles, une évolution sans finalité. La nature évolue et s’adapte au hasard, elle n’a pas de projet : « Chaque instant de notre biosphère est rempli de bifurcations possibles, et le moment où se produira une bifurcation chargée d’avenir est indécidable » (Camerini, 2003, p. 93). Les chercheurs décrivent les trajectoires possibles et aléatoires à partir de l’apparition de conditions initiales qui apparaissent de façon peu prévisible et sans en valoriser une plus que l’autre du point de vue de la nature. Les événements peuvent créer de l’ordre et du désordre, pas seulement plus de complexité ou plus de perfection. Le caractère souhaitable ou non de tel écosystème dépend de l’observateur, elle n’est pas inhérente à la nature. La forêt boréale n’a pas de projet pour elle-même et elle ne connaît pas d’état final idéal ou qui
guiderait nécessairement son autoréguîation. La théorie est fondée sur l’idée d’une variabilité peu prévisible des variables significatives au fil du temps. Le moment et le lieu où frappe la foudre sont imprévisibles, même si ce qui se passe tout de suite après est connu tout en variant en fonction des circonstances. Le type de couvert forestier dépend aujourd’hui moins du climat, du sol et des perturbations que du caractère aléatoire de ces dernières. Par contre, les variables de climat et de sol étaient très importantes quand le territoire n’était pas occupé par la végétation (après la dernière glaciation). Les épinettes noires qui s’implantent sur un sol minéral étaient alors favorisées.

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Table des matières

Identification du jury
Avertissement
Résumé
Abstract
Liste des tableaux
Liste des figures
Liste des sigîes et abréviation
Remerciements
1 Introduction
1.1 La controverse sur la forêt boréale et mes activités professionnelles
1.2 Objectifs, hypothèse et questions de recherche
1.2.1 Objectifs
1.2.2 Hypothèse
1.2.3 Les questions de recherche
1.3 Ponrquoi la théologie pratique ?
1.4 Présentation des axes de la recherche
1.4.1 Observation et description de la controverse : la forêt sociale
1.4.2 Première boucle herméneutique : la forêt science
1.4.3 Deuxième boucle herméneutique : la forêt éthique
1.4.4 Troisième boucle herméneutique : la forêt imaginaire
1.4.5 Prospectives
2 Cadre épistémologique et méthodologique de îa recherche
2.1 Praxéologie
2.1.1 Praticien réflexif et praticienne chercheure
2.1.2 Le savoir en action
2.2 La pensée complexe
2.2.1 La Nature bris-colle dans l’ordre et le désordre : les mammifères ont remplacé les dinosaures
2.2.2 Les idées ne sont pas le réel et elles sont réelles : il n’y a qu’en français qu’un chat est un chat
2.2.3 La pensée simplifiante est irréaliste : simplifier le réel pour le connaître n ‘est pas le connaître
2.2.4 L’incertitude est certaine : demain n ‘estpas héréditaire
2.2.5 Seul un sujet peut objectiver : toutes les sciences sont humaines
2.2.6 Homo sapiens est plutôt homo complexus ,
2.3 L’herméneutique
2.4 Méthodologie
2.4.1 Observation participante
2.4.2 Journal d’itinérance
2.4.3 Analyse et interprétation de discours non sollicités
3 Observation de la controverse : la forêt sociale
3.1 Les articles de journaux
3.1.1 Sélection des articles
3.1.2 Compilation des opinions
3.1.3 Présentation des résultats
3.2 Traitement des procès-verbaux des réunions d’an comité de suivi CSA
3.2.1 Présentation des procès-verbaux
3.2.2 Résultats
3.3 Analyse
3.3.1 Un controverse socio-environnementale
3.3.2 Polarisation des avis
3.3.3 La concertation
3.3.4 La dimension émotionnelle
4 La forêt science
4.1 « Les idées sont réelles »
4.1.1 Qu’est-ce qu’un énoncé scientifique ?
4.1.2 Les paradigmes
4.2 Écologie de la forêt boréale
4.2.1 La forêt boréale
4.2.2 La forêt boréale des biologistes
4.3 Commentaires
4.3.1 Comparaison
4.3.2 Les paradigmes scientifiques des chercheurs
5 La forêt éthique
5.1 Visions de la relation homme – nature
5.1.1 Vision anthropocentrique : HOMME hors nature
5.1.2 Vision biocentrique : l’hom-mort – NATURE
5.1.3 Vision écocentrique : l’HOMNATURE
5.1.4 Visionmulticentrique : l’HOMMEdans/avec laNATURE
5.2 Les scientifiques, la forêt boréale et l’éthique de la relation homme – natare
5.2.1 Dans le modèle de la succession végétale
5.2.2 Dans la théorie de la dynamique dissipative
6 La forêt imaginaire
6.1 Décrire et signifier
6.1.1 Science et imaginaire
6.1.2 Une controverse qui fait sens
6.1.3 Symboles et mythes
6.2 La forêt symbolise
6.2.1 La forêt et la vie
6.2.2 La forêt et les humains
6.2.3 La forêt et la nature
6.3 La forêt symbolique contemporaine
6.3.1 La vie
6.3.2 Le paradis
6.3.3 L’héritage, le don
6.3.4 La connaissance
6.3.5 Commentaires
6.4 Trois mythes poar guider HOtre interprétation
6.4.1 Prométhée
6.4.2 Orphée
6.4.3 L’âge d’or
6.5 La forêt boréale imaginaire
6.5.1 La forêt débat
6.5.2 La forêt liberté
6.5.3 La forêt merveilleuse
6.5.4 La forêt sacrée
6.6 Pourquoi pas l’amour ?
6.6.1 Identité et altérité
6.6.2 L’amour dénigré
6.6.3 L’amour dans les conflits
6.6.4 L’amour hors-norme
6.6.5 L’amour métamorphose
7 Prospectives
7.1 SymboMqne, lecture éthique et prise de décision
7.2 Approche éco-conseil du développement durable
7.2.1 Panoramiquer
7.2.2 Zoomer l’explication d’un phénomène
7.2.3 Articuler : distinguer et relier
7.2.4 (Se) responsabiliser
7.2.5 Rêver les solutions
7.2.6 Co-construire
7.2.7 Reconnaître l’écologie de l’action
7.2.8 Comprendre pour aimer pour comprendre
8 Conclusion
Bibliographie
Annexes

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