La contribution des collectivites locales dans l’integration sous regionale

La construction de l‟intégration et de l‟unité de l‟Afrique figure parmi les priorités les plus hautes de l‟agenda politique des Etats africains. L‟effort entamé à cet égard dès 1963 avec la mise en place de l‟Organisation de l‟Unité Africaine, a été poursuivi en 2002 par l‟évolution de l‟Organisation de l‟Unité Africaine en Union Africaine. Mais cet effort est resté largement au niveau des Etats. Les populations africaines n‟ont pas réellement été parties prenantes de ce mouvement dont l‟impact tarde à produire des effets concrets sur l‟amélioration de leur vie quotidienne.

Partir des collectivités c’est-à-dire des espaces de vie des populations africaines permet de construire une vision d‟ensemble de l‟Afrique qui prend racine sur les réalités vécues par les populations et les communautés locales. Cette perspective inscrit la mise en mouvement de la dynamique d‟intégration et d‟unité du continent non plus exclusivement au niveau des Etats, mais également et davantage au niveau des collectivités locales, le niveau de gouvernance publique le plus proche des populations. De cette manière la réflexion tend à déplacer le curseur de la conception de l‟unité du continent d‟une Afrique des Etats-Nations à une Afrique des Peuples.

Une telle orientation signifie clairement l‟option pour le dépassement des frontières héritées de la colonisation comme condition de participation de l‟Afrique au monde de demain qui sera, en grande partie, un monde de grandes régions comme cela s‟esquisse sous nos yeux en Europe, en Amérique et en Asie.

Partir des territoires permet de construire une vision d‟ensemble de l‟Afrique. Les territoires ne sont pas que les paysages, ils ne se réduisent pas à un état de nature qui serait immuable et donné à priori. Les territoires se construisent à partir des populations qui les composent et de leurs structures sociales et historiques complexes. Les territoires conservent la mémoire des continuités et des ruptures des écosystèmes. Ils sont aussi porteurs des institutions et des pouvoirs qui se construisent à travers des infrastructures collectives de base qui demandent des lourds et des gestions complexes, depuis les communes jusqu‟aux Etats et aux grandes régions. Partir des territoires permet de mettre au centre des préoccupations la prise en compte des réalités concrètes, celles que vivent les populations africaines, et des nécessités de préserver des économies endogènes et durables, les environnements et les écosystèmes. La construction de l‟Afrique passe par l‟articulation de toutes les échelles de ses territoires, de l‟échelle locale à l‟échelle continentale en passant par l‟échelle nationale et l‟échelle sous régionale. Toutes ces échelles sont pertinentes. L‟hypothèse est que l‟intégration et l‟unité de l‟Afrique passe par la mise en place d‟un système territorial qui englobe toutes les échelles des territoires sans n‟en nier aucune. Cette hypothèse confirme la complémentarité des territoires. L‟Afrique des Etats est aujourd‟hui la plus visible. L‟Afrique des collectivités locales émerge comme un acteur majeur de la transformation et du développement du continent. L‟Afrique des communautés économiques régionales est encore assez distante de la réalité vécue par les populations, même si son influence augmente progressivement. L‟Afrique comme région du monde reste une fiction pour la majorité des Africains. C‟est la perspective à enraciner dans le vécu des populations africaines, notamment en construisant l‟intégration en partant du point de vue des collectivités locales.

Problématique

Contexte et justification

Les dynamiques d’intégration sous régionale ont été initiée en Afrique depuis les premières années des indépendances. En Afrique de l’ouest cette volonté s’est surtout exprimée du haut et même fait l’objet de construction institutionnelle. On note ainsi la présence de nombreuses organisations à dimension régionale ou sous régionale (CEDEAO, UEMOA, OMVS etc.) dont le but est de réaliser le projet d’intégration. Ces organisations conduisent des actions importantes en matière de réalisation d’infrastructures et de services sociaux de base qui demeurent toutefois peu connues des populations. Par ailleurs, les politiques d’intégration régionale sont faiblement prises en compte dans les stratégies nationales. De même, les collectivités territoriales sont à la marge de cette dynamique. Cependant, une attention sur les dynamiques des espaces périphériques révèle ce que les Etats n’ont pas réussi à réaliser, est en train de prendre forme d’une autre manière moins institutionnalisée certes mais portée par les populations. Ces nouveau « processus non fondés sur des politiques gouvernementales » sont à l’origine du «développement des dynamiques impulsées par des réseaux exploitant les disparités frontalières en tant que ressources. » .

De toute évidence les acteurs qui sont parfois les plus déterminants ne sont pas les acteurs locaux. Ils ne sont d‟ailleurs les seuls à tirer profit des avantages que génèrent les espaces frontaliers. Cette réalité pose une situation assez contrastée dans ces localités au dynamisme indéniable mais dont le niveau de développement en infrastructures, en équipements reste faible et dont la viabilité du cadre de vie laisse à désirer pour permettre de constituer de véritables leviers du développement local.

La définition consensuelle retenue lors du séminaire sous régional sur le concept de «pays frontière» tenu à Sikasso est la suivante : le «pays-frontière» se définit comme un espace géographique à cheval sur les lignes de partage de deux ou plusieurs États limitrophes où vivent des populations liées par des rapports socio-économiques et culturels.

La plupart des États de la sous-région ouest-africaine sont confrontés au défi de construire une société démocratique plus juste et de maintenir un climat de paix durable avec les autres États. Cette exigence impose depuis un certain temps aux États la nécessaire implication des populations dans la gestion de la vie publique nationale et l‟adoption d‟une politique d‟intégration plus réaliste. Dans la traduction concrète de ces différentes politiques (décentralisation et intégration sous régionale), la question frontalière occupe une place de choix du seul fait qu‟elle constitue des entraves à leur mise en œuvre. A cet effet, le concept de «pays-frontière» est initié et proposé pour servir de réponse au souci d‟aller vers une gestion commune des zones frontalières et une intégration de proximité des communautés frontalières (séminaire de Sikasso, mars 2002) Les dynamiques frontalières ou transfrontalières renvoient aux activités, aux flux, aux réseaux et aux changements qui sont observés au niveau de certains espaces aux caractéristiques et aux situations géographiques assez particuliers : les zones frontalières.

Les transformations qui sont observables dans ces zones peuvent être assimilées aux dynamismes des territoires : celles-ci rendent compte des changements des organisations territoriales et des forces qui les provoquent. Même si le mot «territoire» ne semble pas approprié dans ce cas de figure car l‟espace en question n‟étant pas une seule entité définie et circonscrite à la possession d‟un seul Etat mais de plusieurs Etats : les espaces frontaliers étant la somme de plusieurs portions de territoires souverains. « La notion de frontière est porteuse de paradoxe : elle pose à la fois problème à l‟organisation du territoire. Les frontières ont en effet souvent été des espaces négligés et la plupart des conflits s‟y développent avant de s‟étendre au reste du pays. La géographie africaine n‟est pas une justification de nations mais un enchevêtrement de territoires qui s‟emboitent et se superposent. (LARES, 2000) .

L‟objectif est de créer de nouveaux cadres de dialogue autour de la question de la gestion des frontières. Grace à de telles évolutions les zones frontalières deviendront véritablement des zones de souveraineté partagée. » Les frontières sont ainsi des faits géographiques majeurs. Leur érection en un lieu entraine une série de changement dans la perception et les relation à l‟espace des sociétés ou groupes humains directement concernés. Le tracé d‟une frontière influence de façon positive ou négative, légère ou accentué, l‟organisation de l‟espace ou des espaces qui lui sont contigües. Ainsi autour des lignes ou zones frontalières naissent et se développent des espaces caractéristiques de la dynamique des frontières.

L‟émergence des espaces frontalières ou transfrontalières a suscitée de nombreuses analyses qui ont cherché à mettre en exergue les mécanismes qui les régissent, leur mode de fonctionnement ainsi que leurs fonctionnalités. Pour IGUE. J. O. qui s‟adonne un effort de typification des espaces frontaliers en Afrique de l‟ouest, il y‟a plusieurs sortes d‟espaces transfrontaliers :
─ Les espaces à faible dynamisme : ils sont constitués des franges septentrionales arides saharo-sahariennes.
─ Les espaces dits alternatifs : ils sont actifs mais sans grands équipements et supports d‟échange comme c‟est le cas des villes ou collectivités locales frontalières, les marchés périphériques dynamiques, les magasins de stockages, les marchés parallèles de change, l‟intensité de la vie de relations. Dans ces espaces dits alternatifs, les échanges transfrontaliers ne jouent pas véritablement dans la structuration de l‟espace du fait que ces frontières sont des simples couloirs de passage et de trafic.
─ Les périphéries nationales : elles se singularisent par leur structuration par une série de petites agglomérations, villes frontalières, espaces d‟échanges, et de marchés autour desquels s‟organise une véritable vie des relations. Ce sont des régions frontalières dynamiques. Elles existent là où il y‟a des possibilités de distributions fortes entre pays voisins…là où existe une grande solidarité de la population victime de la partition qui occasionne la mise sur pied de la frontière.

Cette typologie d‟IGUE accorde une importance particulière au dynamisme des activités dans les franges frontalières. Cette manière de voire semble recouper la différenciation de STARY B. pour qui « ces espaces périphériques nationaux sont des espaces économiques qui s‟articulent sur plusieurs Etats-nation. Ils s‟appuient et sont régies par plusieurs éléments tels que les flux de produit passant d‟un Etat à un autre en fonction et au gré des opportunités. Leur complexité explique sans doute le foisonnement d‟expression qui sont mis en reliefs par les spécialistes pour le designer ou même les spécifier par rapport au reste du territoire des Etats » .

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Table des matières

Introduction Générale
I. Problématique
1. Contexte et justification
2. analyse conceptuelle
3. Objectif de l‟étude
a. Objectif général
b. Objectifs spécifiques
4. Hypothèse
Les hypothèses de notre étude portent sur ces différents points
II. Méthodologie
1. La revue documentaire
2. Projet d‟enquête
2. 1 Enquête quantitative
a. Enquête exploratoire
b. Enquête approfondie
2.2 : Enquête qualitative
2.3 : Traitement des informations
2.4 : les difficultés rencontrées
III. Présentation de la communauté rurale de diacounda
1. L‟étude toponymique de la communauté rurale
a.La zone du Bouaguére
b. la zone du dioub
c. la zone du bapikoume
A- L’accès à l’eau, à l’électricité et au téléphone
B- Les infrastructures sanitaires et les équipements sociaux de base
IV. Dynamique frontalière, développement local et coopération décentralisée : un facteur d‟intégration sous régionale
1.Les dynamiques frontalières
A.Que comprendre par dynamique frontalière ?
B. Dynamiques frontalières ou dynamiques d’intégration
C.Relation entre villages de diacounda en frontalier avec ceux de la Gambie
D.Les arts, les sports et la communication au service de relations exceptionnelles
E.La dynamique des échanges transfrontaliers
2. Le développement local
a. Le développement local : Origine du concept
b. La notion de développement local au Sénégal
c. Décentralisation, développement local et les ressources locales
3. LA COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE
a. Une notion intégrée par les autorités locales
b.La contribution des collectivités locales dans l‟intégration sous- régionale : l‟exemple de la communauté rurale de Diacounda
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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