LA CONSTRUCTION DE L’UNIVERSEL CHEZ SOULEYMANE BACHIR DIAGNE

DE L’ACCEPTATION DE LA DIFFERENCE A LA RENCONTRE AVEC L’AUTRE

   Parler d’universel c’est évoquer ce qui aujourd’hui peut nous autoriser à penser au dialogue des cultures, des religions et des langues au-delà des différences . En revisitant l’histoire l’on se rappelle de Senghor qui a voulu penser à la mesure de l’universel, de la civilisation de l’universel qui doit émerger du dialogue des cultures singulières. Dans ce dialogue, chacun doit accepter sa part de différence ainsi que celle des autres.D’où ce que l’on pourrait appeler chez Senghor le « Rendez-vous du donner et du Recevoir. » L’universel est ce que produisent les différents visages de l’aventure humaine que sont les cultures et qui en sont toutes au même titre d’expression. Les différences entre les peuples ne doivent pas poser un véritable problème ou danger. Ces différences constituent une richesse qui doit permettre dans la mesure du possible la cohésion sociale. En effet, il faut rappeler que Souleymane Bachir Diagne aime partir du pluralisme des cultures pour faire dialoguer les traditions philosophiques et finalement les peuples. L’universel que nous comptons construire fait appel aux yeux de Diagne à l’acceptation de la différence. Accepter les différences revient à accepter chez l’autre ce qui fait sa particularité. Accepter la différence consiste aussi à considérer l’autre comme soi-même. Ce qui compte dans ce cas c’est la nécessiter d’ordonner le multiple, le pluriel sans nier les différences. Pour ce faire, il faut préserver les identités propres à chaque communauté et dans cette préservation des identités personne n’est à exclure. Toute la richesse des hommes se trouve dans cette différence qu’elle soit culturelle, linguistique ou religieuse. La différence culturelle nourrit notre intérêt pour l’autre et donne envie d’aller à sa rencontre. On s’aperçoit que le contraste de nos différences peut favoriser, au lieu d’empêcher, l’éclosion des relations humaines fondées sur le respect et l’intérêt réciproque. Si tout le monde avait les mêmes caractéristiques, les mêmes croyances ou bien les mêmes formes de manifestations culturelles, le développement de l’humanité ou des mentalités seraient certes faciles mais force est de reconnaître que c’est par la présence des autres que notre affirmation et notre existence deviennent une réalité. Ainsi la différence peut faciliter la connaissance de soi. Car en connaissant l’autre qui est tout à fait différent de moi par la langue, par la culture et par la religion, la connaissance de soi devient facile et on se rendra compte que nous ne sommes pas les seuls qui existent et qui vivent dans l’espace-temps. A cela s’ajoute l’idée que « l’Autre est au cœur même du Même.»La question que nous devons se poser est de savoir comment accepter l’autre avec toutes ces différences ? La réponse à cette question ne sera certes pas facile mais il nous faut un effort personnel, l’humilité qui ne conteste pas l’existence de la vérité des autres. De plus il faut reconnaitre qu’aucun individu n’en est le détenteur absolu. La reconnaissance de l’autre dans toutes ses différences ne signifie pas un abandon total de nos convictions ou croyances, ce n’est pas non plus méconnaitre l’identité des autres. C’est plus simplement demeurer attentif à ce que les autres portent de vérités aussi différentes que les nôtres. Dans une période de conflits, de clivages, de racisme, de sexisme, de xénophobie, il est d’une nécessité de faire bouger les frontières mentales et émotionnelles qui freinent la possibilité de connaître l’autre. La diversité des chemins de la pensée n’est pas un obstacle, c’est plutôt ce qui fait le charme des différents systèmes de pensée surtout dans le domaine philosophique. C’est ainsi que Séverine Kodjo-Grandvaux a pu présenter le travail du philosophe Wiredu. Ce dernier considère que la « philosophie ne doit pas s’enfermer ni dans un universalisme qui exclut, ni dans un particularisme identitaire, également exclusif sans quoi aucun dialogue n’est possible entre l’occident et l’Afrique(…) ». Comme nous l’avons dit dans ce qui précède, il n’est pas du tout facile de vivre ensemble avec nos différences. On peut, à cause de sa couleur de sa peau être condamné et mis à l’écart. Cette mise à l’écart peut aboutir au racisme. Et pour éviter de faire des rejets de toute sorte, il faut vivre ensemble dans la tolérance. D’après les définitions du dictionnaire, la tolérance c’est accepter que d’autres personnes soient différentes de soi, qu’elles pensent et vivent de manière différente des siennes. Quand on est tolérant, on doit accepter que les immigrés soient différents et vivent autrement. La tolérance n’est pas le racisme : qu’importe la couleur de la peau, nous sommes tous égaux. La tolérance c’est quelque chose qui s’apprend. Par l’apprentissage, on doit être formé et informé pour ne pas raconter tout ce que l’on veut sur les autres. Cette formation et cette information passent facilement par l’éducation. Il faut quand même retenir que Souleymane Bachir Diagne est un auteur du pluralisme et de la différence. Selon l’auteur, l’éducation devrait être au centre des stratégies dans la promotion du pluralisme. C’est ainsi qu’il considère le pluralisme comme « l’art d’accommoder nos différences(…) et affirmer qu’il y a une vérité une à laquelle nous devons nous orienter » afin que « nos différences, bien loin de nous opposer », puissent nous inviter à converger dans le respect de ces différences-là.

Langue et pluralisme

   Comment construire l’universel à partir du pluralisme des langues est une question qui importe beaucoup. Nous trouvons la réponse chez Souleymane Bachir Diagne qui, partant de la pensée de Merleau Ponty, mobilise dans ses écrits une distinction entre deux types d’universels. Le premier est un « universel de surplomb », polarisé, vertical qui définit une appréhension de la particularité à partir d’une position de centralité qui n’est jamais contestée. Le second qu’on appelle « universel latéral, décentré, horizontal » se conçoit comme une sorte de voyage entre les particuliers. Ainsi, au cœur de cette distinction, se place la question des langues. Dans cet état de fait, Souleymane Bachir Diagne montre qu’ « il n’y a pas de langue naturelle de la philosophie ; son terroir d’élection n’est pas l’Europe. Aucune langue ne doit prétendre incarner, à elle seule, le logos. » Souleymane Bachir Diagne a eu à travailler avec Barbara Cassin sur le concept de « grammaire philosophique » qui serait une langue dont tous les philosophes pourront se mettre d’accord pour construire quelque chose d’universel au-delà de la multiplicité des langues que parlent les humains en des endroits différents. Le pluralisme des langues peut nous aider à tirer de l’universel de « quoi s’alimenter et se développer ». Pour ce faire, il faut qu’on s’ouvre vers d’autres en essayant de comprendre leurs langues afin de les intégrer ensemble pour augmenter nos connaissances. En d’autres termes, la connaissance d’autres langues peut aider à mieux se connaitre mais également à pouvoir partager avec l’autre. Le pluriel des langues peut être un atout permettant leur coexistence dans un rapport dialectique. Ce rapport dialectique leur permet de s’entendre pour pouvoir s’interroger sur le devenir des sociétés. La question des langues doit être construite non par l’affirmation de sa propre singularité, mais par celle du pluralisme. Dans ce cas précis, l’apprentissage d’autres langues devient nécessaire pour vivre ensemble dans la différence. Toujours dans ce sillage, il faut partir du pluralisme des langues et essayer de les faire dialoguer. Le dialogue dont il est question, est celui à partir duquel il n’y a pas de langue dominante ou dominée. Ainsi, plus nous connaissons une langue étrangère plus nous nous enrichissons. Dans un entretien intitulé « La Casamance, Mon Beau Royaume d’Enfance », Souleymane Bachir Diagne a eu à évoquer que son royaume d’enfance représenté par la Casamance a participé à son « métissage culturel et à son ouverture vers d’autres langues ». Ce qui compte aux yeux de S.B.Diagne, c’est le passage d’une langue à une autre. Plus les hommes parlent de langues différentes plus ils parviennent à faire des échanges et à créer une société bâtie sur le pluralisme. Un homme digne de ce nom doit se sentir dans cette pluralité des langues mais avec un esprit de tolérance. Mais il ne s’agit pas pour une langue donnée de s’engager, depuis sa propre assurance de soi comme la seule vraie. Il est autrefois raconté dans la Bible que l’humanité avait une seule langue et les mêmes mots. De fait, arrogants soient-ils, les hommes voulaient bâtir une ville dont le sommet pourrait toucher le ciel. Devant tant d’arrogance, Dieu les dispersa sur toute la surface de la terre en leur donnant un langage différent. Selon le mythe de Babel, la diversité linguistique est une conséquence d’une punition. En revanche cette diversité linguistique n’est-elle pas au contraire, une chance pour l’humanité. Quoi qu’il en soit, « la diversité des langues est condition immédiate d’une croissance pour nous de la richesse du monde et de ce que nous connaissons en lui(…). » Construire l’universel à partir du pluralisme des langues revient généralement à penser à leur rencontre. Pour ce faire, nous devons se départir des vieux préjugés qui supposent que la philosophie parle grec seulement ou les langues européennes. La philosophie est une question de pensée, de raison mais non une question ethnique ou identitaire. Ainsi, si seul l’occident croit avoir la primauté ou le monopole de la Raison ou du logos, il pouvait imaginer que lui seul est capable de philosophie et, par là même, il accepterait difficilement autres visions du monde hors de son milieu d’évolution. Cela laisse donc à dire que la question de la diversité des langues peut nous mettre d’une part dans le chao, le désordre lorsque certains réduisent l’activité philosophique à une seule et unique langue. D’autre part, le pluralisme des langues peut bien mener à construire une société harmonieuse bien que les hommes qui y vivent ne parlent pas la même langue. En effet, ce qui importe beaucoup, c’est l’idée que la diversité linguistique participe naturellement à la déconstruction de certaines conceptions et considérations racistes, ethnocentriques, mais aussi et surtout au rejet à la prétention de la philosophie incarnant une seule langue. C’est ainsi que « en matière de philosophie, la question de la langue peut mener au pire comme au meilleur. Le pire se note dans le cas où une langue prétend à elle seule, incarner une philosophie ethnique ou « nationalitaire ». En revanche le meilleur revient à s’installer dans la multiplicité des langues en pensant leur rencontre. » A l’heure actuelle de la globalisation économique et scientifique marquée par les échanges, mettre des réseaux pouvant nier d’autres conceptions philosophiques, relève d’un « obscurantisme inqualifiable ». Ce qui prime dans ce contexte c’est le pluriel des langues que parlent les humains. En effet, la lecture de « En quête d’Afrique(s) » de S.B.Diagne et de Jean Loup-Amselle nous a permis de voir deux conceptions qui s’affrontent : un universel particulier reposant sur la pluralité des langues, et un universalisme d’enjambement fondé sur les similarités entre cultures. Dans cet ouvrage, S.B.Diagne et J .Amselle ont tous défendu une position universaliste mais en procédant par des prémisses différentes. La conception de S.B.Diagne qui nous intéresse le plus ici repose en particulier sur la multiplicité des langues. En fait, Diagne considère l’existence d’une multiplicité des langues comme une « donnée de fait ». Pour comprendre cette conception de Bachir Diagne, il faut partir du mythe de Babel et la conséquence qui en résulte, c’est-à-dire l’impossibilité pour les hommes de communiquer entre eux après le péché originel et la chute. Bachir Diagne voit autrement la question de la différence des langues. C’est ainsi qu’il voit nécessaire de penser de « langue en langue ».Pour lui, « l’ouverture à l’autre et de nécessité de l’autre pour se définir soi-même est généreuse et, en ce sens échappe au relativisme linguistique absolu(…).Penser de langue en langue suppose que les différentes langues existent de façon intangible. » Généralement on pose la question de savoir comment et qui peut encore penser l’universel, aujourd’hui sous le modèle de l’universel-Un qui ne supporte ou n’accepte pas les différences ? Aussi, par quel biais donc peut-on élaborer la philosophie d’un universel concret et tenable dans les sociétés multilinguistiques ? Répondant à ces deux questions, nous pouvons penser à l’impérative solidarité et la perspective démocratique. Toujours dans ce sillage, la philosophe Barbara Cassin propose un moyen qu’elle qualifie « d’universel dédié »qui, selon elle, est le « meilleur pour ici et maintenant ». Lors d’un colloque organisé au collège de France avec comme titre « Penser et écrire l’Afrique aujourd’hui », Souleymane Bachir Diagne, dans son intervention donne l’analyse suivante : ce que le pluriel des langues nous permet, c’est la capacité qu’a l’individu de se décentrer, de regarder sa langue depuis une autre langue, de considérer son identité depuis ce qui n’est pas son identité. Dans ce contexte, « la multiplicité des langues et leur variété formelle posent nécessairement la question de savoir s’il existe entre elles des principes en partage ?»Cette question nous invite en partie à s’interroger sur la possibilité de rencontre, de dialogue, d’hybridité entre les langues. Du point de vue de l’hybridité, la diversité des langues se voit comme un mélange supposant des possibilités et des contextes de rencontres. C’est pourquoi ici, le contexte migratoire est particulièrement interrogé. C’est un contexte dans lequel la diversité des langues sera acceptée et maitrisée dans le but d’échanger et de se rapprocher. Ce rapprochement entre les langues se fait à travers la notion de négociation qui peut nous aider à mieux penser la question identitaire et faire dialoguer les langues dans un esprit de tolérance qui va pouvoir mettre toutes les langues en rapport les unes des autres. Penser à la diversité des langues revient à privilégier « l’art du dialogue » qui définira dans la mesure du possible les rapports, les liens d’interdépendance et d’influences réciproques entre les langues. Souleymane Bachir Diagne aime toujours partir du pluralisme pour faire dialoguer les langues. De ce fait, « j’écris en présence de toutes les langues » disait Edouard Glissant. Une phrase que Bachir Diagne reprend souvent dans ses écrits pour montrer en quoi il est important de passer d’une langue à une autre pour éprouver les richesses et accéder à l’universel. L’impotence que Bachir Diagne donne à la diversité des langues remonte bien évidement à sa ville natale de Saint-Louis qui est une ville où l’immigration marocaine, les traditions chrétiennes et musulmanes étaient très fréquentes. A travers cette immigration, les langues se mélangent, se rencontrent et se complètent les unes des autres. Ce faisant, les relations entre les humains, entre les peuples ne seraient-ils pas plus pacifiques si chacun sentait le besoin de s’ouvrir vers d’autres langues en éprouvant les différences pour se compléter et mieux se connaître. Force est de reconnaitre dans cette mouvance que les humains « parlent et se parlent » mais le plus souvent ils se perdent dans leur pouvoir de communiquer avec les autres dans la mesure où ils s’expriment dans une langue particulière. D’où la nécessité de s’adapter dans un monde qui se dit au pluriel et accepter que les différences en matière de langue constituent un atout et une richesse vers la création d’un « universel vraiment universel ». C’est ainsi que chaque peuple met en avant des politiques dans les systèmes éducatifs permettant l’intégration d’autres langues. Selon l’article2 de la Convention culturelle européenne de 1954, chaque peuple encourage l’étude de la langue des autres et celle de sa langue par les autres. Aujourd’hui il est partout encouragé l’apprentissage des langues étrangères dans les systèmes éducatifs ou dans d’autres structures permettant l’accueil de « publics particuliers ». En effet, si la communication est indispensable pour atteindre l’autre, cette dernière se fait dans un contexte marqué par la diversité des langues. « La pluralité des langues est le constat de la coexistence de plusieurs langues sur un territoire ou différents territoires. Le pluralisme linguistique est la volonté de reconnaitre à ces langues une égalité de principes en dépit des sorts contrastés que peuvent valoir à chacun son statut ou son niveau de diffusion et d’usage. »

Construction de l’universel et traduction

   Au cœur du projet de construction de l’universel, se trouve inscrite la notion de traduction. En effet, comment peut-on construire l’universel au-delà du pluralisme des langues. A cette question, S.B.Diagne tente de répondre par la traduction. En revanche que signifie traduire est une question qui n’est pas comme les autres. Ainsi, aux yeux de Bachir Diagne traduire consiste à prendre toutes les langues également au sérieux, en fait dans la traduction. Ici, ce dont il est question c’est la capacité à prendre toutes les langues ensemble et penser ce que pourra signifier leur coexistence. C’est peut-être dans ce contexte que Merleau Ponty forge le concept « d’universel latéral » dans le lequel les « langues humaines se rencontrent sans qu’aucune d’entre elles puisse prétendre à cette sorte de verticalité qui ferait d’elle la langue naturelle de l’universel ou la langue historial. » Dans cette perspective, il est question de montrer que toutes les langues peuvent coexister sans que l’une d’entre elles ne soit l’émanation d’une culture. Par la traduction, nous arriverons à vivre au cœur de la communauté humaine. La traduction apparait ici comme une manière de chercher chez d’autres de quoi s’enrichir pour se construire soi-même. Dans ce contexte précis, il faut prendre ici l’exemple de Barbara Cassin qui, depuis ses premiers travaux sur la sophistique, interroge le langage, le nôtre en notre temps, mais aussi celui des autres, qu’il faut comprendre et traduire. Ceci laisse à dire qu’avant de traduire il faut d’abord comprendre la langue à partir de laquelle on s’appuie pour traduire. Aujourd’hui, nous sommes dans un monde dont les humains sentent une nécessité de vivre ensemble dans la pluralité des langues. Cependant il importe plus que jamais de savoir comment pouvons-nous exister ensemble avec nos différences. A cette question, Barbara Cassin nous invite à répondre comme S.B.Diagne par la traduction. Ainsi comment se fait cette traduction selon Barbara Cassin. A son insu, traduire peut signifier le passage d’une langue à une autre. Ce passage d’une langue à une autre consiste à donner primauté à la « multitude » au détriment du « monochrome ». En sus il importe plus également à privilégier, à défendre la « conversation » contre le « monologue ». En traduisant, toutes les couches sociales pourront avoir librement la liberté et la possibilité de se compléter les unes des autres. Chaque langue peut aider un peuple à connaitre les modes de vie d’un autre. Cette traduction est une sorte de langage qui permet à tous les philosophes de pouvoir échanger sur le même terrain même si les langues sont différentes d’une nation à une autre. Par ailleurs, la présence de l’autre me permet de s’affirmer et notre langue se mesure par la présence d’autres langues d’où la nécessité de procéder par la traduction. C’est dire également qu’il n’y a aucune langue favorite mais que toutes les langues sont à la même longueur d’ombre. Dans cet universel, aucune langue ne doit prétendre être la seule qui fait bouger le monde. Il s’agit surtout de voir avec les autres langues que l’universel repose sur son aspect pluriel. En outre, on peut dire que la langue et la culture vont de pair. Car parler de langue c’est aussi parler de la culture dont elle est l’expression. C’est ainsi qu’aujourd’hui toutes les langues peuvent s’interconnecter dans la mesure où elles sont égale dignité. Aujourd’hui l’universel qui préoccupe tout penseur est au cœur d’une discussion parfois polémique. Malgré cette polémique qui se note sur la question de l’universel, certains penseurs prônent pour un universel à rechercher dans la relation entre les langues. Cet universel en question, est un « universel latéral »qui peut être rapproché de ce que Mohamed Mbougar Sarr écrit dans Silence du Chœur en ce qui concerne la traduction. En effet il fait dire au personnage de Jogoy Sén, le traducteur, que la chute de Babel ne doit pas être envisagée comme une punition divine mais bien au contraire comme une possibilité renouvelée de lien entre les hommes, à travers la traduction. Nous sommes ici en face d’une traduction horizontale. Certes la traduction peut être envisagée comme une malédiction dans la mesure où nous partons de langues diverses, multiples, variées alors que nous n’en avions qu’une, celle d’Adam. La langue d’Adam n’était faite que pour parler à Dieu et pour qu’il nous parle. Maintenant nous avons besoin des relations horizontales. D’après ce que dit Jogoy Sén chez Mbougar, Barbara Cassin comme titre de l’expression consacrée à la traduction : Après Babel traduire, c’est-à-dire que la réponse à Babel, « c’est à la fois le pluriel des langues, goûter le pluriel des langues, le célébrer, comme une multiplication des différents visages de l’aventure humaine, et en même temps célébrer la traduction, qui fait que ce pluriel des langues puisse être une rencontre.» Dans cet universel qui permet la rencontre, toutes les langues se « rencontrent et se traduisent ». La traduction, ce modèle de l’approximation ou mieux du rapprochement, même-si elle est quelque part critiquable, occupe une place de plus en plus importante. De ce fait, elle permet de s’interroger sur la nature du langage en tant que compétence universelle de l’humain. Cette universalité participe à la pratique de la rencontre où l’on ne cesse de négocier notre rapport avec l’autre. Le texte traduit constitue en effet, le lieu de rencontre. Historiquement comme géographiquement, chaque langue a des relations avec d’autres langues ou plus précisément chaque langue entretient des relations proches avec toutes les langues du monde. C’est pourquoi aujourd’hui, la traduction est un élément primordial d’exercice littéraire comme le pense Edouard Glissant. Cependant, « traduire est trahir. Cette trahison est la seule vraie fidélité. » En à croire S.B.Diagne, il est difficile de parler de traduction sans les traditions écrites. Par ailleurs il accorde une importance particulière à la question du devenir philosophique des langues. Bachir Diagne est contre l’idée que les langues et les identités culturelles sont distinctes. De ce fait, il se penche sur leur possibilité de se définir en procédant avec celles-ci à des opérations de traduction. Pour lui, « toute pensée se construit non seulement dans une langue, mais également dans l’épreuve de son passage ou de sa traduction dans une autre langue. » Ici l’importance de la traduction tient au fait que plus nous traduisons plus des pensées se recoupent et s’enrichissent les unes des autres. A cet effet, les langues se rencontrent et entretiennent des rapports de réciprocité. Elles entrent également en contact les unes des autres grâce à la traduction qui est aujourd’hui un élément essentiel pour tout penseur. Pour justifier notre propos, on peut donner comme exemple « les intraduisibles du patrimoine en Afrique Subsaharienne », paris, Demopolis, 2016, sous la direction de Barbara Cassin et Danièle Wozny dans lequel quatre langues (français, anglais, fulfulde et Bamanakan) coexistent autour des notions de musées et de patrimoine.

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE 1 : LE PLURALISME AU CŒUR DE L’UNIVERSEL
INTRODUCTION
CHAPITRE 1 : DE L’ACCEPTATION DE LA DIFFERENCE A LA RENCONTRE AVEC L’AUTRE
Chapitre2 : Langue et pluralisme
Chapitre 3 : Construction de l’universel et traduction
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
Partie 2: LES TRADITIONS RELIGIEUSES ET TOLERANCE
INTRODUCTION
Chapitre1: dialogue interreligieux
Chapitre2 : De la diversité des croyances à la tolérance
Chapitre 3- L’apport de toutes les religions pour un avenir meilleur
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
CONCLUSION GENERALE
Bibliographie

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