La construction de l’identité psychocorporelle et la notion de fonction contenante

L’EMASP, cadre de mon stage 

Présentation de l’EMASP et son fonctionnement

J’ai effectué mon stage de troisième année dans une Equipe Mobile d’Accompagnement et de Soins Palliatifs (EMASP) au sein d’un hôpital parisien. Cette équipe est constituée d’un médecin, deux infirmières, une psychologue, une psychomotricienne et plusieurs bénévoles. Ensemble, ils ont une mission de conseil et de soutien pour les équipes de l’hôpital ainsi que pour les patients et leur entourage. Pour cela, l’équipe mobile participe aux réunions d’équipes hebdomadaires des services dans lesquels elle intervient. Ce temps de transmission permet au personnel soignant d’avoir le regard de l’EMASP sur des questionnements éthiques, sur des prises de décision vis-à-vis d’un traitement thérapeutique, d’une opération ou de l’orientation d’un patient, mais également de demander leur intervention pour évaluer la situation de certains patients. L’EMASP est joignable par téléphone, en dehors des temps de transmission, pour garder le lien avec les équipes soignantes. Elle peut être appelée pour différentes problématiques.

Elles peuvent concerner directement le patient, atteint d’une maladie grave et évolutive, présentant une souffrance (physique, psychologique, sociale, existentielle) et qui nécessite l’évaluation de l’EMASP. Celle-ci peut également être appelée pour l’entourage du patient. En effet, les proches du patient peuvent rencontrer des difficultés relationnelles, avoir des questionnements sur la fin de vie ou bien avoir besoin d’un soutien psychologique. L’EMASP a donc un rôle d’accompagnement pour ces familles en difficultés face à la maladie et/ou à la fin de vie de leur proche. Enfin, l’EMASP peut intervenir pour venir en aide aux équipes soignantes qui se retrouvent parfois en difficultés face à la situation d’un patient et qui ont besoin de conseils et de soutien. Ce type de demande met en lumière une autre mission de l’EMASP : la formation des soignants à la démarche palliative. Ainsi, former et sensibiliser les équipes soignantes sur l’approche des soins palliatifs permet une meilleure intégration de l’EMASP au sein de l’hôpital et par conséquence une meilleure orientation des patients vers cette équipe. En effet, la place des soins palliatifs dans l’hôpital est complexe, car souvent mal comprise.

Lorsque l’EMASP est contactée par un service de l’hôpital pour rencontrer un patient, elle n’intervient pas directement. Il y a premièrement un échange entre les professionnels de l’équipe mobile pour transmettre les informations sur ce patient. Par la suite, l’EMASP vient à la rencontre du service pour échanger un peu plus avec les soignants pour connaître la problématique et savoir ce qu’ils attendent de son intervention. C’est après cette recherche d’informations et cet échange interdisciplinaire que l’équipe mobile amorce une première prise de contact avec le patient. La première rencontre permet à l’EMASP de se présenter, de cibler les besoins du patient et d’apprendre à le connaître. Après cet entretien avec le patient, un temps de transmission oral et écrit est fait, pour permettre aux autres professionnels de l’EMASP n’ayant pas rencontrés le patient de se représenter la situation. Ces transmissions seront également faites pour les soignants du service. L’EMASP discute ensuite la pertinence d’un accompagnement et met en place un projet thérapeutique.

Au sein de l’EMASP, les réunions de transmissions sont quotidiennes. Tous les matins, l’équipe se réunit pour faire le point sur la situation de chaque patient. C’est un temps d’informations, d’échanges et de questionnements. C’est également à ce moment que sont présentés les nouveaux patients à rencontrer. A la suite de cette réunion, le planning de la journée est mis en place. Il permet à chaque professionnel de savoir quels patients seront vus ce jour par ses collègues. Ainsi, l’accompagnement du patient est interdisciplinaire.

Les patients rencontrés 

Comme évoqué précédemment, les soins palliatifs bénéficient aux patients ayant une maladie chronique, grave et évolutive. D’après l’OMS, les maladies chroniques, également appelées « maladies non transmissibles » sont la première cause de mortalité dans le monde. Comme leur nom l’indique, ce sont des maladies de longue durée, qui évoluent plus ou moins lentement, ayant un retentissement sur la vie de la personne malade et par conséquent sur son entourage proche. Parmi les maladies chroniques, on retrouve les maladies cardiovasculaires, les cancers ou encore les maladies respiratoires chroniques. Théoriquement, l’EMASP peut être appelée à rencontrer des patients dans tous les services de l’hôpital. Dans la pratique, l’EMASP est principalement appelée par les services d’oncologie (oncologie digestive, thoracique, médicale), pour accompagner des patients atteints de cancer. Le cancer est la deuxième maladie chronique qui engendre le plus de décès dans le monde, après les maladies cardiovasculaires. Il peut être décrit comme un dysfonctionnement cellulaire qui provoque une multiplication de certaines cellules de notre organisme. Ces cellules, appelées « cellules tumorales », prolifèrent localement. Lorsque cette prolifération apparaît à d’autres zones de l’organisme, on parle de « métastases » : à ce stade, le cancer évolue. L’étiologie du cancer est difficile à connaître car les facteurs de risques sont multiples. La cause peut être génétique, environnementale ou comportementale. En effet, nos habitudes de vies peuvent en partie être à l’origine du développement d’un cancer. Selon l’OMS, la consommation d’alcool ou de tabac, la sédentarité et une mauvaise alimentation sont les principaux facteurs de risques dans le monde. Comme notre comportement, l’environnement peut également être impliqué dans l’apparition d’un cancer. Il existe des « agents extérieurs » que l’OMS classifie en trois catégories : les cancérogènes physiques, chimiques et biologiques. Comme je l’ai expliqué, le cancer est la transformation de cellules normales en cellules tumorales. Ainsi, il existe différents cancers, suivant la localisation où les cellules se transforment dans notre organisme: cancer du col de l’utérus, du sein, du poumon, du foie, du pancréas, etc.

La psychomotricité au sein de l’EMASP

La psychomotricienne de l’EMASP accompagne les patients sous prescription médicale (prescription faite par le médecin de l’EMASP ou celui du service concerné). Lorsqu’il s’agit d’un patient qui est déjà suivi par d’autres professionnels de l’EMASP, la psychomotricienne sera introduite au patient par l’intermédiaire d’un de ces professionnels. Il est également possible que la psychomotricienne participe à la première prise de contact de l’EMASP avec le patient.

Les indications psychomotrices 

Les indications psychomotrices en EMASP ne sont pas toujours clairement identifiées. En réalité, l’équipe souhaite que la psychomotricienne évalue les répercussions des symptômes de la maladie du patient sur le plan psychomoteur, afin d’adapter au mieux l’accompagnement. Ainsi, les indications se centrent autour de l’observation d’une souffrance chez le patient à habiter son corps (corps douloureux, corps désinvestit, symptôme corporel impactant la relation, etc.). J’ai pu observer différentes indications psychomotrices pour lesquelles les patients sont orientés vers la psychomotricienne, celles qui reviennent le plus sont les suivantes : trouble de la régulation tonico-émotionnelle, trouble de l’image du corps et/ou du schéma corporel, trouble de l’investissement corporel, manifestations anxieuses, agitation psychomotrice (et parfois ralentissement psychomoteur).

La prise en charge psychomotrice, une rencontre avec le patient

L’accompagnement psychomoteur en soins palliatifs débute par une rencontre avec le patient, nous permettant d’évaluer la demande et les besoins du patient : c’est l’évaluation psychomotrice. A la suite de cette rencontre, nous proposons un projet thérapeutique adapté. Néanmoins, le cadre des soins palliatifs constitue une temporalité particulière, l’état de santé du patient pouvant se dégrader plus ou moins rapidement. Ainsi, chaque rencontre avec le patient peut modifier notre évaluation psychomotrice et notre projet d’accompagnement. Cette prise en considération du temps présent est fondamentale en psychomotricité, et d’autant plus dans le cadre des soins palliatifs.

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Table des matières

Introduction
I. Le contexte
1. Les soins palliatifs
1.1. Histoire des soins palliatifs
1.2. Définition des soins palliatifs
1.3. Les structures de soins palliatifs
1.3.1. Les Unités de Soins Palliatifs (USP)
1.3.2. L’hospitalisation à domicile (HAD) et les réseaux de soins palliatifs
1.3.3. Les équipes mobiles de soins palliatifs (EMSP)
2. L’EMASP, cadre de mon stage
2.1. Présentation de l’EMASP et son fonctionnement
2.2. Les patients rencontrés
2.3. La psychomotricité au sein de l’EMASP
2.3.1. Les indications psychomotrices
2.3.2. La prise en charge psychomotrice, une rencontre avec le patient
2.3.2.1. L’évaluation psychomotrice
2.3.2.2. Le projet thérapeutique
2.3.3. Le suivi en psychomotricité
2.3.4. Les médiations thérapeutiques en psychomotricité
II. La construction de l’identité psychocorporelle et la notion de fonction contenante
1. L’identité, une tentative de définition
2. L’émergence du sentiment identitaire
2.1. La période symbiotique, une première relation
2.1.1. L’attachement
2.1.2. La préoccupation maternelle primaire et le maternage
2.2. Le rôle de l’environnement non humain
2.3. Les représentations corporelles
2.3.1. Le schéma corporel
2.3.2. L’image du corps
3. L’identité psychocorporelle, un processus dynamique
4. La fonction contenante
4.1. Une définition non établie
4.2. Les notions de limites et enveloppes
4.2.1. Les structures et fonctions de la peau
4.2.2. Le Moi-peau
4.2.3. L’enveloppe psychique
4.3. Le tonus et le toucher contenant
4.3.1. Le tonus et le dialogue tonico-émotionnel
4.3.2. Le toucher thérapeutique
5. Conclusion
III. L’atteinte de l’identité psychocorporelle et l’apport de l’accompagnement psychomoteur en soins palliatifs
1. Les répercussions du cancer sur l’identité psychocorporelle
1.1. L’annonce de la maladie
1.2. Un corps devenu étranger
1.3. La perte d’autonomie
2. Illustration clinique : Madame Glorianne
2.1. Anamnèse
2.2. Ma première rencontre avec Madame Glorianne
2.2.1. Description physique
2.2.2. L’entretien
2.2.3. Le toucher-massage du dos
2.2.4. Projet thérapeutique mis en place pour Madame Glorianne
2.3. Une perception de soi différente
2.4. Quand la maladie prend le dessus
2.5. Conclusion
3. Illustration clinique : Madame Leroy
3.1. Anamnèse
3.2. La première rencontre avec l’EMASP
3.3. Ma rencontre avec Madame Leroy
3.3.1. Description physique
3.3.2. Un toucher révélateur
3.3.2.1. Un besoin d’évasion
3.3.2.2. Un besoin de conscience corporelle
3.4. La fin de l’accompagnement
3.5. Conclusion
IV. L’identité du psychomotricien et sa fonction contenante
1. La posture du psychomotricien
1.1. La fonction contenante du cadre en psychomotricité
1.1.1. Les limites du cadre thérapeutique en EMASP
1.2. Un savoir-faire et un savoir-être
2. Mon identité de future psychomotricienne
2.1. Quelques questionnements
2.2. Mon stage avec « l’équipe du bien-être »
Conclusion
Bibliographie

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