La consommation culturelle chez les anglophones et francophones

La consommation culturelle chez les anglophones et francophones

Une des premières études traitant de la consommation culturelle des francophones et des anglophones est celle réalisée par Mousseau-Glaser (1972). En effet, l’auteure se concentre sur la consommation des médias de masse de ces groupes au Canada. Selon elle, les médias de masse permettent de se développer culturellement et c’est à l’aide de la télévision et des journaux qu ‘elle réalise son étude. Les résultats de sa recherche indiquent que chacun des groupes écoute la télévision et lit les journaux dans sa langue première, mais que les francophones consomment davantage de médias en anglais que l’inverse. Une étude de Lapointe (2012) va également en ce sens: la proportion des individus qui écoutent de la musique dans les deux langues augmente chaque année, mais les francophones sont plus nombreux à prendre part à cette activité que les anglophones (59,9% contre 33,5% en 2004). La culture populaire semble jouer un rôle important dans le renforcement de l’identité québécoise.

C’est donc à travers les médias, et notamment la musique, qu’une collectivité peut retracer des valeurs qui lui sont propres et ainsi développer son identité (Bernier, Laflamme & Lafrenière, 2013). Par exemple, le développement des programmes de télévision québécois et en français a mené à toute une classe de célébrités et de vedettes exclusives à cette société (Piroth, 2008). Il en est de même pour la musique populaire : les artistes québécois francophones offrent des chansons spécifiques faisant appel aux enjeux et aux valeurs de la réalité québécoise. Bernier, Laflamme et Lafrenière (2013, p 122) résument notamment « qu’il est important, voire essentiel qu’une partie significative des messages qu[‘une société] reçoit soient produits par ses propres membres ». À ce sujet, ces derniers auteurs expliquent que le rapport qu’entretiennent les francophones et les anglophones du Québec vis-à-vis les médias est différent. En effet, la minorité anglophone de la province du Québec est particulière puisque c’est dans cette langue que sont produits le plus de messages médiatisés au monde. Dans leur étude de 2013, Bernier, Laflamme et Lafrenière ·s’attardent entre autres à la disponibilité des médias dans la langue officielle minoritaire (francominoritaires au Canada et anglo-minoritaires au Québec). Leurs résultats révèlent que dans les deux cas, plus le groupe minoritaire est exposé à un grand nombre de médias de cette même langue, plus les individus en feront usage. En effet, une forte disponibilité et présence des médias dans une région font en sorte qu’une société croira en sa vitalité et cette dernière sera ainsi réactivée. Pour les anglophones du Québec, il est donc primordial de recevoir des messages médiatisés dans leur langue afin de reconnaître leur identité dans ces derniers.

Baillargeon (1994), quant à lui, réalise une étude sur les pratiques culturelles des anglophones au Québec. Il investigue notamment l’écoute de la télévision, la lecture, l’écoute de la musique et les pratiques culturelles hors du domicile (sport, théâtre, cinéma, etc.). Il en vient à la conclusion que les anglophones du Québec ont des pratiques culturelles différentes de la majorité des Québécois puisque ces derniers semblent s’être repliés sur leur espace domestique afin de consommer les produits culturels. Finalement, Naoufel et Amel (2007) se sont penchés sur les similarités et les différences de comportement, quant à la consommation de l’art et de la culture, entre les francophones et les anglophones du Québec. Les auteurs partent avec la prémisse que les deux groupes ont des valeurs personnelles différentes : alors que les francophones semblent posséder des valeurs davantage individualistes, les anglophones détiennent des valeurs plus collectivistes. Cela étant dit, les auteurs avancent que le groupe culturel auquel un individu appartient aura un impact sur les produits artistiques et culturels qui seront consommés. Les résultats de leurs analysent révèlent que les gens disposant des valeurs telles que l’hédonisme et l’autoréalisation (les francophones) ont un intérêt plus important et plus élevé pour la consommation de l’art et de la culture. Compte tenu de ces différences entre les francophones et les anglophones du Québec, il semble donc intéressant d’étudier si les valeurs propres à chacun des groupes sont présentes et récurrentes dans les produits culturels et artistiques.

Les valeurs

En 1969, Carey insiste déjà sur l’ importance d’analyser les valeurs dans la musique. Pourtant, lorsque l’on considère la méta-étude de Falardeau et Perreault (2014), il semble que les analyses de contenu traitent davantage des indicateurs de valeurs plutôt que du concept de valeur. À titre d’exemple, l’étude de Cole (1971) s’attarde à quatre thématiques dans les textes des chansons : la violence, la religion, le sexe et la protestation sociale. À la lumière du modèle des valeurs de Schwartz (2012), et comme nous le verrons sous peu, la religion peut être considérée comme un indicateur du conservatisme alors que le sexe fait référence à l’hédonisme. La méta-étude de Falardeau et Perreault (2014) nous amène également à constater que le contexte québécois est unique en son genre. En effet, deux groupes culturels se côtoient et semblent posséder des valeurs différentes. En lien avec ce constat, il apparait aussi que peu de chercheurs s’intéressent aux valeurs présentes dans les paroles de chansons au Québec. Dans notre mémoire, nous désirons donc nous attarder aux valeurs véhiculées dans les chansons populaires. Pour ce faire, nous utiliserons le modèle des valeurs de Schwartz (2012). Notre choix se porte sur un cadre préalablement établi, puisque Falardeau et Perreault (2014) ont démontré que peu d’études s’attardant à l’analyse du contenu des chansons populaires sont théoriques, c’est-à-dire qu’elles découlent d’une théorie ou d’un modèle en particulier.

Le modèle des valeurs de Schwartz (2012) En 1992, Schwartz propose un modèle contenant dix valeurs distinctes (pouvoir, réalisation, hédonisme, stimulation, autonomie, universalisme, bienveillance, tradition, conformité, sécurité). À cette époque, l’auteur veut identifier les valeurs de base, reconnues dans toutes les sociétés. Il définit les valeurs de base comme étant: « des buts et objectifs « transituationnels », variant en importance, qui servent de principes directeurs dans la vie d’une personne ou d’un groupe »2 (Schwartz & coll., 2012, p. 664). Pour cet auteur, ces valeurs permettent d’expliquer la prise de décision individuelle, les attitudes et le comportement. Schwartz (1992), précise aussi que les dix valeurs de base sont universelles, car elles sont enracinées dans au moins un des trois besoins universels avec lesquels l’humain est aux prises: la survie et le bien-être d’un groupe, le prérequis des interactions sociales coordonnées et le besoin des individus pour les organismes biologiques. Vingt ans plus tard, Schwartz publie une version améliorée de son modèle (Schwartz & coll., 2012). Il en résulte ainsi une plus fine division des valeurs puisque ce dernier comporte désormais 19 valeurs (pouvoir de domination, pouvoir sur les ressources, réalisation, hédonisme, stimulation, autonomie de la pensée, autonomie des actions, universalisme de tolérance, universalisme de la nature, universalisme concerné, bienveillance-fiabilité, bienveillance-se préoccuper, tradition, humilité, conformité aux règles, conformité interpersonnelle, sécurité personnelle, sécurité au plan de la société et garder la face).

Définitions et indicateurs des 19 valeurs

Tout comme dans l’ancien modèle de Schwartz (1992), il importe de préciser que les 19 valeurs se regroupent sous quatre grandes catégories: l’ouverture au changement, le développement de soi, le conservatisme et la transcendance de soi. Ces catégorisations sont d’ ailleurs illustrées dans la Figure 1 (voir la page 26). Le quadrant lié à l’ouverture au changement est caractérisé par les valeurs d’autonomie de la pensée et des actions, de stimulation et d’hédonisme, qui misent sur les nouvelles idées, les nouvelles actions et les nouvelles expériences. Comme son nom l’indique, les valeurs de cette catégorie font référence à une ouverture au changement. L’autonomie de la pensée est une valeur liée à la liberté de cultiver ses propres idées et capacités. Être créatif, former ses propres opinions, avoir des idées originales et apprendre pour soi sont des indicateurs de cette valeur. L’autonomie des actions réfère à la liberté de déterminer ses propres comportements par le fait de prendre ses décisions soi-même, d’être indépendant et d’avoir la liberté de choisir. La stimulation représente l’excitation, l’enthousiasme, la nouveauté et le changement à travers l’importance des nouvelles expériences et l’envie de faire de nouvelles choses. Finalement, on retrouve 1 ‘hédonisme dans le plaisir et la gratification sensuelle. Plus précisément, cette valeur est liée au fait de passer du bon temps, d’apprécier les petits plaisirs de la vie, de tirer avantage de chaque opportunité et de s’amuser.

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Table des matières

Remerciements
Section 1 : Introduction générale
Concepts et problématisation
La musique populaire
Analyses aux États-Unis
Analyses au Québec
La consommation culturelle chez les anglophones et francophones
Les valeurs
Contexte social et économique, médias et valeurs
Problématique
Section II : Article
Section III: Conclusion générale
Section IV : Liste de références
Annexe 1 : Corpus en français
Annexe II : Corpus en anglais
Annexe III: Taux d’accord des valeurs

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