La conservation du mobilier archéologique en Suisse

Archives archéologiques

Le Archaeological Archive Forum (AAF) en Grande Bretagne a récemment proposé de définir les termes archives archéologiques comme incluant « la documentation de terrain écrite sur papier, la documentation graphique, la documentation photographique, la documentation numérique ainsi que le mobilier ». Ce faisant : elle reconnait la valeur documentaire des biens matériels exhumés du sol ; elle rappelle que le mobilier archéologique fait partie d’un ensemble dont chaque partie se donne mutuellement du sens ; elle souligne la spécificité de cette archive qui est unique et circonscrite à chaque contexte archéologique et plus généralement qui est le premier produit de la démarche archéologique. Cette définition n’est pas encore universellement reconnue. Il n’est pas rare que la conservation de la documentation soit dévolue aux archives de l’état, alors que les collections archéologiques sont confiées aux musées.
Cependant, pour l’étude scientifique des vestiges, nombre d’auteurs soulignent le caractère indissociable du mobilier de la documentation de fouille ainsi que l’importance de ne pas séparer physiquement la documentation de fouille du mobilier archéologique, afin qu’elle puisse être consultée là où se trouvent les objets.

Nature du mobilier archéologique

Une approche de la gestion et de la conservation du mobilier archéologique ne peut faire l’économie d’aborder les deux questions indissociables suivantes : Que conserve-t-on ? Pourquoi ?Dans le chapitre XI de La Conservation en Archéologie10 , Nicole Meyer, archéologue responsable de la gestion du mobilier des fouilles de Saint-Denis, rappelle que « la découverte du mobilier ou de vestiges n’est pas une fin en soi, mais un moyen, un outil de connaissances». Le matériel archéologique peut être à la fois un objet usuel, un témoin de l’activité de l’homme, de son activité cultuelle ou parfois l’homme lui-même, la faune ou la flore qu’il côtoie ; c’est aussi éventuellement la trace de cet objet ou de cette activité. Ces témoins matériels ne se distinguent des vestiges immobiliers que parce qu’on peut les sortir de la terre. Ils font partie d’un ensemble beaucoup plus vaste, dont seule une fraction s’est conservée dans le sol, fraction qui va permettre à l’archéologue d’interpréter le passé. Parfois uniques témoins, ils font partie au sens large des archives du sol et appartiennent au domaine public. Tout artefact ou ecofact est porteur de sens, dans la mesure ou  l’on sait où et dans quel contexte il a été trouvé. La collection archéologique est donc constituée d’ensembles qui contiennent un nombre variable d’objets pour une unité géo-spatiale définie et qui, par le biais de leur inventorisation, obtiennent un statut de bien culturel. Ces objets sont de poids et de tailles très divers, ils sont transformés par l’homme ou issus du milieu naturel, ils sont constitués de matériaux organiques, inorganiques ou mixtes, ils proviennent de milieux d’enfouissement très distincts, ils sont parfois entiers ou fragmentés, ils sont physiquement et chimiquement altérés de manière individuelle, la stabilité de leur état de conservation est variable.
Idéalement, chaque élément découvert a une valeur informative et mérite donc d’être conservé.

La conservation du mobilier archéologique en Suisse du point de vue juridique : propriété, responsabilité et devoir

Le cadre fédéral

L’appartenance du mobilier archéologique découvert dans le sol, qu’il soit « trésor » ou « antiquités qui n’appartiennent à personne et qui offrent un intérêt scientifique », est régie par les articles 723 et 724 du Code civil suisse du 10 décembre 1907. Il devient la propriété du canton sur le territoire duquel il a été trouvé sous réserve d’une indemnisation du propriétaire du terrain. Le canton a le droit d’apporter des restrictions à la propriété foncière en ce qui concerne les « mesures destinées à la conservation des antiquités ». La Constitution fédérale attribue la responsabilité de la protection du patrimoine au canton.
En 1996, en ratifiant la Convention européenne pour la protection du patrimoine archéologique de la Valette (Malte), la Suisse reconnait, sur le plan fédéral, la nécessité d’introduire des procédures administratives et scientifiques de contrôle pour assurer la « protection physique du patrimoine archéologique». Les recommandations portent notamment sur l’inventaire du patrimoine, la conduite de fouilles, l’étude scientifique des sites et de leurs vestiges, la publication et la diffusion des résultats, l’accès au public du patrimoine découvert. Les directives sur la gestion du mobilier archéologique stipulent que « les éléments du patrimoine archéologique ne doivent pas être exhumés lors des fouilles ni laissés exposés pendant ou après celles-ci sans que des dispositions convenables n’aient été prises pour leur préservation, conservation et gestion» . Les recommandations prescrivent l’aménagement de dépôts appropriés pour les vestiges archéologiques déplacés de leur lieu d’origine.

Le cadre cantonal

Je n’ai pu mener dans le cadre de cette recherche une étude exhaustive des législations cantonales en matière de préservation des biens archéologiques. Cependant, les résultats de l’enquête m’ont permis d’apprendre que le devoir de conserver les vestiges mobiliers est explicitement mentionné dans la loi, l’ordonnance ou le règlement d’application régissant la protection du patrimoine ou des biens culturels dans plus de 16 cantons. Une brève lecture de ces textes légaux montre qu’il n’y a pas uniformité dans les prescriptions. Au-delà de la conservation du mobilier archéologique, sont parfois prescrits son inventaire, son étude scientifique, la publication des résultats ainsi que sa mise en valeur et son accessibilité. Les tâches de conservation sont comprises comme étant à la charge de l’état, elles sont spécifiquement attribuées à l’un ou l’autre organe cantonal, en général au service archéologique ou au musée. En qualité d’exemple, il est intéressant de noter qu’en 1939, l’ordonnance du canton de Schaffhouse donne une liste non exhaustive de matériel archéologique à protéger: squelettes humains, outils, ustensiles, récipients, armes, bijoux, monnaies, etc. Elle mentionne que les objets doivent être conservés de manière professionnelle, qu’ils doivent être gardés au musée à des fins d’études ultérieures et que des fac similés doivent être à disposition dans un but pédagogique.

La conservation préventive en archéologie

Conservation préventive

Le concept de conservation préventive est en constante évolution. Durant les années ‘70 et ‘80 se développe la conscience dans les musées qu’une régulation des facteurs environnementaux (humidité relative, lumière, température, polluants) diminue sensiblement les risques de dégradation des objets. La recherche s’oriente vers la définition de normes, de paramètres à respecter en fonction de la nature des matériaux constitutifs des objets. La CP est alors l’apanage de quelques conservateurs, ingénieurs en climatologie et chimistes spécialisés. Son champ d’action est la relation entre l’objet et son environnement direct.
Durant les années ’90, les pressions exercées par les milieux publics et privés pour rationaliser les coûts du financement des biens culturels en Europe et en Amérique du Nord et la volonté de certains milieux politiques de préserver leur héritage culturel face à des risques d’origine naturelle, humaine, ou environnementale donnent naissance à un concept plus global dont les acteurs ne sont plus uniquement les conservateurs de musées.

Conservation préventive en archéologie

Comment la conservation préventive s’applique-t-elle dans la gestion et la conservation du mobilier archéologique ? Une recherche dans la littérature48 montre la même complexité dans la compréhension des termes. Ils font référence d’une part à des outils pratiques : contrôle du climat lors du stockage temporaire ou dans les dépôts, matériaux de conditionnement inertes, stabilisation passive des métaux, aménagement et accessibilité des réserves, etc; d’autre part, ils se rapportent à la planification, la gestion, l’organisation de la chaîne opératoire. Il est très difficile de classifier chacune des interventions liées à la conservation et à l’étude du mobilier archéologique en termes de conservation préventive, conservation curative ou restauration tant les limites sont peu claires.
Une manière de répondre à la question posée est de retourner à la spécificité de la conservation du mobilier archéologique. Il s’agit de conserver des objets qui ont été ensevelis dans le sol pendant de nombreuses années, qui d’un jour à l’autre sont exposés à l’air libre, qui recèlent des informations dont la lecture est primordiale et que l’on souhaite préserver sur le long terme.
Deux objectifs principaux convergent, la préservation de la pérennité de l’objet et son étude. Pour ce faire se met en place une chaîne opératoire qui débute sur la fouille, passe par un lieu d’inventorisation, de traitement post fouille, un laboratoire de conservation-restauration, un lieu d’étude, de documentation graphique et photographique, un lieu d’archivage définitif, éventuellement un lieu d’exposition.

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Table des matières

1 Introduction
1.1 Objectif
1.2 Délimitation du travail
1.3 Démarche
2 Cadre théorique
2.1 Archives archéologiques
2.1.1 Définition
2.1.2 Nature du mobilier archéologique
2.1.3 La conservation du mobilier archéologique en Suisse du point de vue juridique
2.2 La conservation préventive en archéologie
2.2.1 Conservation préventive
2.2.2 Conservation préventive en archéologie
3 La réalité du terrain
3.1 Domaine de référence en France
3.1.1 Facteurs contextuels
3.1.2 Facteurs liés à la pratique de conservation
3.1.3 Facteurs découlant de principes fondamentaux de la conservation préventive
3.2 Elaboration du questionnaire
3.2.1 Méthode de dépouillement
3.2.2 Limites de la méthode
3.3 Résultats de l’enquête
3.3.1 Nombre de réponses
3.3.2 Identité et spécificité du service
3.3.3 Pratiques de conservation dans la chaîne opératoire de traitement du mobilier archéologique
3.3.4 Vision globale du processus de conservation du mobilier archéologique
4 Discussion 
5 Conclusion

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