La conservation des cétacés

La conservation des cétacés 

Histoire

La prise de conscience de la nécessité de la préservation de la nature remonte au 19ème siècle avec l’essor de l’industrialisation et ses conséquences sur l’environnement (Larrère, 2010). Au début du 20ème siècle, émergent les premiers efforts de conservation des mammifères marins, suite au constat que plusieurs espèces de haute valeur avaient quasiment disparu en raison de la chasse. À la fin des années 1920, l’industrie baleinière a commencé à limiter la production de pétrole et à accorder une certaine protection aux populations épuisées de baleines franches, de baleines boréales et de baleines grises (Reeves, 2018).

En 1946, la Convention internationale pour la réglementation de la chasse à la baleine est signée à Washington DC et donne ainsi naissance à la Commission Baleinière Internationale (CBI). Le préambule de la Convention stipule que son but est d’assurer la bonne conservation des stocks de baleines et de permettre ainsi le développement ordonné de l’industrie baleinière. Une partie intégrante de la Convention est son “Annexe” juridiquement contraignante. Cette annexe, qui peut être modifiée, définit les mesures spécifiques que la CBI a collectivement décidé de prendre pour réglementer la chasse à la baleine et conserver les stocks de baleines.

En octobre 1948, l’Union Internationale pour la Protection de la nature était créée et rebaptisée en 1956 “Union Internationale pour la conservation de la nature et des ressources naturelles” (UICN). En 1964, elle crée la Liste rouge mondiale des espèces menacées qui a évolué pour devenir la source d’information la plus complète au monde sur le statut de risque d’extinction des espèces animales, fongiques et végétales. Aujourd’hui, sur les 120 espèces de mammifères marins listés, 36% des populations dont le statut a pu être évalué, sont considérées « Vulnérables », « En danger » ou « En danger critique » (Schipper et al., 2008). A partir de la fin des années 1960, d’autres accords internationaux sont signés, comme la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) entrée en vigueur en 1975 et la Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (CMS) entrée en vigueur en 1983. C’est également à partir de cette période que des efforts sérieux débutent pour conserver les mammifères marins pour des raisons autres que l’épuisement ou la disparition des stocks (et par conséquent de l’industrie de la chasse) (Reeves, 2018). Cependant relativement peu d’instruments internationaux de conservation se concentrent uniquement sur les mammifères marins. En 1985, Michel Soulé publiait dans BioScience un article intitulé « What is Conservation Biology ? A new synthetic discipline addresses the dynamics and problems of perturbed species, communities, and ecosystem », dans lequel il définit la biologie de la conservation comme une nouvelle étape dans l’application de la science aux problèmes de conservation. Cette discipline s’intéresse à la biologie des espèces, des communautés et des écosystèmes qui sont perturbés, directement ou indirectement, par des activités humaines ou d’autres agents. Son but est de fournir des principes et des outils pour préserver la diversité biologique (Soule, 1985).

Défis

Les mammifères marins sont des espèces charismatiques, emblématiques, qui ont toujours eu une place à part dans l’histoire et la culture humaines. La sensibilisation des gens à leur préservation et à leur bien-être apparaît donc plus facile que pour d’autres espèces. Cependant, les efforts de conservation des mammifères marins ont eu des résultats mitigés (Evans and Raga, 2012; Gales, Hindell, and Kirkwood, 2003; Reeves and Twiss, 1999). En effet la conservation des mammifères marins présente de nombreux défis. En tant qu’espèces inféodées au milieu marin, les mammifères marins passent une grande majorité de leur vie en mer et sous la surface. Malgré le développement incessant des activités humaines en mer et des technologies de surveillance, ces animaux vivent la plupart du temps loin du regard et des sociétés humaines. Notre compréhension de ces espèces et notre capacité à gérer leur statut et leur destin sont donc très limitées (Reynolds, Marsh, and Ragen, 2009). Nos connaissances sur l’état et l’évolution des populations et sur les impacts de pressions sont bien souvent très lacunaires. Les méthodes d’étude actuelles ne sont pas suffisantes pour détecter les déclins précipités des populations (c’est-à-dire une baisse de 50 % de l’abondance sur une période de 15 ans) dans la majorité des populations de mammifères marins (Taylor, Martinez, Gerrodette, Barlow, and Hrovat, 2007). Les mammifères marins sont des animaux très mobiles, qui se déplacent et peuvent migrer entre différentes zones fonctionnelles distantes de plusieurs dizaines à dizaine de milliers de km (Mate et al., 2015), à la limite des capacités d’interprétation scientifiques et technologiques humaines. Leurs déplacements et migrations, guidés par la recherche de conditions environnementales favorables et de ressource alimentaire, les amènent à traverser des mers, des océans et surtout les frontières administratives humaines. Mises à part quelques exceptions, il est souvent impossible d’atteindre l’idéal consistant à englober la répartition d’une population tout au long de l’année dans une seule zone protégée (Reeves, 2000). Comment alors protéger des populations qui fréquentent les eaux de plusieurs pays ? Comment mettre en œuvre des outils juridiques et des mesures de conservation au-delà des domaines d’application des lois nationales, en haute mer ?

Les mammifères marins essentiellement menacés par la chasse jusqu’au milieu du 20ème siècle, font depuis les années 1990 face à une longue liste de menaces plus ou moins mortelles à plus ou moins long-terme, ne résultant généralement pas de dommages causés intentionnellement (Hofman, 1995). Ces menaces : captures accidentelles, enchevêtrement dans des engins de pêche, ingestion de déchets, diminution des ressources, pollution chimique et biologique, collisions, dérangement notamment par le bruit, perte ou dégradation d’habitat vital (Notabartolo di Sciara et al., 2016), sont la conséquence directe ou indirecte d’activités humaines en mer et à terre. Les pressions sur les animaux sont multiples et peuvent s’additionner et/ou se potentialiser. Par exemple, la contamination par les produits chimiques présents dans la chaîne alimentaire peut entraîner un affaiblissement du système immunitaire (Cámara Pellissó et al., 2008; Hall et al., 2018), rendant les animaux plus sensibles aux agents pathogènes naturellement présents dans le milieu ou d’origine terrestre. Il est très compliqué d’évaluer les impacts de chaque pression et certaines pressions sont difficiles à appréhender (par exemple le changement climatique, la pollution diffuse, les nouveaux agents pathogènes) ou ne peuvent être traitées que partiellement pour être délimitées et gérées (E Hoyt and di Sciara, 2014).

La solution à ces menaces est généralement simple en théorie : interdire les activités impactantees par des lois ou des traités. Si dans le cas d’activités qui entraînent un impact direct évident, par ex. la chasse ou les captures dans les engins de pêche, l’interdiction peut apporter une solution rapide et efficace, dans le cas d’activités entraînant un impact indirect, cumulé et/ou à long terme, cela devient plus compliqué. D’autre part les solutions législatives ne sont efficaces que si elles sont correctement appliquées, sous-entendant un contrôle adéquat, ce qui est souvent problématique en mer, voire impossible en haute mer.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

Introduction générale
CHAPITRE 1
1.1 La conservation des cétacés
1.1.1 Histoire
1.1.2 Défis
1.1.3 Approches
1.2 Les enjeux de conservation du Grand dauphin en Méditerranée française
1.2.1 La population
1.2.2 Les menaces
1.2.3 Le statut et cadre de conservation
CHAPITRE 2
Contexte et objectif
2.1 Problématique et objectif
2.2 Démarche scientifique
2.3 Contexte de travail
2.4 Les données
2.4.1 Zone d’étude
2.4.2 Collecte des données
2.4.3 Photo-identification
CHAPITRE 3
Article 1. Bottlenose dolphin social communities in the French Mediterranean Sea
CHAPITRE 4
Article 2. Distribution and abundance of common bottlenose dolphin (Tursiops truncatus) over the French Mediterranean continental shelf
CHAPITRE 5
Article 3. Potentiel du réseau d’aires marines protégées pour la gestion du Grand dauphin en Méditerranée française
CHAPITRE 6
Discussion générale
6.1 Synthèse et intérêt des résultats
6.2 Population ou unités à considérer pour le suivi et la mise en œuvre de mesures de conservation
6.3 Etat de la population
6.4 Pertinence du réseau d’aires marines protégées pour la conservation de la population
6.5 Stratégie de conservation du Grand dauphin en Méditerranée française
6.6 Perspectives
Bibliographie

Lire le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *