La conservation de la biodiversité Méditerranéenne continentale

Les réseaux d’aires protégées dans la conservation de la biodiversité Méditerranéenne : quels rôles, quels défis ?

   Les écosystèmes méditerranéens sont défiés par la présence et les activités humaines. Des milieux dégradés qui reçoivent de plus en plus l’attention des aménageurs, aux aires protégées cible de la préoccupation des gestionnaires, la restauration et la conservation de la biodiversité demeurent la finalité. Marginalisée des considérations nationales, surtout en termes de prise de décisions et lors de l’élaboration de politiques territoriales, la biodiversité représente le maillon faible de la chaîne des considérations environnementales, notamment en Méditerranée (un des hotspots de biodiversité mondiale) et au Liban (un des 10 mini-hotspots de la Méditerranée). L’importance de la prise en compte des aspects de conservation de la biodiversité et des écosystèmes naturels dans les politiques territoriales demeure ainsi prioritaire afin de maintenir les processus écologiques naturels qu’ils supportent et de préserver les valeurs et les atouts qu’ils apportent aux hommes. Les aires protégées constituent les piliers fondamentaux des stratégies nationales et internationales de conservation de la biodiversité. Elles sont à la fois au cœur de la résilience des écosystèmes et de l’équilibre des systèmes écologiques, et agissent comme des refuges pour les espèces en fournissant un espace propice pour l’évolution naturelle. Elles sont ainsi considérées comme l’un des meilleurs outils pour la conservation des écosystèmes et de la biodiversité dans le monde. Néanmoins, bien que le nombre d’aires protégées ait connu une croissance rapide au cours des 20 dernières années, la mesure dans laquelle celles-ci représentent, maintiennent et préservent les principales richesses écologiques est encore mal appréhendée, et d’importantes lacunes demeurent dans leur couverture de la biodiversité mondiale (en général) et méditerranéenne (en particulier). Répondant aux exigences de la convention pour la biodiversité et dans le but de conserver in situ ses écosystèmes naturels hautement reconnus pour leur richesse spécifique, le Liban a entamé la désignation d’aires protégées depuis 1930 afin de concrétiser la protection de sa biodiversité. Jusqu’à ce jour, plus qu’une centaine d’aires protégées réparties entre protections légales (réserves naturelles, forêts protégées, sites et monuments naturels), désignations  internationales (réserves de biosphères, sites RAMSAR, sites du patrimoine mondial de l’UNESCO) et désignations locales (Hima) sont établies le long du territoire. Toutefois, les enjeux clés de la biodiversité restent encore dispatchés dans des écosystèmes fortement soumis à une pression anthropique peu ou pas contrôlée. Si le réseau actuel regroupe 15 réserves naturelles, 32 sites et monuments naturels, 27 forêts protégées, 15 Himas, 3 réserves de biosphère, 4 sites RAMSAR et 5 sites du patrimoine mondial de l’UNESCO, seules les réserves naturelles et les sites naturels disposent d’un cadre juridique bien qu’incomplet. Il n’existe ni de critères propres aux différentes catégories d’aires protégées ni de mécanismes de désignation bien définis. Une analyse spatiale de la distribution des aires protégées au Liban basée sur la superposition de la carte du réseau actuel d’aires protégées sur les cartes des zones à importance écologique de conservation (IPA et IBA), la carte des sols, la carte du mode d’occupation des sols, la carte des étages de végétation et la carte des étages bioclimatiques, montre que ce réseau ne couvre pas les principales richesses écologiques que l’on retrouve sur le territoire, notamment les zones importantes pour les plantes, les zones importantes pour les oiseaux, les phryganes d’altitudes, les milieux naturels ouverts, les matorrals, les formations rupestres, les sols basaltiques, les étages de végétation pré-steppiques, etc. La désignation actuelle des aires protégées semble répondre à une configuration sociopolitique opportuniste plutôt qu’écologique et ces aires seraient principalement vouées à la conservation de quelques espèces phares (Cedrus libani principalement), ou d’habitats d’espèces protégées ou vulnérables (Caretta caretta, Chelonya midas, etc.). Au-delà de cette considération écologique de base, les critères orientant le choix de conservation semblent totalement absents ou subjectifs. Dans un contexte où conserver la biodiversité et les écosystèmes naturels revient à les classer par ordre prioritaire d’intervention, où tout doit être pris en compte dans les politiques d’aménagement et de conservation, il s’agit surtout de proposer une démarche objective permettant d’orienter les mesures de protection pour les rendre plus efficaces. Cette démarche, basée sur une combinaison de descripteurs écologiques et socio-économiques, permettrait surtout d’orienter les initiatives de conservation (au Liban en particulier) et de prioriser la conservation de la biodiversité ainsi que la désignation des aires protégées qui jusqu’à ce jour se fait au cas par cas.

La conservation de la biodiversité Méditerranéenne continentale : au carrefour entre descripteurs écologiques et socioéconomiques

   Les types et les modes de classification des aires protégées diffèrent d’un pays à l’autre et ne sont nécessairement pas comparables. Cette différence émane de la diversité des régimes législatifs, des besoins de conservation spécifiques à chaque pays et des contextes socioéconomiques relatifs à chacun. Plus de 1,000 termes différents sont connus pour être utilisés dans le monde entier pour la désignation de zones protégées. Depuis le début des années 1900, la recherche de descripteurs visant la priorisation des enjeux de conservation a fait l’objet de recherches scientifiques interdisciplinaires portées par des écologistes, des gestionnaires, des aménageurs, des économistes et des sociologues. Reconnaissant l’importance d’un écosystème naturel tant au niveau écologique qu’au niveau socioéconomique, plus d’une centaine de descripteurs écologiques et socioéconomiques ont été ainsi définis par les spécialistes pour orienter les modalités de désignation des aires protégées et les choix de protection d’un site donné. La rareté (des espèces et des habitats), l’endémisme (des espèces et des habitats), la connectivité spatiale, la surface du site, la représentativité de l’habitat, la typicalité de l’écosystème, l’intégrité fonctionnelle, les menaces anthropiques, la valeur économique d’usage du site, et la valeur esthétique du site, sont quelques indicateurs parmi l’ensemble des critères identifiés au fil du temps par les communautés scientifiques. Néanmoins, tous ces descripteurs demeurent non standardisés, ils appartiennent à des catégories différentes (quantitatifs, qualitatifs, espèces, habitats, écologiques, socioéconomiques), ils répondent à des besoins différents (protection, gestion, aménagement), et se trouvent dans la plupart des cas dupliqués et parfois non appliqués, bien que l’objectif soit commun : la conservation de la biodiversité. Dans un souci de systématisation des initiatives de conservation, et en réponse au besoin critique de définition d’une méthode scientifique fiable et pertinente permettant une orientation réfléchie et adaptée de la désignation des aires protégées au Liban (en particulier) et autour du bassin méditerranéen (en général), une combinaison de descripteurs écologiques et socioéconomiques est identifiée, inspirée du corpus de critères et d’indicateurs utilisés au niveau mondial pour la priorisation des enjeux de conservation et permettant de proposer une priorisation des enjeux de conservation des écosystèmes méditerranéens continentaux. Ces descripteurs sont complémentaires, non redondants, facilement renseignables, et adaptés au contexte méditerranéen. Un minimum de descripteurs sont définis, renseignant un maximum de données écologiques et socioéconomiques au niveau d’un site donné en vue de son éventuelle protection. Chaque descripteur est décliné en modalités (ou sous-descripteurs), chaque modalité en variantes, et chaque variante en valeurs, le tout sur base bibliographique. Ces descripteurs comptent :
Au niveau écologique :
– La rareté ou l’irremplaçabilité (des espèces / des habitats)
– L’extension de l’habitat (au sein du territoire, et la superficie relative de l’habitat dans l’aire à protéger par rapport à la superficie totale de l’habitat dans le territoire)
– La connectivité spatiale (naturalité de l’environnement et perméabilité maximale)
– L’intégrité fonctionnelle (dynamique locale des espèces et écosystèmes cibles et structure des écosystèmes cibles)
– La dynamique régionale ou tendance évolutive (des espèces et écosystèmes cibles)
Au niveau socioéconomique :
– Les menaces exogènes anthropiques (anciennes, actuelles ou probables / planifiées)
– La valeur économique d’usage ou de non-usage du site (espace d’usage direct, ou espace à valeur emblématique et/ou spirituelle)
– Les contraintes foncières et financières (maîtrise foncière et moyens financiers de mise en œuvre de l’initiative de protection)
– La règlementation et le niveau d’engagement légal du pays (présence de règlementation relative à la conservation et/ou aux aires protégées, présence d’autres règlementations spécifiques au site en question, et degré d’application / respect de la règlementation)
Ces descripteurs permettent d’identifier les principaux enjeux écologiques d’un site et de relever les contraintes socioéconomiques principales incontournables dans une tentative de conservation. Cette combinaison de descripteurs socioécologiques permet de systématiser et de structurer les priorités de conservation d’un site donné en utilisant les meilleures connaissances disponibles.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

CHAPITRE 1. Introduction générale et problématique
CHAPITRE 2. Méthodologie générale
CHAPITRE 3. Les réseaux d’aires protégées dans la conservation de la biodiversité Méditerranéenne : quels rôles, quels défis ?
Article 1. Pertinence of protected areas networks in biodiversity conservation strategies: Insights from an eastern Mediterranean context
CHAPITRE 4. La conservation de la biodiversité Méditerranéenne continentale : au carrefour entre descripteurs écologiques et socioéconomiques
Article 2. What indicators for ecosystems conservation?
Orienting conservation priorities and protected areas designation in Mediterranean continental environments
CHAPITRE 5. « MedConserve », un outil d’aide à la décision pour orienter la désignation des aires protégées en contexte méditerranéen continental
Article 3. Compiling key ecological and socioeconomic indicators into a decision support tool to orient protected areas designation in Mediterranean-type continental environments
CHAPITRE 6. Synthèse générale
CHAPITRE 7. Conclusion et perspectives
Bibliographie citée
Annexes

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *