La conception idealiste de la pensee allemande

OPPOSITION ENTRE IDEALISME ET MATERIALISME

La question du rapport entre l’idée et la matière est une interrogation toujours présente au sein de la pensée philosophique. Elle peut être remontée aux penseurs présocratiques, et même bien au-delà de ces derniers. En effet, pour Engels, cette question d’opposition entre l’idéalisme et le matérialisme a vu le jour « depuis les temps très reculés » . Dans son ouvrage intitulé Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande, Engels explique l’origine de cette opposition en affirmant qu’elle date des temps très reculés. Ainsi, il soutient que c’est « par des apparitions en rêve » que ces peuples sont parvenus à croire que leurs pensées n’étaient pas une activité qui procède de leur corps. Dès lors, ils établissent une distinction entre leur corps et leur âme. C’est, d’après Engels, de là qu’il convient de chercher l’origine de cette opposition entre l’idée et la matière. Ainsi, même si elle n’était pas posée de manière rigoureuse au sein de ces populations primitives, il était possible de déceler l’existence d’une opposition entre ces deux réalités que sont la pensée et la matière, l’âme et le corps.

Il faut ainsi, noter avec Engels que cette question s’est diversement posée au sein de la pensée philosophique. En effet, depuis « les temps très reculés » nous dit-il, les hommes ont aperçu que leurs idées ne provenaient pas de leur corps mais plutôt de leur l’âme. Ainsi, dans la mesure où ils conçoivent que l’âme parvient à quitter le corps, ils en déduisent que ce dernier est un élément distinct de l’âme. En d’autres termes, c’est à partir de leurs rêves qu’ils parviennent à déduire que leur âme est en mesure de quitter momentanément leur corps et que, par conséquent, elle diffère de ce dernier. C’est à partir de là qu’on peut situer l’origine de cette dualité qui existe entre le corps et l’âme. C’est de là d’après Engels que la question du rapport entre l’âme et le corps mais aussi entre l’idée et la matière était posée. Il faut, en effet, noter qu’une importance capitale est accordée à l’âme dans la conception de ces populations qui se trouvaient dans l’état primitif.

Par ailleurs, on peut noter avec Pierre Raymond que cette opposition entre l’idée et la matière peut également être notée dans la maïeutique socratique. Dans sa philosophie, comme le soutient Pierre Raymond , Socrate, par le moyen de ses interrogations, parvient à montrer toute l’ignorance des hommes de métier. Dans sa manière de procéder, il s’adresse aux hommes dont la célébrité dans leur domaine est connue de tous. Ainsi, il les interroge sur leur métier et leur démontre toute leur ignorance à l’endroit de ce métier dont ils sont censés avoir une connaissance parfaite.

En réalité nous dit Pierre Raymond, cette remise en cause effectuée par Socrate dans la compétence de ces hommes de métier, laisse apparaître la distinction entre la théorie et la pratique mais également entre l’idée et la matière. Il est, en effet, possible d’avoir des compétences certaines dans un domaine sans pouvoir du coup en faire une théorie précise. Dans cette même logique, on peut être capable de discourir d’une façon plus acceptable que n’importe quel professionnel sur un métier dans lequel on ne dispose d’aucune connaissance pratique. La sophistique en est une parfaite illustration. En effet, le sophiste est capable de discourir sur un métier d’une façon telle qu’on n’ose pas douter de ses compétences pratiques alors qu’en réalité, il ne dispose d’aucune compétence pratique dans ce domaine. Il apparaît donc à travers cette analyse que, cette attitude entreprise par Socrate, comme le note Pierre Raymond, vise à « séparer la théorie et la pratique : compétence dans l’une n’entraîne pas compétence dans l’autre ; je puis être courageux sans savoir définir le courage, artiste sans savoir ce qu’est le beau… ; ce tracé entre théorie et pratique, Socrate l’opère partout […] » .

Il apparaît donc, à travers cette manière de procéder que Socrate établit une distinction nette entre la théorie et la pratique. De là, nous pouvons également voir qu’il existe une opposition entre la théorie et la pratique, et par conséquent, entre l’idée et la matière dans la maïeutique de Socrate.

Cette conception socratique qui établit une distinction entre l’idée et la matière s’est poursuivie tout au long de la pensée philosophique. En effet, cette dualité qui existe entre l’idée et la matière est plus visible dans la théorie platonicienne. Dans sa conception, Platon fait une dichotomie entre le monde sensible et le monde intelligible, entre l’idée et la matière. Ainsi, dans sa théorie, il affirme que les idées seules ont une existence véritable. Autrement dit, selon ce penseur, les idées constituent les seules réalités. Toutefois, elles ne peuvent exister dans le monde sensible dans la mesure où ce dernier est composé de choses singulières et changeantes. C’est d’ailleurs ce qui justifie cette dichotomie qu’il établit entre le monde intelligible dans lequel se trouvent les idées et le monde sensible composé des apparences du monde intelligible. En effet, selon Platon, le monde sensible est simplement composé d’apparences. En d’autres termes, dans la théorie platonicienne le monde sensible n’est rien d’autre que la copie du monde intelligible qui est la seule réalité. Ainsi, pour saisir l’essence véritable des choses selon Platon, il faut se départir des simulacres du monde sensible et, par le biais de la dialectique ascendante, parvenir au monde intelligible. Ainsi, pour que l’âme puisse accéder à une connaissance pure, elle doit nécessairement s’arracher des apparences sensibles et c’est toute la portée de cette belle formule platonicienne : « philosopher c’est apprendre à mourir ».

L’APOGEE DE L’IDEALISME ALLEMAND

Comme nous venons de le souligner plus haut, la philosophie idéaliste est marquée par la primauté de l’idée sur la matière. Cependant, il faut noter que malgré l’importance accordée à cette première, une certaine conception soutient que la Raison ne s’oppose pas au monde sensible dans la mesure où c’est l’Idée qui s’y manifeste sous une autre forme. Ainsi, chez Hegel, L’histoire est un simple moment au cours de la réalisation de l’Idée absolue, de la Raison. Autrement dit, le monde sensible est une aliénation de l’Idée. Donc, pour l’auteur de la Phénoménologie de l’esprit, l’Idée constitue la seule réalité et, à cet effet, le monde sensible n’est pas une réalité effective. C’est ce qui lui permet de dire que « ce qui existe n’est vrai qu’en tant qu’idée, car seule l’idée a une existence véritablement réelle » . Ainsi, le sensible, pris dans son existence concrète n’est qu’un moment dans la manifestation de l’Idée. C’est tout simplement pour dire donc que, l’existence du monde sensible dans le processus phénoménologique n’est que passagère. Ce qui prévaut dans la philosophie hégélienne c’est l’Idée.

Ainsi, nous voyons toute l’importance de l’Idée chez Hegel contrairement aux matérialistes. Dans sa philosophie, on note une prééminence de l’Idée absolue qui constitue le fondement mais aussi l’aboutissement de toutes les choses sensibles. Ces dernières sont chez Hegel des moments qu’il convient de dépasser par le moyen de la dialectique pour permettre une réalisation de l’Idée absolue. Toutefois, il faut remarquer que cette négation du monde sensible que l’on remarque au cours de la réalisation de l’Idée absolue n’est pas définitive car, c’est une négation qui, en même temps conserve la réalité de ce monde sensible. Ainsi, nous voyons, d’abord l’affirmation du monde sensible, sa négation du moment où on se rend compte qu’il n’est pas l’Idée absolue ; mais aussi sa conservation car constituant une étape indispensable dans le processus phénoménologique . Ainsi, nous dit Hegel, dans le processus phénoménologique, même si le fruit est la négation de la fleur, il n’en demeure pas moins que l’esprit conserve la réalité de cette dernière. Hegel considère ainsi la fleur comme un moment du processus de réalisation du fruit. C’est ce qui fait l’objet de la Phénoménologie de l’esprit de Hegel.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LA CONCEPTION IDEALISTE DE LA PENSEE ALLEMANDE
Chapitre I : Opposition entre idée et matière dans la philosophie classique
Chapitre II : L’apogée de l’idéalisme allemand
DEUXIEME PARTIE : LE RENVERSEMENT MATERIALISTE DE KARL MARX
Chapitre I : De l’influence de Feuerbach à la critique de la philosophie idéaliste
Chapitre II : De la critique marxiste de Feuerbach à l’instauration du matérialisme historique
TROISIEME PARTIE : LA PORTEE DE LA CRITIQUE DE LA PHILOSOPHIE IDEALISTE DANS LA THEORIE REVOLUTIONNAIRE DE KARL MARX
Chapitre I : La mise en place d’une nouvelle philosophie
Chapitre II : La portée politique du marxisme
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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