La communication pédagogique à l’épreuve de l’interculturalité

Le mot culture à travers l’histoire

  A l’heure actuelle, le mot culture est très souvent employé. On parle généralement de culture en référence à la mentalité, l’esprit, la tradition, l’idéologie, les mœurs, les coutumes d’un peuple. Dans sa conception étymologique – du latin colere –, le mot culture fait référence aux activités humaines et signifie « habiter », « cultiver » ou « honorer ». Vers la fin du XIIesiècle, le mot culture désignait une parcelle de terre cultivée. Au XVIe siècle, la définition devient plus abstraite et commence à désigner des pratiques plus abstraites. En 1718, la définition de culture prend en compte les diverses facultés humaines et plus précisément celles de l’esprit. En effet, à cette époque, il était d’ores et déjà possible de parler de culture des arts, culture des lettres, culture des sciences. Le mot culture commence progressivement à faire référence à la formation et à l’éducation de l’esprit, puis la culture passe de l’« état de l’esprit cultivé » à l’« état de l’individu » qui a une culture. On voit donc comment la notion de culture a changé au fil des siècles et comment elle est liée au développement des sciences de l’homme. En 1952, les anthropologues Alfred Kroeber et Clyde Kluckhohn ont publié une compilation de tentatives de définitions du mot « culture » ; ils en ont regroupé environ 164 ! Les variations étaient liées à la nature de la définition suivant le contenu, les fonctions, les propriétés et surtout les usages du mot. Selon Kroeber et Kluckhohn, la culture pourrait être rattachée à la philosophie des Lumières ; ainsi, on nommerait « culture » le patrimoine accumulé depuis l’Antiquité sur lequel les nations occidentales assureraient avoir fondé leur civilisation. Une autre idée, plus anthropologique,est proposée par Taylor : la culture serait « l’ensemble des habitudes acquises par l’homme en société ». Il y inclut donc toutes les compétences techniques, symboliques et sociales développées par les sociétés humaines et se propose de les classer sur une échelle évolutive Toujours au XVIIIe siècle, le mot culture se mêle au mot civilisation : la culture évoque le progrès individuel tandis que la civilisation, elle, évoque le progrès collectif. A la même époque, la culture désigne, en France, l’accès à l’éducation et elle est associée à l’idée de progrès universel. C’est une vision liée à un héritage de la philosophie des Lumières. Les poètes Friedrich Von Schlegel et Novalis considèrent que la culture fait référence aux mœurs, au style et aux goûts propres d’un peuple. Une définition associée à la vision anthropologique.Le père du relativisme Franz Boas dissocie l’étude des races de celles des cultures. Il affirme qu’aucune culture n’est plus développée qu’une autre, chacune ayant un style défini qui s’exprime à travers la langue, les croyances, les coutumes, l’art. Boas (1936), dans sa théorie de culturalisme proposée aux Etat-Unis, considère que la personnalité de chaque individu est liée à chaque culture.

Le développement et la culture

  Le développement est toujours lié à l’histoire et l’histoire n’est pas statique. Une période de paix favorise le développement ; par contre, une période de violence ou tragédie naturelle peut noyer le pays dans une crise et dans un état de sous-développement. L’histoire montre comment les Vikings en l’an 1000 ont décidé de se lancer à la découverte du monde en entreprenant de grandes expéditions et en développant des échanges commerciaux. Dans la vie primitive, les difficultés de survie étaient telles que les objectifs se concentraient dans la vie matérielle : trouver du gibier et installer un abri. Les travaux étaient partagés et le concept d’organisation commença alors à apparaitre, dans la mesure où chaque individu commençait à développer des taches selon leurs caractéristiques. Certains individus posaient des pièges, les plus forts chassaient, les plus faibles faisaient la cuisine ou cousaient les peaux pour les vêtements. Ils se déplaçaient selon le climat pour combattre les difficultés. Les problèmes de développement des sociétés primitives consistaient en la maitrise du territoire en chassant les intrus, à garantir les approvisionnements des produits de la chasse, à éviter les évènements néfastes. La vie de l’homme primitif était donc consacrée à la survie et la durée de sa vie était très courte. La création de l’agriculture a énormément contribué au développement des sociétés humaines. L’homme découvrit alors que la nourriture ne dépendait pas seulement de la chasse ou de la cueillette, mais d’un travail continu sur plusieurs saisons. Comme la nourriture devenait plus abondante, la démographie augmenta et une partie de la population pût se consacrer à des tâches variées. A la même époque, la construction de temples vit le jour et le commerce commença à se développer. A la fin du XVe siècle et durant tout le XVIe siècle, l’Europe commence sa conquête sur les autres territoires, poussée par des motivations politiques, religieuses et économiques. En effet, depuis la prise de Constantinople, les routes terrestres qui permettaient le commerce avec l’Asie étaient perçues comme dangereuses par l’Empire Ottoman, et il fallait donc trouver de nouvelles routes maritimes, soit par le sud en contournant l’Afrique, ce que fit Vasco de Gama, soit par l’ouest à travers des mers inconnues, comme Christophe Colomb, non pas aux Indes mais en Amérique (Horcajo, A. 2003: 5). Le déplacement terrestre des hommes augmente au fil des années et la conquête des territoires se fait autour du monde. L’Amérique est découverte, la colonisation commence. Les Européens découvrent un nouveau monde et des tribus qu’ils n’avaient pas imaginées. Aux côtés de l’Espagne et du Portugal, la France se lance à la conquête, notamment avec Jacques Cartier qui pénètre des kilomètres à l’intérieur d’un continent inconnu jusqu’à l’actuelle ville de Montréal. On voit donc que depuis la nuit des temps on n’arrête pas de découvrir des mondes possibles. L’ère industrielle a été la conséquence de la société rurale. Grâce aux excédents de nourriture, une partie de la population a pu avoir un type de vie différente et se consacrer aux études. L’agriculture avance, le perfectionnement apparaît et le partage rationnel des tâches s’impose. Les coûts de production s’effondrent et la société de consommation commence à naitre. D’autres types de besoins font surface, très différents de ceux de l’époque primitive, besoins superficiels et non plus naturels comme ils l’étaient auparavant. Avec les inventions de l’homme au cours du temps, les moyens de transport évoluent et le déplacement terrestre devient plus pratique, ce qui facilite les contacts entre les cultures. En conséquence, les cultures occidentales dites « civilisés » vont créer des empires coloniaux pour « civiliser » les autres cultures. Avec l’ère post-industrielle, commencée il y a quelques années, différents produits et variétés de services améliorent la vie quotidienne et le confort en satisfaisant des besoins ou en enrichissant la culture. On imagine les difficultés vécues par les personnages célèbres de l’histoire qui n’ont pas eu les privilèges de l’époque moderne : se déplacer et communiquer facilement d’un endroit à un autre sans dépenser tant de temps ou tant d’énergie. On voit donc comme les cultures évoluent et ne restent pas statiques. Dès qu’une civilisation atteint un certain niveau de prospérité, on constate un appel à une main d’œuvre étrangère, attirée par un meilleur niveau de vie. C’est à partir de ce moment que les immigrants commencent à entrer dans de nouvelles cultures avec différentes conséquences au niveau culturel. On voit comme l’interaction et le mélange entre cultures sont présents depuis les premières périodes de l’histoire. Les cultures les plus fortes ont absorbé les plus faibles et, malgré les évolutions, ils en existent encore aujourd’hui qui s’efforcent d’accaparer les richesses des plus fragiles. La colonisation se présente sous un jour différent à l’époque actuelle mais elle continue à imposer les intérêts d’une minorité. Pour conclure cette partie, il est important de souligner la relation entre l’informatique et le changement actuel. L’informatique ouvre les portes de la complexité et transcende l’approche cartésienne : on peut enfin aborder les problèmes d’une manière de plus en plus transdisciplinaire et la segmentation n’est plus une condition nécessaire de leur solution ; la déduction linéaire laisse la place à des schémas neuraux plus ramifiés. C’est-à-dire que les perspectives de l’informatique sont telles que nous avons le sentimentde n’être qu’au début de l’aventure humaine (Malherbe, M., 2008 :145).

La communication

   Le terme communication a été un point de diverses discussions et réflexions au cours de l’histoire. Son origine étymologique vient du latin communicare et du chrétien comminio qui signifie mettre en commun, être en relation. Elle a été un sujet de recherche et de discussion étudié depuis longtemps dans différents domaines, depuis le début même de la société. « La comunicación era el vínculo conquistado por los hombres en su desarraigo del caos, el que daba sentido al sistema en todas sus facetas: política, moral, economía, estética, relación con el cosmos.. » (Sfez, L., 1997 : 6).La National Communication Association établit que « la communication est un domaine d’étude qui se focalise dans l’analyse de la manière comme les individus utilisent les messages verbaux et non verbaux pour générer la signification entre et à travers divers contextes, cultures, moyens et canaux. » (Gonzalez, 2010 : 35). A l’époque actuelle, la communication demeure le protagoniste de toute interaction sociale et évolue main dans la main avec la société. L’être humain, comme on l’a déjà dit, communique à tout moment, même à travers le silence, à travers des gestes, du contact, des expressions, des odeurs, des sensations, etc. Son processus communicatif est en constante activité, d’une manière consciente ou inconsciente. La communication devient dynamique et prend en compte le software de chaque individu pour donner une signification qui change également à travers le temps. Mais quelle est l’importance de la communication dans l’existence humaine ? Comme l’histoire l’a montré, l’individu ne reste pas isolé, et il a, depuis son origine, le besoin d’interagir avec l’autre. Claude Levi-Strauss assimile la communication à un « processusd’échange de signes qui est le cœur de la définition d’une société puisque celle-ci est faite d’individus et de groupes qui communiquent entre eux ; la communication est donc la matrice de tout comportement social. » (Strauss, L. 1973 : 87).
Systèmes de communication primaires (SCP) Hall E. (1959), dans ses études sur l’observation du fonctionnement réel d’un système de culture, considère qu’il existe dix catégories d’activités humaines qu’il a appelé « systèmesde communication primaires », à savoir : l’interaction, l’association, la subsistance, la bisexualité, la territorialité, la temporalité, la connaissance, le jeu, la défense, l’exploitation. Sur ces dix, il y en a seulement une qui est en relation avec le langage, alors que les autres
sont en relation avec le langage non verbal. Hall, E. (1971 : 56-78) définit les catégories des systèmes de communication primaire comme indiqué dans le tableau ci-dessous.
Catégorie Point de vue L’interaction L’interaction avec l’environnement est signe de vie. Une des formes d’interaction est le discours que viennent appuyer les gestes et les tons de voix. L’écriture fait aussi partie de l’interaction et s’appuie sur des symboles (calligraphie). Le temps et l’espace sont des dimensions où s’inscrit l’interaction. Tout ce que fait l’homme demande une interaction avec un autre élément. L’association Elle existe au moment où deux cellules se rejoignent. Un exemple d’association pourra être la politesse avec laquelle on aborde les individus de rang supérieur (la secrétaire, le chef, l’étudiant, le professeur). La subsistance Comme les autres SCP, la subsistance prend racine aux sources de la vie. En effet, une des premières choses à connaitre de l’individu est l’ensemble des besoins alimentaires et des habitudes d’économie nationale. La bisexualité Les cultures différencient l’homme de la femme et normalement lorsqu’un schème de comportement est associé à l’un des deux sexes, l’autre l’abandonne. Le concept de masculinité et de féminité varie d’une culture à l’autre. La territorialité Le territoire est lié de manière subtile et variée au reste de la culture. Il existe des lieux pour chaque activité et chaque culture désigne son propre territoire. La temporalité Chaque culture donne une valeur différente au temps. L’heure de repas varie selon les cultures par exemple.
Catégorie Point de vue Défense Aussi bien pour l’homme que pour l’animal, la défense est une activité spécifique d’importance. Il existe une réaction qui va permettre de se protéger d’un effet extérieur. L’exploitation Afin d’exploiter l’environnement, les organismes entrainent leurs corps à affronter des conditions extérieures définies. Il existe une relation entre les objets et le langage. Selon “La dimension cachée”. E. Hall, 1971. Paris : Edition du seuil.
Comment se passe le processus de communication? Ils existent différentes théories par rapport à la communication humaine ; elle a été abordée au début comme un phénomène qui se passe entre le récepteur et émetteur. Cependant Watzlawik (1972) l’aborde comme un processus d’interaction qui se passe dans un contexte spécifique qui aura une influence dans le processus communicatif. Au moment d’étudier une situation déterminée, il devient important d’inclure le contexte dans lequel le phénomène se produit, puisqu’il a une incidence soit positive soit négative dans l’action. En prenant cette position, on souligne que les différences de type géographique, sociale, économique entre les pays de l’Amérique du sud, l’Afrique, l’Asie, l’Europe ont une influence dans le processus d’interaction avec l’étranger et le processus d’apprentissage d’une langue étrangère. L’échange quotidien avec l’étranger, ou le manque de dialogue justement, est l’un des facteurs qui va avoir une influence dans le développement de la compétence en communication interculturelle. Le jeune colombien, par exemple, n’a pas la possibilité d’interagir avec l’étranger de manière naturelle jour après jour. A la différence des jeunes des autres pays plus francophones, les étudiants de FLE en Colombie n’ont pas dans leurs universités, villes ou quartiers, la variété ethnique des différents pays du monde. Sa variété ethnique dans son propre territoire se limite à celle de ses propres habitants qui sont le résultat du métissage de l’époque coloniale. Le pourcentage des étrangers dans les rues est limité. Les étudiants de FLE éloignés du contact face à face avec les natifs sont obligés d’utiliser des documents pédagogiques élaborés, différentes ressources internet afin d’établir une connaissance de la langue et la culture. Mais est-ce que les moyens de communication laissent vraiment voir la culture étrangère ? Est-ce que le contact virtuel avec l’autre culture permet la découverte de l’autre d’une manière naturelle et spontanée ? L’analyse de la communication humaine peut être abordée depuis le point de vue de la syntaxe, la sémantique, la pragmatique entre autres. La syntaxe est la partie de la grammaire qui s’occupe de l’union de mots pour créer des phrases et exprimer des concepts. Elle fait référence à la transmission de l’information qui s’occupe du problème de codage et canauxde transmission. La syntaxe limite le fait d’étudier le sens des symboles qui sont à l’intérieur du message et, dans ce cas, la communication devient vide de signification. En effet « tout partage d’information présuppose une convention sémantique. Lacommunication affecte le comportement et c’est là son aspect pragmatique » (Watzlawik 1972 : 16). La communication et la pragmatique sont deux éléments qui vont toujours ensemble, la pragmatique n’a pas seulement une relation avec l’utilisation des mots dans un processus d’interaction, mais elle fait aussi référence au sens non verbal et au langage du corps. Selon cette idée de « la pragmatique, tout comportement, et pas seulement le discours, est communication, et toute communication, même les signes qui frayent la communication dans un contexte impersonnel, affecte le comportement. » (Watzlawik 1972 : 16). Tout comportement a la valeur d’un message ; activité ou inactivité, silence ou parole, tout a valeur de message.Comme nous l’avons déjà indiqué, Watzlawik (1972) aborde la communication comme un processus d’interaction. En effet, au moment d’étudier une situation déterminée, il est important d’inclure le contexte dans lequel le phénomène se produit, parce qu’il aura une incidence dans la signification de ce phénomène. « La famille, en particulier est un système dans lequel le comportement de chacun des membres est lié au comportement de tous les autres et en dépend » (Watzlawik, 1972 : 42).

La communication non verbale et ses composants

  On vient de voir comment Hall et Goffman se sont intéressés à l’étude des comportements humains, dans leurs interactions entre individus de cultures différentes et similaires, à la manière dont les capitaux humains, culturels, sociaux ont une influence dans l’acte communicatif des individus de cultures similaires et divergentes, la manière dont la communication non verbale prend en compte des aspects de type spatial, gestuel, temporel et linguistique. Tous ces aspects peuvent se regrouper dans la kinésique, la proxémique, le paralangage, la chronémique, le toucher. Mais quelles sont la différence et les particularités de ces composantes ? Et comment peuvent-elles affecter un échange entre des individus d’une même culture et de cultures différentes ?
La kinésique On commence à entrer en détail dans les composantes de la communication non verbale avec la kinésique. Le terme kinésique a été utilisé pour la première fois en 1952 par Ray Birdwhistell qui s’est intéressé à la signification psychologique des mouvements corporels. Il a effectué un grand nombre d’études sur le langage gestuel et a utilisé comme moyen de recherche un de nombreuses ressources filmiques. Dans son texte Kinesics and Context, Birdwhistell a montré les aspects kinésiques, linguistiques et philologiques de la relation entre la mère et l’enfant, qui se manifestent entre le langage oral et l’expressivité gestuelle.En effet pour Birdwhistell, l’être humain est capable d’exprimer environ 250 000 expressions avec son visage. Il donne l’exemple suivant : un sergent américain, au moment de saluer avec sa casquette, peut changer la fonction de simple « salut » à partir de gestes variés de son visage comme : la séduction, l’insulte, l’attaque, etc. (Birdwhistell, 1970 : 19). La communication personnelle ne se fait donc pas uniquement de manière verbale, elle répond aussi à d’autres aspects d’interaction sensorielle. La Kinésica es el estudio sistemático que hace referencia a los movimientos corporales no orales, de percepción visual y aquellas posiciones del cuerpo, ya sea de forma consciente o no, que poseen un valor comunicativo clave en el proceso de la Comunicación no Verbal combinado con la estructura lingüístico paralingüística del hombre (Cestero Mancera, 2006).La kinésique est donc constituée par la position corporelle, la gesticulation, l’expression faciale et le regard. La posture utilisée par l’individu dans un échange communicatif, formel ou informel, aura une influence sur chaque partie (émetteur, récepteur). En effet, les postures peuvent avoir une signification différente selon les individus, les cultures. Par exemple : la personne qui reste les mains dans les poches lors de la visite d’un lieu religieux. Dans certaines cultures, cette posture, face à l’église, montre un haut degré d’irrespect, mais dans un contexte ou une situation différente, la même position pourra n’avoir aucune importance. Les postures peuvent également temps indiquer la position sociale et la catégorie du communicateur. L’environnement, les niveaux sociaux des individus ont donc une influence sur les sens donnés aux gestes ou « emblems » et changent d’une culture à une autre ou même d’un groupe à un autre. Ils ont été créés par les membres d’une culture ou groupe pour transmettre des significations intensionnelles. Un exemple sera le langage des gestes utilisés par un groupe de sportifs (se toucher la casquette, la poitrine, le poignet, etc) qui pourront n’avoir aucun sens pour les spectateurs; ou encore il y a des gestes dans chaque culture qui peuvent provoquer des malentendus à cause des différences de signification . Les auteurs considèrent qu’ils existent différents « emblems » qui ont été créés de manière arbitraire dans la mesure où il n’existe pas une relation entre le geste et son sens . Les individus sont donc plein d’emblems que nous considérons dans le cadre de notre recherche pour l’influence qu’ils peuvent avoir au moment d’établir une commutation interculturelle et, plus précisément, avec des jeunes qui n’ont pas une interaction permanente avec l’étranger. En continuant avec la classification proposée par Ekman et Friesen (1969), on trouve les « illustrators ». « They are movements which are directly tied to speech, serving to illustratewhat is being said verbally. » (Ekman, P., Friesen, W., 1969 :68). Les « illustrators » sont attachés au langage verbal et n’ont pas une signification par eux-même. Cependant, encore une fois, les différences d’interprétation des « illustrators » entre les diverses cultures peuvent provoquer des malentendus. Par exemple, le fait de frapper le poing sur la paume de l’autre main pour exprimer force peut avoir une connotation obscène dans certaines cultures. En faisant un exercice avec les étudiants de la classe où ils devaient transmettre un message sans voir directement l’interlocuteur, on remarque qu’il y a toujours une tendance à renforcer avec les mains ce qui se dit avec les mots. Cependant, ces mouvements, en dehors du contexte communicatif, n’ont pas de signification. La troisième catégorie proposée est les « affects displays » : ils font référence aux mouvements du visage et du corps en relation avec les sentiments et les émotions des individus. En effet, des sentiments sont exprimés à travers une expression du visage et des émotions à travers des mouvements du corps. Ces expressions, liées aux normes culturelles de chaque peuple, quelques-unes peuvent être universelles ou particulières, intentionnelles ou inconscientes. En effet, rougir, ouvrir les yeux, sourire, transpirer entre autres, sont des manifestations du corps qui sont en relation avec la situation et avec chaque individu. Ekman et Friesen soutiennent qu’indépendamment de la culture, les états d’âmes des individus peuvent se résumer en joie, courage, peur, surprise, intérêt, contrariété. Ils présentent le processus des « affects displays » comme dans la figure 4. Le pouce levé (geste de Ok dans certaines cultures) signifie en Turquie qu’un homme est homosexuel. Elle a aussi une connotation obscène. Bouger la tête d’un côté à l’autre comme Bulgarie exprime une affirmation. Bouger la tête de  bas en haut exprime une négation. Toucher la tête dans les pays bouddhistes est une insulte. Le geste de la paix peut en fournir un exemple. En effet dans certains endroits de l’Afrique du sud ce geste a une connotation obscène. Les « regulators » font aussi parti de la classification proposée par Ekman et Friesen. These are acts which maintain and regulate the back-and forth nature of speaking and listening between two or more interactants. They tell the speaker to continue, repeat, elaborate, hurry up, become more interesting, less salacious, give the other a chance to talk, etc. they can tell the listener to pay special attention, to wait just a minute more, to talk, etc. the most common regulator is the head nod, the equivalent of the verbal mmm-hmm. Other regulators include eye contact, slight movement forward, small postures shift, eyebrow raises. (1969 : 82). Les « regulators » font aussi parti de la classification proposée par Ekman et Friesen. These are acts which maintain and regulate the back-and forth nature of speaking and listening between two or more interactants. They tell the speaker to continue, repeat, elaborate, hurry up, become more interesting, less salacious, give the other a chance to talk, etc. they can tell the listener to pay special attention, to wait just a minute more, to talk, etc. the most common regulator is the head nod, the equivalent of the verbal mmm-hmm. Other regulators include eye contact, slight movement forward, small postures shift, eyebrow raises. (1969: 82). Les « regulators » sont donc utilisés par les deux parties (émetteurs et récepteurs) et peuvent changer d’une culture à l’autre. Par exemple, il y a des peuples qui donnent une grande importance au silence et à la pause au moment de parler, et au contraire il existe des cultures qui trouvent les longs silences ennuyeux et agressifs. Ces différences d’interprétation sont causées par la subtilité de « regulators » et peuvent provoquer des difficultés au moment de l’interaction. Les « regulators » expriment le rythme de la communication et le niveau de compréhension et de confiance entres les parties ; de plus, ils favorisent la coordination par rapport aux interventions des individus. Quelques cultures donnent une grande importance au regard. Au Japon, le fait de regarder directement aux yeux peut être considéré comme une invasion de l’espace personnel d’un individu. A l’inverse, dans des pays tels que la Colombie, quelqu’un qui ne regarde pas dans les yeux quand il parle démontre de l’insécurité et un manque de confiance. Dernière catégorie de communication non verbale, les « adaptors » sont définis comme les mouvements personnels du corps provoqués par des stimuli liés aux états physiques ou émotionnels des individus. Ils ont normalement leur origine dans les situations désagréables, où, de manière inconsciente, l’individu fait un geste qui provoque une barrière face la situation et en même temps l’aide à s’adapter à la situation. On voit donc comment les éléments qui font partie de la kinésique ont des particularités, des différences, des ressemblances dans les diverses cultures et comment les interprétations données par les individus ont une incidence dans l’échange communicatif. Il est aussi évident que ces différences ne se présentent pas seulement entre les individus de pays différents, mais également au sein d’un même groupe social. Pour qu’il existe une communication fluide, il faut donc savoir interpréter la signification donnée à tous les gestes, postures, expressions qui font partie des émissions sensorielles qui passent de manière volontaire ou involontaire chez les individus, et qui sont influencés par les contextes et les particularités des hommes. Algunos estudios han puesto en evidencia que el conocimiento adicional concerniente al contexto en que tiene lugar una expresión facial afectará la corrección de juicio acerca de la emoción expresada. Se puede identificar correctamente expresiones faciales de emoción sin consentimiento alguno del contexto en que se producen pero seguramente las percepciones simultáneas del contexto social, el ambiente y de otras personas afectarán nuestros juicios (Knapp, 2001 : 247-248).
La proxémique Le mot proxémique vient du latin proximus : proche, ximus : plus, maximum. Le concept a été abordé premièrement par l’anthropologue Edward Hall (1962-2009) qui s’est intéressé à analyser les effets de proximité chez les êtres humains. Hall a considéré que l’espace conservé entre les individus change suivant l’action, la relation et le type d’individus qui interviennent dans l’échange. Hall souligne que la classification proposée est attachée au fait que la conduite et la distance choisie par l’homme dépendent des rapports interindividuels, des sentiments et activités. En même temps, ces rapports sont attachés aux capitaux personnels et culturels que l’individu a créés à travers son environnement et son expérience. En prenant un exemple de la vie quotidienne à la Faculté où se développe la présente recherche, on trouve un exemple de choc culturel à partir de la proxémique. Les assistants de langue étrangère qui visitent la faculté (français, américain et anglais), considèrent que certains étudiants colombiens ont tendance à leur parler de manière très proche et aussi à les toucher de manière involontaire. Par rapport au système de transport de la ville, les assistants expriment leur gêne dans la mesure où il y a un grand contact physique entre les passagers à l’intérieur du bus, et ils expliquent leur faible désir de conduire dans la ville à cause des structures routières et de la manière de conduire des colombiens. A l’évidence, les distances, les manières d’être, de percevoir d’agir, etc.,changent d’une culture à une autre et caractérisent les lieux et la population. La proxémique concerne donc l’espace de type physique et personnel qui change d’une culture à une autre, d’un individu à un autre, d’un groupe à un autre.
Le toucher Quand on parle du toucher, on fait référence au contact physique, où la peau joue un rôle d’importance. De la même manière que les autres composantes de la communication non verbal, l’espace tactile constitue une caractéristique qui fait la différence entre les diverses manières de percevoir la réalité et l’environnement, et elle est insérée dans les coutumes culturelles. Les japonais par exemple sont beaucoup plus sensibles à la signification de la texture. « Dans un verre qui est lisse et agréable au toucher, l’artisan exprime l’intérêt qu’il porte à la fois à l’objet, à son futur utilisateur mais également à soi-même. » (Hall, 1971 :85). La conception tactile change donc selon les différentes cultures et prend une position d’importance relativement divergente entre les divers peuples. Ce qui pourra avoir une texture agréable pour un individu peut être considéré comme désagréable et rustique pour les japonais.Tout échange tactile entre les humains va provoquer des expériences mutuelles mais différentes. Selon Davis Flora (1976) : El tacto es probablemente el más primitivo de los sentidos. En los peldaños inferiores de la escala animal los pequeños organismos ciegos se sirven de él para andar por el mundo. La primera experiencia, la más elemental y tal vez la predominante del serhumano que no ha nacido aún parece ser la táctil. Cuando un embrión tiene menos de ocho semanas, antes de poseer ojos y orejas y cuando todavía mide menos de tres centímetros desde la parte superior de la cabeza hasta las minúsculas nalgas, ya responde al tacto. (Davis, 1996 : 181-182). Heslin (1974) considère que le contact physique peut se classifier en : fonctionnel/professionnel, social/courtois, amitié/charmant, amour/intimité, sexuel/stimulation. Cette classification montre que le contact change par rapport aux types de personnes, la relation de confiance entre les individus, le contexte dans lequel se situe le contact. Par rapport au niveau fonctionnel/ professionnel, Henley (1977) assure que dans un échangede ce type, le simple fait de serrer la main transmet déjà une information par rapport à la personne. Le contact physique accentue l’importance du message envoyé. De la même manière, à ce niveau, une personne avec du pouvoir peut toucher son subordonné, mais le subordonné ne touche pas à supérieur. Un exemple est la relation médecin-consultant, où le médecin touche son consultant pour l’examiner, mais le consultant ne touche pas son médecin. Le niveau social/courtois fait référence au contact tactile en relation aux parties du corps qui peuvent se toucher dans un échange social. Selon Yarbough, les parties du corps qui ne sont pas vulnérables sont les bras, les mains et la partie supérieure du dos, cependant cela peut changer selon les cultures. Selon Goffman (1974), une manière pour éviter les malentendus dans l’interaction avec des personnes inconnues est le manque d’attention. Un exemple de cette situation est l’attitude adoptée dans un ascenseur, où malgré la proximité, les individus gardent un comportement neutre qui n’affecte personne, ils se regardent, se touchent éventuellement, mais ils s’ignorent. Le niveau d’amitié/séduction. Par rapport à ce niveau, les auteurs Witcher et Fisher (1979)ont réalisé une étude pour savoir s’il existe une différence dans le contact physique par rapport au genre. Ils ont conclu que les femmes répondent d’une manière positive aux caresses et que les hommes sont plus fermés à celles-ci. Une explication pourrait résider dans l’idée que les hommes identifient le contact avec le fait d’être considéré comme inférieur ou dépendant. En effet, les garçons s’éloignent plus rapidement des caresses des parents que les filles. Le niveau d’amour/intimité. Le contact physique entre les êtres humains est un comportement qui fait partie de la communication non verbale, qui a une grande influence dans les interactions. Le contact montre le niveau de confiance qui peut passer d’une situation impersonnelle à une situation personnelle. Différents auteurs ont étudié la manière dont ce contact physique change à mesure que la relation évolue. Ainsi, un couple qui commence sa relation garde un contact modéré qui, au fil du temps, devient plus proche et intime. Finalement, le niveau sexuel/stimulation, fait référence à l’état où deux personnes sont en extrême contact et il n’y a pas de limitations par rapport à la distance entre les corps. On voit donc comment la classification du contact physique proposée par Heslin (1974) esten relation avec les types de distance proposés par Hall, où le langage non verbal a une signification de grande influence au moment d’interagir avec l’autre. Les diverses significations données aux expériences tactiles changent donc par rapport aux parties du corps qui entrent en contact, les caractéristiques de la peau, la durée, la fréquence, les individus, le contexte etc, et bien sûr la culture.
Le paralangage Le paralangage est un autre élément de la communication non verbale qui nous pose la question de savoir si dans toutes les cultures l’expression du rire, de la colère, des pleurs, etc. se passe de manière similaire, ou si en revanche ce qui a une signification pour une culture, pour l’autre ne signifie rien ou quelque chose d’absolument différent. L’intensité de la voix, la vitesse pour émettre un énoncé, l’intonation, la longueur des syllabes peuvent changer la signification de nos interactions. En effet, le plus important n’est pas ce qu’on dit, mais la manière qu’on utilise pour s’exprimer. Le fait de dire « tu es belle aujourd’hui » avec un ton satirique change la connotation de l’expression, qui peut passer d’un compliment à une offense. Le paralangage a été défini par Poyatos (1994 : 28, vol. II) comme suit : Las cualidades no verbales de la voz y sus modificadores y las emisiones independientes cuasi léxicas, producidas o condicionadas en las zonas comprendidas en las cavidades supraglóticas (desde los labios y nares hasta la faringe) , la cavidadlaríngea y las cavidades infraglóticas (pulmones y esófago) hasta las músculos abdominales, así como los silencios momentáneos, que utilizamos consciente o inconscientemente para apoyar o contradecir los signos verbales, kinésicos,proxémicos, químicos, dérmicos y térmicos, simultáneamente o alternando con ellos,tanto en la interacción como en la no-interacción. Mais quelles sont les composantes du paralangage? Knapp (1986) dans ses études a identifié :
 Les qualités de la voix : cette composante inclut le registre de la voix, le contrôle du volume, le contrôle du rythme.
 La vocalisation : dans cette composante Knapp identifie trois éléments, à savoir : « los caracterizadores vocales », conformés par le rire, les pleurs, le soupir, le bâillement, l’éternuement ; « los cualificadores vocales » conformés par l’intensité de la voix, forte ou faible; la hauteur, aigue ou grave, et l’extension, c’est-à-dire le fait de couper les mots ; et finalement les onomatopées comme par exemple : hum, miam, zzz.En effet, les humains ne parlent pas comme des machines et expriment, de manière involontaire ou volontaire, des éléments de communication qui expriment des sentiments, des attitudes, des états. Ils caractérisent l’échange et sont susceptibles d’être interprétés de manières diverses chez les individus de cultures ou groupes sociaux différents. Pour cetteraison, il faut prendre en compte le contexte et l’interlocuteur au moment de juger ou critiquer une expression émise par l’autre. Dans la mesure où on prend en compte la tonalité, l’intensité, la durée et le timbre, l’information sera plus précise et fiable.
La chronémique On a abordé de manière détaillée, la kinésique, la proxémique, le paralangage et le toucher, qui font partie du monde complexe de la communication non verbale. Il nous reste à parler de la chronémique qui joue également un rôle d’importance dans tout échange interculturel, dans la mesure où le temps aussi communique, soit de manière culturelle puisque la conception du temps change d’un individu à un autre, soit de manière active en changeant la signification d’une communication humaine. En effet, quelle est la conception de cinq minutes et la conception que l’autre a des mêmes cinq minutes ?, ou la perception pour un français de commencer tôt une classe versus la conception d’un colombien qui commence ses cours normalement à 7 heures du matin et peut parfois finir vers 22 heures ? Bruneau, dans les années 90, définit la chronémique comme l’étude de la temporalité humaine en relation avec l’interaction sociale. C’est-à-dire la structuration, conception, et utilisation que les êtres humains font du temps. Cestero Gil et Poyatos (1994) font une classification du temps en trois types : le temps social, le temps interactif et le temps conceptuel. Selon ces auteurs, le temps conceptuel fait référence aux croyances et aux habitudes par rapport au temps, qui peuvent changer entre les cultures. La valeur donnée aux aspects en relation avec la ponctualité, un court ou un long moment, un long ou un court séjour, cinq minutes, etc. change elle aussi. On peut penser que le temps conceptuel est en relation avec le temps formel, proposé par Hall (1971) dans lequel il y a peu de flexibilité et beaucoup de limites. Un exemple sera l’heure donnée pour un entretien d’embauche, qui, elle, ne peut pas réellement être négociée.Le temps social proposé par Cestero Gil et Poyatos est en relation avec le temps conceptuel ; il est l’expression d’une culture dans la manière de contrôler le temps dans les échanges sociaux, par exemple le temps pour effectuer les activités de la vie quotidienne comme le petit déjeuner, le déjeuner, le diner. Finalement, le temps interactif est considéré comme la durée de systèmes de communication, qui ont une influence dans l’échange communicatif, et qui change la signification ou renforce l’idée (la durée d’un geste, une pause, une exclamation). Hall souligne le temps informel compris comme le temps flexible, sans une grande quantité de limites, un temps qui est plus commun dans les cultures musulmanes, et latino-américaines et peu répandu chez les Allemands ou les Anglais.On voit donc qu’il y a une grande influence de la culture et l’expérience des individus par rapport à la conception du temps.

Le concept d’interculturel

  Comprendre la signification du terme interculturel constitue un point important dans notre travail de recherche. Pour cette raison, nous commençons notre troisième chapitre en défininissant ce concept et en le mettant en relation avec notre question de départ.Il existe une confusion entre le terme interculturel et d’autres termes qui se ressemblent dans leur structure étymologique (multiculturel, pluriculturel, ethnoculturel entre autres). Le mot interculturel s’intéresse aux obstacles dans la communication entre les porteurs de cultures, depuis le repérage et l’analyse de ces empêchements jusqu’aux tentatives pour les faire disparaitre. Le mot se construit étymologiquement à partir du préfixe inter – qui indique une mise en relation et une prise de considération des interactions entre les groupes et individus – et du terme culture. Si au terme culture on reconnait toute sa valeur, cela implique la reconnaissance des valeurs, des modes de vie et des représentions symboliques auxquelles les êtres humains, tant les individus que la société, se réfèrent, dans les relations avec les autres et dans la conception du monde. (Conseil de l’Europe, 1986) On voit donc que le concept d’interculturel est en relation avec la société et la culture. « L’interculturel c’est d’abord une culture de compréhension de l’être humain en tant que tel. » (Eloy, M., 2004 : 56). Une compréhension qui demande une ouverture vers l’autre afin de pouvoir comprendre qu’ils existent des mondes différents qui présentent une variété d’identités possibles. L’interculturel implique une interaction entre les groupes ou individus de diverses origines culturelles. « Il ne faut pas le voir comme le contact entre deux objets indépendants, mais comme une interaction où ces objets se constituent tout autant qu’ils communiquent. » (Ladmiral, J., 1989 : 10). L’interculturel apparaît comme une option s’appuyant sur divers arguments comme le réalisme, le scientifique, l’éthique, le philosophique, etc. Du point de vue réaliste, on rencontre un mélange ethnoculturel des sociétés, un mélange qui est le résultat des changements du monde au niveau social, politique, économique, technologique.Du vue scientifique, Camilleri C. (1992) indique que : « L’individu obtient son développement personnel et ses performances optima seulement si, dans la succession de ses apprentissages et expériences, on ménage la continuité avec le passé : c’est-à-dire, avec la culture du milieu familial entre autre, spécialement celle vécue dans la relation avec la mère. » On voit ici un élément se réfèrant à l’histoire de l’individu, ses raisons et son influence dans son développement individuel, qui est pris en compte dans le processus interculturel. Du point de vue éthique, l’interculturel est considéré depuis la perspective qu’une culture n’est pas légitime par rapport à une autre, qu’il n’existe pas de cultures supérieures à uneautre, et que chaque individu a moralement droit au maintien de la sienne. Enfin, depuis la vision philosophie, le même auteur, Camilleri, souligne que la diversité culturelle fait partie du patrimoine humain et qu’il est donc très avantageux de faire profiter tout le monde des échanges entre individus possédant des diversités culturelles. L’origine du mot interculturel se situe en France vers l’année 1975, dans le cadre de l’enseignement comme conséquence de la situation d’immigration vécue à cette époque.L’interculturel n’est pas abordé comme une discipline mais plutôt comme une perspective qui touche toutes les disciplines. Il est transversal dans la mesure où il est en relation avec les différents aspects de l’individu et de la société, où les cultures sont vues comme des processus sociaux non homogènes en continuelle évolution qui vont enrichir l’histoire ancienne et actuelle de chaque peuple. L’interculturel ne touche pas seulement la dimension internationale. Il concerne également les citoyens d’une même nation qui ont des particularités de type d’âge, profession, religion, idées politiques, classe sociale, etc. Actuellement, on peut identifier l’interculturel interne et externe. L’interne comprend les différences culturelles présentes au sein d’un même pays, et l’interculturel externe se manifeste par les échanges des diverses cultures provenant de pays différents. Avec les évolutions actuelles, nous devons nous préparer à habiter dans un monde de plus en plus interculturel qui nous demande de considérer nos manières de vivre aumoment d’interagir avec l’autre et de comprendre que l’autre peut avoir une manière différente de vivre et de comprendre le monde, qui ne doit pas être jugée comme bonne ou mauvaise mais simplement comme différente et complémentaire.Le concept d’interculturel prend de l’importance dans différents domaines (politique, économique, social, législatif, etc.) à cause des processus de globalisation et de mondialisation. Nous abordons donc l’interculturel depuis une perspective éducative qui va nous permettre analyser la manière dont l’interculturel est présent dans un processus d’apprentissage d’une langue étrangère, plus précisément du Français Langue Etangère. « Si la modernisation de la société et le pluralisme culturel sont des éléments constitutifs d’un cadre d’échange interculturel, la capacité d’ouverture et de gestion du changement de chaque culture au contact d’autres cultures, reste la base de toute problématique interculturelle. » (Le Huu, K., 1993 : 18). En effet, on analyse la manière dont les jeunes sont capables de gérer la situation qui est particulière selon les caractéristiques propres du contexte et des acteurs. La reconnaissance de la diversité culturelle, comme nous l’avons déjà vu, ne se fait pas seulement entre les individus et les groupes (nationalement, culturellement ou ethniquement)différents, mais aussi à l’intérieur d’un groupe, quel que soit le principe de structuration (social, régional, générationnel, culturel) de chaque individu. Nous ne nous intéressons pas ici aux échanges entre individus homogènes, mais plutôt à l’analyse des oppositions, tensions, différences dans la communication. On voit, donc, que l’interculturel est présent dans différentes sociétés grâce à divers facteurs technologiques, politiques, économiques, etc. Cependant, une véritable rencontre interculturelle est difficile à réaliser. Non seulement à cause des préjugés et des stéréotypes, mais surtout parce que accepter l’autre dans toute sa spécificité, c’est accepter de se laisser déposséder quelque peu de sa propre culture et de sa propre spécificité. C’est donc à une véritable nouvelle relation que conduit la véritable rencontre interculturelle. (Bonivi, E., 1990). Un échange qui demande l’ouverture vers l’autre, que Byram appelle « savoir être ».

L’interculturel plus loin du multi et pluriculturel

  Comme on l’a dit précédemment, au moment d’aborder la définition d’interculturel, on est confronté au terme multiculturel. Ces deux termes sont abordés depuis deux perspectives distinctes : le multiculturel est plutôt descriptif tandis que l’interculturel est consacré à l’action. En effet, le terme multiculturel fait référence à la pluralité des éléments en jeu, à la coexistence des cultures ou subcultures et à l’effet spontané de la coexistence. Le multiculturel existe dans les sociétés où on trouve une variété d’individus avec des caractéristiques diverses et particulières. A ce propos, « Pretceille définit l’interculturel comme une construction susceptible de favoriser la compréhension des problèmes sociaux et éducatifs en liaison avec la difficulté culturelle, tandis que le multiculturel, tout en reconnaissant la pluralité des groupes et en se préoccupant d’éviter l’éclatement de l’unité collective, n’a pas de visée clairement éducative. » (Abdalla, P., 1992 : 36-37). C’est dire que l’interculturel est en relation avec la culture en action. Dans le processus interculturel, il est important de souligner le changement d’attitude qui, en chaque individu, commande les représentations de l’autre. En effet, l’information réelle sur l’autre permet de corriger les fausses images et ce, au moment où il existe une progression du multiculturel à l’interculturel. Quand on est capable d’analyser l’information, la structure des cultures des différents acteurs, il est possible de mieux comprendre les individus, de montrer qu’un modèle d’où procède une culture, ne peut pas être jugé à partir d’une autre. Depuis la perspective situationniste, on voit comment bon nombre de traits culturels s’expliquent rationnellement, perdant leur caractère surprenant si l’on replace le système visé dans l’environnement où il est né et assurait l’équilibre commun. Il s’agit donc de présenter les cultures en situation (Camirelli, 1992 : 37-38). L’information sur la structure des cultures va permettre d’agir contre les sentiments de supériorité ou d’infériorité envers l’autre ; le sentiment de trahison qui peut se faire sentir à cause d’un processus d’acculturation, ou le besoin de s’enfermer dans son propre système afin de de défendre sa propre culture, peuvent alors être contrôlés. En effet, cette attitude de fermeture envers l’autre culture empêche tout échange et interaction. Les sociétés les plus hétérogènes obligent à comprendre et à gérer des relations diverses depuis une attitude d’ouverture et d’altérité. Selon Katherine Walsh (2005), la multiculturalité et pluriculturalité se caractérisent par la présence d’une culture dominante qui est en relation avec d’autres cultures ; mais celles-ci restent subordonnées. Il n’existe donc pas une égalité de valeur entre les cultures en contact. Une culture se montre plus forte, et les cultures les plus faibles restent à côté, sans avoir la même place et importance que la culture dominante. Par contre, cette situation de différence, de faiblesse et de domination disparait dès lors qu’on parle d’interculturalité. On voit, dans la figure 5 proposée par Walsh, comment dansl’interculturalité, toutes les cultures sont égales entre elles, avec leurs propres particularités et individualités, et gardent la même valeur et importance.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

Liste des tableaux
Liste des figures
Annexes
INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE : LA COMMUNICATION PÉDAGOGIQUE À L’ÉPREUVE DE L’INTERCULTURALITÉ
Chapitre 1. Théories de la culture
Section 1. La culture et ses origines
1.1. Le mot culture à travers l’histoire
1.2. Le développement et la culture
1.3. Le concept de culture
1.4. La culture depuis une perspective anthropologique
Section 2. La rencontre des cultures
2.1. Le choc culturel
2.2. L’acculturation et le rapport de l’autre
2.3. L’altérité culturelle
2.3.1. Ethnocentrisme
2.3.2. L’exotisme
2.3.3. Décentration et reconnaissance de l’autre
2.3.4. Les représentations sociales
Chapitre 2. Théories de la communication
Section 1. Le processus de la communication
1.1. La communication
1.1.1. Systèmes de communication primaires (SCP)
1.1.2. Comment se passe le processus de communication?
1.1.3. Propriétés fondamentales des processus de communication
Section 2. Communication non verbale
2.1. Parler sans mots
2.2. L’homme et l’interaction
2.3. La communication non verbale et ses composants
2.3.1. La kinésique
2.3.2. La proxémique
2.3.3. Le toucher
2.3.4. Le paralangage
2.3.5. La chronémique.
Section 3. Approches épistemologiques de la communication
3.1. Approche par la contextualisation
3.2 Le constructivisme
Chapitre 3. Communication interculturelle
Section 1. L’interculturel et les autres concepts
1.1. Le concept d’interculturel
1.2. L’interculturel plus loin du multi et pluriculturel
Section 2. De la communication à la communication interculturelle
2.1. La Communication Interculturelle (CI)
2.1.1. La communication, la langue, le langage et la culture
2.2. La compétence communicative (CC)
2.2.1. Structure de la CC
2.3 De la compétence communicative à la compétence en communication interculturelle
2.4. La compétence communicative interculturelle
2.4.1. L’acquisition de la compétence communicative interculturelle
2.4.2. Le médiateur culturel ou intercultural speaker
2.5. La communication interculturelle exolingue
Section 3. L’identité 
3.1. Premières études
3.2. L’identité et la différence
3.3. L’identité et communication
Chapitre 4. Pédagogie et interculturalité
Section 1. Le sujet et l’éducation interculturelle
1.1. La culture et l’éducation
1.2. Apprentissage de la langue étrangère en relation avec la culture
1.2.1 L’apprentissage de LE et les représentations sociales
1.3. L’intérêt d’apprendre un LE
1.4. Le contexte social et la classe de langue étrangère
4. Conclusions de la première partie
DEUXIÈME PARTIE LE TERRAIN DE LA RECHERCHE ET LA MÉTHODOLOGIE UTILISÉE
Chapitre 1. Le terrain de la Colombie
Section 1. La Colombie et son histoire
1.1. La conquête de la Colombie et ses conséquences
1.1.1. L’esclavage
1.2. Les indiens dans le territoire colombien
1.2.1. Les droits des indigènes colombiens du point de vue de la loi
Section 2. A la découverte de la Colombie : pays méconnu
2.1. La Colombie et sa situation géographique
2.2. La Colombie et sa population
2.3.La Colombie, politique et économie
2.4.L’échange avec l’étranger dans le territoire colombien
2.5. La Colombie et la globalisation
2.5.1 La globalisation en Colombie par régions
2.6 La Colombie et les moyens de communication
Section 3. Bogotá : une ville à découvrir
3.1. La vie à Bogotá
3.1.1. La vie universitaire à Bogotá
3.1.2. Le concept d’interculturel à Bogotá
3.1.3. Le FLE à Bogotá
Chapitre 2. Le système académique colombien et la question du FLE 
Section 1. L’éducation et la langue étrangère en Colombie
1.1. Le système éducatif en Colombie
1.2. La loi d’éducation par rapport à l’apprentissage d’une langue étrangère
1.3. La langue étrangère dans les groupes indiens en Colombie
1.4. Le FLE au niveau baccalauréat en Colombie
Section 2. Le FLE dans l’éducation supérieure en Colombie : une manière de favoriser la rencontre avec les autres cultures
2.1. L’histoire de FLE en Colombie
2.2. Le FLE dans les deux institutions supérieures terrain de la recherche
2.2.1. Le FLE à l’Université Libre (UL)
2.2.2. Le FLE à l’Université Nationale (UN)
2.3. Comparaison des programmes d’études dans les deux universités
Chapitre 3. Problématique, hypothèse et terrain de la recherche
Section 1. Délimitation de la recherche
1.1. Problème à résoudre
1.2. Question de départ
1.3. La finalité de thèse
1.4. Hypothèses
1.5. Description de la problématique
Section 2. Les institutions universitaires, terrains de la recherche
2.1 L’Université Libre (UL)
2.1.1. La faculté d’Éducation de l’Université Libre
2.2. La Universidad Nacional (UN)
2.2.2. La faculté de sciences humaines de l’UN
Section 3. La population d’étude choisie afin de comprendre la construction de la signification de l’alterité chez les jeunes colombiens
3.1. Description de la population
3.2. Justification du choix de la population
Chapitre 4. Présentation et justification de la méthode
Section 1. La recherche qualitative comme processus de construction scientifique
1.1. Les ethnométhodes
1.2. Justification des ethnométhodes dans la recherche
Section 2. Les outils de recueil des donnés à l’interieur et à l’exterieur de la Colombie
2.1. Le questionnaire
2.2. La rencontre interculturelle en ligne (synchrone et asynchrone)
2.2.1. Organisation de l’échange
2.2.2. Production des participants
2.2.3. Activités de l’échange
2.3. Observation
2.4. Entretien
2.5. Rapport réflexif
2.6. Rencontre synchrone
Section 3. Méthodologie de l’analyse de données dans la recherche-action proposée
3.1. L’analyse du contenu et la recherche
3.2. L’analyse de contenu et l’inférence
3.3. Principales caractéristiques et étapes d’une analyse de contenu
4. Conclusions de la deuxième partie
TROISIÈME PARTIE PRÉSENTATION ET INTERPRETATION DES RÉSULTATS AUTOUR DE LA QUESTION DEPART DE LA RECHERCHE
Chapitre 1. Analyse interprétative des résultats
Section 1. Le questionnaire : outil quantitatif mais aussi qualitatif
1.1. Analyse Interpretative des questionnaires
1.1.1 Analyse des questionnaires enseignants en formation de FLE de la Universidad Libre (UL) et Universidad Nacional (UN)
1.1.2. Analyse des questionnaires enseignants de FLE de la Universidad Libre (UL) et Universidad Nacional (UN)
Section 2. La rencontre interculturelle en ligne. CIBONI : Communication Interculturelle entre Bogotá et Nice
2.1. Analyse de la Communication interculturelle Bogotá-Nice (CIBONI)
Section 3. L’observation à l’interieur et à l’exterieur de la salle de classe 
3.1. Analyse de l’observation de deux universités
Section 4. Les entretiens avec les enseignants en formation et titulaires de FLE sur le terrain de la recherche
4.1. Analyse des entretiens aux enseignants de la UN et la UL
4.2. Analyse des entretiens avec les enseignants en formation de l’UL et de l’UN
Section 5. Les rencontres en ligne via skype
5.1. Analyse des rencontres synchrones en ligne
Chapitre 2. Analyse de données depuis le logiciel Atlas TI
Chapitre 3. Méthode proposée pour favoriser la compétence en communication interculturelle des enseignants en formation de FLE en Colombie
3.1 La méthode d’apprentissage ADN
3.1.1 A: Auto
3.1.2. D: Decoloniaté – Détachement
3.1.3. N : Néo-conflit – Neutralité
3.2. Représentation graphique de la méthode ADN pour le développement de la compétence en communication interculturelle des enseignants de FLE en formation en Colombie
3.3. Généralités de la méthode ADN
3.4. Bénéfices de la méthode ADN
4. Conclusions de la troisième partie
LA CONSTRUCTION DE LA SIGNIFICATION DE L’ALTERITÉ: CONCLUSIONS GÉNÉRALES
REFERENCES

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *