La comédie et les règles classiques

Le XVIIe siècle est considéré comme l’époque la plus riche du théâtre français, et le règne de Louis XIV , sans conteste, y est pour quelque chose. Symbole de la grandeur, de l’ordre et de l’autoritarisme, Louis XIV était aussi passionné par la danse et le spectacle. Au cours de ce siècle s’est déroulée une littérature d’ordre, soumise à des règles attachées à l’essentiel plutôt qu’aux détails, à la recherche de la concision et de la clarté de l’expression. Ces règles étaient instaurées par Aristote dans sa Poétique .

En effet, La Poétique est une réflexion sur l’art poétique lui-même. Elle est écrite comme elle est pensée avec un soin qui ne permet pas au lecteur la moindre distraction. Tous les mots y sont choisis, pesés, employés dans leur sens propre et précis. Souvent une particule a besoin d’y être remarquée, méditée, à cause de ses rapports essentiels au sens : tout y est nerf et substance. Mais il est important d’ajouter que la plupart des règles du théâtre classique ont été élaborées à partir de la réflexion des théoriciens de l’art dramatique tels l’Abbé d’Aubignac , Nicolas Boileau et tant d’autres qui emboîteront tour à tour le pas à Aristote. Tous les dramaturges du XVIIe siècle se référent au modèle initié par le philosophe.

Ainsi, le théâtre français a atteint au XVIIe siècle une perfection jamais égalée grâce à d’éminents auteurs tels que Pierre Corneille, Jean Racine et Jean-Baptiste Poquelin dit Molière. L’influence et la célébrité de ces derniers font que l’on considère ce siècle comme un siècle typiquement classique. Le style classique est très précis : on cherche le mot juste, la phrase bien rythmée et claire, car comme le dit Boileau :

«Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément» .

Le respect des règles classiques a joué un rôle primordial dans l’écriture théâtrale de l’époque ; ce critère était pour les dramaturges de l’époque une source de garantie à la perfection. Le théâtre connaîtra en fin de compte une évolution décisive, car il va passer de l’irrégularité à la régularité, et surtout il deviendra populaire. Durant cette période, on assiste au triomphe de la Tragédie et surtout à la consécration de la Comédie. La comédie, en effet,  fut un genre peu théorisé par Aristote, et elle a été longtemps considérée comme un genre mineur sur le plan dramaturgique, et, ce n’est que vers les années 1660 qu’elle arrive avec Molière, à se hisser au niveau de la tragédie.

Ainsi par son observation pénétrante de l’homme et de la société, Molière innovera la comédie à la fois étude de caractères et étude de mœurs, et il l’élèvera au niveau moral de la tragédie. La comédie moliéresque s’éloigne de la simple farce pour trouver de la nouveauté. Pour cela, Molière s’inspirera donc des règles du théâtre classique et des schémas tout fait de la Commedia dell ’ arte . Ainsi, il vivra absolument pour le théâtre et sa triple fonction d’auteur, d’acteur et de directeur de troupe, lui permit d’écrire en pleine connaissance de cause les exigences du théâtre. Parallèlement à Molière, beaucoup de dramaturges de ce siècle assignent ainsi une mission didactique à leur art. La comédie de Molière est singulièrement variée puisqu’elle comprend tous les genres de comédies. En représentant une humanité ridicule et pitoyable, la comédie de Molière démasque les imperfections des hommes et les incite à se corriger. À travers sa célèbre formule «castigare ridendo mores » , il dénonce ainsi les vices de toute une société.

L’objet de notre étude que voici : «la comédie de Molière et les règles classiques : l’exemple de Dom Juan et de l’Ecole des femmes » est d’essayer de comprendre la vision de Molière sur les règles classiques, en d’autres termes son point de vue vis-à-vis des règles dites aristotéliciennes, et sa manière de les restituer dans son théâtre. La conception que nous avons de ce sujet est que Molière ne s’est pas totalement affranchi des règles strictes du théâtre classique, car il a tant bien que mal respecté certains critères surtout au niveau de la structuration d’une pièce théâtrale. Les personnages comiques que Molière met en scène n’appartiennent pas à la haute noblesse, mais ils relèvent les uns de la bourgeoisie, les autres de la petite noblesse. Le langage qu’il utilise est de registre courant ; parfois même familier et le style n’est pas nécessairement bas. À la lumière de la conception de notre étude nous pouvons souligner qu’il y a énormément de faits qui nous poussent à étudier l’intérêt et la pertinence de ce sujet.

En réalité, le choix de ce sujet est motivé par le fait que, de tous les écrits menés sur Molière, peu se sont intéressés à la comédie moliéresque par rapport aux règles classiques. Notre motivation va à l’encontre du fait que les œuvres de notre corpus sont des pièces de théâtre comique suffisamment aptes et riches pour alimenter ce travail. Il en résulte que la comédie moliéresque est organiquement liée à sa poétique caractérisée par des visées psychologique et comique. Ce qui nous intéresse dans le choix de notre corpus, c’est de voir comment Molière, à travers ses deux œuvres, a réussi à produire de véritables chefs-d’œuvre en essayant d’adapter les règles de la tragédie classique à sa comédie.

De ce fait, il ne s’agira pas pour nous d’étudier le théâtre moliéresque dans toute sa globalité, mais d’une manière plus modeste, nous essayerons de comprendre comment se manifeste la comédie de Molière par rapport aux règles classiques. Mais aussi, de voir comment le respect des règles est effectué dans Dom Juan et dans L’Ecole des femmes. Ces questionnements nous permettront de mieux cerner la comédie de Molière et les procédés de cette même comédie vis-à-vis des exigences de l’époque. Dans ces pièces, Molière nous présente des œuvres qui respectent tant bien que mal les règles édictées par Aristote ; car n’oublions pas que la comédie n’a pas été codifiée comme la tragédie.

En effet le 26 décembre 1662, Jean-Baptiste Poquelin  crée L’École des femmes et achève la création de sa comédie en cinq actes au Palais Royal. L’École des femmes remportera un immense succès et sera vite considéré comme la première comédie de maturité pour Molière. Cependant, la morale, la structure et le comique de la pièce agaceront ses rivaux tels Corneille, et les consciences traditionnelles. Dom Juan fut publié en 1665 et c’est en pleine crise de Tartuffe que Molière écrit et fait jouer son Dom Juan ou Le festin de Pierre . Dom Juan est né de la diversité ; c’est une pièce novatrice en son temps et la première grande pièce en prose de Molière. C’est l’époque où tout change et évolue pour échapper à la norme. Dom Juan c’est l’homme insatisfait toujours désirant autre chose, et c’est une plus une tragi-comédie qu’une comédie à part entière, qui respecte tant bien que mal les règles de la dramaturgie classique. Cette liberté affichée de la comédie moliéresque est due à l’absence de normalisation de la comédie. Quand on lit Dom Juan ou L’École des femmes avec réflexion, ce n’est pas de l’auteur qu’on est étonné, c’est de la façon dont il a réussi à hisser la comédie au rang de la tragédie.

Voici tant d’hypothèses que nous tenterons d’élucider afin d’apporter tout juste notre modeste compréhension de ces deux pièces ; aussi difficile à comprendre de par la structuration, de par la composition, mais aussi et surtout de par la particularité de l’auteur. Ainsi, pour la bonne structuration de notre travail, nous montrerons d’abord dans la première partie de notre étude, la comédie et les règles classiques qui regroupent notamment la comédie avant Molière et l’élaboration des règles dans la comédie moliéresque. Ensuite, nous aborderons, dans la deuxième et dernière partie, le comique de Molière permettant d’élaborer les différents procédés comiques, ainsi que l’ironie dans les écrits de Molière.

Voulant aborder un tel projet, il nous semble qu’il serait impératif de clarifier les méthodes d’analyse et de critique employées par les auteurs de la comédie au XVIIe siècle. Pour cela, il sera nécessaire de recourir aux autres œuvres de Molière et d’autres dramaturges, mais également aux critiques littéraires. Puisque le théâtre occupe une place prépondérante dans la société du XVIIe siècle, il sera donc nécessaire aussi de faire connaissance avec les dramaturges et de détailler, en outre, l’atmosphère sociale de l’époque ; ceci nous permettra de replacer la comédie dans son cadre historique.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE: LA COMÉDIE ET LES RÈGLES CLASSIQUES
CHAPITRE I : LA COMÉDIE AVANT MOLIÈRE
1.1. L’épuration du genre
1.2. Les Règles du théâtre classique
CHAPITRE 2 : L’ÉLABORATION DES RÈGLES DANS LA COMÉDIE MOLIÈRESQUE
2.1. La plume de Molière : une écriture originale
2.2. L’esthétique de Molière dans Dom Juan et dans l’Ecole des femmes
DEUXIEME PARTIE: LE COMIQUE DE MOLIÈRE
CHAPITRE 3 : LES PROCÉDÉS COMIQUES CHEZ MOLIÈRE
3.1. Le comique de caractère et de mœurs
3.2. Le comique de mots et de situation
CHAPITRE 4 : L’IRONIE DANS LES ÉCRITS DE MOLIÈRE
4.1. La fausse dévotion
4.2. L’hypocrisie
CONCLUSION
Petit lexique théâtral
BIBLIOGRAPHIE

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