La collection orientaliste du musée des Beaux-Arts de Pau 

Les débuts des échanges entre Orient et Occident

Les origines de l’Orientalisme sont multiples et remontent à très loin dans le temps. Avant le XIXe siècle, siècle de l’Orientalisme par excellence, des liens existent déjà entre l’Occident et l’Orient à travers de nombreuses situations. Pendant les Croisades, on assiste à de fortes rivalités entre les Chrétiens d’Occident et les musulmans qui ont abouti aux nombreuses expéditions militaires pour délivrer les Lieux Saints occupés par l’ennemi. On appelle croisades des pèlerinages en armes (donc des campagnes militaires) organisés par l’Eglise pour délivrer le tombeau du Christ à Jérusalem (du moins dans leur intention première). Ce climat de vénération pour la Terre Sainte occupée par les infidèles est à l’avantage de l’Eglise qui décide de sanctifier cette guerre, puis stimule et soutient la reconquête chrétienne de la péninsule Ibérique sur les Maures qui s’accélère après la chute du califat de Cordoue en 1031. Ces événements décident l’Eglise à mener des offensives en Orient pour protéger et récupérer ses sites sacrés. S’ensuit alors des initiatives pour légitimer cette entreprise, des appels à la « guerre juste », des chevaliers endoctrinés et des hommes de guerre convaincus du bien-fondé de la guerre sainte, la Papauté n’a aucun mal à faire reconnaître la nécessité de ces interventions contre les ennemis de la religion. Les trois premières croisades entre le XIe et le XIIe siècle sont réellement des expéditions rassemblant toute la chrétienté occidentale pour conquérir, défendre ou délivrer la Terre Sainte selon la volonté pontificale. Les conséquences sont nombreuses, surtout politiques. On assiste à la fondation d’états nouveaux: les Etats latins du Levant, territoires isolés et détachés de la chrétienté occidentale en terre d’Islam ou en terre byzantine. Tout ceci contribue à développer le commerce transméditerranéen et à assurer l’essor de grandes places marchandes italiennes (Gênes, Pise, Venise), provençales (Aix, Marseille), languedociennes (Montpellier) et catalanes (Barcelone) et à créer un lien entre Occident et Orient. On assiste à des échanges commerciaux de draps occidentaux contre des épices, des soieries et du coton d’Orient. Cela a une incidence sur la modification des habitudes alimentaires et vestimentaires des Orientaux et des Occidentaux, la multiplication des contacts entre civilisations qui se matérialise par la diffusion en terre chrétienne des thèmes littéraires et artistiques des Byzantins et des Arabes, ainsi que par l’adoption en Orient de l’art religieux et de l’art militaire de l’Occident comme par exemple le fameuse forteresse du krak des Chevaliers édifiée pour contrôler les voies d’accès orientales à Tripoli. Ces croisades peuvent être considérées comme la première forme de contact entre deux mondes bien distincts que la religion et les mœurs opposent.

Les Orientalistes, peintres voyageurs

Le point qui a contribué le plus fortement à l’expansion de l’Orientalisme a été le nombre croissant d’artistes se rendant dans les pays d’Orient pour découvrir de leurs propres yeux une nouvelle culture et s’imprégner d’images inédites pour les intégrer à leurs œuvres. Cependant, l’ouverture de l’Orient au reste du monde n’a pas été chose aisée, car certains pays sont restés fermés aux étrangers. Exceptés les diplomates envoyés auprès du sultan et quelques négociants qui sont autorisés à pénétrer à l’intérieur des terres du Maroc, les autres personnes n’ont pas l’autorisation d’y circuler librement jusqu’à l’instauration du protectorat français en 1912. Très peu de voyageurs se sont rendus en Algérie avant la prise d’Alger de 1830, de plus, rare sont les habitants qui ont pu quitter le pays sans l’autorisation du dey. Sous le gouvernement français, c’est un pays très apprécié et une destination très prisée des Européens, grâce à la création d’un réseau de transport et d’hébergement à l’occidentale.
Il en est de même pour la Tunisie jusqu’à l’établissement du protectorat français en 1883. Auparavant, l’insécurité et les difficultés d’hébergement n’incitent guère à entreprendre seul ces expéditions. Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle, que le voyage hivernal en Tunisie devient à la mode.
Damas reste hostile aux infidèles malgré un relâchement durant la période de souveraineté égyptienne dans les années 1830. Mais la plupart des sites ne sont pas aussi dangereux que les exemples évoqués ci-dessus. Constantinople, Smyrne, Alexandrie, Le Caire, Jaffa et Beyrouth sont ouvertes aux étrangers de toutes confessions. Les voyages deviennent relativement bien organisés, on trouve même au Caire des ateliers permettant aux Européens de travailler comme à Alexandrie, Constantinople, Alger. La région autour du Nil rencontre un fort succès depuis la campagne d’Egypte et la redécouverte des temples pharaoniques, très prisés des touristes. A Suez, une compagnie de transport anglaise y édifie dans les années 1850 un grand hôtel pour accueillir les voyageurs de plus en plus nombreux. Mais la grande avancée a été l’ouverture du canal de Suez en 1869 avec la possibilité de se rendre en Inde en un temps record. Quand à Bagdad, célèbre pour ses califes, elle est rarement visitée par simple curiosité car très difficile d’accès.

La réception de l’Orientalisme

Importance des Salons

Mouvement de peinture complexe aux sujets variés et techniques extrêmement différente, l’Orientalisme a connu un grand succès. C’est justement sa variété de sujets qui a fait son succès, il y en a pour tous les goûts, du paysage à la scène de genre en passant par les scènes militaires ou des harems. De plus, la curiosité de ces pays lointains pousse certains à acheter des tableaux représentant des peuples qu’ils n’ont jamais vus ou connaissent très mal. La nouveauté et l’exotisme de ces populations et terres lointaines ont permis pendant longtemps à l’Orientalisme de se propager et d’être en faveur dans le goût artistique français.
C’est donc surtout grâce aux Salons parisiens que les artistes trouvent des acheteurs, en particulier pendant les trois premiers quarts du XIXe siècle au moment où cette institution officielle domine le monde de l’art français. On retrouve la même chose en Angleterre avec la Royal Academy. Au cours du XIXe siècle, la révolution industrielle a engendré une nouvelle classe de bourgeois riches qui ne passent plus commande aux artistes, mais achètent leurs œuvres terminées, d’où l’importance des Salons permettant ainsi aux futurs acheteurs de pouvoir acquérir des œuvres qu’ils ont vu terminé. Il est beaucoup plus rassurant d’acheter des œuvres de peintres ayant fait suffisamment ses preuves pour figurer aux Salons, synonyme de prestige pour les exposants. Il peut arriver qu’une toile soit tellement demandée que l’artiste se voit obligé d’en réaliser des copies pour satisfaire le plus grand nombre possible d’acheteurs. Decamps, Vernet, Marilhat sont très appréciés par le marquis de Hertford et le duc d’Aumale. Des œuvres de la grande majorité des orientalistes ont été achetés par des industriels, des armateurs, des financiers venant surtout des Middlands anglaises et d’Amérique du Nord. Ces nouveaux acheteurs préfèrent acheter de la peinture moderne. De plus, l’Orientalisme leur permet de s’évader mentalement d’un monde où la société est rigide, le travail et le devoir sont des vertus très appréciées. Grâce à des scènes mettant en avant le côté fastueux, exotique, cruel et sensuel voire carrément érotique, il est possible d’oublier pendant le moment de la contemplation du tableau, les contraintes des conventions établis par cette société.

Les collectionneurs

Les collectionneurs sont peut-être ceux qui ont le plus contribué à ce renouveau du goût de l’Orientalisme. Les premiers collectionneurs d’objets orientaux semblent avoir été les peintres voyageurs qui ont manifesté très tôt leur intérêt pour ces objets qu’ils ramènent de leur voyage en guise de souvenir. Que ce soit de l’art islamique ou des tableaux orientalistes, les collections rassemblées par des personnes passionnées sont à l’origine d’un certain nombre de fonds orientalistes que l’on retrouve dans les musées. Beaucoup de musées ont ainsi vu la création de cette collection se faire grâce à la générosité de quelques donateurs.
Le baron Lycklama, collectionneur d’origine hollandaise qui a parcouru l’Orient, a offert en 1877 à la ville de Cannes dans laquelle il possède une villa, un riche ensemble d’objets qui a permis la création de l’un des premiers musées d’ethnologie. En 1878 lors de l’Exposition Universelle au Champs-de-Mars, le pavillon de la Perse présente un grand nombre d’objets ainsi qu’une galerie orientale mettant en avant des collections privées. Cette manifestation coïncide à peu près, au moment où les musées commencent à acheter des objets d’art islamique associé à une multiplication des études scientifiques qui a eu pour conséquence le fait qu’aujourd’hui, cet art soit assez répandu dans nos musées même si l’on peut regretter leur absence dans les salles d’expositions permanentes. L’art islamique assure ainsi son rayonnement dans les collections européennes. Bien entendu, les collections particulières sont influencées par la mode des reproductions. Le 4e marquis de Hertford a séjourné à Constantinople en 1829, lui donnant peut-être le goût de la peinture orientaliste puisqu’il a réussi à constituer un bel ensemble de ces peintures.

Analyse de la collection du musée des Beaux-Arts de Pau

Les animaux

Le voyage en Orient permit à de nombreux artistes d’enrichir leur connaissance sur les animaux, en ayant la possibilité de les observer sur place et non dans une cage comme en Occident. De plus, le voyage a permis la découverte de nouveaux animaux que certains ne connaissent pas. Paul-Albert Besnard en a fait l’expérience avec son voyage en Inde, fasciné par toutes sortes d’animaux qui vivaient en liberté et par les liens de proximité qu’ils entretiennent avec les peuples Indiens. Besnard part d’abord pour Londres en 1908 en compagnie de sa femme et de deux de ses amis. C’est sur place au zoo londonien, qu’il est attiré par la reconstitution d’un village cinghalais61 qui l’enthousiasme. Après son retour de Paris, il a acheté l’ouvrage de Pierre Loti s’intitulant l’Inde (sans les Anglais) qu’il a l’habitude de lire à haute voix à ses enfants. Ce livre a embrasé son imagination à tel point qu’il a décidé d’entreprendre le voyage en Inde avec sa femme et ses deux fils. Charlotte Besnard s’est occupé de l’organisation du voyage en s’adressant à l’agence Cook. Avant de poser le pied en Inde, la petite famille a fait escale en Egypte, où Besnard en a profité pour visiter le musée archéologique du Caire, les grands temples et la Vallée des Rois mais il est plus sensible à la lumière tellement différente de l’Occident qu’à l’architecture locale. L’artiste n’est pas venu les mains vides, il a emporté avec lui toutes sortes de couleurs, de rouleaux de papier, de toiles enfermées dans des tubes de zinc et des carnets de croquis. Plutôt que de prendre pour modèles les innombrables temples égyptiens, Besnard préfère dessiner à la plume la vie des hommes qu’il a sous les yeux. La pause égyptienne prend fin lors de l’embarquement pour Colombo le 27 octobre 1910.

Le Paysage

Pour cette série de paysages, nous allons traiter de toiles très différentes. Deux représentent des déserts, Tobie et l’archange Raphaël allant à Ragès (Ill.5) d’Adrien Guignet et L’Oued M’Sila après la pluie (Ill.9) d’Etienne Dinet ; deux autres (Ill.10 et 11) nous montrent des paysages ponctués de maisons ou d’un campement mais où la végétation exotique éclipse ces détails pour devenir le sujet principal; enfin la dernière toile (Ill.13) nous montre un paysage pauvre et désolé à l’image des deux troglodytes au premier plan et dans le fond, une superbe vue de la ville de Grenade dont le point culminant est le palais de l’Alhambra.
Commençons par parler des paysages désertiques avec l’huile sur toile représentant Tobie et l’archange Raphaël allant à Ragès d’Adrien Guignet réalisé en 1843 (Ill.5). Adrien Guignet est fils d’un ébéniste, il a été l’élève de son frère portraitiste et de Merry-Joseph Blondel aux Beaux-Arts de 1832 à 1839. Lors de ses débuts, il fréquente l’école de Fontainebleau et expose chaque année au Salon de 1840 à 1848 en présentant des compositions historiques ou orientalistes dans lesquelles il accumule tous les accessoires du genre tel que les sphinx, pyramides, éléphants dans une mise en page très élaborée et une lumière bien répartie. Il a toujours été fasciné par des scènes étranges et cruelles doublé d’un goût pour l’Egypte. En 1849, il reçoit une importante commande du duc de Luynes pour une salle à manger du château de Dampierre, il réalise à cette occasion quatre peintures décoratives d’histoire mais sa mort prématurée en 1854 l’empêche de mener à bien ce projet.

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Table des matières

Introduction
I) Le mouvement orientaliste
1) A la découverte de l’Orient 
a) Les débuts des échanges entre Orient et Occident
b) Un épisode fondateur de la naissance de l’orientalisme : la campagne d’Egypte
c) Les Orientalistes, peintres voyageurs
2) Le mouvement orientaliste 
a) Le paysage
b) Les femmes
c) Un nouveau bestiaire
d) Scènes de genre
3) La réception de l’Orientalisme 
a) Importance des Salons
b) Les collectionneurs
c) Réception de l’Orientalisme à Pau et dans la région
II) La collection orientaliste du musée des Beaux-Arts de Pau 
1) Origine et constitution de la collection 
2) Analyse de la collection du musée des Beaux-Arts de Pau
a) Les animaux
b) Le Paysage
c) La mort
d) Les femmes
e) L’architecture
f) Scènes du quotidien
g) Le colonialisme
Conclusion 
Bibliographie

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