La classe et les relations entre pairs : les conditions pour une bonne entente

La classe et les relations entre pairs : les conditions pour une bonne entente 

L’importance du climat de classe est très souvent soulignée lorsque l’on parle de l’école et de la réussite des élèves. Et pour cause, le sentiment de bien-être à l’école est une clé essentielle pour assurer la réussite de tous les élèves. Mais qu’entend-on lorsque l’on emploie ce terme ? Il renvoie à l’analyse du contexte des apprentissages et de vie au sein de l’école. Selon Jonathan Cohen (Cohen, 2006), pour créer un bon climat de classe, il faut construire quatre paramètres :
– La sécurité autant physique qu’émotionnelle
– Le rôle des enseignements et des apprentissages : qualité, relations de confiance, leadership
– Les relations entre les membres de la classe
– Un environnement structuré .

Aux paramètres énoncés par Jonathan Cohen, on peut ajouter ceux proposés par le réseau Canopé sur le site internet dédié au climat scolaire qui sont :
– Une stratégie d’équipe au sein de l’équipe éducative de l’école
– La justice scolaire
– La coéducation : intégration des parents à la vie de l’école
– Les pédagogies favorisant la coopération entre élèves
– La prévention des violences et du harcèlement
– Les pratiques partenariales .

En travaillant sur ces différents facteurs, on peut améliorer le climat scolaire et ainsi permettre une amélioration des résultats des élèves, une amélioration du bien-être des élèves et du personnel au sein de l’école, une diminution des inégalités et une diminution de l’absentéisme, des violences et du harcèlement. Parmi les différents paramètres énoncés, certains peuvent être regroupés au sein de catégories plus vastes. Je vais donc présenter ces catégories et décrire les dispositifs que les chercheurs ont établis pour travailler sur chacune d’entre elles.

Les relations entre les membres de la classe

Une classe constitue un groupe qui rassemble différents individus et leurs personnalités mais il ne s’agit pas simplement d’une juxtaposition de personnes (Rey, 1999). Un groupe classe forme un tout au sein duquel tous les acteurs (enseignant et élèves) au travers de leurs productions, de leurs interactions s’influencent et modifient leur perception individuelle de la situation. Par ailleurs, comme le fait remarquer (Postic, 1979), le groupe-classe « c’est un groupe institutionnel et formel, c’est-à-dire que les individus qui le composent n’ont pas choisi d’être ensemble et que les règles qui régissent leur action préexistent à leur rassemblement. ». Ainsi il n’est pas rare de voir émerger au sein d’un groupe-classe des sous-groupes formés au fil des affinités de chacun. Certains sous-groupes peuvent créer des relations hostiles ou de rivalités au sein de la classe, il convient à l’enseignant de rester attentif à l’évolution du groupeclasse et de ne pas penser à tort que celui-ci est constamment soudé. L’enseignant doit donc veiller à articuler les individualités en les encourageant à respecter des valeurs communes de vivre ensemble. Il s’agit pour l’enseignant de veiller à sa posture. Il se doit d’être structurant pour les élèves mais aussi bienveillant tout en étant exigeant avec chacun. On peut se référer aux propos d’Eric Debarbieux : En ce qui concerne la relation pédagogique, le choix s’oriente vers un style qui promeut la coopération et évite les deux pièges bien connus de l’autoritarisme et du laisserfaire […]. L’adulte ne se défait pas de son rôle de leader mais il autorise et aide l’autoorganisation du groupe et l’autodiscipline du jeune en particulier par la négociation des règles de vie et le partage des responsabilités (Debarbieux, 2008). L’enseignant doit veiller à établir un cadre de vie permettant l’instauration d’un sentiment de justice et d’équité entre les élèves. Pour cela, il faut construire des outils clairs permettant de fixer le fonctionnement général au sein de la classe comme un règlement, un système de gestion du comportement avec des sanctions explicitées et graduées, des conseils des élèves afin d’impliquer les élèves dans la vie de la classe et de leur donner la parole, etc. Quel que soit le système mis en place, l’enseignant doit veiller à bien expliciter son fonctionnement aux élèves et surtout s’imposer une rigueur quant à son application. En effet, une gestion laxiste véhiculerait un sentiment d’incompréhension et d’injustice aux élèves. Pour s’épanouir au sein d’un groupe de façon sereine, il est important que les individus aient une estime et une confiance en eux bien établies. Il est donc capital au sein de la classe de travailler l’estime de chacun, apprendre aux enfants à avoir confiance en leurs capacités de réussite. Pour cela, l’enseignant doit veiller à valoriser les qualités de chacun : avec les appréciations sur les cahiers, valoriser les réussites et faire comprendre que l’erreur ne signifie pas que l’élève est mauvais mais qu’elle fait partie du mécanisme d’apprentissage. Il est important de pousser les élèves à devenir autonome. En effet, en étant autonome, l’élève prend conscience de lui-même et construit son identité. Cela permet alors à l’élève de se construire une meilleure estime. En étant autonome, l’élève ose « se dire, choisir, décider, agir et accepter. » (Heughebaert et Marico, 2013). En construisant une confiance en eux, les élèves seront plus à même de s’intégrer au sein du groupe sans conflits. Souvent, les élèves qui ont une piètre estime d’eux-mêmes sont très moqueurs et agressifs envers les autres. Ce mécanisme d’agression étant une façon de dévaloriser autrui afin qu’il ne soit pas perçu comme meilleur que l’élève peu sûr de lui. Enfin il est important de mettre en place des moyens à disposition des élèves afin qu’ils apprennent à résoudre les conflits rencontrés par des moyens non violents. Cela peut être une boite à messages permettant de déposer une plainte qui sera traitée au cours du conseil des élèves. On peut également instaurer une méthode collective de résolution des conflits. Ou encore un système de médiation entre pairs (Réseau Canopé, 2013). L’idée de ces différents dispositifs est de donner du sens aux règles de vie en collectivité. Ainsi les élèves sont plus à même de les respecter puisqu’elles ont été expliquées et construites ensemble.

Le rôle des enseignements et des apprentissages 

Afin d’améliorer le climat scolaire, il est reconnu qu’adopter des stratégies pédagogiques favorisant l’engagement et la motivation des élèves permet de façon significative d’améliorer le climat général au sein d’une classe. Pour cela, l’enseignant doit veiller à être explicite dans les objectifs et les attentes qu’il vise lors des séquences d’apprentissages. De cette façon, il évite les non-dits et autres interprétations erronées que pourraient se faire les élèves d’un exercice. Par ailleurs, le rôle de l’évaluation est fondamental pour travailler sur le climat scolaire. Il est capital que celle-ci soit la plus objective possible afin que les élèves ne se sentent pas dévalorisés. Ce lien est d’ailleurs considéré comme un lien rétroactif : André Giordan (Saltet et Giordan, 2011) insiste par exemple sur les effets liés à une évaluation négative ou non travaillée, au couperet des notes décourageantes. Il faut donc penser à souligner les réussites de chacun afin que tous les élèves développent une bonne estime d’eux-mêmes. Cela ne signifie pas d’être moins exigeant envers les élèves, mais plutôt d’avoir des attentes élevées pour chacun des élèves tout en tenant compte de leur rythme propre par la différenciation pédagogique. Par ailleurs il est important de souligner que toute situation d’apprentissage oblige les élèves à se confronter à la nouveauté. Cela les place dans une situation « anxiogène » et « insécurisante » parce qu’elle génère une déstabilisation cognitive et affective. Daniel Favre, enseignant chercheur en sciences de l’éducation à l’université de Montpellier 2, affirme qu’il est indispensable de réduire cette angoisse pour rendre possible l’apprentissage : cela nécessite de réfléchir à la mise en place d’un dispositif d’apprentissage sécurisant et motivant, et d’un mode d’évaluation qui n’associe pas l’erreur à l’échec mais plutôt à un écart à la norme, à une étape du processus d’apprentissage.

Concernant les pédagogies favorisant l’engagement et la motivation, le réseau Canopé encourage à développer des démarches de coopération entre pairs qui favorisent l’entraide, la tolérance et l’implication de chacun dans les apprentissages (travail en projets, travaux de groupes, jeux coopératifs, résolution de problèmes complexes, tutorats, etc.). Il préconise également d’adopter une pédagogie de la réussite en impulsant aux élèves une dynamique de progrès avec par exemple la mise en place de cahier de réussite.

Le sentiment de sécurité au sein de la classe et l’espace de travail 

Afin de créer un sentiment de sécurité au sein de la classe, il faut que cet espace soit régi par des règles clairement établies et véritablement appliquées. Cela permet de ne pas développer de sentiment d’injustice chez les enfants, sentiment qui bien souvent pousse les élèves à vouloir faire leur propre justice et qui amène à un usage de la violence. En parallèle à la mise en place de ces règles, il est important de créer une relation de confiance et d’écoute réciproque entre les élèves et l’enseignant. Des temps où la parole de tous est libérée doivent être instaurés comme un conseil des élèves, les « Quoi de neuf ? » ou autres. Ces activités ritualisées sont très utiles pour engager les élèves dans la vie de classe et pour leur faire vivre le principe de la démocratie (Heughebaert et Marico, 2013). La vigilance de l’enseignant doit également être très accrue sur les questions de respect et de tolérance entre les membres du groupe classe. Ainsi la moquerie doit être exclue de la classe au profit de la valorisation des erreurs comme étant une étape clé des processus d’apprentissages. On peut également mettre en place des moments de tutorat entre élèves afin de valoriser les actions d’entraides et de coopération entre pairs.

Le sentiment d’appartenance au groupe classe 

Dans les paragraphes précédents, nous avons souligné l’importance de donner confiance en eux aux élèves, l’importance de leurs proposer des apprentissages de qualité : adapter à leur niveau tout en étant exigeant avec eux. L’importance de créer un cadre de travail structuré et sécurisant a également été démontré, de même que l’importance de développer des relations saines entre les membres du groupe classe. A tous ces critères s’ajoute l’importance de fédérer les élèves autour du groupe classe. C’est-à-dire qu’il est important que les élèves se reconnaissent comme faisant partie d’un tout et non comme un rassemblement de différents individus. Comme le souligne Jason Osborne : « améliorer le climat passe par l’augmentation de l’identification collective dans les établissements, celle des professionnels comme celle des élèves » (Osborne, 2004). Pour cela, il est préconisé de proposer des activités de groupes qui nécessitent une cohésion, cela peut être des rallyes, des situations de recherches, des sorties culturelles, des projets de classe, etc. En amenant les élèves à travailler en groupe, on les pousse à faire l’expérience de la sociabilisation. Lors de ces travaux, ils vont devoir travailler avec des pairs en apprenant à écouter l’autre. Cela permet de développer l’empathie et la coopération chez les élèves. Du côté de l’enseignant, il faut prévoir des temps pour apprendre aux élèves à travailler en groupe. En effet, il est important d’expliciter les attentes et les attitudes attendues lors de ce type de travaux afin que celles-ci soient bien comprises par chacun.

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Table des matières

Introduction
Les principes pour favoriser un bon climat au sein de la classe
1. La classe et les relations entre pairs : les conditions pour une bonne entente
1.1. Les relations entre les membres de la classe
1.2. Le rôle des enseignements et des apprentissages
1.3. Le sentiment de sécurité au sein de la classe et l’espace de travail
1.4. Le sentiment d’appartenance au groupe classe
2. La pédagogie de projet
2.1. Bref historique
2.2. Les enjeux pour les élèves
2.2.1. Donner du sens aux apprentissages
2.2.2. Favoriser l’interdisciplinarité
2.2.3. Développer l’autonomie chez les élèves
2.2.4. Motiver les élèves
2.2.5. Un outil pour apprendre la coopération
Mise en place de la pédagogie de projet et son impact sur le climat de ma classe
3. Le projet d’écriture
3.1. Origines du projet Paris et présentation de son organisation
3.2. Les apports du projet
3.2.1. Interdisciplinarité et sens des apprentissages
3.2.2. Coopération entre les élèves
3.2.3. Les indicateurs permettant d’analyser l’impact de ce projet sur les élèves et le climat au sein de la classe
4. Analyse des résultats
4.1. La pédagogie de projet diminue les conflits au sein de la classe
4.2. La pédagogie de projet au service d’une meilleure coopération entre les élèves
4.3. Analyse de l’enseignant
5. Conclusion sur le rôle de la pédagogie de projet pour réduire les conflits au sein d’une classe
Conclusion
6. Bibliographie
6.1. Livres et articles
6.2. Site internet
Résumé (français)
Résumé (anglais)
Annexes

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