La chasse à l’isard

La chasse à l’isard

Origines

Les premiers représentants de la sous-famille des Caprinés, à laquelle appartiennent, entre autres, chamois, isards, mouflons et bouquetins, seraient apparus en Asie centrale au cours du Miocène, il y a plus de 5 millions d’années. Parmi eux, figure sans doute l’ancêtre de Pachygazella grangeri. Vivant en Chine au Pliocène, 2 à 5 millions d’années avant notre ère, cet animal pourrait être à l’origine de la petite tribu des Rupicaprini, qui regroupe les représentants actuels du genre Rupicapra : les chamois et les isards, la chèvre blanche des Montagnes Rocheuses (Oreamnos), les gorals (Nemorhaedeus) et les sérows (Capricornis). Les premiers Rupicapra, venus probablement d’Asie, auraient rejoint le sudouest de l’Europe vers la fin de la glaciation de Mindel, il y a 350 000 à 400 000 ans, ainsi qu’en témoignent les plus anciens vestiges connus, découverts à la Caune de l’Arago, près de Tautavel, dans les Pyrénées-Orientales.(14)

C’est encore dans les Pyrénées, mais aussi dans le sud-ouest et en Provence, qu’ont été mis à jour la plupart des fossiles contemporains de la glaciation du Riss (- 350 000 à -120 000 ans). Peu nombreux, ils nous renseignent surtout sur un point : les spécimens qui vivaient à cette époque présentaient déjà les caractères distinctifs des chamois et des isards actuels.

Durant l’interglaciaire du Riss-Würm (-120 000 à -80 000 ans) et le début de la glaciation würmienne, ils commencent à apparaître ailleurs en Europe, notamment dans les Vosges, en Forêt Noire, en Suisse et en Italie. Mais ce n’est qu’au cours de la seconde moitié du Würm (-50 000 à -10 000 ans) qu’ils ont vraisemblablement colonisé la majeure partie de notre continent. Les fossiles deviennent de plus en plus nombreux, à basse altitude, dans les sites escarpés situés à la périphérie de la plupart des grandes chaînes de montagnes aujourd’hui peuplées de chamois et d’isards. A cette époque, celles-ci devaient être recouvertes de glaciers qui les rendaient sans doute inaccessibles aux animaux.

A partir de 10 000 ans avant notre ère, le climat se radoucit et les glaciers se retirent à l’intérieur des massifs. Chamois et isards regagnent alors la plupart des montagnes de l’Europe centro-méridionale, où ils ont ensuite évolué séparément pour aboutir aux différentes formes géographiques actuelles.

Espèces et sous-espèces

Les spécimens des diverses montagnes d’Europe diffèrent, en effet, par certains caractères ostéologiques, mais aussi par la stature, la coloration du pelage et le comportement. Ces différences, inscrites dans leur patrimoine génétique, ont conduit à la distinction de dix formes géographiques élevées au rang de sousespèces, qu’une révision récente du genre regroupe en 2 espèces : Rupicapra pyrenaïca et Rupicapra rupicapra. La première rassemble le chamois des Abruzzes (Rupicapra pyrenaïca ornata), l’isard des monts cantabriques (Rupicapra pyrenaïca parva) et l’isard des Pyrénées (Rupicapra pyrenaïca pyrenaïca) qui est celui qui va nous intéresser dans notre étude.

Ces animaux possèdent un crâne de petite taille dont la suture ou fontanelle des os frontal, lacrymal, nasal et maxillaire, est fermée. En outre, les chevilles osseuses qui supportent les cornes sont très rapprochées et la robe d’hiver est marquée de taches claires.

La seconde regroupe 7 sous-espèces dont le chamois des Alpes (Rupicapra rupicapra cartusiana et rupicapra) et des études génétiques récentes ont confirmé une divergence importante entre ces 2 types. Le fait que les sous-espèces pyrénéo-cantabrique, d’une part, et apennine, d’autre part, aient pu développer des caractères communs alors qu’elles sont géographiquement très éloignées, s’explique difficilement si l’on admet qu’une seule souche est à l’origine de tous les représentants actuels du genre. Ce qui a conduit Levari et Scala (1980) à formuler l’hypothèse suivante : les chamois qui ont colonisé l’Europe de l’Ouest au début de la glaciation du Riss appartenaient déjà au type Rupicapra pyrenaïca.

Lors de la glaciation du Würm, un autre groupe de chamois, ayant évolué jusque là plus à l’est ou au nord-est, colonise à son tour l’aire occupée par les chamois du Riss et absorbe plus ou moins ces derniers pour donner naissance au type Rupicapra rupicapra. Mais cette extension n’aurait pas ou peu atteint les Pyrénées et les Apennins dont les populations ont pu évoluer sans profonds remaniements, conservant la plupart de leurs caractères originels.

En France on trouve 3 sous-espèces de chamois : le chamois des Alpes, celui de la Chartreuse et l’isard des Pyrénées sur lequel va porter notre étude. On le retrouve dans tous les départements pyrénéens où son développement tend à gagner les massifs du piémont, de façon naturelle et à la faveur des réintroductions. Près de 25 000 isards habitent aujourd’hui le versant français de la chaîne.

Caractères généraux 

Les isards figurent parmi les plus petits représentants des caprinés. Les mâles adultes mesurent de 70 à 75 cm au garrot pour une longueur totale de 100 à 110 cm du bout du museau au bout de la queue. Ils pèsent de 25 à 40 kg alors que les femelles, légèrement plus petites, pèsent elles de 25 à 32 kg maximum.(14) C’est la tête et plus encore les 2 cornes dont elle est parée, qui donne aux isards leur physionomie propre et ne les laisse confondre avec aucun autre animal.

De couleur blanche ou crème, toujours ornée d’une bande brune plus ou moins foncée qui barre les joues de la base des oreilles aux naseaux, la tête des isards est un modèle d’élégance : des oreilles discrètes et bien placées, un museau délicat, sans mufle, un front concave dont la forme prolonge harmonieusement un chanfrein rectiligne mais court, des yeux grands sans excès, peu saillants, à l’iris brun foncé qui se fond dans une large pupille. Quant aux cornes, elles se dressent verticalement audessus et légèrement en retrait des yeux, puis s’infléchissent progressivement vers l’arrière en s’effilant, jusqu’à former ce crochet si caractéristique.

Le reste de la silhouette ne manque pas non plus de grâce : les membres, terminés par de petits sabots, sont longs sans excès, minces mais puissants ; le corps est élancé, bien proportionné et se prolonge par une queue courte que l’animal porte souvent légèrement dressée.

Les isards peuvent vivre jusqu’à 25 années, ce qui constitue une longévité étonnamment élevée pour un animal de cette taille. Cependant, tous les isards n’atteignent pas un âge aussi avancé. En règle générale, ils sont peu nombreux à dépasser 15 ou 16 ans et rares semblent être ceux qui franchissent le cap des 20 années.

 Les cornes

Contrairement aux cervidés dont la caractéristique est de porter des bois – productions osseuses qui tombent et repoussent chaque année – les isards, comme tous les autres bovidés, sont pourvus de vrais cornes qu’ils conservent tout au long de leur existence.

Mâles et femelles en possèdent dès le plus jeune âge. Elles s’élèvent à peu près perpendiculairement au grand axe du crâne, tantôt divergentes, tantôt parallèles jusqu’aux crochets. Ceux-ci, au rayon de courbure plus ou moins grand, décrivant au plus une demi circonférence, s’amincissent régulièrement pour se terminer par une pointe acérée généralement orientée vers le bas. Les cornes des isards se composent de 2 éléments distincts : la cheville osseuse et l’étui corné qui l’entoure, ou corne proprement dite.

La cheville osseuse fait partie intégrante de l’os frontal. Elle n’a pas seulement le rôle de supporter l’étui corné et de le relier au squelette. Elle est aussi à l’origine de son développement par l’intermédiaire d’un tissu de nature chorio-épidermique, richement vascularisé, qui recouvre sa surface et produit la matière cornée. L’étui corné, constitué de cellules épidermiques mortes kératinisées, est creux sur toute la portion occupée par la cheville osseuse sur laquelle il s’emboîte parfaitement. Très mince à la base, il s’épaissit régulièrement pour devenir plein vers les 3/5e de sa hauteur.

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Table des matières

INTRODUCTION 
1 L’isard
1.1 L’animal
1.1.1 Origines
1.1.2 Espèces et sous-espèces
1.1.3 Caractères généraux
1.1.3.1 Les cornes
1.1.3.2 La denture
1.1.3.3 Le pelage
1.1.3.4 Les sens
1.1.4 Adaptations à la montagne
1.1.4.1 Au froid
1.1.4.2 Au terrain
1.1.4.3 A l’altitude
1.1.4.4 A une nourriture coriace
1.1.5 Reconnaissance des sexes
1.1.5.1 Critères morphologiques et anatomiques
1.1.5.1.1 L’allure générale
1.1.5.1.2 Les cornes
1.1.5.1.3 Le pelage
1.1.5.2 Critères éthologiques
1.1.6 Reconnaissance de l’âge
1.1.6.1 Estimation par observation en nature
1.1.6.1.1 De mai à août
1.1.6.1.2 De septembre à avril
1.1.6.2 Détermination exacte, animal en main
1.1.6.2.1 Examen des cornes
1.1.6.2.2 Examen de la denture
1.2 Vie et moeurs
1.2.1 L’habitat
1.2.1.1 L’altitude
1.2.1.2 Le relief
1.2.1.3 Les éléments du climat
1.2.1.4 La végétation
1.2.2 L’utilisation de l’espace
1.2.2.1 Généralités
1.2.2.1.1 Domaine vital
1.2.2.1.2 Territoire
1.2.2.2 Déplacements, migrations, émigration
1.2.2.2.1 Les déplacements quotidiens
1.2.2.2.2 Migrations
1.2.2.2.3 Déplacements occasionnels
1.2.2.2.4 Emigration
1.2.3 L’utilisation du temps
1.2.3.1 Rythme circadien
1.2.3.2 Variations saisonnières
1.2.3.3 Variations en fonction du sexe et de l’âge
1.2.4 Vie sociale
1.2.4.1 Généralités
1.2.4.2 D’une saison à l’autre
1.2.4.3 D’un massif à l’autre
1.2.4.3.1 Biotopes du massif
1.2.4.3.2 Densité de la population
1.2.4.4 La communication inter individuelle
1.2.5 L’alimentation
1.2.5.1 Les préférences alimentaires
1.2.5.2 L’impact sur la végétation
1.3 La reproduction
1.3.1 Le rut
1.3.1.1 La compétition entre mâles
1.3.1.2 Les pariades et l’accouplement
1.3.2 Les naissances
1.3.2.1 Gestation
1.3.2.2 Parturition
1.3.2.3 Allaitement
1.3.2.4 La survie des chevreaux
1.3.2.4.1 Le jeune isard
1.3.2.4.2 La mère
1.3.2.4.3 La population
1.3.3 Le taux de reproduction
1.3.4 Le coût de la reproduction
1.3.4.1 Les femelles
1.3.4.2 Les mâles
2 Etude dynamique de la population
2.1 Etude et suivi de la population, paramètres dynamiques
2.1.1 Objectifs du suivi
2.1.2 Indices dynamiques
2.1.2.1 Abondance
2.1.2.2 Structure
2.1.2.3 Dynamique
2.1.2.4 Etat sanitaire et physiologique
2.2 Techniques de recensement
2.2.1 Le pointage flash
2.2.1.1 Organisation générale
2.2.1.1.1 Découpe du territoire
2.2.1.1.2 Périodicité
2.2.1.1.3 Diagnostic de l’âge
2.2.1.1.4 Diagnostic du sexe
2.2.1.1.5 Groupe social
2.2.1.2 Matériel
2.2.1.2.1 Instruments d’optique
2.2.1.2.2 Appareils de transmission
2.2.1.2.3 Support de notation sur le terrain
2.2.1.2.4 Support de mise au propre de l’information brute
2.2.1.3 Organisation pratique
2.2.1.3.1 Sur le terrain
2.2.1.3.1.1 Itinéraire
2.2.1.3.1.2 Pointage sur le film transparent
2.2.1.3.1.3 Remplissage de la fiche pointage flash
2.2.1.3.2 Au retour
2.2.1.3.3 Mise au propre de l’information
2.2.1.3.3.1 Recopiage des fiches pointage flash
2.2.1.3.3.2 Carte de synthèse
2.2.1.3.3.3 Fiche récapitulative
2.2.1.3.3.4 Fiche annexe
2.2.1.3.3.5 Transmission des résultats
2.2.2 Le comptage continu
2.2.2.1 Pourquoi cette technique
2.2.2.2 Organisation pratique
2.2.3 Utilisation des résultats : exemple des Hautes Pyrénées
2.2.3.1 Estimation numérique du cheptel isard (juin-juillet 2001)
2.2.3.2 Exploitation des résultats
2.2.3.3 Evolution du cheptel isard entre 1988 et 2001
3 Gestion de la population : chasse et règlementation
3.1 D’hier à aujourd’hui
3.1.1 Evolution du chasseur
3.1.2 Principe des « réserves »
3.2 Réglementation actuelle de la chasse à l’isard
3.2.1 Réglementation générale
3.2.1.1 Non spécifique
3.2.1.2 Spécifique à l’isard :
3.2.2 Réglementation : le plan de chasse
3.2.2.1 Règles de prélèvement
3.2.2.1.1 Ajuster la densité de la population à la capacité du milieu
3.2.2.1.2 Ajuster le prélèvement à l’accroissement
3.2.2.1.3 Effectuer un prélèvement équilibré entre les sexes et bien réparti dans les classes d’âge
3.2.2.2 Fonctionnement et calendrier du plan de chasse
3.2.2.3 Plan de chasse qualitatif
3.2.2.4 Marquage, contrôle, transport (Art. R. * 225-12)
3.2.2.5 Commercialisation
3.2.2.6 Modes et moyens
3.2.2.7 Arrêté du 31 juillet 1989
3.2.3 Dispositions pénales
3.2.3.1 Peines
3.2.3.1.1 Territoire :
3.2.3.1.2 Permis de chasser :
3.2.3.1.3 Exercice de la chasse : temps de chasse
3.2.3.1.4 Exercice de la chasse : modes et moyens
3.2.3.1.5 Exercice de la chasse : transport et commercialisation du gibier
3.2.3.2 Circonstances aggravantes et récidives
3.2.3.3 Peines accessoires ou complémentaires
3.2.3.3.1 Confiscation
3.2.3.3.2 Frais de visa et du permis de chasser
3.2.3.3.3 Retrait et suspension du permis de chasser
CONCLUSION

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