La centralisation à la contribution : proposition de modèle de design de service pour une gestion responsable des données

La montée en puissance des GAFAM

L’explosion de la bulle Internet a permis à des entreprises telles que Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft, souvent désignées par l’acronyme « GAFAM », de se développer et prendre une place de choix dans le panorama des acteurs du numérique. Les GAFAM dominent en effet le marché, et leur puissance ne cesse de croître. En termes de capitalisation boursière, la valeur cumulée des GAFAM en 2015 s’élève à 1’838 milliards de dollars (Masutti, 2016). Ce chiffre est supérieur au PIB de pays comme l’Italie, le Brésil, le Canada, la Corée du Sud, la Russie, l’Australie, les Pays-Bas, la Suisse… et n’est pas très loin du PIB de l’Inde et de la France. Cela signifie qu’en termes de capitaux, les GAFAM peuvent rivaliser avec les Etats. Le potentiel fiscal de ces géants de l’Internet est tel que l’économie des Etats s’en trouve affectée selon l’emplacement géographique des compagnies.

L’abus de position dominante exercée par Google et Microsoft ne plie pas devant les lois antitrust, qui ne suffisent plus à réguler les pratiques. Les Etats sont si impuissants face à ces acteurs, que Google et Microsoft ont plus à craindre l’un de l’autre que des Etats. Les deux concurrents ont justement conclu un accord, convenant de régler leurs différends uniquement en privé, sur la base de leurs propres règles, indépendamment de la législation (Masutti, 2016). Même sans un tel accord, l’influence des lobbys est telle que les GAFAM arrivent à infléchir les lois en fonction de leurs intérêts, et à réglementer eux-mêmes leurs pratiques, indépendamment des lois du pays dans lequel ils se trouvent. Au-delà de leur puissance économique, les GAFAM ont une influence non négligeable sur les comportements et les pratiques des utilisateurs. Pour conserver leur monopole sur un marché presque uniquement constitué de leurs produits, ces entreprises cherchent à imposer des comportements. Christophe Masutti analyse la stratégie de Facebook dans un article de blog du site Framasoft6 : lors des attentats de Bruxelles en mars 2016, Facebook a déclenché son « Safety Check », un dispositif déjà utilisé lors d’autres attentats et dont le principe est que les utilisateurs de Facebook situés dans la zone concernée puissent signaler par un simple bouton à leurs contacts qu’ils sont en sécurité. Lors des attentats de Bruxelles, les médias ont tous annoncé que Facebook déclenchait son dispositif.

Christophe Masutti propose de s’interroger non pas sur l’utilité d’un tel dispositif, qui certes a du sens, mais plutôt sur ce que cela implique sur les comportements des utilisateurs : « Le devoir d’information : dans les médias, on avait l’habitude, il y a encore peu de temps, d’avoir à disposition un « numéro vert » ou un site internet produits par les services publics pour informer la population. Avec les attentats de Bruxelles, c’est le « Safety Check » qui fut à l’honneur. Ce n’est plus à l’État d’assurer la prise en charge de la détresse, mais c’est à Facebook de le faire. L’État, lui, a déjà prouvé son impuissance puisque l’attentat a eu lieu, CQFD. On retrouve la doctrine du « moins d’État ». « La morale : avec la crainte qu’inspire le contexte du terrorisme actuel, Facebook joue sur le sentiment de sollicitude et propose une solution technique à un problème moral : ai-je le devoir ou non, envers mes proches, de m’inscrire sur Facebook ? « La norme : le comportement normal d’un citoyen est d’avoir un smartphone, de s’inscrire sur Facebook, d’être en permanence connecté à des services qui lui permettent d’être localisé et tracé. Tout comportement qui n’intègre pas ces paramètres est considéré comme déviant non seulement du point de vue moral mais aussi, pourquoi pas, du point de vue sécuritaire. » (Masutti, 2016) Ces entreprises qui figurent parmi les plus grandes capitalisations boursières du monde sont capables de se substituer à l’État, à condition toutefois que les utilisateurs rejoignent leurs communautés.

La privatisation des réseaux

Internet, le réseau des réseaux, est constitué de câbles faisant le tour du monde afin de relier les réseaux entre eux. Sur les continents, ces câbles sont gérés par des fournisseurs d’accès et des compagnies téléphoniques régionales ; mais pour circuler entre les continents, l’information doit passer par des câbles sous-marins, véritables autoroutes des données, qui appartiennent à quelques compagnies seulement. Les figures ci-dessous donnent un aperçu de la cartographie de ces câbles à l’échelle mondiale et européenne : Nous l’avons vu, les GAFAM détiennent un véritable monopole sur le marché des technologies de l’information. Ces entreprises étant basées aux Etats-Unis et construites sur un modèle centralisé, les données des utilisateurs doivent transiter jusque dans les serveurs des compagnies avant de retourner à l’utilisateur, ce qui implique de nombreux trajets vers les Etats-Unis. Nous pouvons d’ailleurs constater sur les cartes ci-dessus qu’un très grand nombre de câbles relient les Etats-Unis et l’Europe. Ces câbles sont des propriétés privées, détenues par différentes entreprises. Facebook et Microsoft ont annoncé en mai 2016 leur intention de déployer un câble sous-marin entre les Etats-Unis et l’Europe du Sud, destiné exclusivement à faire transiter les données de leurs services. Les autres sites et services Internet ne pourront donc pas l’utiliser. Les compagnies propriétaires des câbles sont généralement des opérateurs téléphoniques (Verizon, Vodafone, Orange, AT&T, etc.) ou des compagnies de télécommunication (Hibernia, Level3, etc.). La majeure partie des propriétaires de câbles entre les Etats-Unis et l’Europe sont des entreprises américaines.

Les données qui y transitent peuvent être interceptées, analysées et même filtrées par les propriétaires des câbles. En outre, la masse de données transitant par ces réseaux de fibre optique ne cesse de croître, et les réseaux installés n’ont pas la capacité de traiter un aussi gros volume d’informations. L’arrivée de services de streaming tels que Netflix sur le marché européen ont créé une surcharge de trafic sur ces câbles, et les besoins en bande passante de Youtube et autres services de vidéo deviennent de plus en plus importants. Internet est donc menacé de saturation, et les dispositifs devraient être modifiés pour augmenter la capacité du réseau. Cette surcharge de trafic a pour effet que les propriétaires des câbles sont amenés à donner la priorité à certains « paquets de données », plutôt qu’à d’autres. En effet, si une entreprise telle que Netflix paie le prix fort pour s’assurer que ses données transiteront rapidement et efficacement vers ses utilisateurs, le fournisseur d’accès propriétaire du câble par lequel passent les données peut diminuer les ressources en bande passante des autres utilisateurs du réseau, pour augmenter celles destinées à Netflix.

Les données des autres utilisateurs pourraient alors être fortement ralenties, voire pas transmises. Ces pratiques mettent à mal la neutralité du réseau, car si les entreprises qui ont les moyen de payer plus que d’autres ont alors la priorité, il est facilement imaginable que les Etats ou les entreprises peu enclins à laisser circuler des informations sur certains sujets ou provenant de certains utilisateurs soient en mesure d’exercer une pression sur les fournisseurs d’accès pour qu’ils filtrent les données transitant par leurs câbles. La Quadrature du Net, association de défense des droits et libertés des citoyens sur Internet, lutte pour la neutralité du net et le maintien du caractère décentralisé du réseau, afin de maximiser la liberté d’expression et de communication. L’accès aux réseaux de communication doit être égal pour tous, ce qui est incompatible avec un Internet privilégiant le plus offrant dans l’acheminement des données. Si la neutralité du net était mise en cause, les entreprises les plus puissantes financièrement pourraient détenir tout le trafic Internet, ne laissant aucune place aux PME et start-ups innovantes pour se développer et leur faire concurrence. De plus, cela limiterait la liberté de choix des consommateurs, qui devraient utiliser des services moins performants s’ils souhaitent s’émanciper des monopoles. La Quadrature du Net propose donc d’inscrire la neutralité du net dans la loi, notamment sur l’encadrement des technologie d’inspection des paquets de données afin de protéger le secret des correspondances, et sur le maintien de l’équilibre entre services spécialisés très gourmands en bande passante, et le reste des services Internet.

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Table des matières

Déclaration
Remerciements
Résumé
Liste des tableaux
Liste des figures
1. Introduction
2. Etat des lieux
2.1Histoire d’Internet
2.2Société de l’information
2.2.1Société de surveillance
2.3La neutralité du net mise à mal
2.3.1La montée en puissance des GAFAM
2.3.1.1Une problématique écologique
2.3.2La privatisation des réseaux
3. Méthodologie
3.1Questionnaire grand public
3.1.1Hypothèses
3.1.2Collecte des données
3.1.3Rédaction du questionnaire
3.1.4Résultats.
3.1.4.1.1Age des répondants
3.1.4.1.2Secteur d’activité des répondants
3.1.4.2Réponses de la partie questionnaire
3.1.4.2.1Connaissance de Tor
3.1.4.2.2Connaissance des logiciels et licences libres
3.1.4.2.3Connaissance du parcours des données de Facebook
3.1.4.3Attribution des applications au modèle correspondant
3.1.4.3.1Facebook
3.1.4.3.2WhatsApp
3.1.4.3.3Dropbox
3.1.4.3.4Amazon
3.1.4.3.5Téléchargement peer-to-peer
3.1.4.3.6Twitter
3.1.4.3.7Services Google
3.1.4.3.8Uber
3.1.4.3.9Tor
3.1.4.4Préférences des répondants pour la gestion de leurs données27
3.1.4.4.1Données bancaires.
3.1.4.4.2Données d’assurances
3.1.4.4.3Réseau social
3.1.4.4.4Messagerie instantanée
3.1.4.4.5Mail
3.1.4.4.6Stockage de photos personnelles
3.1.4.4.7Stockage de musique
3.2Entretiens qualitatifs
3.2.1La décentralisation comme moyen et non comme fin
3.2.2La balance entre sécurité et confort
3.2.3L’avenir de la décentralisation
4. Modèle de design générique
4.1Problèmes posés par le modèle centralisé
4.2La décentralisation est-elle la solution ?
4.3Modèle hybride.
5. Cas d’utilisation
5.1La banque
5.2Le réseau social
6. Conclusion
Bibliographie
Annexe 1: Questionnaire grand public (version papier)
Annexe 2: Questionnaire grand public (version en ligne)
Annexe 3: Entretien avec Jean-Baptiste Guillet, 11juillet 2016
Annexe 4: Entretien avec Vincent Berset, 20juillet 2016
Annexe 5: Entretien avec Nathalie Veysset, 21juillet 2016

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