L’« informel » dans les sciences social

L’« informel » dans les sciences social

Dans le cadre des sciences sociales, le concept du secteur informel est introduit pour la première fois par l‟anthropologue Keith Hart lors d‟une étude menée dans la ville d‟Accra, au Ghana , et est la traduction littérale du terme anglo-saxon « informal » qui signifie «irrégulier» ou «sans cérémonie» ; Pour parler des activités de petite taille destinées à procurer des revenus de subsistance aux nouveaux citadins de la métropole et qui du fait de leur caractère récent et spontané ont restées en marge des législations et des diverses formes d’enregistrement, notamment statistiques.

Cette notion a permis de faire le lien entre la multitude de pratiques économiques que l‟on se contentait auparavant de désigner comme « traditionnelles », et les processus de rationalisation et de formalisation qui accompagnent, notamment, la construction des ÉtatsNations . Hart montre l‟existence d‟un vaste champ d‟activités ne pouvant être situé ni dans le secteur moderne, ni dans le secteur traditionnel de l‟économie au sens d‟Arthur Lewis (1954) , mais articulant précisément les logiques supposées relever de ces deux secteurs .

Rompant alors avec l‟idéologie dominante du dualisme (secteur moderne, secteur traditionnel), Hart reformule le dualisme traditionnel/moderne et introduit le dualisme informel/formel .

Si Keith Hart fut le premier à employer ce terme, c‟est véritablement le rapport du BIT sur la situation de l‟emploi urbain au Kenya (ILO, 1972) qui lança et vulgarisa le concept, depuis lors, le terme de “secteur informel” est devenu d‟usage courant, bien que sa signification précise soit restée quelque peu élusive et sujette à controverse, le concept ayant été défini dans différents contextes avec différentes significations. C‟est un sujet controversé parce que l‟on peut observer le secteur informel de différents points de vue. Il peut être :

⇒ considéré de manière positive comme fournissant de l‟emploi et des revenus à des millions de personnes qui autrement n‟auraient pas de moyens de survie.
⇒ Vu négativement comme un pan entier de la société qui échappe à toute régulation et protection.
⇒ Idéalisé comme un vivier d‟entrepreneurs qui pourrait prospérer si seulement il n‟était pas entravé par un système réglementaire et bureaucratique inutile.
⇒ Condamné comme une vaste zone de relégation, de pauvreté, de conditions insalubres, de travail dangereux, d‟illégalité.
⇒ Simplement ignoré.

Les expressions pour qualifier le secteur informel sont abondantes : non officiel, non structuré, parallèle, clandestin, marginal, illégal, souterrain, occulte, de l‟ombre, duale, périphérique, non déclaré, populaire, spontanée…..etc. Le terme « informel » instaure une dichotomie entre, d‟une part le formel et d‟autre part l‟informel, c’est-à-dire la norme et l‟anomalie érigeant alors le secteur informel en exception alors même qu‟il est souvent majoritaire, tant dans le secteur de l‟économie que de l‟habitat des pays en voie de développement.

Dans la 14ème Conférence Internationale des Statisticiens du Travail (CIST) en 1987, lorsque le représentant du Kenya, pays où était né le concept, demanda la parole pour expliquer que dans son pays ces activités auxquelles on se référait ne pouvaient être qualifiées d‟activités souterraines : le terme « moonlighting » signifiant « au clair de lune » que les pays industrialisés avaient discuté jusque là de façon unilatérale et univoque lui semblait inapproprié puisque dans son pays, ces activités étaient menées « en plein soleil » et non « au clair de lune » : le terme Swahili « Jua Kali » servant à désigner ces activités se traduit d‟ailleurs par « sous le soleil brûlant» : une façon de dire que les activités du secteur informel, loin de se cacher, s‟exercent en plein jour et qu‟il n‟y a pas, de la part de ces opérateurs, une volonté délibérée d‟éviter de se soumettre aux obligations légales et au paiement des taxes. Il s‟agit bien plutôt d‟une certaine incapacité ou d‟un manque de volonté de la part de l‟Etat, à faire appliquer ses propres réglementations, peut-être parce que, dans bien des cas, celles-ci se révèlent inadaptées et inapplicables.

D‟un point de vue scientifique et plus précisément en géographie, la notion d‟informel est définie dans « Les mots de la géographie, dictionnaire critique » de Roger Brunet, Robert Ferras, et Hervé Théry comme quelque chose d‟irrégulier, qui ne respecte pas les formalités. Dans le secteur informel, la législation du travail et les normes de la comptabilité sont ignorées.

Une autre définition provenant du « Dictionnaire de la géographie et de l‟espace des sociétés » de Jacques Lévy et Michel Lussault peut être utilisée pour compléter la précédente, à savoir que « le secteur informel ne doit pas être confondu avec l‟économie souterraine ou illégale, en ce sens que ses activités ne sont pas nécessairement entreprises avec la volonté délibérée de se soustraire au paiement des impôts ou aux législations en vigueur : c‟est plutôt une incapacité des États à faire appliquer leurs propres réglementations souvent inadaptées, que traduit l‟existence de ce secteur ». Dans un premier temps, le terme d‟informel est donc propre au secteur économique puisqu‟il s‟applique aux entreprises et activités non reconnues par la norme, et par ce qui est formel. C‟est plus tard qu‟il sera employé de manière plus générale, notamment dans le domaine urbain.

L’« informel » dans l’habitat

En matière d‟établissements humains et d‟habitat, le terme “ informalité ” soulève les mêmes problèmes de définition que lorsqu‟il est appliqué aux activités économiques et à l‟emploi, sa définition varie selon les auteurs et les pays et est souvent défini dans une approche négative . D‟après Ana-Claudia Correa Diaz dans « Réflexion sur les changements introduits par la formalisation des quartiers informels en Amérique latine », l‟informalité provient de la déficience des États, notamment par leur absence d‟offre dans le secteur formel (du point de vue de l‟offre d‟emploi ou du logement par exemple). Comme en étymologie, « l‟informel » nom grec signifiant ce qui n‟a pas de forme, qui n‟est pas soumis à des règles strictes, officiels oui qui s‟en détache. Il s‟agit donc, appliqué à l‟habitat, d‟une caractéristique spatiale et esthétique attachées à la forme, puis d‟un rapport à la réglementation.

L’absence de forme :
Le premier aspect exprime un aspect fondamental de la construction ou d‟un paysage : La forme. Les logements « informels » ont une forme, comme tout objet matériel, mais elle n‟est pas reconnue car non décidée par les autorités, différente ou invalidée. L‟informel s‟oppose par essence au formel, la production enregistrée, et donc au planifié qui est, lui, conçu comme un outil de maîtrise de l‟urbain.

Le rapport avec la réglementation :
L‟habitat informel questionne – en matérialisant une autre façon de faire, d‟interagir dans un territoire avec l‟existant – l‟essence même de l‟organisation urbaine : la planification et la normalisation. La ville formelle serait donc celle qui acceptée car normée, convenable puisque pensée en amont et maitrisée. L‟informel se place en contraste comme une production hors projection et non maitrisée, et sonne comme un échec et sa mise à niveau représente l‟un des principaux objectifs de la régularisation. La construction informelle réagit à son environnement, à des nécessités immédiates. Elle peut se caractériser par sa forte évolutivité et sa réactivité, traduite dans son architecture comme dans son rapport au site. En se ce sens, les mesures de régularisation dans les ensembles informels tendent à en normaliser l‟espace, les réseaux (d‟électricité, d‟adduction d‟eau, les voies de circulation et les accès) et l‟architecture, afin d‟en réduire les risques et de les assimiler aux infrastructures globales de la ville.

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Table des matières

Introduction Générale
La problématique de recherche
Les interrogations de départ
L’hypothèse de recherche
Les objectifs de la recherche
La méthodologie de travail
Introduction
A. Une terminologie laborieuse
1. Pour une déconstruction du terme « informel »
1.1. Apparition du terme informel dans la langue française
1.2. L’« informel » dans les sciences social
1.3. L’« informel » dans l’habitat
1.4. De l’habitat spontané à l’habitat précaire, des notions qui méritent d’être interrogées
1.4.1. La notion de l’habitat spontané
1.4.2. La notion de l’habitat précaire
B. Précarité : une notion recouvrant plusieurs typologies informel et formel
1. Les bidonvilles : le cas le plus extrême de la précarité
1.1 Origine du terme
1.2 L’histoire des bidonvilles
1.3 Les bidonvilles, une préoccupation planétaire tardive
1.4 Des chiffres qui parlent d’eux même
2. Les quartiers informels en voie de consolidation
2.1 L’exemple des favelas de Rio
a. La genèse
b. L’expansion
c. La situation actuelle
d. Le Projet « Favela-Bairro » dans la favela Vidigal
3. Les quartiers aménagés en dur sans intervention de la puissance publique
4. Les quartiers anciens et dégradés de la ville formelle
C. Insalubrité
1. la notion
1.1 L’insalubrité du milieu
1.2 L’insalubrité de l’habitat
1.3 Insalubrité des modes de vie et des équipements
1.4 Insalubrité technique du bâti
1.5 Insalubrité et habitat surpeuplé
1.5 Immeubles insalubres et tuberculeux
1.6 Ilots insalubres et tuberculeux
2. La lutte contre le logement insalubre au XIXème siècle : Origine de l’urbanisme moderne
3. La lutte contre le logement insalubre : une idéologie hygiéniste
4. Intérêt et actualité de l’approche hygiéniste
Conclusion Générale

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